• 053

    *

     


    En fin de journée, Tiphanie part découvrir un petit immeuble perdu entre de nombreux gratte-ciel et par la même occasion, le nouveau foyer de son petit ami.  

     Il a dû passer la journée à ranger ses cartons, le pauvre, pense-t-elle, émue par sa ténacité et son courage : il a voulu tout faire tout seul en refusant toute l’aide proposée ! 

     Un vif coup d’œil sur la droite lui fait remarquer la présence d’une moto bleue bien garée sur le côté de l’immeuble ; la sienne. 

     Il est donc là ! Ouf. Elle avait bien sûr un peu peur d’arriver et de trouver porte close, admettons qu’elle ai eu la poisse et qu’il soit sorti juste a ce moment-là...

    Eh oui, ce genre de choses arrivent dans la vie ! 

     Une caméra. C’est bien une caméra de surveillance qu’elle aperçoit juste devant l’entrée du bâtiment.

      — Une caméra et même pas d’interphone ! Le swag des priorités toussa !

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    Pour s'amuser, elle esquisse quelques grimaces devant l'outil de surveillance.

    Elle pousse la porte et arrive dans un hall grisâtre et sans aucune décoration.

    — Alcatraz ! me voici !

     Il y’a un ascenseur. Elle l’appelle et patiente.

    Un ascenseur, mais pas d’escaliers.

    Si jamais il y’a un incendie ici, ils sont tous morts !

    C’est honteux de construire un immeuble avec autant de négligence ! 

     Premier étage, deuxième porte sur la droite.

      Elle a retenu la leçon par cœur, tant elle a lu et relut le petit bout de papier qu’il lui a griffonné pour lui expliquer clairement son adresse. 

     Ca y’est, elle est devant sa porte ; elle toque et attend nerveusement, trop pressée de le revoir. 

     Il ne la fait pas attendre et lui ouvre rapidement.

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       Il est plus beau et souriant que jamais. — Tu m’as manqué, se dépêche t-il de dire en la faisant entrer.

    Elle lui a manqué...

    C’est la première fois qu’il lui dit une chose pareille... Le cœur de la jeune fille s’emballe et elle lui sourit, l’air ravi

    — Toi aussi. Oh, mais je vois que tu as bien tout arrangé, c’est chouette dis donc !

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     — Oui !! s’exclame-t-il gaiement — bon OK, le sol et les murs sont horribles, mais je vais m’en occuper le plus vite possible ! 

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     Il s’avance dans la pièce, l’air satisfait 

     — Ça, c’est chez moi ! C’est super moche, mais je suis trop fièr de ce studio !

    — Je te comprends, lui sourit-elle en observant le mur au-dessus de son lit.

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     Seigneur dieu ! sursaute-t-elle en rougissant.

    Il a placardé au-dessus de son lit les photos qu’ils ont faites ensemble lors de leurs premières soirées. 

     — Oui, c’est nous, lui sourit-il derrière elle, en constatant sur quoi son regard s’est figé.

    — C’est sans doute une des plus belles soirées de ma vie.

    Elle sursaute à nouveau et revient vers lui, plus cramoisie que jamais

    — Que.. Que viens-tu de dire...

    — Oui, je bénis cette soirée Tif ! M’être penchée sur toi, c’est sans doute la chose la meilleure chose que j’ai pu faire en dix-neuf ans !

    En terminant sa phrase, il glisse ses mains sur ses hanches pour l’enlacer avec la plus grande tendresse.

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     Trop émue pour lui répondre, elle se contente de lui offrir son plus beau sourire.

    Un sourire qui en dit long sur l’état de ses sentiments aujourd’hui.

    Il commence à l’embrasser. Comme d’habitude avec beaucoup de passion et douceur.  

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     Elle est à lui. Désormais, il en est sûr.
    Il est seul, mais il s’en fiche, tant qu’elle est là, elle. Avec lui.

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     Comme des enfants, ils se laissent ensuite tomber sur le lit derrière eux, en riant aux éclats.

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     Puis ils s’embrassent de nouveau. À croire que leurs lèvres sont désormais aimantées..

     Mais les baisers, ça chauffe les hommes ; Kurt commence à diriger sa main vers cette douce poitrine qu’il connait bien et qu’il adore admirer.
    Il va baisser ce maudit top qui ose la lui cacher ! Non, mais !
    Cette poitrine, comme ce corps tout en entier, ce sont ses propriétés privées !

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     — Au fait, commence Tiphanie, j’ai donné ton adresse à Dirk, il va passer te voir aujourd’hui.

     — Hein ? Mais pourquoi ?! marmonne Kurt en ramenant sa main vers lui.
    Maudit petit top, tu perds rien pour attendre !

    — Parce que c’est ton ami Kurt, lui sourit-elle tendrement, et puis il a l’air vraiment malheureux de votre situation... Et je suis certaine que toi aussi tu en souffres. 

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     — Faux ! la contredit-il vivement, avant de se jeter sur ses lèvres pour un nouveau et long baiser. 

    — Menteur ! rit-elle en reprenant son souffle.

    — Non ! contredit-il a nouveau, moi la seule qui compte a mes yeux, c’est toi..

    Elle déglutit en rougissant et arrive à peine à lui balbutier quelques mots incompréhensibles.

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     Il éclate de rire et la taquine,

    — T’es belle quand t’es rouge, tu sais !

    Elle éclate de rire à son tour, honteux et amusé.

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     Puis ils se calment et se serrent tendrement l’un contre l’autre, en silence.

    — J’ose pas te proposer de rester pour la nuit, soupire-t-il tout d’un coup, car je sais que c’est impossible ! Alors je me contenterai de te demander à quelle heure maxi je dois te déposer chez toi?

    — Dans pas longtemps, soupire-t-elle, attristée par le fait de devoir bientôt se séparer de lui, dans une demi-heure disons...


  • 054

     

    *

     

     

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     Une heure plus tard, Kurt est de retour, après avoir ramené sa dulcinée. 

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     La nuit commence à tomber et à nouveau, il se sent seul et abandonné.

    Sans elle, il se sent si seul...

    Parce que sans elle, il est seul. Il n’est rien.

    Il traine les pieds en soupirant tout ce qu’il peut, décidant de se prendre une bonne douche, avant de s’enfouir dans son lit.
    Le sommeil a un avantage : on ne voit plus les heures défiler..

     Dans cet immeuble, où il n’y a que des studios sans salle de douches. Ces pièces sont communes à tous les appartements d’un même étage.

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     Il pousse donc la porte de la salle d’eau de son étage, avant d’entrer sans se poser de questions, puis il s’immobilise devant le spectacle que lui offrent ses yeux.

    Une jeune fille en sous-vêtements !

     Une jeune fille qu’il croit reconnaitre...

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     Une jeune fille qui l’a reconnu !

    — Que... que.. Qu’est-ce que tu fous là toi ! se paralyse-t-elle, l’air apparemment furieux. 

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     — An... Anja ? Marmonne t-ilpour confirmer ses doutes. —, mais qu’est-ce que tu fous ici... 

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     — DEGAGE DE LA TOUT DE SUITE ! NON, MAIS POUR QUI EST-CE QUE TU TE PRENDS ?? se met-elle a hurler de toutes ses forces, folle de rage.

    Sans réfléchir, il ressort de la salle d’eau, en courant comme un dératé. 

     Derrière lui, la jeune fille continue de lui dédier tout les noms d’oiseaux possibles et inimaginables. 

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     Le cœur battant, il s’immobilise dans sa chambre, en essayant de réfléchir calmement.

    Anja ? Oui. C’était bien Anja ! Mais qu’est-ce que c’est que cette folie ?

    Que fait-elle ici, en sous-vêtements.. 

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      Aurait-elle un petit copain qui habiterait ici ? 

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      — HEY TOI ! piaille-t-elle dans son dos, le faisant ainsi sursauter par la même occasion 

     — Comment t’as su quel était mon appart ?! s’interloque-t-il, l’air suspicieux,

    — T’as claqué ta porte comme un teubé et tu es juste à côté de la salle de bain... et as deux portes de moi !

    — Truc de malade cette coïncidence de fous...  

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     — Je te le fais pas dire ! soupire-t-elle en prenant un air blasé de la vie, — à croire que tu me suis !

    — Quedalle, arrêtes de rêver ! semble-t-il se moquer, — tout ça, c’est vraiment un hasard ! Et puis c’est toi qui me suis ! Ça fait combien de temps que tu crèches là ?!

    — Deux ans Kurt... lui soupire-t-elle.

    Deux ans ? Ça fait deux ans qu’elle vit là et qu’il l’ignore, pensant qu’elle vit encore chez ses parents, à côté des siens..

    Son cœur se serre ; il réalise qu’il vit sa vie avec des œillères sur les yeux, sans se soucier du monde qui l’entoure, sans se soucier des gens...

    — Tu veux un café ? Je me la joue galant... propose-t-il

    — Non merci. Lui répond-elle évasivement, avant de reprendre très sérieusement, — tu me dis qu’est-ce que fiches ici ? Tu vis plus avec Hanz ?

    — Non. On est en froid.

    — À cause de Tif ? 

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     En disant ça, elle s’est retournée vers les photos accrochées au-dessus de ce lit en bois.

    Les photos de cette fille qu’ils aiment beaucoup tous les deux. 

    — À cause de nous, tout simplement, se contente-t-il de lui répondre en se remplissant un mug de café. — On ne peut pas vivre ensemble avec Hanz, c’est impossible.

    — Elsa a mauvaise influence sur Hanz, au fond il est bon. Défend-elle en s’asseyant autour de la petite table en bois.

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     — Non, ça n’a rien a voir avec Elsa ! s’agace Kurt en la rejoignant, — il a voulu s’approcher d’elle ! Alors je lui ai collé une beigne, et puis il a répliqué...

    Il s’interrompt et tire une chaise en arrière en pour s’y asseoir ; finalement il n’a pas envie de reparler de tout ça. 

     — T’es jaloux pour Tif alors, lui souffle-t-elle, le cœur un peu gros. Ça a l’air de coller entre vous, c’est cool.

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     — Moi je suis content que tu me reparles, avoue-t-il avec franchise, est-ce que c’est à cause de Tif que ta haine envers moi s’est estompée ? 

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     — Idiot ! Mais je ne t’ai jamais détesté... Enfin si, pendant un moment, mais tu l’avais cherché

    — Anja ?

    — Oui ?

    — J’te kiff ! rit-il en avalant une gorgée de café chaud.

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    Anja ne lui répond rien et préfère garder le silence en serrant les dents.

    Elle, elle ne le « kiffe » pas, mais elle l’aime.

    D’un amour véritable et authentique, alors qu’elle a tout fait pour tenter de le détester.

    Et elle y était arrivée.

    Il était monstrueux et désagréable, alors ce n’était pas difficile de le mépriser

    De se faire une raison, de le juger comme un monstre.

    Mais aujourd’hui, le voilà qui redevient celui qu’elle a toujours connu.. 

     

     Quelle horreur d’aimer quelqu’un qui est déjà pris, par une amie en plus !!

    Oui, si elle le voulait, elle pourrait le récupérer. Elle en est certaine.

    Entre eux, il y’a et il y’a toujours eu, quelque chose de vraiment fort.

    Si elle faisait un pas vers lui, elle est certaine que...

    Mais elle ne le fera jamais. Non. Parce que c’est Tiphanie qui est entrée dans sa vie et qui a su le changer...

    Il est à elle, aujourd’hui.

    — Oh Anja, t’endors pas hein ! la fait-il sursauter en lui tapotant l’épaule.

    Elle était apparemment sur son nuage en train de rêvasser toute seule.

    — Mais je m’endors pas ! fait-elle semblant de bouder en haussant les épaules.

    Il rit et se lève déposer son mug vide dans le petit évier derrière lui, elle le suit du regard la gorge nouée, avant d’ajouter, en se levant a son tour,

    — Je vais me coucher moi. Bonne nuit mon petit !

     — Déjà ? lui fait-il, l’air apparemment déçu.

    — Eh bien oui, moi demain j’ai cours ! le taquine-t-elle.

    En réponse, il lui dédie une grimace. 

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     — Tête de cochon va, lui sourit-elle, avant de se retourner vers la porte, j’espère que tu vas le passer, le bac, quand même.. 

    — Oui, je vais aller le passer, l’informe-t-il en riant, je suis pas con au point d’avoir fait toute ma scolarité pour tout stopper a moins de trois mois du bac ! J’irai le passer en candidat libre, c’est tout. 

     — C’est bien alors.. Essaie-t-elle de sourire. En vain.

    Plus elle près de lui et plus elle se sent mal.

    Cet amour lui pèse tant.. 

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    — C’est laquelle ta chambre ? lui demande-t-il alors qu’elle est en train de sortir, — si je veux passer te faire coucou... 

     — Deuxième porte à droite après toi... lui marmonne-t-elle en refermant sa la porte derrière elle.

    Maintenant seul dans sa chambre, Kurt se met à réfléchir à cette étrange tour que le destin lui a joué.

    Anja... Elle sera toujours sur son chemin décidément...

    Et le pire, c’est qu’il n’en est pas mécontent.

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     Perdu dans ses pensées, son regard se promène sur ses murs, jusqu’à tomber sur ces photos... qui le font presque instantanément retrouver le sourire.

    Elle. 

     C'est elle, dont il est fou, il en est certain désormais.

    Anja, c’est le passé ; mais elle, elle est l’avenir.


  • 055

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    Une nouvelle fois, on toque à la porte.

    Kurt sursaute avant de lancer un bref ; — c’est ouvert, en direction de la porte.

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     Dirk pénètre alors dans la pièce, en balbutiant un timide ; — Euh, salut... 

     — Salut, réussit répondre Kurt, tout bas, en se tournant vers son invité.

    — Je fais le premier pas, commence Dirk avec un air calme et posé — parce que te connaissant, toi tu le feras jamais et cette situation me pèse..

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     — J’y pensais, mais.. Marmonne Kurt en se raclant la gorge, — mais disons que beaucoup d’évènements se sont bousculés depuis et ça m’est un peu sorti de l’esprit..

    — Trop occupé avec une petite Tiphanie pour se soucier de son meilleur ami ! le taquine immédiatement Dirk avec un petit rire.

     Gêné, Kurt lui répond un bref,

    — « Ouép..» avant de reprendre, — reste pas sur le pas de la porte comme un bouseux et entre t’asseoir va, tu paieras pas plus cher !

    Sur ce, il lui montre le chemin en se dirigeant lui même vers les chaises qui entourent l’unique table de la pièce.

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     Ayant aperçu ces photos placardées au-dessus de ce lit, Dirk décide de continuer de taquiner son ami ;

    — Hey, tu y tiens a ta petite Tiphanie dis donc !!

    Gêné, Kurt hausse les épaules et ne répond rien, préférant s’asseoir à table en silence.

    Dirk l’imite en prenant place sur la chaise voisine, en poursuivant, avec un sourire :

    — Tu as changé Kurt, en bien !

    — Ah ? souffle le concerné, l’air apparemment étonné. 

     — Jamais j’aurai cru que toi, un jour, tu puisses placarder une nana au-dessus de ton lit !!

    Il rit en terminant sa phrase et Kurt le fusille aussitôt du regard en répliquant ; 

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     — J’avais des photos d’Elsa aussi ! Y’a rien d’extraordinaire là-dedans ! Et puis j’ai aussi des photos d’Anja !!

    — Ne te justifies pas mon poulet ! rit encore Dirk en lui tapotant amicalement l’épaule,

    — Je trouve ça génial que tu te sociabilises, on dirait que grâce a Tif, tu sors enfin de ta coquille ! 

    — Nawak !! Et puis arrête de me parler de Tif !! se défend l’adolescent qui a trop de fierté pour admettre qu’en effet, il s’attache à une fille.

    — Et sinon, quoi de neuf de ton côté ?? Toujours célibataire ??

    L’art de changer de sujet de conversation !

    — Ouèp, rit Dirk, amusé par la gêne qu’a éprouvé son ami quand ils ont abordé le sujet" Tiphanie ».

    — Quelqu’un en vue ?! questionne a nouveau Kurt pour que la discussion ne tourne qu’autour d’une seule et même personne.
    Sa vie amoureuse a lui, il ne veut pas en parler ! Cela ne regarde que lui !

    — Chai pas.. Peut-être. Réponds Dirk avec franchise, les yeux dans le vague.

    — Qui, qui, qui ?!? s’enquit Kurt, plus intéressé que jamais.

    — Anja... souffle-t-il timidement — on s’entend bien depuis quelque temps, et puis elle est jolie..

    — Pardon ? L’interrompt Kurt, les sourcils froncés, — Anja ? Mon Anja ?

    — Hein ? De quoi, « ton » Anja ?

    Il s’est trahi. En une phrase irréfléchie, il vient de se trahir.
    Vite, vite, il faut qu’il sauve la mise maintenant !

    — Et bien c’est mon amie à moi et...

    — Sale égoïste ! le cingle Dirk en affichant une mine boudeuse, — non, mais regarde-toi, t’es vraiment dégueu !

    — Je sais, désolé, j’ai dit ça comme ça.. Je le pensais pas, voilà.

    Mais si, il le pensait.
    Comme il l’a toujours pensé.

     — Ça te fait tant chier que ça que je me rapproche d’Anja ? Marmonne Dirk, l’air apparemment abattu.
    Lui, par amitié, il serait capable de rompre les ponts avec n’importe qui.

    Kurt se sent soudain terriblement coupable de la peine qu’il inflige à son meilleur ami.
    Son égoïsme lui a souvent fait du mal, et il continue ce soir...

    — Non ça me fait pas chier, je te le jures, tente t-il de convaincre, — excuses moi. Tu veux que je t’arrange le coup avec ? On s’est un peu réconciliés ce soir et...

    — Comment ça, « ce soir » ? l’interrompt Dirk, plus curieux que jamais.

    — Et bien je l’ai croisé dans la salle de bain, car elle vit... A deux portes de là ! Incroyable non ?

    Dirk reçoit cette information en restant bouche-bée.

    — Je te jures ! reprend Kurt, elle est a deux portes de moi, là ! Incroyable nan ? Alors du coup on a discutés un peu ce soir..

     — C’est cool... laisse tomber Dirk, la gorge maintenant nouée.

    Tout ses espoirs tombent a l’eau, c’est même plus la peine qu’il essaie quoi que ce soit avec cette jeune fille, qu’il s’est mit a apprécier de plus en plus au fil des jours.

    Kurt et Anja qui vivent dans le même immeuble ? Avec juste deux portes et un couloir qui les séparent ?

    Et en plus ils se sont réconciliés...

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     — Arrêtes de te faire des films, le rassure Kurt en essayant d’être le plus convaincant possible, — je te promets qu’Anja ce n’est qu’une bonne amie pour moi désormais... 

    Cette argumentation ne tient pas la route. Il s’en rend bien compte, alors il ajoute ; 

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     — Maintenant j’ai Tiphanie et elle est la seule qui compte pour moi, désormais.

    — Ok, ok, lui répond Dirk avec un sourire forçé, ému par l’acharnement qu’il met à vouloir le persuader. 

     

     

     

    *

     

     

     

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     A deux portes de là, la concernée ciblée par ces discussions essaie, en vain, de réviser un de ses cours de physique.

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     En vain parce que depuis qu’elle sait qu’il est là, tout près, a deux appartements du sien, son esprit semble devenu imperméable à toute forme d’apprentissage..

     Cette sensation de gêne, ce cœur qui bat sans cesse... Mais elle s’était juré de ne plus l’aimer...  

    Pendant un long moment, elle avait même réussi à se persuader qu’elle le détestait... Qu’elle se fichait de lui...

    Et là, ce soir, il a fallu qu’il réapparaisse, plus beau, séduisant, et adorable que jamais, pour que toutes ses convictions partent immédiatement en fumée..

    Cet amour persiste trop et elle en pleurerait presque.
    Pourquoi ? Mais pourquoi n’arrive-t-elle pas à l’oublier ?
    Des garçons, il y’en a beaucoup des charmants et intéressants, alors pourquoi lui...

    N’ayant plus du tout le cœur à rester le nez plongé dans son livre de physique, elle se relève en soupirant. 

     Et là c’est le drame : son regard tombe sur cette photo, soigneusement encadrée et posée sur sa grande étagère en bois.
    Cette photo qu’elle conserve si précieusement.
    Cette photo de lui.

    Sa préférée.

    Dans un élan de colère, parce qu’elle ne doit plus l’aimer, elle attrape violemment ce cadre pour l’enfouir au fin fond du premier tiroir que son regard croise.

    Ca suffit le masochisme maintenant : ce garçon, elle ne doit plus l’aimer, alors cette photo n’a rien a faire sur son étagère, dans sa chambre.





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