• 043

    — Dis pas de conneries, tout ça, c’est juste une mauvaise passe... Et si jamais ça devait être plus que ça, tu te relèveras, parce que tu n’es pas seule.

    — Mais tu ne comprends donc pas Kylian ? Je ne veux pas me relever sans lui ! Je ne veux pas ! Ce n’est pas que je ne peux pas, c’est tout simplement que je ne VEUX pas ! Je ne peux pas envisager un monde sans lui, c’est impossible.

    — Nul n’est irremplaçable Tif... Et tu ne penses pas que tu devrais en parler avec maman ?

    — Non, elle serait trop choquée, je pense, vu qu’on représente le couple parfait avec Kurt... Et puis je ne sais pas quelle réaction pourrait avoir papa, vu qu’il adore Kurt.. Il m’accuserait, je pense.

    — Non, sûrement pas, idiote ! Kurt n’est rien dans la famille Gutter ! Comment est-ce que tu peux être bête pour douter de papa comme ça ?? Au contraire, il prendra ta défense !

    — Mouai..j’en sais rien, et j’en ai marre de cette boîte. On bouge ?

    — J’ai à boire dans la chambre, on peut finir la soirée chez moi pour se torcher la gueule comme des porcs ! Ça te dit ?

    — OK, ça me va. Allons-y pour le torchage, je vais aller noyer mon chagrin dans l’alcool, comme tous les divorcés dépressifs !

     

     

     

     

    043

     

    Quelques pas plus tard, les jeunes Gutter sont devant la devanture de la boîte de nuit et Tiphanie va s’empresser de demander a son jeune frère,

    — On prend le métro ou on y va à pinces ?

    — À pince ouaip, c’est a dix minutes même pas ! Fainéante !

    — Dix minutes ? T’es sûr ?

    — Oui, j’ai un raccourci !

    — Ah bah si tu as un raccourci, alors c’est parfait !

    — Tif ? Tu devrais l’appeler pour voir ce qu’il fait là, maintenant. Ça lui ferait plaisir, je pense. 

    — Hummm, je sais pas.

    — Moi je te dis ça comme ça, mais c’est un geste qu’il va apprécier, j’en suis certain.

    — Oui, c’est sûr qu’il va apprécier, mais j’aurai aimé que ce soit lui qui s’inquiète pour moi un peu ! Histoire que tout ne soit pas toujours qu’à sens unique !

    — Appèle le, vas-y.

    Kylian s’est planté brusquement devant sa sœur pour la forcer à s’immobiliser. Il veut qu’elle attrape son téléphone portable pour appeler son époux, maintenant, et tout de suite.

    — OK, OK, soupire rapidement la jeune femme résignée, avant d’obéir à ce garçon bien trop têtu pour qu’elle puisse rivaliser contre ses quatre volontés.

    Une sonnerie.

    Deux sonneries.

    Trois sonneries.

    Le répondeur de son interlocuteur se met en marche. Elle soupire, hausse les épaules, puis se décide a laisser un message.

    Un bref message... qui contient cependant l’essentiel ;

    — Coucou, c’est moi. Fais attention à toi et rentre pas trop tard.. Je t’aime. Bisous.

    Elle raccroche immédiatement après et son cadet s’empresse de la féliciter d’avoir accepté de faire le premier pas. 

    — C’est pas normal que ça sonne dans le vide, non ? reprend-elle maintenant avec anxiété, en cherchant du réconfort dans les yeux bleus de son interlocuteur — toi, tu penses qu’il fait quoi là, en ce moment ?

    — Il doit être en boîte et la musique est forte, rien de plus. Quand il aura deux minutes, il verra ton message et va te rappeler.

    — J’espère...

    — Allez go, on y va, lui fait Kylian en reprenant la route, pour l’inciter à en faire de même. 

    — Et Vanessa au fait, le questionne maintenant Tiphanie, en marchant a ses côtés, — est-ce que.. ? Je veux dire que...

    — Est-ce qu’on a couchés ensemble ?

    — Non, idiot va ! Ça, j’en doute pas... Et c’est pas une question que je te poserai en plus ! Je voulais dire que... si tu l’aimes vraiment ? Ca y’est, t’es amoureux ? 

    — Je tiens a elle, oui, amoureux je sais pas encore. Mais je sais que je tiens à elle.

    — Heeey, mais c’est quoi ce raccourci ? On va passer par les égouts, c’est ça ? se sidère Tiphanie en remarquant que son frère l’entraine dans une ruelle sombre et puante, car parsemé de nombreux poubelles et détritus divers.

    — D’oooh ! La princesse de pose-ton-cul-là se choque parce qu’elle marche dans une ruelle mal odorante ! D’oooh ! la provoque amicalement son jeune frère, sur un ton des plus taquins.

    — En fait tu cherches à m’isoler dans un recoin sombre pour abuser de moi, c’est ça ? reprend alors Tiphanie en feignant la terreur devant ce probable bourreau et violeur.

    — Zut, mes plans sont découverts... ! Je ne goûterais pas à l'inceste ce soir !

     

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    — Zut, regarde là-bas devant, lui chuchote maintenant tout bas Tiphanie, en déglutissant a la vue de ce qui semble être une bande d’adolescents, voir peut-être de voyous.

     

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    Ces trois jeunes ont l’air de discuter innocemment entre amis, mais le fait qu’ils soient cachés dans cette ruelle pour accomplir cette activité ne plait pas du tout à la jeune femme, désormais un peu stressée.

     

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    Rapidement,  elle attrape la main de son frère, pour se rappeler qu’elle n’est pas seule et inoffensive devant ces probables loubards. 

    — Arrête de stresser, lui chuchote discrètement Kylian, pour lui faire comprendre que c’est justement lorsque l’on se montre craintifs et faibles que l’on se fait agresser.

    — Moui.. Moui... Et alors, Vanessa, elle est mignonne, tu disais ? reprend-elle alors, en essayant d’avoir l’air le plus naturel possible, puisqu’ils sont désormais en train de passer à côté du petit groupe de jeunes. 

    — Et toi, c’est vrai que tu es bloquée à Mario Bros alors ? lui demande ensuite Kylian, sur le même ton, niais et innocent, qu’elle. 

     

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    — C’est dangereux de se promener sans gardes du corps... N’est-ce pas ? Apologize... vient soudain les provoquer l’un des hommes de la bande.

    Le sang de Tiphanie ne fait qu’un tour et elle broie presque la main de son frère à force de la serrer pour se rassurer. Ces types vont les agresser, elle en est maintenant certaine et elle se prépare à hurler pour appeler à l’aide.

    — Pourquoi est-ce que c’est « dangereux » ? Soupire alors Kylian, d’un air blasé, en direction de son interlocuteur.

    Il les provoque et il en a conscience, mais ce n’est pas dans ses habitudes de s’écraser, même face a plus fort que lui.

    — Fais ton malin petit, et il pourrait t’arriver des bricoles... le met en garde un autre des jeunes hommes, celui qui porte une veste en cuir marron.

    — Il pourrait ? Ajoute le châtain, adossé contre le mur, devant ses deux amis — moi j’aurai dit, « il va t’arriver » des bricoles.... Stefan a toi.

    La fin de sa phrase a été une sorte d’ordre, qui s’adressait avec vivacité à l’un de ses amis : le premier qui a pris la parole en direction des intrus innocents.

     

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    Kylian n’a pas le temps de réagir que le fameux Stefan se jette déjà sur sa sœur, les deux mains en avant, pour l’empoigner avec force et la ramener contre lui.

    Celle-ci tente de crier en se débattant avec vivacité, mais celui-ci lui plaque son autre main sur la bouche pour l’empêcher d’arriver à ses fins.

     

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    Kylian se braque furieusement devant les trois hommes, point serrés. Il est maintenant prêt à frapper.

    Froidement, il se met à menacer, les yeux pleins de haine, en direction de cet idiot qui tient fermement sa sœur,

     — Tu as dix secondes pour la lâcher.

    — À toi, Iwan, ordonne a nouveau celui qui est adossé au mur de briques rouges : sans doute le petit chef de cette bande de loubards prétentieux.

    Kylian voit fondre son ennemi sur lui, mais il est prêt à riposter. Violemment, il réceptionne son assaillant et lui envoie un vif coup de poing dans la mâchoire. Celui-ci titube, avant de revenir à nouveau sur lui. Cette fois Kylian prend un coup violent dans l’estomac. Tiphanie tente de crier en se débattant dans les bras du brun nommé Stefan, qui va se dépêcher de proposer à celui qui semble être son chef,

    — Walter ? Aide-le, non ??

    Oui, l’adossé au mur de briques va enfin se décider a se redresser pour venir épauler son compagnon, parce que ce jeune chanteur est apparemment plus costaud qu’il l’imaginait.

    Le combat est maintenant totalement déséquilibré et Kylian ne peut plus avoir le dessus. Les coups fusent de toutes parts et il ne fait qu’encaisser de violentes attaques. Son visage commence à s’ensanglanter, en même temps que de vives douleurs commencent à apparaitre un peu partout dans son corps maintenant meurtri.

     

    — KYLE !! arrive à hurler brusquement Tiphanie, à cause d’un moment d’inattention de son ravisseur, qui va oublier de lui mettre la main sur la bouche pendant quelques secondes.

     

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    — Sale garce !!! se reprend immédiatement celui-ci en revenant lui poser, cette fois, les deux mains sur le visage.

    — Allez debout, APOLOGIZE !! se moque maintenant, et sans aucune retenue, le prénommé Iwan, — dis-nous que tu t'excuses d’être passé dans notre ruelle, et on te laisse la vie sauve !

     

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    — Quedalle, on lui laisse rien du tout, vient contredire son compagnon : le deuxième qui donne des coups de pieds sur un Kylian fatigué et a bout de souffle.

     

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    — Hey ! Walter ! Qu’est-ce que vous foutez ? Lance soudain une quatrième voix, apparemment possédée par un nouvel homme, vêtu de noir, qui se dirige vers les trois loubards.

    Walter est donc le prénom donné au châtain aux cheveux mi-longs ; celui qui était adossé, au début de la confrontation, contre le mur de briques rouges.

    Celui-ci se dépêche de répondre au nouvel arrivant, qu’il semble avoir immédiatement reconnu

    — Regarde ce qu’on a trouvé ! Regarde ! Tu sais qui c’est ?  

    — Ouai, ouai, je sais qui c’est, lui répond grogne son interlocuteur, en affichant un air grave, — et vous, est-ce que vous savez vraiment qui c’est ?

    — Apologize ! lui piaillent alors en chœur ses deux amis, en assénant tous les deux un violent coup de pied dans les côtes du jeune chanteur qui se tord maintenant de douleur à leurs pieds


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    — Cassez-vous d’ici, je veux plus vous voir. DÉGAGEZ, s’énerve soudain l’homme en noir, en dévisageant avec mépris ses camarades. 

    Cet inconnu, que Kylian essaie maintenant de dévisager, semble être finalement le chef de cette bande, puisque les trois loubards commencent à s’éloigner, tête baissée, peu après que son ordre soit tombé.

    Tiphanie, maintenant libérée, se précipite au chevet de son frère ensanglanté pour le prendre dans ses bras : des fois que ce type là-bas devant serait agressif...

    — Ne vous approchez pas !!! prévient-elle immédiatement sans attendre, en fusillant du regard cet étranger qui lui donne la chair de poule.

     — Kylian ? Fais doucement l’homme en noir en scrutant le concerné, à genoux dans les bras de sa sœur, — c’est bien toi ? Kylian... Kylian Gutter ?

    — D’où connaissez-vous mon nom ? Grogne l’adolescent en grimaçant de douleur.


    — Tu ne me reconnais vraiment pas ? J’ai tant changé que ça ? Toi en tout cas, tu n’as pas du tout changé...

    Quelques secondes plus tard, et après avoir observé attentivement le faciès de son interlocuteur, Kylian a enfin l’impression de reconnaitre ces prunelles et cheveux couleur ébène, ainsi que cette peau mate.

    Il se relève alors doucement du sol, en titubant légèrement, pour faire face à celui qu’il retrouve aujourd’hui, quatre ans après ce bain de sang qui a bien failli lui coûter la vie.

     

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    — Franz...

    — Et ouais... laisse échapper le concerné avec un sourire timide, — ça va toi ? Tu as l’air d’avoir bien évolué depuis... Eh eh....Apologize !!

    — J’essaie de tracer ma route oui... Et toi ? Cherche a se renseigner Kylian, curieux de découvrir ce qu’à fait ce vieux camarade pendant quatre longues années. 

    — Je fais pareil que toi, sauf que pour moi c’est plus dur, vu que je dois vivre la nuit et de préférence loin des forces de police.

    Tiphanie sent son sang se glacer à l’écoute attentive de cette phrase : elle et son frère sont seuls dans une ruelle avec un malfrat recherché par les autorités publiques ! Stressée, elle se cache alors dans le dos de son cadet pour s’agripper fermement à son pull, tout en lui assénant de discrèts petits pincements afin de lui faire comprendre qu’il faudrait qu’ils décampent d’ici à vive allure.

    — Ta copine ne m’aime pas j’ai l’impression, reprend Franz d’un air amusé en constatant le visage blême de la jeune femme.

    — Tu aurais dû quitter Berlin, s’étonne Kylian sur un ton très sérieux, en direction de son vieil ami — pourquoi ne l’as tu pas fait ?

    — J’habite pas loin, ça vous dit un café ? Propose alors son interlocuteur, avant de reprendre d’une voix plus discrète — j’aime pas rester trop longtemps au même endroit... Si tu vois ce que je veux dire...

    — OK ça marche, accepte rapidement Kylian avec une grimace taquine qui va se dépêcher de provoquer celle qui n’arrête pas de lui pincer le ventre, — hein, peureuse, que ça marche ??

    La concerné ne lui répond rien et se contente de lui prendre la main en baissant les yeux, pour éviter ceux du malfrat en cuir.

     

     

     

    *

     

     

     

    044


    Peu après, les trois jeunes gens ont enfin rejoint le domicile du jeune Franz.

    Un petit studio qui donne sur une allée marchande où l’on y trouve de tout : une épicerie, un disquaire, un bar, un bowling, une salle de jeux, et même un restaurant.

    La conversation est désormais des plus calmes, mais seuls Kylian et Franz semblent décidés à y participer.

     

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    Tiphanie préfère garder le silence, surtout depuis qu’elle en sait désormais un peu plus sur ce garçon : un membre de cette bande... la fameuse bande de l’époque. Celle qui a bien failli causer la perte de son jeune frère. Tiphanie en a de très mauvais souvenirs, de cette époque. 

     

    044

     

    — C’est un miracle que tu sois en vie, toi, rappelle tranquillement Franz à son ami — je t’ai vu baigner dans une immense mare de sang et...

    — Oui, c’est un miracle, l’interrompt Kylian pour confirmer ses interrogations — médicalement, j’étais censé être mort. Alors oui, c’est un miracle.... Mais toi ? Alors si je comprends bien.. Hugo..

    — Je m’en suis voulu longtemps pour ce geste, tu sais. Mais j’avais mal et j’étais paumé. Kain était dehors en train de faire un bain de sang et nous on flippait a l’intérieur en se demandant quoi faire.. Hugo a pété un câble, il est sorti comme un malade et..

    — Chut, tu te fais du mal à tout me répéter... Tu n’es pas responsable pour tout ça, arrêtes de te culpabiliser.

    — Je t’ai peut-être sauvé la vie, car si j’avais pas buté Kain, je pense qu’on serait ensuite allés enterrer les cadavres pour pas qu’on vous retrouve.

    — En effet, c’est une forte probabilité. Alors on peut dire que je te dois la vie !

     

    044

     

    — Emma... Tu sais, je pense souvent à elle. Putain.. Emma !

    — J’essaie de ne plus y penser moi. Je tente de tirer un trait sur tout ça...

    — Je comprends...

    — Mais au fait, comment tu fais pour t’en sortir ? Pour échapper à la justice, je veux dire.. ?

    — Humm.. Disons que je m’étais suis débarrassé de l’arme du crime, par précautions. Alors ils n’ont strictement rien pour prouver que j’ai ma part de responsabilité dans ce bain de sang. Lorsque l’on m’a interrogé, j’ai joué l’ignorant et j’ai affirmé que j’avais été assommé à l’intérieur.

    — Alors aux yeux de la police, Kain m’a tiré dessus avec Emma, avant de s’entretuer avec Hugo, c’est ça ?

    — Voilà, c’est ça. Mais personne ne croit vraiment à ce scénario... Cependant, vu qu’ils n’ont aucune preuve pour m’enfermer, je suis toujours libre. 

    — Casse-toi de Berlin mec, fait Kylian en se mordant la lèvre, — c’est un jeu dangereux que tu joues là et tu vas y laisser des plumes !

    — Pourquoi ? Le seul qui pourrait me briser, c’est toi ! Et encore, tu n’as rien à dire vu que tu étais censé être agonisant quand tout ça s’est passé.

    — Oui peut-être, mais tu ne peux pas passer le restant de tes jours a vivre la nuit et presque reclus de la société... C’est pas une vie quoi.

    — Bah moi ça me convient. Je suis attaché à cette ville et je n’arrive pas à m’imaginer ailleurs... Alors je suis les traces de mon père dans la mafia et ça me convient... Tu me connais, j’ai jamais été de ceux qui ont leur petite vie bien réglée, métro, boulot, dodo...

    — Lâche... laisse soudain échapper Tiphanie d’une voix glaciale.

    Sa phrase accuse directement cet homme en noir qu’elle déteste de plus en plus au fil des secondes.

    — Tif ? Tu la mets en veilleuse, merci, tu seras mignonne, la sermonne froidement son jeune frère pour la faire taire.

    — Elle a raison Kyl, vient reconnaitre Franz en fermant les yeux pour laisser échapper un long soupir.

    — Comment est-ce que l’on peut rester caché dans une maison, quand l’un de ses amis se vide de son sang à quelques mètres ? L’accuse à nouveau Tiphanie en le dévisageant avec mépris.

    — J’étais jeune... Et Kain était mon meilleur ami, tente de se défendre Franz, sans conviction cependant, — et puis j’ai fini par réagir je te signale..

    — Pour assassiner TON MEILLEUR AMI ! l’interrompt-elle vivement, d’une voix acerbe et pleine de reproches, — tu n’es que...

    — Ça suffit, la cingle furieusement Kylian — tout ça, c’est le passé, et on ne revient jamais sur le passé !

    — Elle a raison Kylian, soupire a nouveau Franz, en laissant tomber son regard sur la jeune femme, — sur tous les points, ta sœur a raison...

    — Y’a un téléphone qui est en train de sonner, fait calmement remarquer Kylian.

    Tiphanie saute saute brusquement du lit où elle était vautrée derrière son frère, pour se dépêcher de chercher son portable, dans la poche de son pantalon : Kurt ! C’est bien le prénom de son époux qui se met à clignoter sur le petit écran de l’objet !

    Elle s’empresse de décrocher, folle de joie.

    — On s’en roule une ? Propose Franz à son camarade, maintenant qu’ils sont tous les deux seuls sur le lit.

    — Pas de problèmes, acquiesce sans hésiter Kylian, en laissant l’une de ses oreilles trainer dans la direction de sa sœur.

    — Moi ? Je suis chez un ami à ami à Kylian là, fait celle-ci dans le combiné de son téléphone, — et toi ?

    — Un ami de Kyle ? Commence à s’agacer Kurt, — comment ça, un ami de Kyl ?? OK je vois ! Alors moi je rentre à la maison dès que j’ai ton putain de message, et toi tu t’amuses avec LES AMIS DE KYLE ????? 

    — Mais non, attend, c’est pas du tout ce que...

    Elle interrompt brusquement sa phrase, à cause d’un bruit de tonalité qui lui résonne maintenant dans l’oreille : il lui a raccroché au nez.

     

    044

     

    Encore sous le choc, elle reste figée sur place, les yeux maintenant humides. Elle a l’impression que son cœur tout entier vient de voler en éclat et ses jambes et elle en a étrangement la chair de poule : le naufrage de son couple est désormais imminent et aucune bouée de sauvetage ne semble disposée a venir a sa rescousse.

    Kylian se rapproche délicatement de sa sœur ainée, en marquant sa présence d’une voix calme et chaleureuse — Tif, ça va ?

    — Il... Il m’a raccroché au nez...

     






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