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    Vanessa est anxieuse en cette fin de nuit dans la chambre d'hôtel qu'elle partage avec son époux.

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    Enfin, qu'elle est censée partager... puisque le concerné est ce soir sorti faire la fête avec les autres membres de leur groupe de musique ; musiciens célèbres terminant leur tournée de début d'année par la ville lumière, Paris.  La grande Paris! La plus belle ville du monde! Ils seraient donc idiots de ne pas profiter d'elle comme il se doit avant de repartir pour Berlin. Ces hommes sont des fêtards accros aux boîtes VIP des diverses capitales dont ils foulent les sols lors de leurs diverses tournées européennes.

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    Alors cette nuit, Vanessa Muller se retrouve seule dans sa chambre d'hôtel, sans son conjoint. Attristée et peinée qu'il ne veuille pas annuler sa soirée pour rester avec elle devant un petit film familial, elle ne lui en a pourtant pas touché le moindre mot.

    « A quoi bon de toute manière... »

    Lui brailler dessus et protester sur le fait qu'il préfère aller faire le gamin en discothèque avec les autres membres du groupe ne servirait à rien. Si ce n'est à déclencher une éruption de plus dans leur couple. Ils se disputaient déjà bien assez comme cela au quotidien, cela n'était pas la peine d'en rajouter...

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    « Mais lui serait resté à ses cotés... » déglutit tout de même et douloureusement Vanessa en se recroquevillant sur elle-même sur ce grand lit moelleux. Une émission de téléréalité en fond sonore.

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    « Lui.. » Oui, lui... Aurait préféré rester à ses côtés plutôt que de s'en aller faire la fête. Elle en est certaine.

    Parce qu'à ses yeux, il n'y avait qu'elle. Parce qu'à ses yeux, elle était la reine... Sa reine.

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    Oui, elle se souvient encore de chaque détail de leur vie amoureuse comme s'ils venaient de se réaliser la veille. Oui... Elle n'a pas oublié. Rien oublié. Elle avait tourné la page, mais rien n'effacé.

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    Il restait là, toujours là, sans arrêt retranscrit à l'identique - et sans difficulté -dans son esprit, dès qu'elle a un coup de spleen dans cette vie qu'elle devait gérer sans lui. 

    Se souvenir de son doux visage lui donnait du courage...

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    Au fond, il ne l'a finalement jamais quitté.

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    "Kylian..."

    "Dis-moi qu'un jour je saurais enfin t'oublier
    Dis-moi qu'un jour j'apprendrai enfin à t'effacer"

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    "Continuer ma vie... arrêter d'avec lui, te comparer"

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    Oui, la chanteuse des Mémories est d'humeur nostalgique ce soir.

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    "Et si ce drame ne s'était jamais produit?
    Si finalement trop haineux... tu n'étais pas parti?"

    "Aurais-je finalement su, te garder dans mon lit?
    Et jusqu'à la fin de ma vie, au coeur de mes nuits...? "

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    "Mon amour, j'ai fait des choix
    Mais je m'en repends, maintenant"

    "C'est vrai, j'ai baissé les bras
    Mais constate comme je pleure aujourd'hui, à plein temps..."

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    "J'avoue, sans toi, j'ai fini bien bas
    Regarde, je pleure des larmes de sang"

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    "Le sang de notre amour, le sang de notre histoire
    Qu'à l'époque, je n'avais suffisamment pas su voir"

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    "Sans ta présence, je me désagrège
    Hiver, automne, printemps, comme été...
    Car le sang des amours mortes, ne se dessèche jamais"

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    ♪ ♫ Tidididiii. Tidididiii. Tdididiii. ♪ ♫

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    Une désagréable sonnerie de réveil sort brusquement Jeffrey d'un léger assoupissement.

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    Sa jolie blonde émerge elle aussi, toujours blottie dans le creux ses bras et en se passant une main sur le visage. Agacée par ce brusque réveil, elle éteint vivement son réveil en grommelant ; elle n'est pas du matin.

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    - Six heures et demie, eh bien, tu es une matinale, toi, souligne Jeffrey avec un doux sourire, tandis que celle qui a si sagement dormi dans ses bras pendant ces dernières heures se relève doucement de son lit, tout en lui répondant dans un soupir que,

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    - Il faut t'en aller maintenant..

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    - Hum, ça va, toi? lui fait à nouveau Jeffrey avec inquiétude en se relevant à son tour pour accourir derrière elle qui prend maintenant appui contre un mur pour avancer doucement en direction de la salle de bain. 

    - Je ne vois pas pourquoi ça n'irait pas.

    - Et bien tu es toujours aussi pâle que tout à l'heure, alors..

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    Tout en disant cela, il l'attrape par la taille, lui caresse délicatement les hanches, avant de lui inonder le cou de doux et légers baisers.

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    - Mais arrête! Ça suffit! Bordel, mais pour qui te prends-tu, à la fin? qu'elle le fait soudain se figer, d'une voix glaciale afin de le blesser et lui faire comprendre certaines choses, - Putain! Mais quel gamin !! tu ne veux pas retourner jouer avec les filles de ton monde, dis ?!?

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    - Ok. Combien est-ce que je te dois? la lâche d'un coup sec Jeffrey en se dépêchant d'aller récupérer ses vêtements éparpillés au sol, un peu partout.

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    - Je ne sais pas, laisse-moi compter, attends... fais mine de compter la jeune femme dans sa tête, avec l'air le plus sérieux possible : même si elle craint cependant de ne pas être des plus crédibles à cause d'un coeur qui bat soudainement très vite.

    - Combien?

    - Je dirais cinquante. Les heures pendant lesquelles on a dormi ne comptent pas, bien entendu.

    - Ok, fouille sans attendre Jeffrey dans son portefeuille pour en tirer brutalement deux billets de vingt euros et un de dix, qu'il va ensuite lui tendre avec indifférence, - tiens!

    - Euh.. Pose sur le lit. Merci. reprend timidement la blondinette, un peu troublée par la soudaine froideur de son interlocuteur.

    - De rien.

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    - Et... merci pour l'Aspégic! C'était sympa, lui lance-t-elle d'une voix hésitante alors qu'il s'éloigne déjà vers la sortie de son appartement en lui maugréant un simple et glacial,

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    - Y'à pas de quoi.

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    « Et voilà.. Il est parti.. » en déglutit aussitôt et avec douleur la jeune femme en entendant sa porte d'entrée se refermer brusquement, avant de se rappeler qu'après tout, tout cela est dans l'ordre des choses. Le client vient, couche, paie et s'en va. Il n'était qu'un client comme un autre. Point barre.

    Mais cet argent jeté sur son lit, elle n'en veut pas. Plus...

    Alors elle veut attraper ces trois billets de banque pour les déchirer avec haine, avant d'aller les enfoncer au fond de sa poubelle. Cela fera toujours ça de moins dans "sa" poche... Puisque de toute manière, "il" lui prend toujours 75% de ses recettes.

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    De l'autre côté de la porte, Jeffrey fulmine et hésite à s'en aller. Il aimerait, mais ses jambes restent figées et son esprit bouillonne. Il se demande si elle va bien. Si elle ne nécessiterait pas besoin d'éventuels soins extérieurs à cause d'une faiblesse physique et d'une fièvre qu'il avait bien realisé tout à l'heure. Il s'inquiète. Oui, il s'inquiète...Pour elle.

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    Et cela l'énerve, l'agace, et le frustre terriblement. Elle n'en mérite pas tant!

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    Des bruits de pas se font soudain entendre dans l'escalier. Quelqu'un est en train de monter! Il ne devrait alors pas rester planté là, devant la porte de la jeune femme, comme un paumé qui s'attache un peu trop à une prostituée.

    - Bonjour, le salue poliment celui qui apparemment gravissait le petit escalier, en arrivant sur son palier, - vous étiez là pour Ana? Une jolie blonde...!

    - Euh.. Oui.

    - Eh eh. En espérant que tout ait été parfait. Bonne journée.

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    Et sur ce, il pousse la porte de la blondinette sans frapper ni dire quoi que ce soit pour s'annoncer.

    Jeffrey s'en sent rapidement frustré et se demande avec intérêt quel peut bien être le lien entre cet homme et sa jolie blonde. Même s'il est vrai qu'il n'a pas son mot a dire sur ses fréquentations et sa vie en général, même...

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    Mais malgré cela, il colle tout de même son oreille contre la porte de la blondinette pour essayer de percevoir quelques informations qui pourraient lui en apprendre plus sur elle.

    Dans cette position, il cerne très vite des bruits sourds, étranges, et de plus en plus bruyants... Il essaie alors de les analyser avec inquiétude. Peut-être des coups? Il pense avoir perçu une chute...

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    Non.. Ce type ne frapperait pas tout de même pas une jeune femme malade et affaiblie. Il ne veut pas y croire et hésite soudain à revenir à l'intérieur en trombe.

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    La laisser ainsi pourrait être considéré et jugé comme de la non-assistance n’a personne à danger!

    - Refais-moi ça encore une fois, sale pute, et je te tue! C'est bien compris!

    Choqué par ce qu'il entend à travers la porte, Jeffrey en serre les poings de rage en réalisant brusquement que les pas reviennent dans sa direction.

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    Vite, il grimpe alors deux escalier de plus pour se mettre hors de vue. Lorsque le salaud aura quitté les lieux, il redescendra et se précipitera dans l'appartement de celle qui doit surement être dans un sale état désormais...

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    - Qui est là? n'est pas dupe l'homme mauvais quelques secondes après être sorti du domicile de la jeune femme. Il y'a quelqu'un plus haut. Il le sait et le ressent bien. Il a l'ouïe fine et a bien entendu des bruits de pas pressés courir dans l'escalier peu avant que lui n'arrive sur le palier.

    Imperturbable, Jeffrey grimpe alors un nouvel étage d'un pas tranquille pour brouiller les pistes, en répondant assez fort que, - juste un voisin qui a la diarhée!

    « Et en plus, il se fout de lui... » voit soudain rouge son interlocuteur, maintenant deux étages plus bas, avant de se mettre à grimper les escaliers quatre a quatre pour se mettre aux trousses du blanc bec qui ose se foutre ainsi de lui. À tous les coups, cela ne peut être que le gamin qu'il a croisé tout a l'heure...

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    Une fois arrivé sur le toit en courant comme un dératé - parce qu'il a vite réalisé qu'il un poursuivant furieux aux trousses - Jeffrey cherche rapidement un échappatoire. Une issue de secours...

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    Un escalier extérieur et descendant.. Qu'il remarque rapidement.

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    Parfait.

    Il se prépare alors à l'emprunter quand soudain, celui qui le traquait surgit sur le toit à son tour en dégainant une arme de l'intérieur de sa veste.

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    - Tu vas me dire ce que tu faisais à espionner devant sa porte et ce que tu as entendu.

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    - Que vous la frappiez, renvoie avec haine Jeffrey en revenant sagement sur le toit.

    Il serait idiot de tenter une fuite désespérée, puisqu'il constate son interlocuteur armé d'un silencieux.

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    - Elle a été méchante et ingrate.

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    - Elle est malade!!!

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    - Oh comment t'es trop mignon, toi... Mais je vais te faire regretter d'avoir lâché tes légos pour venir fourrer ton nez dans des histoires de grandes personnes...

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    « Finalement, il aurait peut-être du tenter le tout pour le tout en prenant ses jambes a son cou pour dévaler l'escalier extérieur et descendant, quand il en avait l'occasion, » se demande désormais Jeffrey en voyant l'arme de son interlocuteur se dresser dans sa direction.

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    Une idée. Vite! Une idée! commence à angoisser Jeffrey, en réalisant que dans environ 30 secondes, son sang se répandra sur ce toit puant! 


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    - Est-ce que tu te rends compte que pour avoir tenté de faire le beau, au lieu de juste te dépuceler discrètement aux putes, tu risques de mourir aujourd'hui? le provoque désormais d'une voix glaciale glaciale son interlocuteur armé, en s'avançant encore tranquillement vers lui,

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    - Et qu'est-ce que vous allez faire? Me flin... Tente d'ironiser Jeffrey en retour avant de se prendre un coup de crosse violent sur la tempe,

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    Sous l'impact, il en tombe brusquement au sol, avant de se passer rapidement une main à l'endroit où il vient d'être frappé. La douleur est vive et il se retrouve un peu sonné par cette vive attaque. Il cligne vivement des yeux, puis tente de grogner quelque chose à son agresseur... Avant que celui-ci ne l'empoigne fermement par le cou pour le relever du sol et le cingler avec haine,

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    - Tu vas prendre l'échelle derrière toi, et rentrer sagement chez toi, sans te retourner. C'est la seule chance que je te donne de survivre à la sombre journée de ton dépucelage, mon mignon. C'est bien compris?

    En temps normal, Jeffrey aurait réagi plus que vivement à une telle menace, allant peut-être même jusqu'à tenter d'attaquer son ennemi...

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    Mais aujourd'hui, et puisqu'il est tout sauf en position de force -et malgré l'image bornée et stupide de lui qu'il peut parfois donner à ses proches-, il va se contenter d'acquiescer avec rancoeur. Les sourcils froncés et les poings serrés, tandis que son agresseur le jette au sol avec brutalité, en n'omettant pas de lui mettre un violent coup de poing dans l'estomac au passage. Acte qu'il présentera aussitôt par un cruel et glacial,

    - Tout cela n'est qu'un apéritif comparé à ce qui t'attend si je te revois en train de tourner autour de mes filles.

    Par les termes "Mes filles.. " Jeffrey englobe rapidement sa jolie Ana et les deux autres prostituées qu'il avait constatées avec elle, dans la rue sombre de leur première rencontre.

    - Ok. peste t-il alors en retour, en se préparant à emprunter la fameuse échelle sous le regard de celui qui le menace toujours de son silencieux.

    - Sans te retourner, j'ai dit. Tu descends sagement, et marche tranquillement pour t'éloigner d'ici, sans te retourner! Et ainsi, tu pourras continuer ta petite vie simple d'adolescent boutonneux.

    Cette dernière insulte jugeant la vie aisée du jeune homme est vraiment celle qui fait déborder le vase de celui-ci, mais l'adolescent restera cependant le plus calme possible. La vengeance étant un plat qui se mange froid...

    Un jour, ils se croiseront de nouveau.

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    Cette fois à armes égales...

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    "Les dieux de la vengeance exercent en silence." [Jean Paul Richter]

     

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    - Ce sont les dents de qui que tu as détruites cette fois, Wil'?! taquine amicalement Raphaël en arrivant au local de son groupe de musique aujourd'hui : en effet, son ami Wilfrid affiche une fois de plus quelques pansements sur son visage -cependant depuis toujours habitué a de tels traitements -.

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    - C'est un grand qui voulait me piquer mon goûter, s'amuse Wilfrid pour réponse, 

    Trois éclats de rire fusent aussitôt dans la pièce. Ceux de Tobias, Terry et Raphaël, évidemment. Leur compagnon brun étant depuis toujours une forte tête qu'il ne faut pas prendre le risque de titiller de trop près, voir d'agacer plus qu'il ne le faudrait.

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    Oui, la patience n'est pas le fort du jeune homme...

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    - Baby caïïïd! embête avec amitié Tobias en avalant une gorgée de sa canette de bière.

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    - On commence à jouer? J'ai écrit un texte et faut qu'on le bosse!! annonce le brun blessé sans prêter attention aux niaiseries de ses meilleurs amis. Il a l'habitude!

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    - Tu as écris un texte? s'intéresse rapidement Raphaël en attrapant sa guitare, - tu as aussi fais la partition, ou?

    - Ouaip, presque. Alors je vais vous donner le ton et vous me suivez sagement. Attention au premier qui me dégomme mon air, je lui pète les deux genoux, car pour l'instant c'est de la balle mon truc!

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    - Totalement hors sujet, intervient Tobias dans la conversation, - mais est-ce que vous avez commencé à réfléchir au nom du groupe? N'oubliez pas que la Matersun attend nos propositions... Alors évitons de rester pendant encore cinq ans, les "clochards sans nom de groupe" on commence à faire pitié, là!

    - Moi je vous dis, lui répond aussitôt Terry, - on se prend pas la tête et on se nomme par les titres de nos chansons clef, au choix, "So Cold", ou "Diary", "The Diary"...

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    -"Et puis quoi encore ! "The Diary" ?? Et tu veux qu'on monte sur scène avec des couettes et des robes Hello Kitty en plus, c'est ça ?? Zyva y a pas écris "Vive le Yaoi" sur mon front! se sidère d'effroi Wilfrid en faisant aussitôt mourir de rire ses compagnons.

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    - On réfléchira à ça plus tard, revient ensuite Raphaël, - car en attendant, on attend que tu nous présentes ton morceau, Wil'!

    - Ok, c'est parti! fait alors avec assurance le concerné, les sourcils froncés et un sourire en coin pour affirmer son assurance quant à sa future "bombe atomique"!.





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