043

 

*

 

Quelques secondes plus tard, Maxime est de retour dans son château, un lieu où il est serein et entouré.. Et aujourd’hui, il a besoin des siens plus que jamais ; il est de mauvaise humeur et aigri : il a besoin d’être près de ceux qui sont encore là pour lui.

 

 

 Mais à peine a-t-il posé un pied chez lui qu’il aperçoit sa fille, sa puce, son trésor, son ange, qui semble jouer avec.. Un gamin.

 Intrigué, il se retourne alors pour dévisager cet enfant qu’il reconnait sans aucune difficulté…

 

 

Isei. Ce sale gosse blond qui squatte tout le temps ici !

 

En temps normal, sa fille se précipite toujours vers lui pour le saluer et l’embrasser.. Hors là, parce qu’elle est occupée à raconter des âneries avec ce sale gamin, elle n’a même pas remarqué sa présence ! 

 En plus, Maxime se souvient d’avoir dit à ce sale gamin, un jour, qu’il ne souhaitait plus le voir roder autour de son château…

 Ce sale gosse serait-il suicidaire pour oser ignorer son interdiction ?

 

 

 Très bien… Si ce n’est que ça, ça peut s’arranger…

 

 

 La conséquence de l’attaque de Maxime sur l’enfant est immédiate : Isei est soudain relevé d’un bond par de violentes contractions et spasmes.

 

 

 — I… Isei..? balbutie Yuki en se relevant à son tour.

 

L’enfant pousse un hurlement de douleur, puis un deuxième, puis un troisième…

 Il n’en faut pas plus à la fillette pour comprendre, avec effroi, ce qui se trame derrière tout ça....

 

 

 — Pa… papa… tremble-t-elle en dévisageant avec incompréhension celui qui se tient devant elle.

 

Maxime ne va lui répondre que par un regard vide et glacial, avant de commencer a se diriger vers l’enceinte du château, en laissant l’enfant se vider de son énergie vitale, sous les yeux désespérés de sa meilleure amie…

 Comment qualifier ce que ressent la jeune Yuki à ce moment précis ?

 Il n’y a sans doute aucun terme adéquat, de l’incompréhension, de la terreur, du désespoir, un énorme sentiment de solitude.. 

 Pourquoi...  Pourquoi...  Pourquoi...  Pourquoi… Pourquoi a t-il fait cela ?

 

Pourquoi ?

 

 

Et puis tout d’un coup, un bruit de chute la fait sursauter..

 Le jeune Isei vient de s’écrouler, ses yeux sont désormais fermés ; il n’en a apparemment plus pour très longtemps.  

 

 

Courageusement, et en tremblant de tous ses membres, Yuki se rapproche de la paroi indestructible du dôme pour tenter de murmurer des mots affectueux à son unique ami…

 Malheureusement, il est trop tard : son interlocuteur n’est déjà plus conscient.

 

 

Il ne gémit plus…

 Il n’émet plus le moindre son…

 

 

Que peut-elle faire, se répète-t-elle intérieurement, en laissant échapper de nombreuses larmes sur son visage désespéré..

 

Rien.. Elle ne peut rien faire.

 Elle est si impuissante, derrière ce dôme..

 Si impuissante et faible..

 

Ça y’est…

Il est.. Mort.

 

 

Tout son corps vient d’exploser à l’instant sous ses yeux.

 Ce sang.. Ce sang qui dégouline le long du dôme…

Ces membres déchiquetés devant elle...

 

Ils appartiennent à Isei… Celui qu’elle ne reverra plus jamais…  

 Tout ça à cause de… de lui..

 

De son monstre de père..

 

Comment réagir a cette barbarie ?

Trembler, pleurer, être terrorisée par ce monstre sans cœur ?

 Elle est déjà en train de le faire…

 Est-ce que cela suffit ? Non..

 

Non, parce qu’il s’en fiche.

 Non, parce qu’il est mauvais et sans pitié.

 

Non, parce qu’il faut lui faire payer !!!!!

 

Où est-il ?? Se demande-t-elle soudain, en faisant volte-face pour se retourner et le chercher du regard.. Un regard peine de haine et de mépris.  

 Dès qu’elle l’aperçoit, en train de se diriger vers l’enceinte du château, d’un pas lent et désintéressé, elle se téléporte à sa poursuite, sans réfléchir, en se répétant incessamment, « sale monstre », « sale démon », « sale monstre »..

 

À croire qu’elle a oublié qui il est…

 

En moins d’une seconde, elle est donc sur les pas de cet assassin d’enfants, les yeux inondés de larmes et les sourcils plus froncés que jamais.

 

—  Monstre !!!!! crie-t-elle tout à coup. Elle n’a pas pu s’en empêcher. C’est sorti tout seul, par impulsion. - Monstre ! répète-t-elle encore. - Monstre ! surenchérit-elle à nouveau, pour s’assurer qu’il a bien entendu ses cris.

 

Maxime soupire sans se retourner. Il hausse les épaules.

 

— Monstre !!!!!! Hurle désormais Yuki, toujours derrière son père. — Monstre !!!!!

— Cinq fois, ironise Maxime. — Tu me le redis encore un « monstre » pour que ça fasse un chiffre pair ?