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Abattu par cette trop grande sincérité, Kylian préfère fermer les yeux et inspirer profondément. Il a perdu. Et il le sait.

Il a tout perdu.

Tout.. Sauf son groupe de musique. Sauf ses amis. Ses derniers soutiens. Piliers.

La voix tremblotante, il grommelle finalement,

— M.. Merci d’être venu Romu...

— On est amis, c’est normal. Yann était aussi très inquièt pour toi. Pareil pour Gégé, même s’il ne le dit pas. 

— Aide-moi alors. Romu, je t’en prie, aide moi...

— Bah ouais. On va te sortir de là. Déjà, tu ne paniques surtout pas. Parce que Vanessa n’est encore au courant de rien.

— Les Peoples...

— Y’en a pas tellement qui ont eu l’exclusivité de l’info. J’ai vu ces titres que sur deux ou trois canards seulement, en passant devant un bureau de tabac. 

— Vanessa lit ces torchons. Elle s’intéresse vachement à tout ça. C’est foutu Romu. C’est foutu.

— Admettons que ce soit foutu et qu’elle te haïsse, ça sera pas une raison pour lâcher prise. Déjà, tu n’es pas seul, mais as la tête des Apologize. Tu te souviens, de ça ?

— Ouais. Ma plus grande fierté ! Vous...

— Alors tu as ça, déjà. Et ensuite.. Il faudra trouver le moyen de la reconquérir.

— Là... je suis moins optimiste...

— Première chose, c’est de larguer Avril. Il faut qu’il y’ait des gros titres qui fusent pour faire exploser votre rupture.

— Pas sans raisons Romu. Je peux pas arriver comme ça et la jeter. Pas après l’avoir sautée quoi...

— C’est Ness, ou Avril ?

— Pour l’instant Romu, c’est Avril. Parce qu’avec Vanessa, je ne vois aucune issue...

— Mais merde ! Tu vas y mettre du tien un peu, tête de mule ?? T’es chiant quoi ! On essaie de t’aider, et toi tu t’enterres tout seul !

— Ok Ok ! Bon... Il va falloir que j’aille récupérer mes affaires à l’appart... Là.. Je peux tenter de la voir. Seul à seul.

— Bah voilà ! Tu vois, quand tu veux !

— Arrête de faire le malin, car j’ai trop les boules de la croiser. Sachant en plus qu’elle sera tombée sur je sais pas combien d’articles sur moi et avril.

— Ça, mec, ce sont tes conneries, et ça sera donc à toi, et à toi seul, de les réparer.

— Ouais... Mais..

— Faudra que tu trouves les mots. En t’appuyant sur la chose la plus concrète que vous possédez, tous les deux : votre amour.

 

 

 

 

*

 

 

 

 

Le soir même, au domicile familial Gutter, une discussion des plus sérieuses est en cours dans la petite cuisine bleue des lieux. En effet, Claire et Sacha tentent de faire, ensemble, le point sur les récents évènements qu’ils ont dû subir dans leur petite vie, habituellement calme et des plus paisibles.

 

— Si Tiph » a dit vrai, résume sagement Sacha à son épouse — ça veut dire que Kyle tourne mal.

— Elle a dit vrai. Je suis tombée sur la couverture de certains magazines aujourd’hui, et je peux te dire que j’ai eu honte. Bref... C’est Kyle quoi. Et pour être honnête, ce n’est pas vraiment pour lui que je m’inquiète le plus en ce moment.

 — C’est sûr que Tiph » ne va pas mieux que son frère, en effet... résume a nouveau Sacha, en baissant de ton pour éviter que la concernée, qui n’est qu’à quelques mètres, dans le salon familial, en train de jouer a un jeu de société avec sa jeune sœur, ne l’entende.

 

 

— Oui Sacha, oui... lui confirme aussitôt son épouse, sur le même ton, en jetant un œil vers la concernée — l’enterrement de Kurt approche, et je ne sais pas si elle aura la force de le supporter. 

— On sera là Clio. On sera là...

 

 

Oui, l’enterrement du jeune Kurt Cobain approche. Et Tiphanie ne l’ignore pas, même lorsqu’elle semble se distraire avec sa sœur cadette, au jeu des Mikados. La vie a apparemment décidé de lui interdire le bonheur, et ça, elle en est bien conscience maintenant. Elle n’est plus rien sans lui. Et elle ne sera plus jamais rien sans lui. Parce que plus rien ne l’attend après lui. Rire ? S’amuser ? Regarder le ciel bleu et penser à l’avenir ? Pourquoi faire... Puisque tout sera sans lui, désormais. Il la hante. du réveil au coucher, à chaque instant de la journée, dans tout les endroits où elle finit par se trouver, elle le voit. Son souvenir est là. Persistant. Indestructible. Ineffaçable. 

— Il faut quand même penser a son frère, reprend a nouveau Sacha, en ramenant sur le tapis le sujet de l’enfant a problèmes, — parce qu’il n’a peut-être pas les mêmes soucis que sa sœur, mais il en a Clio.

 

 

— Kylian est entouré Sacha, Kylian est une vedette, Kylian est plein d’amis... soupire Claire, — inquiétons nous d'abord de Tphanie...

— Ce sont parfois les gens les plus entourés qui sont finalement les plus seuls Clio..

— Oui, mais... Kyle est ingrat. Parfois méchant. Kyle ne me donne pas envie de me décarcasser pour lui en ce moment. Désolée, mais là je préfère mettre toute mon énergie sur quelqu’un qui le mérite vraiment.

— Tu es dure là...

— Où est-il, en ce moment, ton Kylian ? Avec ses amis... Alors qu’il devrait être ici. Avec sa sœur.

— Tiph nous a dit qu’ils se sont disputés..

— Et ? Le petit Kylian de l’époque serait venu de force.

— De l’époque...

— Oui, de l’époque Sacha... Parce que ton fils a changé. Il est désormais un homme, un dur. Voir parfois un égoïste, qui a tendance à ne penser qu’à sa petite personne. Notre bébé a changé... Je ne le reconnaît plus. 

— Je continue de croire en lui, moi... Parce que moi, je sais lire dans ses yeux !

— Moi aussi.. Moi aussi je sais qu’il a bon fond. Mais disons juste que... qu’en ce moment j’ai seulement envie de le laisser payer ses conneries. Les photos sur les magazines, tu ne les as pas vues toi. Et bien je peux te dire que...

— Ouais bon, ça va, je sais que Kyle peut se montrer con parfois.

— C’est un petit playboy quoi. Une petite star qui s’y croit avec ses groupies et qui se permet d’aller allumer des stars mondiales.

— C’est plutôt flatteur. À ta place je serais heureuse d’avoir donné la vie à un Dieu maintenant célèbre !

— Humm moui... Il est vrai que sa réussite est flatteuse, mais tu vois, je serais encore plus fière de lui s’il savait nous montrer des qualités humaines. 

— Faut pas trop lui en demander non plus, se retient de rire Sacha, — c’est Kyky quand même !

— Ouaip... Kykychou, casse-couilles...

— Kykychou, tête de mule ?

— Kykychou, prétentieux !

— Kykychou, boudeur !

 

 

 

*

 

 

  

Kykychou qui... tombe des nues, maintenant qu’il est enfin de retour dans l’appartement qu’il occupait avec son ex-petite amie. 

Sans attendre, il attrape son téléphone portable, pour se dépêcher de grogner à son ami Romuald

 

— Ouais, c’est moi. Mais elle n’est pas là Romu ! Et je ne comprends pas !! Ce soir elle n’était pas censée être en studio en plus !

— Oui Kyle, je sais. Enfin... Yann vient à peine de me mettre au courant que les filles sont parties en vacances, rien que toutes les deux. En camping. 

— Gné ?

— Yann a le numéro de leur camping, ainsi que l’adresse. Et tu peux la joindre sur son portable, non ?

— Ouais, je vais faire ça. Par portable, ça vaut mieux, je pense.

— Alez mec, courage ! Tu me rappelles dès que tu as du nouveau.

— Ouaip..

 

 

À plusieurs kilomètres de là, dans le fameux camping, Vanessa n’est pas du tout disposée à recevoir un appel téléphonique de son ex-fiancé. Oh que non, puisqu’elle le haï désormais plus que tout et qu’elle le fait rapidement savoir a sa meilleure amie, assise a ses côtés, devant le petit feu qu’elles ont allumé grâce a des allumettes.

 

 

— Avril Lavigne. Avril Lavigne. Je sais pas comment il a fait son coup, le petit...

— Arrête Ness. On est pas venues ici pour parler de ce crétin fini, tente de l’apaiser la brunette en haussant les épaules.

— En plus, il est con. Con. Con qu’il en peut plus ! Il devait penser que je ne verrai jamais les journaux, c’est ça ! Non ? Tu penses qu’il se disait ça ??

— À mon avis, il a oublié les journaux. C’est un peu un bébête de toute manière...

— Je pourrai le buter tellement que je le méprise là. À ton avis, il a joué son petit jeu de faux-cul pendant combien de temps ??

— Hum sans doute depuis qu’il a été à son concert, non ?

— Sûrement oui. Mais j’en reviens pas ! Il aurait donc fricoté avec, après le concert ?! Et tout ça dans mon dos. Putain !

— Il ne mérite pas que tu t’énerves pour lui Ness. Combien de fois est-ce que je devrai te dire que l’indifférence est le meilleur des mépris ?

— Oui, mais ça fait mal. Et puis j’ai pas envie de le laisser vivre heureux avec sa pute. J’aimerai qu’il soit pourri et malheureux !! Qu’il souffre et chiale ! Il a pas le droit au bonheur ce sale bâtard !

— Tu es en train de perdre ton self-control. Tout doux..

— M’en fous. Je l’emmerde ce fils. 

— Le cadre est joli. Tu trouves pas ?

— En effet. J’aime bien la mare au milieu et les nanas qui pêchent dedans.

— Oui c’est sûr ! Mais elles ont rien eu encore, non ?? 

— Celle de droite, elle a accroché une botte il y’a cinq minutes, il me semble. 

— Oh regarde Ness, le singe là ! Il est trop mignon !!

— Je trouve qu’il ressemble à Kykychou, face de pou, moi.