*

- Jeff! Grogne Eva en rentrant en trombe dans sa chambre, où son frère est déjà allongé sur son propre lit, à regarder un épisode d'une autre série qu'il affectionne.

- Quoi?

- Tu t'es encore disputé avec erwan, toi! J'en suis sûre!

- Euh, non. Même pas! Pourquoi? Il t'a dit quoi?

- Rien! Mais mon petit doigt me dit que tu as été méchant avec lui!

- Je lui ai juste rappelé qu'il n'est pas mon père. Chose qu'il a tendance à oublier un peu trop souvent, je trouve!

- Mais qui est notre père, Jeff?! À part Erwan? Qui?!

- Euh.. Bah, personne. Puisqu'il est mort!

- Non! C'est Erwan, notre père! Le seul qu'on a toujours connu!

- Comme d'habitude, nos avis diffèrent sur le sujet. Maintenant si accepte de faire le silence, tu peux regarder Heroes avec moi.

- Non. Et toi, tu vas te lever tout de suite de ce lit, pour aller t'excuser auprès d'Erwan pour ta méchanceté!!

- Et cent balles et un mars, aussi?

- Ou je t'empêche de regarder la télé!

- Roh, putain! Ok, j'irai tout à l'heure, promis. Maintenant bouge tes fesses de là!! finit par grogner d'agacement le jeune homme, lorsque sa soeur jumelle se met a se remuer le popotin devant l'écran de la télévision.

- Juste après Heroes?

- Ouais, ouais.

*

Oui, comme promis, une demi-heure plus tard, Jeffrey Beckers s'en va trouver son beau-père, tranquillement installé devant son piano, pour lui marmonner de timides excuses,

- Désolé. Pour tout à l'heure.

- Hum... Pas de soucis. C'est oublié.

- Cool. Bonne nuit alors.

- C'est ça. Bonne nuit...

*

- Jane? Mais que fais-tu donc sous la pluie? S'étonne Jakob avec inquiétude en arrivant doucement derrière la concernée, toujours assise sur l'une des chaises longues du petit café de la place. Et ce, malgré cette pluie battante n'en finit plus de marteler encore et toujours plus son parapluie écossais.

- B.. Bonsoir monsieur Jakob. Je.. Je viens de me faire jeter par madame Bauer.

- Viens avec moi. Je t'offre un chocolat chaud. Ça te réchauffera!

- Pourquoi me déteste-t-elle tant, monsieur? Pourquoi?! Alors que c'est moi, la victime, dans l'histoire!! Je ne la comprends pas!

- On va aller chez moi se réchauffer, Jane. Puis, je te donnerais le nouveau numéro de Raphaël. Vu que je suppose que c'est ce que tu venais chercher en toquant a la porte de Jeyne.

- Oh.. Merci, monsieur! Merci! Merci!

- Y'a pas de quoi Jane. Si je peux aider à réconcilier le plus beau couple allemand, alors banco, je signe tout de suite!

*

I will stand by you - The Pretenders ♪

Aujourd'hui, cela fait quatre ans que Yann Leiner a perdu son épouse bien-aimée. Quatre ans déjà, que l'amour de sa vie s'en est allée, cruellement vaincue par un foufroyant cancer.

Une maladie vicieuse contre laquelle la pauvre s'était tout de même battue avec courage, pendant de longues et douloureuses années de chimiothérapie : sans aucun doute les pires moments de l'existence du guitariste des Memories. Devoir assister ainsi, avec impuissance, à la mort lente et tragique de celle qu'il a toujours considérée comme l'élue de sa vie... Il ne l'a jamais remplacée. Jamais.

En disparaissant, elle lui laissait leur adorable fillette. De deux printemps, au moment de son décès. Un bout de chou a croquer, que la jeune femme aimait plus que tout au monde.

Un petit ange, qui, quatre ans plus tard, restait toujours un enfant modèle et exceptionnel.

Du haut de ses tout juste six ans, elle épaulait et soutenait son père. Elle devenait l'unique femme de sa vie.

Et encore heureux pour Yann Leiner qui se remettait vraiment péniblement de la disparition de son épouse, malgré ce point d'honneur qu'il mettait à toujours se montrer fort et vaillant, devant son entourage.

Malgré sa douleur pourtant infinie, il mettait un point d'honneur à toujours rester le même aux yeux de tous, en ne forçant même pas son groupe, les Memories, a lui accorder une pause bien méritée pour se remettre du décès de sa femme.

Parce que Yann Leiner restera toujours et aux yeux du monde, un roc inébranlable.

Qui préfèrera toujours, de garder ses larmes pour ses moments intimes.

Parce que sa Tania n'aurait jamais supporté de le voir faible et pathétique, pleurant éternellement sa mort comme une loque abattue et résignée.

Alors il ne lui infligera jamais ce spectacle. Pour que de là-haut, de là où elle repose, elle puisse continuer de rester fière de lui, en attendant qu'il la rejoigne.

- Erwan? appelle soudain Eva en faisant sursauter de surprise son beau-pèr, - ça va?

- Hey, coucou lapin! Oui, ça va, t'inquiète, je prenais juste un peu l'air! Et toi, qu'est-ce tu fais dehors en pyjama? Tu vas prendre froid, sans parler que ce ne sont pas des tenues pour une jeune fille. 

- Bah quoi? Je suis pas nue à ce que je sache!

- Certes...

- C'est pas pire que le gars du troisième qui descend chercher son courrier en slip.

- Hein?!? Tu parles de monsieur Zougloubiffe?

- On dirait pas, hein! Sous son air sage.... Mais passons! Je voulais te dire que tout à l'heure, en passant devant votre chambre à maman et toi, je.. j'ia entendu votre projet, marmonne la jeune fille en s'asseyant aux côtés de ton interlocuteur, - et je me demandais, si.. Enfin... si votre projet, c'était du sérieux...

- Eh bien.. Pourquoi pas...? On est pas si vieux que ça, pour le faire, finalement! Non? Tu ne penses pas?

- Euh... Moi, je suis contre... Parce que si tu as un enfant avec maman, tu ne nous aimeras plus, nous.

- Hein? M'enfin, Eva?! Pourquoi dis-tu ça?

- Bah.. Il sera ton enfant à toi. Alors forcément.. Tu l'aimeras plus que nous.

- Hey, mais non! Ça, c'est totalement faux!

- Si tu le dis...Mais..

- Arrête on rentre, lapin! Tu as dis assez de bêtises pour la soirée et si tu continues, je vais devoir te botter les fesses! 

*     *     *

Perfect day - Lou Reed ♪

Au plus bas et complètement désemparé suite à la décision de son épouse qu'il juste égoïste et injuste, Erwan Muller s'en va se morfondre dans les jardins de sa résidence. Il a besoin d'être seul. De méditer. De lui en vouloir. De l'accuser. De se souvenir d'un passé pourtant heureux...