*

 

Paula étant chez sa grand-mère, ce soir - la pauvre vielle femme gravement affaiblie à cause d'une chute, a du se faire hospitaliser pour recevoir les meilleurs soins possible - Jeffrey n'a rien trouvé de mieux a faire que d'aller passer un peu de temps avec l'une de ses amies.

La petite Angelika, bien entendu. Qu'il a préféré à la première représentation du petit ami de sa soeur.

Après tout, il ne le connait pas tant que ça, ce groupe de bras cassés ; et se fiche totalement de leur musique. À la différence de la présence d'une jolie jeune fille qu'il apprécie énormément.

Énormément, et peut-être un peu trop d'ailleurs.

Peut-être un peu trop.. Oui. Surtout lorsque les deux adolescents se visionnent, rien que tous les deux - et allongés que le grand lit de la jeune fille - une série a l'eau de rose.

Peut-être un peu trop... Oui. Surtout lorsque Jeffreyl se met à ramener discrètement son bras sur sa voisine pour l'enlacer avec tendresse.

Un geste que la jeune fille a soudain bien du mal à interpréter ; mais dont elle se délecte rapidement.

La suite?

Elle est plutôt honteuse mais assez ravie, dans l'ensemble.

Surtout lorsque Jeffrey finit par se mettre à quatre pattes sur elle en l'allongeant délicatement sur le dos - sous lui -. La frêle brunette en a le feu au joues. 

Et oui, l'affreux jojo va bel et bien à commettre l'impardonnable.

Complètement obnubilé par ces grands yeux bleus, si innocents et purs, il va commettre l'irréparable.

Embrasser son amie d'enfance, tout en lui caressant les seins.

D'abord à travers le tissu de sa petite robe de coton, puis en remontant le top de sa partenaire pour les libérer à l'air libre afin de les embrasser avec perversion.

Angelika ne tente strictement rien pour le repousser. Elle profite, rougit, gémit, embrasse... Jusqu'à ce que son amour de toujours essaie de lui faire glisser, le long des cuisses, sa petite culotte.

- Non! s'écriera-t-elle alors.

Et son regard si doux, brusquement si apeuré, va immédiatement émouvoir son partenaire ; qui va revenir l'embrasser avec tendresse, tout en ramenant gentiment ses deux mains au niveau de ses hanches.

 

 

*

 

 

La soirée a été rude au restaurant où a travaillé Kurt Cobain ce soir - celui où son frère jumeau a un poste de barman - et pour cette raison, il a bien l'intention d'y donner sa démission très bientôt.

Parce qu'endosser le nom de son frère est un fait, certes - pour le bien de tous - mais faire un sale boulot sous-payé et vivre dans une bicoque, en est une autre.

Et lui, Kurt Cobain - aussi Nikolas Keller, assistant de direction dans une entreprise de téléphonie - ne peut se résigner à accepter une telle vie, qu'il juge bien limitée.

Peut-être dévoile-t-il ainsi des goûts de luxe à pointer du doigt, qu'il semble avoir développé au cours de ces longues années à vivre sous l'identité et la fortune d'un autre.

Peut-être, peut-être... Mais le résultat est aujourd'hui bien là.

Kurt Cobain est un homme qui en attend plus de la vie que son défunt frère jumeau.

*

 

- Raph', faut te reprendre, maintenant, secoue vivement Tobias en ne ménageant pas le concerné ; qu'il a attrapé puis trainé par le bras dans le couloir, dès son retour au local.

- Je n'ai même pas su la retenir...

- C'est du grand n'importe quoi, ce qu'elle nous a fait, là. Une crise de filles, sans doute. Mais ne te laisse pas abattre, gros. N'oublie pas que ce soir on se représente au ReinGold et qu'il faut vraiment qu'on fasse bonne impression!

En effet, ce petit bar, le ReinGold, organise une fois par semaine des soirées "découverte de jeunes talents".

Des petits groupes de musiciens amateurs, à qui l'on offre une demi-heure sur scène, devant un petit public - d'alcooliques, certes - pour montrer ce qu'ils ont dans le ventre. Et peut-être, se faire remarquer par un éventuel producteur.

- Ne pas interpréter The Diary Of Jane, s.v.p...

- Mais évidemment, idiot! pense sans doute rassurer le jeune batteur en donnant une tape amicale sur l'épaule de son interlocuteur.

- Je ne sais plus quoi penser Tob'. Je suis paumé, aide moi...

- Mais je te dis qu'elle a fait une connerie!

- Pas à propos de Jane. Mais plutôt sur les raisons de son départ..

- Ah... Et bien, si cela peut te rassurer, moi non plus je ne sais plus quoi en déduire.

- Je ne sais pas ce que je ressens pour elle... Peut-être qu'elle me plait, oui, mais... Euh... Heeeey!! Mais tu gardes ça pour toi, hein??

- Non, je vais aller le crier à Terry! Coucou, tu savais que Raph' avait un faible pour ta meuf?! Tss!! Non mais j'te jure.

- Il vaut mieux prévenir que guérir..

- C'est qui?? Qui est cette trainée qui te pervertis??? reprend Vanessa une fois dans le salon avec son fils ; et son époux qui arrive justement dans la pièce, - qui est cette trainée que tu sautes dans NOTRE CHAMBRE??? SUR NOTRE LIT????

- Euh.. Il s'agit simplement de ma petite amie.. et ce n'est pas une trainée, en hausse simplement les épaules Jeffrey, en cherchant du soutien dans le regard de son beau-père,

- C'est un homme maintenant, l'appuie discrètement Erwan, - et d'ailleurs moi je le féliciterai même de penser à utiliser des capotes. C'est très responsable.

- Mais il est trop tôt pour que tu commences à faire ça, Jeff!!! reprend Vanessa, plus furieuse que jamais, - tu as toute la vie pour ça!! TOUTE LA VIE!!! et un tas d'autres endroits que LA CHAMBRE DE TES PARENTS!!!

- Dix-sept ans, c'est l'âge, pour un garçon. Ca ne m'étonnerait même pas qu'il ait commencé avant, hein petit coquin ! appuie encore Erwan avec un petit sourire en coin,

Sourire que son beau-fils lui rend rapidement avec amusement, avant de tenter de calmer sa chère et adorable mère,

- Écoute maman, je ne suis plus un gamin et je sais ce que je fais. Et si ça peut te rassurer, je me suis toujours protégé! Et pour votre chambre... je suis désolé. Cela ne se reproduira plus.

- Encore heureux!! braille à nouveau Vanessa, complètement désespérée de constater que son fils semble aujourd'hui sorti de l'enfance.

- Tu peux retourner dans ta chambre, Jeff, propose Erwan en direction de l'adolescent pour éviter que cette conversation ne s'envenime, - et surtout, continue de sortir protégé, hein!!

- Ouais, t'inquiètes! Je sors couvert! lui fait en retour le concerné, avant de disparaitre derrière la porte de la chambre qu'il occupe avec sa soeur.

- Mon bébé... Mon bébé couche... En reste ébahie Vanessa, encore plantée en plein milieu du salon, - mon bébé... avec une catin!

- C'est sûrement Paula, chérie, tente alors de la rassurer Erwan avec affection, - et cette jeune fille est tout ce qu'il y'a de plus correct, alors arrête de t'en faire! Et puis moi je dis que tant que ce n'est pas Eva, tout va bien!

- Quel est ce favoritisme que tu me fais, là?

- Eva est une fille et Jeff un p'tit mec! Et les p'tits mecs, bah ça a des besoins dès quinze ans, que veux-tu. C'est comme ça!

- Dès quinze ans?? s'horrifie aussitôt Vanessa en faisant les yeux ronds, - parce que tu penses que mon bébé a.... Dès quinze ans???

- Oh, ça, je ne sais pas! Je ne lui ai pas demandé, non plus! Mais maintenant que tu en parles, on devrait se faire une petite conversation entre "mecs" un de ces quatre! 

- Paula dans notre lit, PAULA!!!

Erwan s'esclaffe.

- Arrête de rire, espèce de hyène! Et viens m'aider, on va de suite changer les draps du lit !!

 

*       *

*

 

Trois nouvelles journées de vacances s'écoulent encore.

Journées pendant lesquelles le petit couple réconcilié, Terry/Eva, s'épanouit de plus en plus. Quand un autre - celui qui unit Raphaël et Jane - s'effrite à grande vitesse.

À tel point qu'aujourd'hui, et en cette douce fin d'après-midi, Jane est au bord de l'explosion.

L'agacement. La lassitude. La douleur qu'elle a ressentie la veille, lorsque son petit ami a refusé de lui faire l'amour dans la salle de bain, alors qu'elle venait en coquine, simplement vêtue d'un peignoir... ; qu'elle souhaitait bien sûr ôter avec grâce, sous ses yeux ébahis, dans un ballet de mouvements gracieux et sensuels.

Et pour couronner le tout, voilà qu'elle le constate depuis plus d'une heure,  les yeux sans cesse rivés vers cette petite salope d'Eva Beckers.

Cette espèce de chose dont elle devait justement se méfier. Comme quoi. Les conseils de son amie Lydia étaient décidément bien judicieux.

♪ Infidèle - Capporal ♪

Pour nous, tout allait si bien
J'aurai dû me douter

Et maintenant? Que va-t-elle bien pouvoir faire, finalement? Cette idiote qui se méprise vivement d'avoir tant fait pour retrouver un homme infidèle?

Que tu étais malin
Pour rien montrer

Oh mais oui, qu'elle a tant fait. Pour lui.

Tu as agi tête baissée
Jamais tu ne pensais

Oh mais oui, qu'elle en a beaucoup trop fait, pour ses beaux yeux.

Que je pourrais savoir
Toute cette histoire

Quitter sa ville natale... 

Lui pardonner l'impardonnable.

Qui te voudra?
Sale ingrat!

Quitter son monde, changer de lycée, en plein début d'année.

Lui pardonner l'impardonnable.

Aucun honneur!
Sale menteur!

Se disputer avec ses parents, qui eux trouvaient inadmissible qu'elle s'échappe à Berlin pour le retrouver après ce qu'il avait pu lui faire.

Lui pardonner l'impardonnable.

Un infidèle comme toi!
Personne n'en voudra jamais chez soi!

Elle en avait décidément trop fait, des efforts. Pour lui, pour sa frimousse, pour leur amour qu'elle croyait éternel!

Une chose est sûre
Un jour quelqu'un te fera aussi, la même!

Elle avait su lui pardonner...

Accepter de revenir vers lui. Fermer les yeux sur le passé.

En fait tu ne vois rien
Tu mens comme tu respires

Et tout ça pour?

Et tu n'es bon à rien
Merci d'partir!

Et tout ça pour?

Constater aujourd'hui qu'il tombe doucement amoureux d'une autre?!?

Constater aujourd'hui qu'elle n'est plus, pour lui, qu'un précieux bibelot à conserver?! Un souvenir déchu? Quelque chose à quoi l'on tient, par habitude.

J'pensais qu'tu m'connaissais
Avais-tu imaginé?

Non mais c'est certain, qu'elle doit désormais arrêter de se leurrer. Se bercer d'illusions.

Que si tu me trompais
Je me vengerais

Et c'est pour cette raison unique qu'elle attendra que toute la petite bande se soit éclipsée du local, pour le coincer seule à seul.

Entre quatre yeux.

- Ouip, qu'est-ce qu'il y'a? qu'il osera lui faire, avec ses petits yeux affectueux.

Hypocrite, va.

- Je m'en vais.

Tu m'ouvres les yeux!
Mes adieux!

Trois mots. Simples, clairs et précis. Qu'elle prononce, avant de s'éloignerde faire quelques pas vers sa grande valise de cuir rouge.

Quel supplice!
Tu m'rends service!

- Hein?! Pardon?! Mais qu'est-ce qui te prend?! s'affole Raphaël en conséquence.

Un infidèle comme toi!
Personne n'en voudra jamais chez soi!

- On a essayé, mais on a échoué. Voilà tout. Mais il n'y a pas mort d'homme. Sois heureux, Raphaël.

- Mais attends, c'est du délire, explique-moi!! panique de plus en plus Raphaël en la voyant rassembler nerveusement tous ses vêtements, - est-ce que j'ai fait quelque chose de mal?!

Une chose est sûre
Un jour quelqu'un te fera aussi la même!

- Tu es tombé amoureux d'une autre. Et comme l'amour ne m'a pas rendue aveugle, je plie bagage. C'est tout.

Un infidèle comme toi
Personne n'en voudra jamais chez soi!

- Arrête, bébé, c'est n'importe quoi! Tu.. Tu sais bien qu'il n'y a que de toi dont je suis amoureux! Excuse moi si j'ai fais quoique ce soit qui t'as fais penser le contraire...

- Oh, "bébé" ? Purée, ça faisait combien de mois que tu ne m'avais plus appelée ainsi... Tss. Les mots d'amour ne reviennent que pour tenter de me retenir. C'est triste.

Une histoire cassée
Mais pour moi vraiment sans aucun regret!

- Ne me fais pas ça, Jane! Merde! Pas une deuxième fois! Surtout que là, tu n'as rien à me reprocher! Tu.. Tu es juste complètement paranoïaque. Pour je ne sais quelle raison, d'ailleurs. Bordel!

- Tu sais bien que je n'ai jamais été parano, mon coeur. Alors quand je te vois la regarder de la même manière que tu me regardais moi, à l'époque, et bien je détale! Tout simplement! Mais je ne t'en veux pas, hein. Ce n'est pas de ta faute.

- Mais arrête!! Tu dis n'importe quoi, merde!! Si.. Si.. Si tu me fais ça à cause d'hier soir, dans la salle de bain, alors tu as mes plus sincères excuses, et.. Et je te jure qu'on va remettre ça, maintenant, si tu veux!! Mais ne me laisse pas, merde!!

- Je ne pensais même pas aborder le fait que tu aies refusé de me faire l'amour hier soir, mais puisque tu en parles! Je peux ajouter cela à l'addition. Parce qu'en effet, c'était drôlement surprenant. Te connaissant...

- Je t'en prie, arrête.. Ne me fais pas ça...

Enfin libre, je peux vivre
Trouver mieux, fabuleux

- Tu m'accompagnes à la gare, ou je prends un taxi?

- Jane...

Un infidèle comme toi
Personne n'en voudra jamais chez soi!

- Ce n'est pas grave. Allez, à la prochaine Raphaël.

Une chose est sûre
Un jour quelqu'un te fera aussi la même!

Et sur ce, sur cette simple et bien banale petite phrase, elle referme doucement la porte derrière elle pour disparaitre à l'extérieur de l'appartement. Abandonnant ainsi, un ex-petit ami complètement anéanti.

Un infidèle comme toi
Personne n'en voudra jamais chez soi!

Pour la deuxième fois.

*       *

*

 

Deux jours plus tard, et alors que les jumeaux Beckers..

... Sont sagement installé devant le téléviseur pour regarder un épisode d'une de leurs séries préfées,- leurs parents les surprennent tout à coup en poussant joyeusement la porte d'entrée de l'appartement.

- Tadaaaaaaaaaaaa les chériiiiis ! s'exclame Vanessa, l'air heureux.

Les visagesdes jumeaux s'illuminent soudain de réaliser qu'ils ne passeront pas les fêtes de Noel seuls, cette année...

- Je suppose que vous êtes en vacances scolaire pour être ainsi avachés devant la télé ! sourit rapidement Vanessa Beckers pour que ses adolescents s'empressent de lui confirmer que oui, en effet, ils sont bel et bien en train d'entamer leurs deux et délicieuses semaines de congés de Noel!

 

 

* 

 

 

Puis, et un peu plus tard, à l'heure de se préparer a se mettre enfin au lit - et aussi pendant que son époux termine de faire sa toilette, dans la salle de bain - la chanteuse des Memories fait soudain un bond de surprise lorsqu'elle aperçoit, par terre, et juste a coté de la table de chevet de son homme, un préservatif.

Usagé, bien entendu.

Vanessa en bouillonne aussitôt de rage et se met aussitôt à scruter la porte d'entrée de la pièce avec nervosité, pour pouvoir hurler sur son époux dès que le pauvre la franchira. 

Chose que celui-ci fait moins de dix secondes plus tard. Le plus tranquillement du monde.

- C'est qui? se presse alors de l'agresser Vanessa d'une voix glaciale, - Prénom? Nom? Et quand est-ce que c'était? Juste avant la tournée?

- De quoi, de qui? s'étonne en retour Erwan, pas vraiment sûr de comprendre ce a quoi son épouse est en train de faire allusion;

- Ça! lui crie-t-elle alors en désignant du doigt le préservatif, toujours au sol.

- Euh.. Qu'est-ce que...

- NE TE FOUS PAS DE MOI!

- Attends, tu es en train de m'accuser de quoi, là?

- Il ne peut pas être à nous qui n'en utilisons jamais, c'est donc que... ?!? braille de plus belles Vanessa, en rage.

- Hey, mais je n'en reviens pas!!! l'interrompt avec agacement son interlocuteur, - tu es bel et bien en train de m'accuser d'adultère!! Moi!!!

- Bah sachant que c'est toi, ou moi, et que ce n'est pas moi!!!

- Et tu penses que nous sommes les seuls à vivre sous ce toit??

- Ne dis pas de bêtises!!! Les jumeaux ne font pas ça, voyons!!

- Ness, les jumeaux ne sont plus des enfants, et cela ne m'éto...

Trop tard. Vanessa n'attend pas la fin de la phrase de son époux pour se ruer hors de sa chambre et se précipiter dans celle de ses enfants. Là où arrivée à destination, elle va beugler avec fureur,

- À QUI EST LE PRÉSERVATIF QUI EST AUX PIEDS DE NOTRE LIT??

- Que.. Que... en devient aussitôt cramoisie de gêne, Eva.

Réaction qui rassure rapidement sa mère, vu que Jeffrey, lui, de son côté, affiche plutôt un air honteux, mais pas surpris. Vanessa tient donc là son coupable.

- Viens dans le salon, Jeff. Tout de suite!!!

- Ok, acquiesce sagement le concerné en se relevant pour suivre sa mère dans la pièce indiquée, laissant sa soeur encore toute rougissante a l'idée de ce que son frère fait déjà, lui.