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    Bien au chaud à l’intérieur et confortablement installé dans le petit salon chauffé et maintenant envahi d’une douce chaleur, Claire et Sacha apprennent à connaître les parents de leur nouvelle belle-fille, Vanessa.

    Claire semble plutôt de bonne humeur et agréablement surprise par la courtoisie de la maîtresse des lieux, Jane, quand Sacha se montre plus réservé et sceptique, surtout face au prénommé Arthur.

    Un type assez arrogant et un peu désagréable à son goût.

    — C’est dingue comme Tiphanie vous ressemble, Claire ! s'exclame Jane à la concernée, — de même pour Kylian avec vous, euh...

    — Sacha, l’informe rapidement celui-ci sans un sourire : pourquoi n’est-elle pas capable de retenir son prénom ? Décidément, cette famille commence à l’agacer au plus haut point...

    — Cela ne vous fait rien d’avoir un fils qui tente d’imiter les Tokyo Hotel ? Le taquine soudain Arthur avec un petit sourire en coin, — enfin moi je veux dire que... que je serai très vexé si ma fille se mettait à avoir un genre pareil.

    — Un genre ? Commence à fulminer Sacha en fusillant du regard cet homme qu’il a bien envie d’étriper en cette soirée de Noel.

    — Nous sommes très fièr de Kylian, ajoute calmement Claire pour adoucir la situation, — et puis vous savez, la musique des « Apologize » ne ressemble pas du tout a celle des Tokyo Hotel...

    — Il vous taquine, se décide à sourire Jane pour éviter que Sacha ne saute au visage de son époux, — qui aime bien châtie bien, comme on dit...

    — Oui, il n’y a rien de méchant dans mes propos, confirme tranquillement Arthur, avant de reprendre sur ce ton que Sacha déteste — c’est juste qu’il faut que je m’habitue au fait que ma jolie princesse se soit entichée d’un...

    — D’un ? Ne peut s’empêcher d'interrompre Sacha d’une voix amère, — allez-y ! Poursuivez votre phrase si vous êtes un homme !

    — Sacha.... tente de le calmer Claire, — s’il-te plaît..

    — Je suis très calme !

    — Il n’y a que la vérité qui blesse, ironise alors Arthur avec un sourire qui donnerait presque envie à Sacha de le défigurer.

    — Écoute-moi bien, bouffon, se décide-t-il a conclure en se retenant de refaire la tapisserie de la pièce avec quelques boyaux humains, — ce que tu penses de mon fils, sache que je le pense AUSSI de ta fille ! Non, mais tu l’as vu ? Ta petite princesse qui se prend pour Miss monde ?!! Avec ses petits airs de sainte nitouche ?!!

    — SACHA ! Le gronde sévèrement son épouse en lui pinçant le bras pour lui rappeler qu’ils ont été invités ce soir pour passer un bon moment... en famille.

    — Et bien, on peut dire que ce Noël aura été des plus animés.. Ne peut s’empêcher de soupirer Jane en laissant échapper un petit rire étouffé, — en espérant que nos hommes finissent a s’aimer autant que nos rejetons... n’est-ce pas Claire ?

    Celle-ci hoche la tête, blasée de devoir reconnaître que son mari n’est finalement pas plus évolué que celui de cette femme.

     

     

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    À quelques mètres de cette discussion à la fois animée et faussement amicale, deux époux se sont isolés pour discuter entre eux.

    — On peut rentrer si tu en as marre, propose gentiment Tiphanie à Kurt qui se tient droit, les bras croisés, avec une mine renfrognée et sûrement boudeuse.

    — J’en ai pas marre, c’est juste que je me demande ce qu’il est en train de faire en ce moment.

    Cela va faire une semaine que son frère se porte aux abonnés absents, après avoir décidé d’un petit voyage loin de Berlin et cela le mine terriblement.

    — Je suis certaine qu'Hanz sera bientôt de retour. Tu sais bien que ce n’est pas son genre de disparaître comme ça en plus...

    — Justement ! C’est bien pour ça que je suis aussi sceptique ! Ce n’est absolument pas le genre de mon frère de fuir devant ses responsabilités ! Il n’est pas aussi lâche que moi, lui...

    — Il faut croire que vous n’êtes pas jumeaux pour rien... Encore un point commun ! lui sourit tendrement Tiphanie en lui déposant un léger baiser sur le bout des lèvres.

    — Non. Tout ça, c’est la faute d’Élodie, commence à grogner Kurt en se mordillant la langue, — je suis sûr qu’elle lui a fait du mal.

    — Mais non, qu’est-ce que tu vas imaginer là.. Tente de défendre vainement Tiphanie — et puis Elo est folle d’Hanz, alors tu penses bien que son absence lui pèse autant qu’à toi... Si ce n’est plus !

    — Quedalle. Je suis persuadé qu’elle lui a fait quelque chose, et je finirai par le savoir. Quand il sera de retour, je le prendrai entre quatre yeux et il me racontera tout.

    — Il y’a juste eu un quiproquo entre eux chéri, continue Tiphanie pour que son époux arrête d’accuser sa pauvre cousine — Hanz pense juste, et à cause d’une pauvre plaquette de pilules abandonnée, qu’Elo l’a trompé...

    — Mon frère ne pense jamais à torts, lui rappelle froidement Kurt, — moi, j’ai tort, moi, j'ai tous le temps tort, moi, je fais des conneries, moi, je fuis, moi, je suis lâche... Mais pas mon frère. Et le pire dans tout ça, c’est que je suis certain que tu en sais plus que moi ! Mais tu ne veux pas me le dire, évidemment.

    — Je te promets que non mon cœur, lui déglutit avec peine Tiphanie en essayant de conserver ce sourire tendre qui en camoufle tant, — moi tout ce que je sais, c’est qu’Elo est effondrée depuis une semaine et qu’elle aime Hanz à la folie...

    — Aimer n’empêche pas de faire souffrir.

    Et nul ne peut faire du mal à son frère jumeau sans qu’il ne le ressente au plus profond de son être.

    Parce qu’aujourd’hui, ils font plus qu’un.

     

     

     

    *

     

     

     

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    Tandis que Kurt fulmine sur une jeune femme qui aurait, soi-disant, fait souffrir son frère jumeau, la concernée tente de passer une soirée correcte à Mannheim, en compagnie de ses parents. 

     

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    « Tente » parce qu’essayer de se glisser dans l’euphorie de la fête de Noël, quand l’unique amour de votre vie a pris les voiles sans vous donner de nouvelles, relève presque de l’exploit. 

     

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    Elle pense à lui.

    Elle pense à lui.

    À chaque seconde, elle pense à lui.

    Que fait-il ? Où est-il ? Avec qui est-il ? Quand reviendra-t-il ? 

     

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    Ses parents, ses doux parents qui l’impressionnent sans cesse grâce à ces sourires qu’ils arrivent à esquisser presque en permanence.

     

    Comment peut-on résister aux tempêtes de l’amour aussi longtemps ?

    Comment peut-on réussir à s’aimer sans failles à ce point ?

    N’ont-ils jamais fauté, eux aussi ?

    Et si oui, comment ont-ils réussi à se relever ?

    Des questions, des questions, toujours des questions... qui ne semblent pas souhaiter se transformer en réponses.

     

     

     

     

    *

     

     

     

     

    — Non, mais ça va pas la tête de le lui dire comme ça ?? Tu es complètement malade ou quoi ??

    — Il fallait qu’il l’apprenne un jour de toute manière.

     

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    Qui sont ces voix qui continuent de jacasser près de lui ?

    Erwan ne saurait même plus le dire, tant son esprit semble désormais chamboulé par une brutale nouvelle.

    Il ne s’y attendait pas.

     

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    Enfin si, il s’y attendait...

    Depuis quelques mois, c’est vrai qu’il s’y attendait... Mais il ne souhaitait pas qu’on vienne lui confirmer ses doutes.

    Il voulait continuer d’espérer, de croire et d’ignorer.

     

    — Allez, ça suffit maintenant Erwan, tu es un grand garçon maintenant. 

     

    Mais qu’ose dire cet individu qui ne devrait même pas avoir le droit à la parole dans cette maison ? Cette pièce ajoutée... Cet intrus..

    Son beau-père, bon qu’à cracher des sarcasmes à tout va et a qui veut l’entendre.

     

    — À table tout le monde ! La dinde va être froide.

      

    Erwan a bien l’impression que cette dernière voix appartient a sa mère, sans certitude cependant, puisque toutes ses pensées volent désormais vers un seul et unique être...

     

     

    Le tunnel d’Or — Aaron ♪

     

     

    — Erwan !!!

    — Alicia, laisse-le. Il a sûrement besoin d’être seul. 

    Regarde il gèle la sous mes yeux
    Des stalactites rêvent trop vieux
    Toutes ses promesses qui s’évaporent 
    Vers d’autre ciel vers d’autres ports  

    — Vous n’étiez pas obligés de le lui dire !  

    Et mes rêves s’accrochent à tes phalanges
    Je t’aime trop fort ça te dérange
    Et mes rêves se brisent sur tes phalanges
    Je t’aime trop fort
    Mon ange mon ange

    — Et encore moins, le soir de la veille de Noël !

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    De mille saveurs une seule me touche
    Lorsque tes lèvres effleurent ma bouche
    De tous ses vents, un seul m’emporte
    Lorsque ton ombre passe ma porte

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    Et mes rêves s’accrochent à tes phalanges
    Je t’aime trop fort ça te dérange
    Et mes rêves se brisent sur tes phalanges
    Je t’aime trop fort
    Mon ange mon ange

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    Prends mes soupirs donne moi des larmes
    À trop mourir, on pose les armes
    Respire encore mon doux mensonge
    Que sous ton souffle le temps s’allonge

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    Et mes rêves s’accrochent à tes phalanges
    Je t’aime trop fort ça te dérange
    Et mes rêves se brisent sur tes phalanges
    Je t’aime trop fort 
    Mon ange mon ange

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    Seul sur mon sort en équilibre
    Mais pour mon corps mon cœur et libre 
    Ta voix s’efface de mes pensées
    J’apprivoiserai ma liberté

    052

    Et mes rêves s’accrochent à tes phalanges
    Je t’aime trop fort ça te dérange
    Et mes rêves se brisent sur tes phalanges
    Je t’aime trop fort 
    Mon ange mon ange


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  • 053

     

     

    *

     

     

     

    Une fois la dinde avalée et les cadeaux ouverts, la soirée de Noël prend fin dans la majorité des foyers.

    053

    Il est l'heure d'aller se coucher, pourtant, Elodie n'a pas envie d'aller se glisser sous ses draps pour rejoindre Morphée.

    Elle est bien trop occupée à se souvenir des réveillons précédents pour pouvoir monter se coucher dans la chambre que ses parents lui réservent ici habituellement. 

    Ces réveillons précédents... Où il était là.

     

    À table, autour de la dinde, à ses côtés, souriant et affectueux.

    Autour du sapin, devant la multitude de guirlandes lumineuses, il était là aussi.

    Debout à côté d’elle, radieux et amoureux.

     

    Ce sentiment de vide.

    Ce sentiment de solitude.

    Les pensées de la jeune femme s'obscurcissent de plus en plus.

    Elle a tout perdu. Son fiancé... Son.. Fiancé.

    Un homme avec qui elle devait faire sa vie.

    Un homme qui lui a glissé une bague au doigt en lui faisant une promesse de mariage.

    Un homme qui va peut-être désormais mentir a sa promesse, vœux et projets.

    Un homme qui...





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