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    Le lendemain, c’est un Yann grognon qui accuse la nouvelle, que sa charmante petite amie a osé lui annoncer avec timidité.

    — De toute façon, je suppose que j’ai pas mon mot à dire dans l’histoire... 

    — Humpf, Yann...

    — Combien de temps ?

    — Je sais pas trop... Une semaine ? Peut-être deux. Mais certainement pas plus, ne t’inquiète pas. 

    — Deux semaines, rien que ça, humpffff... 

    — Qu’est-ce que t’es chou quand tu fais cette mine, tu le sais ça ?

    — Pourtant c’est ma mine désespérée parce que ma chérie veut m’abandonner...

    — Faut que Ness prenne l’air, sinon elle va devenir dingue ici. Alors... 

    — Je réalise pas encore que tout est fini entre eux. En fait, je vois pas Kyle capable d’infidélité. C’est un gars trop droit et honnête pour ça...

    — C’est bien la preuve que les plus gentilles frimousses peuvent parfois camoufler les pires enflures. 

    — Je t’interdis de parler de lui comme ça Tania.

    — Eh bien, dis-moi comment peut-on le qualifier alors ?.. Moi aussi je suis déçue Yann, ne crois pas que tu es le seul ! Je l’aimais bien Pikachu. Et moi aussi je le pensais droit, honnête, gentil, et parfait sous tout les points. 

    — C’est un paumé Tania. Un paumé.

    — Ça n’excuse rien. On est tous un peu paumés, on lutte tous contre quelque chose... Non Yann, je suis désolée, mais rien ne peut l’excuser. C’est un gamin, c’est tout. Et si tu veux, que je te dise, et bien je pense que votre succès lui monte a la tête. Kylian maintenant, c’est.. C’est... un petit merdeux. 

    — Non. Un gamin oui, mais pas un merdeux. Il est gentil Kyle, vraiment gentil.

    — Humpfff... On va clore là cette discussion alors!!!!

    — Mouais !

    — Tu auras intérêt à être sage pendant mon absence, p’tit macaque. 

    — Je t’appellerai juste toutes les dix minutes.

    — Hey, non ! Comment est-ce que je fais pour te tromper moi, si tu fais ça ??

    — Tu me trompes et je te décapite à ton retour, t’es prévenue ! 

    — Ouchhh. Mais de toute façon, tu n’as rien à craindre, vu que tu es le plus génial. J'aurais du mal à trouver mieux !

    — Rattrape-toi bien aux branches, t’as raison, vivi.

    — Je t’aime !

    — T'as intérêt !!

     

     

     

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    Ailleurs, mais au même moment, Erwan et Vanessa tiennent presque la même conversation, dans l’appartement de la jeune femme.

    Presque.. Parce que si le sujet est le même ici, que celui traité du côté de Yann et sa petite amie, les opinions, elles, semblent diverger complètement.

      — Je ne pense pas qu’un éloignement, même provisoire, soit la solution, se permet d’infirmer Erwan à sa jeune amie, assise, tête baissée, devant lui.

    — Si... enfin, de toutes je suis ce que Tania me dit.. 

    — Tania ? Pourquoi, « Tania » ? Et moi ? Tu penses que moi, je te dis de la merde ?

    — Non, mais... enfin, avec Tania on se connait, alors elle sait ce qui est mieux pour...

    — Et moi ? Je ne le sais pas, moi ?

    — Erwan... Pas de crises de jalousie, s’il te plaît...

     

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    — Tout ce que tu vas faire, c’est te morfondre sous ta tente ! Avec une bande de crétins allumés qui essaieront de te draguer comme des gros lourdauds. Sachant en plus que tu es assez connue, si on te reconnaît là-bas, tu imagines même pas comment on va te casser les couilles !

    — Je ne vais pas plus me morfondre là-bas, qu’ici, Erwan... 

    — Oui, mais ici... Moi, je suis là... 

    — Erwan... S’il te plaît... C’est vraiment pas le moment...

     

    Évidemment, la jeune femme a bien compris où son ami voulait en venir. Et elle en déglutit difficilement. Surtout lorsqu’elle le sent se rapprocher sans discrétion. À croire qu’il ne s’attend pas à ce qu’elle le repousse. 

    — De quoi ? Qui n’est pas le moment ? Fait-il semblant d’ignorer, en passant délicatement ses doigts sur ces cuisses camouflées sous un baggy large dont la description est l'inverse du terme "sexy".

     — Arrête, lui marmonne-t-elle sans attendre, en repoussant une main bien trop entreprenante, surtout lorsque celle-ci tentait de se rapprocher de se son entre-jambes. 

    — La fin d’une histoire ne signifie que le début d’une nouvelle Vanessa...

     

    Il s’est encore rapproché. Cette fois, jusqu’à ce que ses lèvres soient suffisamment proches des siennes pour que toutes ses paroles se meurent dessus, dans des souffles chauds et emplis de désir. Il espère ainsi la faire rougir, hésiter, douter, puis entrouvrir les lèvres pour qu'il puisse s'en emparer.

     

    — Pas encore Erwan.. Pas encore, le fait-elle brusquement déchanter en le regardant droit dans les yeux.

     

    Quel effort. Repousser un homme pareil est un effort surhumain et la jeune femme ne réalise pas encore ce dont elle a été capable. Un homme pareil... Oui, Erwan est un homme incroyable, et peu de femmes peuvent aujourd’hui se vanter d’avoir été courtisées, aussi longtemps, par cet être magnifique aux mille et une qualités.

     

    — OK, je m’avoue vaincu, boude-t-il aussitôt en réponse, tout en se reculant contre le dossier de son siège — et je m’excuse pour cette précipitation. Tu as le droit de m’en coller une.

     

    Un autre aurait pu s’enfuir en courant, honteux d’avoir été refoulé de la sorte. Mais pas lui. Parce qu’il a confiance en la solidité des liens affectueux qui le relient à la jeune femme.

     

    — C’est vrai ? Je peux ? Tente-t-elle de le taquiner en forçant un sourire.

    — Ne reste pas trop longtemps loin de moi... lui marmonne-t-il d’une voix grave, pour lui rappeler l’importance qu’elle peut avoir dans son petit cœur — tu me le promets ? 

    — Je ne pense pas que l’on restera longtemps, alors oui, je pense que je peux te le promettre.

    — Et puis... Repousse tous les cons qui vont essayer de te draguer, OK ? Parce qu’il y’en aura. Forcément. Deux filles sublimes en camping...

    — Tu as vu ma tronche en ce moment ? À part Casimodo, je vois pas du tout qui pourrait draguer ça !

    — Moi. Et surement un tas d'autres gogolitos.

    — Je...Je...Je vais faire du café, tu en veux ?! Bafouille timidement Vanessa, gênée, honteuse, mais aussi un peu émoustillée.

    — OK, pourquoi pas, lui répond-il sans attendre, tout en lui rendant son sourire.

     

     

     

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    Erwan n’est pas le seul à se préoccuper d’une pauvre âme en peine après une rupture, puisqu’ici, dans cette chambre d’hôtel, c’est Romuald qui a retrouvé la trace de son compagnon chanteur.

    — C’est sympa d’être passé me voir, s’étonne rapidement Kylian, avec une surprise qu’il ne dissimule pas à son camarade — mais comment as-tu su que j’étais dans cet hôtel ?

    — Kylian.. Kylian.. Ah la la, Kylian... Mais que va-t-on bien pouvoir faire de toi ? Ah la la...

    — Gné ?

    — Les bouteilles, là, derrière toi. Ne me dis pas que tu avais l’intention de toutes te les siffler, pour noyer ton chagrin dans l’alcool, comme une pauvre loque humaine ?

    — Chagrin ? Loque ? Je ne suis pas sûr de saisir...

    — Nous sommes un groupe Kyle. Nous jouons ensemble tous les jours, nous nous voyons tout les jours, et..

    — Et ?

    — Et c’est pour cette raison qu’on se connait Kyle ! Sur le bout des doigts.

    — Yann a parlé. N’est-ce pas ? 

    — Un peu. En effet. 

    — Ouais, bon. Et bien alors c’est chouette. Vous êtes tous au courant de ma rupture ! Voilà. Comme ça, ça nous fait à tous, une belle jambe ! 

    — Y’a pas que ça Kyle. Certains People aussi ont parlé. Kylian Gutter, le chanteur des Apologize, descendu dans le même hôtel qu’Avril lavigne !

    — Je.. Je..

     

    Il aimerait pouvoir rétorquer quelque chose à cette affirmation des plus véridiques. En vain. En vain parce qu’il en perd désormais ses mots. En vain parce qu’il ne trouve plus les armes pour lutter. Dépassé par ce que l’on appelle, les médias, il n’a maintenant plus qu’à subir les conséquences de ses actes.

     

    — Sans parler de certaines photos. Toi, sur la banquette d’une boite de nuit, en train de peloter Avril, viens ajouter le blondinet, comme pour finir d’assassiner moralement l’accusé ici présent.

    — Ouais. OK. Bah, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Ce qui est fait et fait, et je ne nie rien.

    — Ta voix tremble. Tu flippes ? Ness n’est pas au courant que c’est Avril, n’est-ce pas ?

    — En effet... Merci de me le rappeler. T’es un ami toi, un vrai.

    — Qu’est-ce qui t’a pris Kyle ? Dis-le-moi... Une explication ? Tu dois bien pouvoir en donner une ! Qu’est-ce qu’il t’a pris ? Un couple idyllique, tout qui te souris, une nana exemplaire. Mais merde alors ! Qu’est-ce qui tourne pas rond dans ta petite tête ??

    — Écoute Romu, si tu es venu pour me faire la morale, tu peux retourner d’où tu viens.

    — NON ! NON, je ne retournerai pas d’où je viens ! MERDE ! Parce que c’est toujours ce qu’on a fait avec toi ! Dès qu’on pense, ou dit quelque chose qui dérange, HOP ON RETOURNE D’OU ON VIENT, et on IGNORE ! Et voilà où tu en es aujourd’hui ! Non, mais regarde-toi, MERDE ! Tu fous en l’air ton couple, pour quoi ? Une partie de jambes en l’air avec Avril Lavigne ? Mais laisse-moi rire !

    — Et si ce n’était pas qu’une partie de jambes en l’air ?

    — Mais t’es con, ou tu le fais exprès ? Parce que tu crois qu’elle va rester à Berlin pour tes beaux yeux ?? Elle est en tournée, là, Avril lavigne ! Et quand elle en aura marre de se faire sauter par son allemand, et bien elle se tirera !

    — Va te faire foutre. Elle a déjà prolongé son séjour d’une semaine. Et puis sa tournée se terminait ici.

    — C’est toi, qui vas te faire foutre ! Parce qu’elle finira par rentrer chez elle. Et tu le sais bien en plus ! Et alors à ce moment là, toi, tu feras quoi ? Tu resteras seul, comme un con, dans ta chambre d’hôtel ? À regretter Ness, qui se sera trouvé un gars stable et romantique ??

    — Peut-être que je la rejoindrai. J’ai toujours voulu visiter les States.

    — Bouffon. Ton ironie me fait même pas rire. Parce que tu sais que j’ai raison, et que tu es en train de te retenir de chialer là.

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