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     Le temps est moche et pluvieux aujourd’hui décidément, c’est la première chose qu’a remarquée Cédric en sortant du lit qu’il occupe chez les Gutter

     Depuis qu’il est à Berlin, il ne lâche plus d’une semelle sa cousine ; comme ça, elle ne pourra rien tenter avec le pénible Jonathan. 

     Par contre, il réalise, en se grattant la tête, qu’il ne surveille pas vraiment Sacha.. 

     Soudain, une petite forme arrive vers lui en courant, en larmes : Ophélia. 

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     Immédiatement, son cœur se serre et il s’arrête pour la stopper dans sa course ; elle se fige alors devant lui, en continuant de pleurer tout ce qu’elle peut.

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     Ne tenant plus, il se baisse pour la consoler et lui dessiner des mots rassurant sur la main droite, tout en fredonnant que tout va aller bien, qu’il ne faut pas qu’elle s’inquiète ; sachant qu’elle arrive, parfois, à déchiffrer les mots grâce aux mouvements des lèvres.

     Lorsqu’elle semble apaisée, il lui faire gentiment comprendre qu’elle peut aller jouer en haut ; que tout va aller bien désormais.
    Elle lui sourit alors affectueusement, avant de s’enfoncer dans le couloir pour rejoindre sa chambre.

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     Lui, pendant ce temps là, il rejoint le salon, où il constate Claire ; vautrée sur le canapé, comme une vulgaire loque négligée.

     — Wah, la maison des horreurs, lui lance-t-il ironiquement en se rapprochant doucement.

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     — J’ai plus besoin d’être belle, lui marmonne-t-elle, mon mari s’est barré, alors laisse-moi dépérir et devenir hideuse en paix ! Merci !

    — T’as des preuves de ce que tu avances ? 

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     — Oui : il n’est pas encore rentré. — Il lui est peut-être arrivé quelque chose, non ?

    — J’ai déjà harcelé tous les hôpitaux de la ville, informe Claire, il n’y a aucun Sacha Gutter enregistré nulle part.

    — Peut-être, admet Cédric en soupirant, mais tu ne peux pas encore affirmer qu’il a fait une connerie.. 

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     — Je veux qu’il rentre !! reprend Claire, les yeux encore pleins de larmes, je veux qu’il rentre ! Je veux qu’il rentre !! Pourquoi est-ce qu’il rentre pas ? Je veux le voir ! Je veux le voir !

    — Une fois ça suffit pour que je comprenne tu sais, taquine Cédric pour essayer de la faire rire. 

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     — Moi j’ai pas fait de conneries !! reprend-elle nerveusement, alors pourquoi est-ce qu’il a osé, lui ?? Pourquoi Cédric ?? Pourquoi ??

    — Tu n’as aucune preuve.. Insiste Cédric, et puis n’oublies pas que tu as bien allumé l’autre naze toi aussi. 

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     — L’autre naze c’est Jonathan ! le reprend Claire, et puis jamais je n’aurai fais le faux pas réellement avec lui !!

    — Ah bon ? semble s’étonner Cédric, tu l’as allumé pour t’amuser alors ?

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     — Je l’ai pas allumé.. Je.. Je.. J’ai un peu joué avec ses sentiments pour rendre Sacha jaloux oui, je l’admets..

    — C’est moche ça. 

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     — Je sais. Mais j’aurais tellement aimé qu’il s’énerve, se montre jaloux et possessif, me montre qu’il a peur de me perdre...

    — Sacha n’est pas du genre expressif, et tu le sais, soupire à nouveau Cédric en haussant les épaules. 

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     — Il n’a jamais paru blessé par le fait que je vois régulièrement Jo, Cèd !! Son attitude froide et distante m’agace, je veux qu’il me dise qu’il m’aime merde !! Je veux qu’il me le dise.. Comme à l’époque...

    — C’est pas à moi qu’il faut dire tout ça Clio, mais a lui, tout simplement. Vous êtes doués pour parler de vos problèmes aux autres, mais dès qu’il s’agit de vous parler ça y’est, y’a un blocage. 

     — Je l’aime plus que tout au monde Cedric... avoue Claire en regardant sa bague de mariage, la main tremblante, je n’envisage même pas une vie sans lui, c’est impossible..

    — Dis-lui tout ça... Pitié, dis-lui tout ça, merde !

    — Mais j’essaie tout le temps !!.....Laisse tomber Claire, avec un sanglot dans la gorge, mais dès qu’on se croise, on s’énerve, puis on se dispute..

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     — Allez debout, ordonne maintenant Cédric en se plaçant devant sa cousine, un air sévère dessiné sur le visage, lève-toi de ce canapé, lève-toi et tiens-toi droite, allez, debout !

     — Il m’a trompé Cèd, j’en suis persuadée.. Marmonne Claire tel un automate déconnecté de la réalité, c’est fini, il ne m’aime plus, j’en suis sûre, il m’a remplacée... Une autre le prend dans ses bras, en ce moment même..

    — Debout j’ai dit ! insiste Cédric en commençant a s’agacer, vous allez arrêter d’aller à reculons avec Sacha parce que moi j’aimerai bien rentrer un jour chez moi, où j’ai une fille et une femme qui m’attendent !

    — Excuse-moi... bafouille Claire, honteuse de réaliser tout ce qu’elle fait subir à son cousin. Rentre chez toi s’il te plaît... Ne te pourrit pas la vie ici..

     — Je rentrerai quand tu lui auras dit tout ce que tu m’as dit, pas avant ! soupire Cédric en levant les yeux au ciel, donc tu peux être gentille et y mettre du tien pour remonter vite la pente !

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     D’un bond, elle se lève en essayant de se remotiver, puis, moins de dix secondes plus tard, elle craque à nouveau et s’effondre sur lui, pour une nouvelle crise de larmes, encore plus intense que les précédences.

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     — Qu’est-ce... qu’est-ce que... je... je... vais devenir.... s’il... s’il m’a remplacé Cèd ? réussit-elle a prononcer entre deux sanglots, en tremblant comme une feuille.

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    — Tu referas alors ta vie, avec un autre, lui répond simplement Cédric d’une voix calme et posée. Nul n’est irremplaçable Clio. 

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    — Mais si, lui il est irremplaçable !!! lui lance-t-elle en s’enfouissant dans son torse pour étouffer ses pleurs.

    — Pleure.. Vas -y pleures.. Tu n’en ressortiras que plus forte. Lui souffle doucement Cédric.

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     — Si dieu existe, qu’il me rende mon Sacha... gémit-elle maintenant, dans un semi-délire, je veux Sacha, je veux mon Sacha.. 

     

     

     

    *

     

     

     

      Les minutes s’écoulent et les larmes ne semblent vouloir cesser que lorsqu’un bruit de serrure se fait entendre ; brusquement, Claire sursaute et se fige sur place, en laissant échapper, d’une voix tremblante

     — Sa... Sacha ?

     — Lave toi le visage avant d’aller.... tente de lui conseiller Cédric, en vain ; elle se précipite déjà dans le couloir.

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     Telle une furie, elle court comme elle n’a encore jamais couru, sans réfléchir à sa tenue, sans réfléchir à son visage dévasté par les larmes.

     Seul son cœur semble encore guider cet être perdu qui ne veut que retrouver sa moitié.

     — Sa...Sa..Sacha... bredouille-t-elle subitement en s’immobilisant dans l’encadrement du hall d’entrée ; il est là.

     Il ne répond rien et se paralyse, choqué par ce visage défiguré par les larmes.

    — Ça... Sacha... bredouille à nouveau Claire, avant de se jeter littéralement sur le concerné, en l’agrippant de toutes ses forces.

     — Clio... réussit-il à murmurer en titubant légèrement en arrière sous le choc. — Quelque chose ne va pas ? 

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     — Je t’aime Sacha, laisse-t-elle tomber en s’agrippant de plus belle a son cou, je t’aime. Je t’aime.. Mon amour, je t’aime... Je t’aime..

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    La déclaration semble tellement franche et sincère que Sacha en a soudain les larmes aux yeux ; en tremblant, il se prépare à la prendre tendrement dans ses bras, mais elle se recule soudain de lui, en affichant une mine étrange.


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    ~ Musique ~ 

     

     — Quel est ce parfum Sacha ? demande-t-elle en dévisageant son époux, réponds-moi, quel est ce parfum ? Ce n’est pas le tien... Non, ce n’est pas le tien...

    Malheur ! songe Sacha avec effroi, en essayant de se justifier

    — Je.. Je.. C’est rien mon ange... C’est rien... 

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     — NE TE FOUS PAS DE MOI ! lui hurle Claire en faisant un bond en arrière, c’est un parfum de femme !

     — N.. Non mon cœur... se met à balbutier Sacha, le cœur serré, laisse-moi t’expliquer, attends...  

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     — Salaud !! Salaud !! Je te hais !! hurle en pleurant Claire, tu l’as fait, tu l’as fait, tu l’as fais !!

    — Clio, s’il te plaît.. Gémit Sacha en essayant de se rapprocher de son épouse qui se bouche maintenant les oreilles pour ne plus l’entendre.

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     — Ne m’approches pas... laisse t-elle maintenant tomber, le visage plus trempé que jamais, ne m’approche plus, plus jamais...  

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     Et sur ce, elle se jette dans l’escalier pour fuir au premier étage.
     
    Mais il est hors de question qu’il la laisse partir comme ça, après qu’elle lui ai hurlé son amour, il ne la laissera pas faire !

    Sans réfléchir, il se précipite sur ses pas en criant désespérément, 

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     — Attends Clio ! Laisse-moi t’expliquer ! Je t" en pries !!

     — Fous-moi la paix ! lui hurle-t-elle en arrivant dans sa chambre ; qui était la leur auparavant.

     — Clio attend !! M.. Moi aussi je t’aime !!! lui, lance-t-il en arrivant a son tour dans la pièce.

    Elle est plantée devant l’unique fenêtre de leur chambre et regarde la pluie tomber, l’air apparemment las et désespéré. 

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     — Comment est-ce que j’ai pu y croire... sanglote-t-elle en faisant pivoter sa tête vers la droite pour lui jeter un regard des plus malheureux.

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     — Mon cœur.. Je.. Je.. Je t’aime moi aussi, comme un fou, et je te jure sur ma vie, sur celle des enfants mêmes, que je n’ai t’aies pas trompé, si c’est ce que tu crains.. Termine-t-il tout bas, en lui se rapprochant pour se plaquer contre elle et lui prendre délicatement la main. 

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     — Ne mens pas sur la vie des enfants, je t’en prie.. Lui souffle Claire, pas du tout convaincue par ce qu’il vient de lui promettre. 

     — Toi et les enfants, vous êtes mes seules raisons de vivre, ajoute Sacha, alors si je me permets de jurer sur les petits c’est bien la preuve que je dis la vérité, non ?

    Elle hausse les épaules et garde le silence, sans doute est-elle a court d’arguments, pense Sacha, en demandant timidement,

    — Et toi Clio ? Est-ce que tu peux jurer que...

    — Oui. L’interrompt-elle sans attendre la fin de sa phrase, oui moi je peux le jurer.. Hors toi... Toi je veux dire que...

    — Que je sente un parfum de nana, c’est ça qui te perturbe ?

    — Évidemment...

    — J’ai passé la soirée avec deux amies, informe Sacha avec la plus grande honnêteté, et j’ai pas voulu rentrer samedi soir, pour éviter de te croiser avec, éventuellement, l’autre bouffon.

    — Oh... laisse tomber tristement Claire, la gorge nouée.

    — Alors Pétra m’a invité chez elle, et on a maté des DVD toute la nuit.

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     — Pétra ? sursaute soudain Claire en faisant les yeux ronds. Pétra ? Pétra ?

    — Oui, Pétra.. Marmonne Sacha, un peu inquièt de la réaction qu’elle va bientôt avoir.

    — Pétra, la blondasse de l’époque ? Continue nerveusement Claire, la petit pouf Pétra, c’est bien ça ?? termine-t-elle en se retournant vers son interlocuteur, qui a l’air terriblement gêné.

    — Oui, oui, c’est bien elle, marmonne a nouveau Sacha, mais j’ai rien fait avec, et je me fiche d’elle, je te le jure !! 

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     — Pétra.. Pétra... continue de se parler a elle-même Claire, en rageant intérieurement, poufiasse, poufiasse, poufiasse !!! 

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    Avec un immense sourire et des yeux emplis d’amour, et aussi pour l’interrompre dans sa conversation en solitaire, Sacha se jette sur ses lèvres pour s’en emparer avec fougue ; elle semble surprise, mais ne résiste pas, au contraire, elle prolonge le baiser à son tour, passant ses mains sous son costard noir qui lui va si bien.. 

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     Elle est furieuse de savoir qu’il a repris contact avec cette fille, qui leur déjà causé de nombreux problèmes par le passé, mais elle gardera sa colère pour elle ; c’est pas vraiment le moment de déclencher une dispute, sachant qu’apparemment il se fiche complètement de cette décolorée sans charmes !

    De toute façon, elle peut toujours courir cette petite traînée, il est à elle, et rien qu’à elle, se persuade Claire en commençant à dégrafer les boutons de la veste de son homme.

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