• 010

    010

    — Devine qui Denzel nous a ramené aujourd’hui ! Lui fait-elle avec ironie en s'asseyant sur le canapé de sa chambre, —Je suis Sûre que tu vas mourir de rire ! 

    — Accouche, laisse tomber Keichi dans un soupir. 

    — Le prince d’Eternia ! Tu sais, le grand ! Pas le nain brun. 

    — Pas mal. 

    — Pardon ? C’est tout l’effet que ça te fait ?? s’étonne Isis, un peu interloquée.

    — C’est parfait... Tout est parfait... reprend-il alors en continuant de tisonner minutieusement son feu.

    Un sourire glacial vient de naître sur son visage.

    Un sourire qu’Isis connait bien, car c’est celui qu’il affiche lorsqu’il a une idée derrière la tête...

     

     

    *

     

     

    010

    Peu après, c’est une nuit brumeuse et sans étoiles en vient envelopper le palais d’Octavia.

    Jun est assoupi sur le canapé de sa chambre ; enfin, il va peut-être pouvoir fermer l’œil...

    010

    La porte de la pièce s’ouvre et l’endormi ne s'en rend pas compte. 

    010

    Isis.

    010

    Elle venait juste jeter un œil à leur invité, s’assurer qu’il ne désire rien de particulier et peut-être lui indiquer la direction de la salle d’eau.

    Elle n’a pas l’intention de le réveiller, tant il est attachant les yeux fermés.

    On dirait un enfant.. Un petit enfant perdu. 

    Pourtant, il ne faut pas se fier aux apparences : il parait qu'il est l’un des plus puissants eterniens ! 

    010

    Depuis qu'elle a pénétré dans sa chambre, Jun ne dort plus profondément ; en effet, ses étranges visions ont recommencé... 

    Il émet un grognement, puis deux, avant d’ouvrir les yeux. 

    010

    Isis se sent soudain gênée d’être là, plantée devant son canapé à le regarder dormir ; vite, il lui faut des arguments pour ne pas se faire traiter de voyeuse perverse !

    — Je passais dans le coin pour voir si vous aviez besoin de quelque chose ! Annonce-t-elle vivement en regardant Jun se relever doucement. — Vous voulez que je vous montre notre salle d’eau ? Vous voudrez peut-être faire un brin de toilette...

    010

    — N.. Non merci, lui répond doucement Jun en se frottant les yeux. 

    Elles sont forcément liées...

    — Nous avons une infirmerie, poursuit Isis — vous voulez que je vous emmène ? Pour votre œil...

    010

    — C’est obligé de se vouvoyer ? Fais tranquillement Jun en essayant de regarder la jeune fille d’un air naturel, malgré ses visions qui continuent de plus belle. 

    Elle semble surprise par sa question et hésite à lui répondre ; elle l’enverrait bien paître car il ose s'imaginer pouvoir être familier avec elle..  Non mais pour qui se prend t-il à la fin ?!? 

    010

    — Je crois que... marmonne alors Isis en grimaçant de dégoît— que c’est obligé, oui !!!

    Son ton est froid et sec, pour lui faire comprendre qu’ils n’ont pas élevé les cochons ensemble et qu’il n’a pas à se croire trop important sur cette planète !

    — La salle d’eau se trouve en face de votre chambre, c’est la porte du milieu, reprend-elle ensuite pour conclure le plus vite possible et décamper de cette pièce. Elle commence à être gênée et perturbée par la présence de ce châtain pourtant très gentil, mais aussi très... Dérangeant !!! 

    010

    J’un ne répond rien alors qu'elle s'éloigne de lui, car elle est revenue danser dans son esprit.

    La nymphe l’envoûte, mais cette fille idiote aux airs supérieurs l’agace... 

    010

    Soudain, sa fée s’arrête de danser pour recommencer à l’appeler à l’aide. 

    010

    Jun ne comprend plus rien. Pourquoi agonise-t-elle à nouveau au moment où la princesse d’Octavia disparaît de sa chambre ? 

    Elles sont liées. Forcément. 

    Cette petite peste prétentieuse serait-elle en danger de mort ?


  • 009

    Pendant ce temps, deux amis se détendent dans ce que l'on peut appeler, un salon de thé.

     009

    — Une tasse et on s'en va, prévient Evaï pour rappeler à Arkan qu’ils ne sont pas là pour faire du tourisme, mais pour rechercher Jun !  

    — Oui oui, acquiesce l’adolescent avant d'ajouter, — mais il faut bien qu’on découvre les coutumes des planètes qu’on visite ! Sinon notre voyage aura servi à rien !

    — Certes, ne peut s’empêcher de rire Evaï devant l’habituel optimisme de son jeune ami. 

    009

     — Tiens, tiens, qui voilà... résonne soudain une voix féminine pour faire lever la tête aux deux jeunes Eterniens.

    009

    Surpris, les deux zigotos se demandent aussitôt ce que peut bien leur vouloir cette femme qui s'avance désormais vers eux.

    — Prince Arkan... reprend-elle en fixant le concerné — vous savez que vous n’êtes pas le bienvenue ici ?

    Provocateur et presque arrogant, le jeune garçon commence à amplifier son aura combative en faisant mine de se relever du coussin sur lequel il était sagement assis.

     — Vous donnez une vilaine image de votre planète prince, glousse la jeune femme à destination de l'adolescent Eternien, — et vous ne ferez pas le poids lorsque j’aurai appelé le reste des troupes...

     009

    — Nous allons nous en aller, intervient Evaï — veuillez nous excuser, mais nous ignorions être en conflit politique avec Octavia... 

    — Nous ne sommes pas en conflit... Enfin, pas encore, informe la jeune femme dont la peau noire dessinée de flamme rappelle celle des Sylphaniens. 

    — Parce que vous avez l’intention d’entrer en conflit avec nous ? ironise ouvertement Arkan en laissant échapper un petit rire ironique.

    009

    — Si vous restez là, vous serez attaqués et sans doute tués, reprend la jeune femme, - et cela déclenchera forcément une guerre. CQFD.

    — Laisse-moi rire ! Pouffe vivement Arkan — parce que vous pensez pouvoir me vaincre ??? Moi ?? MOI ??? Nan, mais vous avez fumés quoi !!

    — Nous nous en allons mademoiselle, intervient a nouveau Evaï, — notre but n’est pas de créer un conflit diplomatique...

    — Tu es un soldat d’Octavia ? Revient à la charge Arkan en croisant les bras — pourtant lorsque je regarde ta peau, je peux dire que tu es Sylphanienne !

    — Je suis en effet soldat et je vis sur Octavia depuis deux ans... répond la jeune guerrière — et c’est tout ce que tu as besoin de savoir sur moi jeune prince ! Apprends à te mêler de ce qui te regarde un peu... Ton statut ne te dispense pas de courtoisie et de respect ! 

    Honteuse, Evaï attrape vivement son jeune ami par le bras pour le tirer vers la sortie de l’endroit, en bredouillant un bref

     — excusez-nous, au revoir.

    Arkan aimerait bien répliquer, mais pour une fois il va garder le silence. Cependant il se dit qu’elle ne perd rien pour attendre s’il la recroise ! Si Evaï n’était pas là, il lui aurait bien cloué son bec à cette petite pimbêche...

     

     

    *

     

     

    009

    Au même moment, dans le palais de la famille royale, sur cette planète même, Jun admire les jardins de l’endroit, de la chambre qui lui a été affectée.

    009

    Apparemment on le traite comme un invité de marque et on lui a proposé de rester pour la nuit, pour-soi disant lui faire découvrir l’hospitalité des gens d’Octavia...

    Évidemment, la vraie raison de tout ce cinéma est surtout politique et ça, Jun l’a vite compris.

    Cependant, lui, la seule chose qui le préoccupe réellement, c’est de savoir pourquoi est-ce que la jeune fille qui a hanté ses rêves pendant de nombreuses semaines, semble l’ignorer et ne pas le reconnaître, maintenant qu’il la retrouvé.

    Parce que c’est elle.

    Il en est sûr, physiquement, c’est elle.

    Sa chevelure, c’est la sienne.

    Ses yeux sublimes, ce sont les siens.

    Ces marques rosées au visage, ce sont les siennes...

    La fille de ces rêves et cette princesse, sont liées, forcément.

    009

    — Hey, Keichi ! Piaille Isis en pénétrant dans l’antre de son frère jumeau et roi du royaume.

    009 

    Ce peuple est gouverné par ce garçon aux cheveux d’or, qui est épaulé par de nombreux ministres et sa sœur jumelle.

    Ils ont perdu leurs parents il y’a quelques années et il a été décidé, presque a l’unanimité, que le trône reviendrait au jeune prince Octavien.

    Isis n’a rien trouvé à redire, car la situation lui convenait ; un royaume c’est difficile à gérer et elle préférait largement épauler son frère qui gouverne que le faire elle-même.

    — Isis, combien de fois t’ai-je dit de frapper avant d’entrer dans ma chambre, bordel ? Marmonne Keichi en tisonnant les braises encore brûlantes dans sa cheminée.


  • 008

    La porte du cachot s’ouvre brusquement et une nouvelle pénétre dans la pièce en piaillant ;

    008

    — Yo ! Denzel ! Quel innocent es-tu en train de torturer encore ??

    008

    La réplique est prononcée de façon ironique. On sent que cette personne s'adresse icià un ami qu'elle apprécie et avec qui elle se permet quelques familiarités.

    008

     — La pêche a été bonne aujourd’hui Isis ! Regarde-moi ce que j’ai choppé en ville ! s'exclame le fameux Denzel à sa désormais interlocutrice,

    — C’est... commence la jeune fille avant de faire un bond en arrière, pour se préparer à hurler sur son camarade ;

    008 

    — ESPÈCE DE MALADE MENTAL !!! J’y crois pas ! C’est le prince d’Eternia que t’as massacré là !!

    — Ben oui.. Balbutie Denzel, un peu perturbé par la réaction de son amie ; lui qui pensait être félicité...

    008

    — Mais que tu es con ! Mais que tu es con ! L’insulte violemment Isis, — tu veux nous nous mettre Eternia à dos c’est ça ?? Putain, mais j’y crois pas, t’es assez con pour tenter de déclencher une guerre avec cette nation de brutes épaisses !! C’est toi qu’il faudrait enfermer et torturer dans ce cachot !! Ça te remettrait peut-être les idées en place !!

    — Mais Isis... tente honteusement Denzel — ils n’ont aucun moyen de savoir qu’il est ici alors ils nous attaqueront pas... 

    008

    — Abruti ! Parce que tu crois que ses proches vont pas le chercher ?? Putain de bordel de merde, t’es trop con décidément ! 

    — Mais Isis... 

    — LIBÈRE-LE TOUT DE SUITE ! On va le soigner et tenter de faire passer la pilule, c’est la dernière chose qu’on peut faire pour pas qu’il se plaigne à son crétin d’oncle ! 

    Penaud, et en silence, le soldat octavien obéit et part détacher les menottes du jeune prince d’Eternia. 

    008

    — Je vais le dire a Keichi ça, marmonne Isis, encore furieuse, — et crois-moi, il va pas te louper ! C’est une faute grave qui pourrait coûter cher au royaume ça ! 

     

     

    *

     

     

    Dix minutes plus tard, Jun est emmené dans une pièce à la décoration plutôt sobre ; une chambre ; et sa lèvre ensanglantée a été désinfectée.

     Seul son œil au beurre noir peut encore prouver qu’il a été frappé récemment et Isis le remarque rapidement en ne manquant pas d’incendier à nouveau son ami.

    — Crétin, tu l'as vraiment amoché ! 

    008

    — On le garde ici jusqu’à ce qu’il soit guéri et après on le libère ?? Propose Denzel pour amadouer la demoiselle et princesse d’Octavia. 

    008

    Désormais requinqué, Jun commence à émerger doucement de son état comateux et sa vue s’éclaircit peu à peu.

    La première chose qu’il remarque est évidemment cette tenue des plus affriolantes que la jeune fille porte ; des seins à moitié nus ainsi qu'une mini-jupe terriblement courte..

    Et en haut.. Ce visage.... Qu'il reconnait !

    N’y croyant pas encore, il écarquille et cligne des yeux, affichant un air surprit.

    Elle ? Sa demoiselle de la peinture ?

    — Bon je te laisse, je vais voir si Keichi a besoin de moi. Fais Denzel en sortant rapidement de la pièce ; vu la bêtise qu’il a faite avec le prince d’Eternia, il juge bon de disparaître de la vue de son amie qui a décidément bien l’intention de lui rappeler sans cesse a quel point il est inutile et bon a rien. 

    — C’est ça ! Casse-toi boulet ! Le cingle-t-elle méchamment pour lui faire accélérer le pas. 

    008

    Maintenant seuls a seuls, Jun continue de cligner des yeux pour s’assurer qu’il est bel et bien éveillé et non endormi.

    — Écoutez, lui soupire Isis, — on vous a soigné soignés, on a été sympas et tout, alors en retour vous êtes sympa aussi et vous gardez cette petite bavure pour vous ? Vous savez, on aime bien Eternia et on a pas envie d'embrouilles...

    — Je t’ai enfin retrouvé... se contente de lui sourire Jun, sans faire attention à tout ce qu’elle vient de lui débiter.

    — De quoi ? Lui répond-elle un peu perplexe. — Qu’est-ce que vous me bavez ?

    Cette phrase réduit Jun au silence ; le silence de l’incompréhension.

    Elle est bien trop différente de la nymphe de ses rêves... 

    008

    — Je pense que cet idiot vous a frappé trop fort sur le ciboulot, ça a dû vous mélanger un peu les neurones majesté.. Reprend-elle ironiquement, — hey au fait, comment vous appelez-vous ? Moi c’est Isis !

    — Jun.. Réussit-il à marmonner en baissant les yeux, l’air déçu.

    Ce n’est vraiment pas elle.

    La jeune fille de ses rêves était une nymphe gracieuse, délicate et charmante.

    Et non une fille mal élevée et vulgaire qui n’a de féminin que des formes délicieuses, il doit bien l'avouer...

    — On va faire un truc, majesté, reprend la jeune princesse, — vous restez ici jusqu’à ce que votre œil au beurre noir soit parti, comme ça, on garde toute cette histoire débile pour nous ! D’accord ? Ça roule ?

    Jun meurt d’envie de lui répondre qu’il se fiche de son œil comme de l’an quarante et qu’il n’a jamais eu l’intention d’aller chouiner chez son oncle, mais il va tenter de rester aimable en souriant simplement ;

    — D’accord, ça marche.

    De toute façon, il n’avait pas prévu de rentrer sur Eternia dès aujourd’hui alors il peut bien se permettre de rester un peu ici...

    Il faut qu’il en découvre plus sur cette jeune fille à l'éducation douteuse ; il faut qu’il comprenne pourquoi elle est physiquement identique à sa nymphe...


  • 007

    Pendant que Jun se prépare à partir pour une nouvelle planète, deux autres adolescents se réchauffent au coin d’un feu, dans une autre tout autre ambiance... 

    007

       Arkan et Evaï sont désormais, sur Balkania.

    Il fait nuit, plutôt froid, et ce petit feu de camp qu’ils ont monté est la bienvenue.

    007 

    L’ambiance est assez morose à cause de la tête d’enterrement qu'affiche Evaï depuis quelques heures ; elle semble lasse de ce voyage ridicule qui n'a pour but que de trouver quelqu'un qui se fichait sans aucun doute d'elle. 

    — On va le trouver, t’en fais pas... tente Arkan pour la rassurer, pensant que cela suffirait.

     — Je ne sais même pas si j’ai envie de le revoir.. Marmonne difficilement Evaï en déglutissant péniblement — je lui en veux tellement... comment a-t-il pu me laisser comme ça ?

     — Il ne l'a pas fait contre toi, j'en suis sur... C’était sur un coup de tête... Tu sais bien que Jun il veut toujours aider tout le monde...

    — Ça me gonfle ça. Il se prend pour qui à jouer le bon samaritain ? Ça me gonfle.. Ca m'énerve à un point, t’as même pas idée !!! 

    — Elle est moche cette planète, soupire Arkan pour changer de sujet. Il déteste que l'on critique son frère de coeur. 

    — Qu’est-ce que je fous sur une planète moche... continue de râler Evaï en monologue — qu’est-ce que je fous là a me geler les miches... Tout ça pour un type qui s’en fiche de moi !!!

     — Arrête, tu deviens idiote, l’arrête Arkan en haussant les épaules.

    — Moi idiote ?? Moi idiote ?? Ben ça c’est la meilleure, se vexe Evaï en le fusillant du regard.

    007

     

    — Oui, t’es idiote quand tu dis que Jun se fiche de toi, insiste l’adolescent — car tu sais que c’est faux.

     

    Et il a raison.. Evaï songe bien au fond d'elle-même qu'elle se trompe.

     

    — Si jamais on découvre qu’il se tape une blonde aux yeux bleus, marmonne-t-elle à nouveau, — je t’arrache les yeux mon chou... Parce que tu m’auras fait espérer pour rien ! 

     

     

     

    *

     

     

     

    007

    Pendant ce temps, Jun découvre Octavia.

    À première vue, cette planète est assez banales et le jeune homme pense être arrivé devant ce qui à l'air d'être un centre commercial.

      

    C’est parfait, songe-t-il plutôt satisfait.

    Un tel lieu public doit regorger d’individus.

      

    L’endroit n’a rien d’extraordinaire et plus ça va, plus il se demande ce qui peut bien différencier les différentes races de l’univers, à part le physique.

     Ils sont tous égaux... Identiques, au fond.
     

    Son regard se promène vers certains personnages ; deux jeunes gens, amants ou amis, assis sur un banc en train discuter.

    Leurs traits de visages sont différents, ils n’ont pas l’air d’être de la même race. 

    Zorétapo et Enkeli ne lui ont pas menti ; cette planète abrite bien des dizaines de peuples différents. 

    Assis à une table, à côté d’un grill à hot-dogs, un couple semble se détendre aussi.

    Ils ont une apparence que Jun n’a encore jamais vue, il ignore donc tout de leur planète à eux, mais soit, il s’en fiche vu qu’ils ne possèdent pas exactement les marques qu’il recherche.

    007 

     Fatigué, il décide de s’autoriser une pause sur un des bancs de l’endroit, pour souffler et réfléchir. 

     Deux regard le fixent  désormais d'une étrange façon ; le jeune couple désormais assis sur le banc d'en face.

    La femme du duo à l'air plus suspicieuse que son compagnon. Elle l’a évidemment reconnu, ce grand châtain ! Il s'agit du prince d’Eternia !

    Immédiatement, elle a fait passé l’information à son interlocuteur, dans une langue que Jun ne peut comprendre.

    L’alerte doit être donnée et l'homme du couple, celui à la peau grisée s'en charge au plus vite ! 

    Les Eterniens ne sont pas les bienvenus ici... Qu’ils aillent faire les beaux ailleurs, mais pas chez eux !

    En cas de troubles, de perturbations ou d’attaque, il faut composer un numéro d'urgence sur Octavia ; il a pour but de faire accourir un ou plusieurs soldats qui viendront aussitôt éliminer la menace.

    Et aujourd’hui la cible à faire dégager, c’est Jun, l'un des princes de cette planète détestée.

    Cet adolescent qui ne se doute de rien et qui se pose aussi sereinement sur l'un des bancs, à côté d’eux ! Non, mais pour qui se prend-il... !!! Ces Eterniens sont décidément sans gêne !

    007

    Moins de cinq minutes plus tard, une présence apparaît sur la droite du jeune intrus ; perdu dans ses pensées, le concerné ne la remarque que lorsqu’il aperçoit une forme masculine se dessiner plus en détail.

    007

    Ami ? Ennemi ?  

    007

    Octavien ou étranger ?

    007

    Ce sont les seules questions qu’il va avoir le temps de se poser, avant de ressentir une vive douleur en plein visage ; l’homme vient de le frapper brusquement et il n’a rien eu le temps de voir venir.

     C’était la dernière chose a laquelle alors qu’il chute lourdement sur le sol, en perdant connaissance.

    Une chose est sûre, ce ne sont pas vraiment dans ces conditions que Jun pensait découvrir le palais d’Octavia un jour.

    007 

    Il est désormais enchaîné, toujours à moitié inconscient, au fond de ce qui semble être une cellule.

    007 

    Sa vue se trouble lorsqu’il essaie de cligner des yeux pour distinguer la présence qu’il ressent en face de lui ; il a encore un peu mal aux côtes et au visage ; il en conclut donc qu’il a été battu.


  • 006

    *

     

     

    006

    Ailleurs, sur une autre planète, l’ambiance est moins joyeuse...

    006

     En effet, ici il pleut des cordes et Jun s’est réfugié sous un arbre aux feuillages épais.

      Il était venu s’asseoir ici avant même que la pluie ne commence, pour réfléchir à sa bêtise...

    Pour réaliser à quel point il peut être idiot de croire qu’il pourrait trouver comme ça, par magie, une fille au hasard dans l’univers...

    Oui maintenant qu’il est seul et perdu sous ce ciel grisâtre, avec cette averse qui n’en finit plus, Jun aimerait hurler d'impuissance ; mais aussi de honte de se réaliser aussi ridicule.

    006

    Qu’est-ce qui lui a prit de se laisser ainsi entraîner par un vulgaire rêve?

    Que pensait-il trouver en allant se promener bêtement sur des planètes inconnues ?

    006

     Las, il lève les yeux au ciel pour constater la noirceur de celui-ci. 

    Il faudrait qu’il rentre chez lui maintenant. Revenir au bercail pour entendre son oncle lui hurler dessus, car il se sera fait un sang d'encre. Et pour cause... Jun reconnait avoir été odieux de partir ainsi en ne laissant à ses proches qu'un misérable bout de papier à peine explicatif.

    — Salut, tu t’es perdu chez nous ? Le fait soudain sursauter une petite voix fluette. 

    006

    — Je.. Je.. Réussit-il à marmonner en apercevant une fillette à la peau noire où des flammes se dessinent. 

    — Tu sais plus rentrer sur Eternia !! rit-elle, — c’est la honte pour un prince ça !! 

    — Oh, tu me connais...

    006

     

    — Bah oui, t’es un des princes d’Eternia !! dit joyeusement la fillette, souriante. 

    — Qu’est-ce que tu fais sous la pluie, toi ? La questionne Jun, de meilleure humeur désormais, — tu veux pas venir t’asseoir ici ? Cet arbre protège bien !

    — Trop cool ! Le futur roi d’Eternia m’invite sous son arbre ! Et si on se prend la foudre, il retiendra les éclairs pour me sauver d'un barbecue où j'aurais le premier rôle !! s’exclame vivement la fillette en sautillant vers son interlocuteur.

    006

    — Appèles moi Jun !! répond rapidement le concerné, un peu gêné par l’appellation « futur roi d’Eternia », sachant qu’il ne peut y avoir qu’un seul roi sur le trône alors qu’ils sont deux princes... — Et toi, comment est-ce que tu t’appelles ? 

    — Lino !!

    — C’est joli comme prénom, sourit Jun. 

     Jun aussi c’est joli ! Mais dis-moi, qu’est-ce que t’es venu faire ici ?? J’ai jamais vu d’Eterniens venir chez nous, alors voir le grand prince, c'est chelou !

    — Je cherchais quelqu’un.. Soupire Jun en haussant les épaules — et puis on peut dire que j’avais envie de voyager.. Voilà... Mais toi, je répète, que fais-tu sous la pluie toute seule, as ton âge ? 

    006

    — Je chassais les grenouilles !! Y’en a plein plein plein quand il pleut comme ça !!

    — Tu chasses dans les petits lacs qu’on voit partout ? 

    — Oui oui !! Tu veux que je te montre ? 

    — Oh non merci, moi je suis un petit vieux alors je rouille sous la pluie.. 

    — T’as l’air tout triste dis donc, t’es malheureux ?

    — Oui et non.. Mais c’est compliqué à expliquer et je pense pas que tu comprennes quoi que ce soit..

    — Mes parents eux ils comprendront !! affirme la petite Lino avec un large sourire, avant de se relever du sol, — debout !! Viens !! On va aller à la maison et puis je suis sûre que papa et maman ils sauront t’aider !! Ils savent tout, eux !! 

    — Non arrêtes, ça se fait pas de s’imposer chez les gens.. Marmonne Jun un peu gêné.

    — T’es sur Sylphania ici, tu sais !! Chez nous, ça se fait d’aller chez les gens pour demander de l’aide ! 

    Et sur Eternia, c’est vrai que ce genre de choses ne se font plus vraiment... songe soudain Jun la gorge nouée. Un peuple trop fier. Un peuple trop fort. Un peuple qui a oublié que derrière les sois-disant sous-races se cachent aussi des cœurs et des êtres vivants...

    — Alors tu viens ?? Magne-toi !! insiste la fillette, comme si elle s’adressait à un ami de longue date.

    Cette familiarité amuse rapidement le jeune prince qui se décide à obéir en se levant à son tour.

    — Il faut y aller à pieds ? Se renseigne-t-il avec un sourire.

    — Oh non non, le contredit vivement l’enfant, — je connais le sort de téléportation moi !! C’est mon papy qui me l’a appris !! 

    C’est vrai que le peuple de Sylphania, comme beaucoup d’autres, n’a pas de pouvoirs dès la naissance.. Ce qui les force à apprendre par eux même la sorcellerie. Se souvient Jun en se remémorant ses cours sur les diverses races de l’univers.

    — On y va ! Informe joyeusement la fillette en posant les paumes de ses mains sur le torse de son nouvel ami, avant de se mettre a réciter tout bas, — Déesse Ino-Mata, offrez-moi une once de votre pouvoir... Téléportez-moi ! 

     

    *

     

    C’est environ une heure plus tard que la jeune Lino apparaît devant chez elle, en compagnie de son nouvel ami.

    Rapidement, elle réalise, avec le sourire, que la pluie a cessé.

    Tant mieux ! 

    — C’est ici que tu vis alors ? Demande Jun en constatant les lieux : une jolie petite maison blanche dont le jardin semble parsemé de pâquerettes

      — Oui oui ! lui répond-elle rapidement en s’avançant, — viens, je vais te présenter d’abord mini-Deva !! 

    Sur ce, elle s’avance vers ce qui semble être un chien.. Une minuscule petite boule poilue. 

    — C’est ton petit chien ça ? Elle est mignonne ! sourit Jun en regardant la fillette se préparer à gronder l’animal. 

    — Vilaine Deva ! Vilaine ! Combien de fois est-ce qu’on va devoir te dire qu’il faut pas manger les fleurs de maman ? Non mais vraiment, t’es vraiment qu’une unbrain décidément ! Je l’avais bien dit moi, qu’il fallait pas prendre un chihuahua, blond de surcroit ! 

    — Oh tu es dure avec cette petite bête, remarque Jun en se retenant de pouffer de rire.

     — Moi je voulais un labrador ! C’est maman qui a voulu prendre ce mini-truc ! 

    — C’est drôle, elle fait la taille des fleurs, t’as vu ? Rit doucement Jun, amusé par la situation.

     — Oui oui, c’est une pâquerette poilue sur pattes ! 

    Après avoir étouffé un petit rire, la fillette se dirige vers l’intérieur de la maison, en appelant son invité ; — viens, suis-moi !!

     — Chef, oui chef ! lui répond amicalement Jun en obéissant sagement.

     Une fois à l’intérieur, Lino appelle un homme assit confortablement devant le poste de télévision, 

    — Papa ! Papa ! On a de la visite ! 

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    — Oh!!! Ben ça alors, fait le père de la fillette en s’extirpant de son canapé, pour venir à la rencontre de son invité surprise, — si on m’avait dit qu’un jour Lino me ramènerait l'un des princes d’Eternia à la maison, je crois que j’aurai éclaté de rire à m’en déchirer les mâchoires ! 

    — Je.. Je suis de passage.. Rougis Jun en baissant les yeux.

    Jun en perd ses mots. Il a beaucoup de mal à réaliser qu’il est, aux yeux de tous, le prince de la grande Eternia, un être à respecter et à vanter en permanence... Ce statut agace profondément le jeune homme trop humble quand à l’inverse, son cousin Arkan l'adore, lui !  

    — Vous voulez boire quelque chose ? Se presse de demander le père de Lino à son précieux invité. — Un café, un soda, ou un cocktail ? Au fait, je me présente, je m'appelle Henri ! Non je déconne, moi c'est Zorétapo. 

    — Non merci, et enchanté, répond poliment Jun, avant de se faire interrompre par Lino qui intervient vivement ; — Il cherche quelqu’un papa !! Et je lui ai dit que vous, vous saviez tout !! 

      — Asseyez-vous déjà, propose le père de la fillette, — mettez-vous a l’aise et ne soyez pas timide voyons, vous êtes ici dans une famille simple ! 

     Rassuré et encouragé par ces paroles, Jun rejoint son hôte, en silence, autour de la table à manger. 

    — Alors vous recherchez quelqu’un sur notre petite planète ? Reprends le père de la petite. 

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    — Ben en fait.. Marmonne Jun — oui et non, disons.. En fait je sais plus trop ce que je fais là.

    — Pas vrai !! pas vrai !! contredit vivement Lino en allant s’asseoir à sa droite, — tu cherchais quelqu’un !!

     — Je sais pas ce que vous lui avez fait à ma fille, rit le père de l’enfant, — mais elle vous aime beaucoup !

     — Bah oui, Jun il est kawaï quoi !! rit Lino en se redressant sur son siège.

    — Bonjour ! Fais soudain une voix qui interrompt les rires qui ont commencé à fuser après la dernière phrase de la fillette.

     — Tu as vu qui Lino nous a ramené? s’exclame le père de la concernée à son épouse qui arrive rapidement vers eux. 

    — Restez assis, j’arrive ! fait la jeune femme en direction de Jun qui se préparait à se lever pour la saluer. — et bien ma chérie, tu te fais de chouettes amis maintenant !! 

    — Oui t’as vu ?? s’exclame celle-ci, — mais il est a moi hein, alors attention !! 

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    — T’inquiètes je te le laisse ton beau prince ! Rit-elle en rejoignant la troupe à table. 

    — Il cherche quelqu’un, lui fait son époux en redevenant sérieux — et je crois que Lino veut qu’on l’aide dans sa quête... 

    — Moi c’est Enkeli et mon mari c’est Zorétapo, sourit la jeune femme a l’invité de la famille, — c’est pour que tu sais que tu peux nous tutoyer et nous appeler par nos prénoms ! Il ne faut pas te sentir gêné parmi nous. 

    — D.. D’accord Enkeli, tente timidement Jun, avant de se décider à dévoiler, — je fais des rêves idiots en fait, où je vois tout le temps une femme avec des marques que le visage.. Et dans un moment de folie passagère, j’ai décidé de la chercher dans tout l’univers. 

    Ses trois interlocuteurs le dévisagent avec un sourire amusé, mais tous se retiennent de pouffer de rire. 

    — C’est une quête amusante... se décide a lui souffler gentiment Enkeli. 

    — Dirige-toi vers Octavia, informe sagement Zorétapo, — il y’a tellement de races différentes qui ont migré chez eux que si y’a une planète où les marques au visage sont diversifiées, c’est bien celle-là... 

    — Chéri !! semble s’énerver son épouse, — pas Octavia... 

    Son regard a changé brusquement ; d’un air enjoué et joyeux, elle est passée rapidement à une mine attristée et presque désespérée. 

    J’un le remarque immédiatement ; — Quelque chose ne va pas, madame Enkeli ? 

    — Octavia c’est là où est partie Asuka, dévoile timidement Lino, la tête baissée. 

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    — Asuka ? Reprends Jun en dirigeant son regard vers une peinture accrochée au mur, devant lui — c’est elle ? 

    — Notre fille aînée, oui, lui répond tristement Zorétapo. — elle a toujours eu honte d’être Syphanienne, à cause de notre faiblesse... 

    — Faiblesse ? Continue de questionner Jun, un peu surpris. 

    — Sylphania est faible oui, lui répond Enkeli — enfin, comparé à beaucoup de peuples.. On maîtrise un peu la sorcellerie, mais ce sont surtout des sorts utiles dans la vie de tous les jours.. Nous sommes tout sauf des combattants... 

    — Et Asuka a toujours eu honte de cette planète trop pacifiste, ajoute Zorétapo dans un soupir — elle respecte les peuples forts.. Comme Eternia ! Elle vantait constamment ta planète... 

    — Ah... laisse tomber Jun, un peu gêné.

     — Alors comme l’armée d’Eternia ne recrute que des Eterniens, poursuit Enkeli, les larmes aux yeux — elle est partie sur Octavia. Ça fait deux ans aujourd’hui... 

    — Je connais mal cette planète... avoue Jun — en fait je ne m’occupe pas vraiment de tout ce qui est politique... 

    — Octavia, c’est une sorte de petit Eternia, informe Zorétapo, — tout le monde sait que ce peuple ne rêve que d’être le plus puissant de la galaxie. Les Octaviens sont avides de gloire et jalousent ta planète. C’est drôle que tu l’ignores... Ton oncle ne t’en a jamais parlé ? Vous n’abordez jamais ce genre de sujets ? 

    — Non... avoue à nouveau Jun, — à la maison on parle de tout et de rien... Mais jamais de politique... 

    Et si la fameuse jeune fille de la peinture était Octavienne ? songe soudain le jeune homme avec effroi.

    Et s’il la retrouvait et qu’elle se mettait à le détester à cause de ses origines ?

    — Vous allez y aller...? Laisse tristement tomber Enkeli — je veux dire... Sur Octavia...

    — Je pense oui, répond aussitôt Jun, — mais pas uniquement pour mon but idiot. Je chercherai aussi votre fille, pour lui dire qu’il y’a ici une famille effondrée depuis son départ... Si vous me l’autorisez bien sûr. 

    Ce sont des yeux brillants et pleins de larmes qui vont le dévisager dès sa dernière phrase terminée. 

    — Merci !! Merci !! arrive à peine à prononcer Enkeli, tant sa gorge est nouée par l’envie de fondre en larmes. — Merci.. Merci... 

    — Elle va sûrement rire et vous envoyer bouler... laisse tomber Zorétapo, l’air las et pas du tout convaincu.

    Cet homme ne croit pas aux miracles, car il a vu sa fille partir de chez eux en claquant la porte.

    Ça fait deux ans aujourd’hui.

    Deux ans qu’elle a disparu de leurs vies.

    Deux ans qu’elle ne donne plus de nouvelles.

    Si ça se trouve, elle est morte au combat ; l’armée d’Octavia se bat beaucoup pour annexer des planètes plus faibles.

    Si ça se trouve, ils ne la reverront plus jamais... 

    Le père de famille déglutit péniblement en ajoutant avec un sourire forcé ; — merci quand même pour la proposition, vous êtes bon. Comme votre oncle... J’espère que vous la trouverez, la jeune fille que vous recherchez... 

    — J’espère qu’elle n’est pas Octavienne ! L’interrompt vivement Enkeli qui déteste le peuple d'Octavia, réputé pour être vil, fourbe et sans pitié.

    Un peu comme les Eterniens, mais qu'eux soient fiers et prétentieux, à la limite, cela peut se comprendre. Mais qu’un peuple aussi faible que sont les Octaviens, qui se prenne pour des dieux alors qu’ils ne sont puissants que grâce à d’étranges manipulations et sortilèges...C'est un comble, aux yeux d'Enkeli.

    — Je vais y aller... fait timidement Jun en se relevant, — merci encore pour tout et comptez sur moi. Je ferai tout pour vous ramener.... 

    — Asuka ! Lui rappelle Lino avec un sourire affectueux. 

    — Merci mini-Lino ! Rit Jun en lui rendant son sourire.