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    - Mais qu'est-ce que c'est que ça, en bougonne aussitôt d'agacement Raphaël en observant le bout de papier avec attention : aucune signature en vue, aucun expéditeur mentionné, rien de rien qui pourrait éventuellement le mettre sur la piste d'un éventuel et très vilain petit farceur.

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    Cependant, étant orphelin de père depuis toujours, cette mauvaise plaisanterie l'intrigue au plus haut point : l'homme qui a mis sa mère enceinte, il va bientôt y avoir vingt ans, n'a pas su assumer ses responsabilités en préférant la fuite, avant même que son fils unique ne vienne au monde. Quelques semaines plus tard, cet homme ingrat a eu la malchance de succomber dans un grave accident de voiture.

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    L'adolescent tient toutes ces informations de sa mère, bien évidemment. Jeune femme qui fut complètement anéantie par tout cela, à l'époque. Jeune femme qui a ensuite souhaité tourner définitivement la page sur toute cette histoire, pour oublier cet homme abject qui la faisait tant souffrir à l'époque. Un salaud, il parait... Parfois violent, souvent cruel. Si Raphaël l'avait connu, il l'aurait bien étripé de ses propres mains. Il déteste la violence gratuite. Surtout envers les femmes.

    Le nom du défunt père : Mark Lewy. La ville de sa mort et de son enterrement : Hannover. La pierre tombale où repose son corps : Raphaël n'en sait rien... Il n'a jamais voulu savoir. L'envie de se recueillir sur la tombe d'un enfoiré de première ne l'ayant jamais vraiment tiraillé.

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    Mais ce soir, cette étrange lettre l'enquiquine profondément et c'est d'un geste nerveux qu'il va la froisser pour en faire une boule compacte avant de la balancer dans sa corbeille à papiers.

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    Une mauvaise blague, tout simplement.

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    De qui? Il n'en sait rien. Mais une chose est sûre, si un jour il tombe sur le sale petit con qui n'a rien d'autre a faire de ses nuits que de jouer avec ses nerfs et son passé, il lui fera passer un sale quart d'heure.

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    Il y'a des sujets avec lesquels on ne plaisante pas.

     

     

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    - Tu fais quelque chose ce soir?! questionne Eva dans son téléphone portable, en pleine discussion avec sa meilleure amie, Paula. La jeune Beckers est actuellement seule chez elle et assaillie par de nombreux doutes...

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    - Hum, non, pas à ce que je sache! lui répond très vite son interlocutrice d'un air amusé, - pourquoi? Tu as quelque chose de sympa à me proposer?

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    - Euh.. Non, pas vraiment. Mais euh.. j'aurai à te parlé d'un truc, et.. Arg, c'est délicat. Je sais pas comment le formuler.

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    - Tu veux me parler de sexe, toi, non?

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    - Co.. Comment tu me sors ça toi, hmpffff!! en rougit aussitôt de honte la jeune Eva Beckers, plus que gênée de se faire si vite percer a jour.

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    - Pas de tabous ni gêne entre nous, m'enfin! Et qu'est-ce qui ne va pas encore à ce sujet? Roméo est insistant?! Comme Terry? Voir pire?

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    - Non non! Pas du tout. C'est juste moi qui aimerais.. Euh.. Comment dire..

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    - Tu veux que je t'aide à te décoincer?

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    - Euh...

    - Oh pas de tabous entre nous, j'ai dis! Arrête de rougir!

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    - Hey mais je..!! Hmpffff!!

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    - Je sais ce que je vais faire! Demain, on va sortir entre filles dans une boîte spéciale! Tes parents ne seront toujours pas rentrés en plus, non?

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    - Euh, demain, non, ils seront en effet toujours pas rentrés! Pourquoi?? Tu veux aller où?? Tu me fais peur, tout à coup!!

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    - Panique pas. Tu sais que tu peux me faire confiance! Je t'embarquerai jamais dans n'importe quelle galère m'enfin... Hin hin.

    - Paula!! Arrête, s'il te plaît!! Ne me fait pas un sale plan, je me sens déjà assez mal comme ça!!

    - Roh la confiance règne ici! Comme si j'étais capable, moi, de te faire un sale plan, tss! Non, en fait, je vais juste t'emmener au Nighty, tu sais, la boîte échangiste.

    - Heinnnn?

    - Tu sais pas ce que c'est qu'une boîte échangiste alors tu te tais d'avance! Ça t'évitera de me sortir de gros clichés préconçus de péons qui parlent sans savoir.

    - Maaaaaaaaaais! Je sais ce que c'est, de loin !!! Naaaaaaaan, pas çaaa !

    - Fais-moi confiance! Et puis on n’ira pas seules, je vais demander à Tobias de nous accompagner. Vu que le principe de ces boîtes c'est tout de même l'échange, il nous faut un, voir deux, mecs.

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    - Tobias.. ? en déglutit de gêne et de honte Eva, en désirant subitement mourir avant le lendemain.

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    - Bah quoi, c'est un ami. Il acceptera de venir faire la fête avec nous, c'est certain. Il est super galant en plus! Jamais il ne laisserait deux filles seules dans ce genre d'endroits.

    - Justement! Il est adorable, tout ce que tu veux, mais je ne veux pas qu'il me voit ensuite comme euh..

    - Une vierge qui cherche le moyen de ne plus l'être?

    - ... Humpf.. Arrêêêêêêêteeeee!! se retient d'en pleurer de honte la brunette, plus humiliée que jamais.

    - Cette phrase t'a choquée parce que tu es trop coincée sur le sujet. Mais pas grave ma chériiiiiie, on va arranger ça! Et ne t'en fais pas pour Tobias, il n’est vraiment pas le genre à se moquer de ton handicap en plus.

    - "Handicap"?!... Pfff, j'aurai jamais dû t'appeler en fait!!! Et tu parles comme s'il était au courant que, euh.. Enfin, que euh.. Vous en avez parlés ou quoi?! Ou Raph' en aurait parlé, tu penses?!

    - Non, personne n'en a jamais parlé. Pas a ce que je sache en tout cas. Mais tu dois savoir que ce genre de choses se sentent, Eva! Dans ton comportement, ta façon d'être, et tout! On n’a pas besoin d'en parler pour savoir que tu ne l'as jamais fait, même avec Raphaël.

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    - Ok, ok, ok, on arrête là cette conversation, la pire qu'on n’ait jamais échangé!! Faut que j'aille me suicider deux minutes là, tu m'attends??

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    - Ah ah ah! Tête de banane va! Mais tout ira mieux demain, tu vas t'amuser au Nighty tu vas voir, ce sont vraiment des boites à part les échangistes et ce ne sont pas que des baisodromes, comme les plus grosses langues de putes le disent. Et puis on sera bien accompagnées en plus, on va s'éclater!

    - Oui je sais, on sera avec Tobiaaas! Eh eh. Tiens, d'ailleurs, à ce sujet, ça se goupille toujours pas entre vous?! Je ne t'ai jamais connue aussi lente à séduire un mec qui te plaît! Qu'est-ce qu'il se passe?! Serait-ce moi qui te déteins dessus pour que tu ne saches plus allumer?! Hin hin.

    - Trop pas. Seulement, avec le coco, je mets la dose, mais il ne cède pas. Enfin, il cède, mais qu'a moitié. C'est ambigu entre nous, quoi. Je sais que je lui plais, mais il ne craque jamais, ne me saute pas dessus pour m'embrasser farouchement! Il est super chaud à avoir comme mec, mais j'adore finalement. Avec lui je joue en mode hardcore, c'est excellent!!

    - Et tu penses que la boite échangiste accélérera le mouvement, hein, avoue!!

    - J'avoue! En tout cas, s’il ne se passe rien entre nous pendant cette soirée, c'est qu'il ne se passera jamais rien, c'est certain.

    - Mais j'y pense!! Si vous finissez par conclure, demain.. Qu'est-ce que je vais devenir, moi, toute seule dans cette boîte chelou??

    - J'y ai pensé, t'inquiètes. Et c'est pour ça que je vais demander à Wilfrid de venir aussi.

    - HEINNNN?

    - Quoi? Tu as quelque chose contre Wilfrid?

    - Non, bien sûr que non, mais bon voilà quoi!! Tu ne vas pas rameuter tout le monde à la soirée de la honte tout de même!!

    - Tobias et Wilrid ce n'est pas tout le monde! On exclut bien évidemment Terry et Raph'.

    - C'est déjà trop! Et puis il va falloir trouver une excuse valable pour que l'on soit, comme par hasard, pas disponibles tous les quatre, demain soir! Humpff..!!

    - Tobias et moi on a de comptes a rendre a personne déjà, et Wilrid non plus il me semble. Peut-être à sa greluche de petite amie, j'sais pas.. Mais ça, c'est son problème, pas le notre.

    - Oh oh oh, tu as quelque chose contre Syka, toi, j'ai l'impression!

    - Trop pas, je m'en fous. Hum, mais change pas de sujet chérinette d'amûûûr, parce que toi il va falloir que tu trouves un joli mensonge pour blouser Roméo!

    - Je lui dirais que je passe la soirée avec mon frère. Y'a pas de soucis!

    - Mouais, j'avoue que tu as de la chance, j'ai rarement vu un mec aussi cool que Raphaël! Et dire qu'il vit d'abstinence, ce pauvre amour, tsss, il aurait du regarder dans ma direction en premier, ce soir-là! Si j'avais été sa Juliette, il n'aurait jamais été frustré sexuellement, c'est certain!!

    - Mais genre! Meurs!!

    - Roh, quoi! C'est de bonne guerre..


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    - Je peux entrer? demande timidement Tiphanie Foster dans l'ouverture de la porte de son fils unique, Gustav Foster.

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    L'adolescent est assis sur son lit et en train pianoter sur son ordinateur portable -sûrement en train de chatter avec des amis de son age sur un célèbre messenger, Tiphanie n'en doute pas une seule seconde-

    - Euh, ouais, répond-il simplement et dans un bêlement rauque, sans cesser cependant son activité : sa conversation est des plus importantes et il ne peut se permettre de l'interrompre pour de futiles raisons!

    - Qu'est-ce que tu fais? sourit affectueusement Tiphanie en se rapprochant du lit de son fils pour s'y asseoir -à ses côtés-,

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    - Gniii, tu r'gardes pas! C'est perso!!!

    - Ok, ok, pas de problème! se rend sans hésiter la mère du jeune garçon, avant de reprendre sur un ton plus sérieux, plus grave, beaucoup moins serein,

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    - Ecoute Gustav.. Je.. Enfin, il se pourrait que dans les jours à venir, euh..

    - Toi et papa allez divorcer.

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    - Qu.. Que?! s'interloque brusquement Tiphanie en devenant soudain très pâle. Mais elle reprend apidement sans se laisser abattre par la terrible déduction de son rejeton, - tu as l'air de bien le prendre, ça me rassure en un sens..

    - Je pourrais rester avec papa?

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    - Qu.. Que...?

    Cette fois, ce n'est plus une grande fierté de réaliser son fils doté d'une maturité sans pareille qui fige soudain Tiphanie Foster, mais bien une vive et brutale douleur entre les côtes.

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    - S'il te plait.. Qu'il lui fait a nouveau, avec un calme presque terrifiant, en continuant toujours à discuter avec ce que Tiphanie analyse rapidement comme étant une petite amie, au vu des lignes qu'elle lit discrètement en jetant un oeil vers l'apparente raison de vivre de son chérubin,

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    - Tu veux peut-être t'installer devant mon ordi pour espionner mieux ma converse ?!?? grogne Gustav Foster soudain en jetant un regard assassin à sa mère.

    - O.. Oui, hoche douloureusement la tête Tiphanie, - oui, bien entendu que tu pourras rester avec papa, à la maison..

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    - Merci, c'est cool. Et on a fini je suppose? Alors qu'est-ce qui te retiens encore ici..?

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    - C'est tout ce que ça te fais? s'en mord les lèvres de colère, d'agacement, de déception et désespoir Tiphanie, devant son adolescent apparemment totalement insensible au probable divorce de ses propres parents.

    - Je ne suis pas ta "reum", mais ta mère!!! grogne soudain Tiphanie en poussant vivement la main de son fils alors qu'il tentait d'écrire une phrase sur son messenger instantané. Elle juge irrespectueux qu'il ose envoyer "AFK j'ai ma reum qui saoule" à une gamine sortie d'on ne sait où!

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    - Ok, ok. Vas-y, gueule un coup. Tu m'appelles quand t'as fini, se recroqueville Gustav sur lui-même, enfouissant sa tête entre ses jambes.

    - J.. Je.. Commence Tiphanie les yeux humides, avant de s'interrompre brusquement pour éclater en sanglots.

    L'indifférence flagrante de son fils face a ses éventuelles décisions futures étant vraiment la goutte d'eau dans le vase de ses échecs, erreurs, et doutes actuels.

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    - Je l'avais senti venir, grommelle tout bas l'adolescent, la tête désormais posée sur ses genoux, - alors je le prends bien. Si tu ne nous aimes plus, c'est mieux que tu partes avec le singe refaire ta vie. Sinon on va devenir une de ces familles de merde qui se gueulent dessus tout le temps. Et ça, ça ne nous ressemble pas.

    Devant cette dernière tirade, bien trop sincère pour être ignorée, Tiphanie Foster se lève d'un bond du lit de son fils pour jaillir hors de la pièce et aller s'enfermer dans l'unique salle de bain de la maison.

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    Son coeur est en miettes. En lambeaux. Déchiqueté par les paroles trop franches d'un gamin de quinze ans.

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    "On est si petit, le monde est si grand, que serait la vie, sans notre maman...?" [Mike Micheyl]





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