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    - La réunion n'étant qu'à treize heures, j'ai donc tout mon temps! Alors tu peux y aller!

    - Hmmm... Bon, ok. Commençons alors du début... Par sans doute le départ de ma mère de la maison - départ qui a aussitôt fait chuter mon père dans une profonde dépression, en le rendant peu à peu violent et irascible.

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    - Et le rapport avec toi?

    - Moi, il me rendait folle. A vivre seule avec, je changeais complètement. Mais pas dans le bon sens, attention! Je devenais aussi violente et tarée que lui, pour me défendre de sa personne, mais parfois aussi sans raisons valables. Une fois, j'ai même battu à mort un jeune chien du voisinage qui aboyait trop à mon goût.

    - Ah ouais, quand même! Je fais dans un sursaut de dégoût en sentant tout mes poils se hérisser en même temps.

    - Mais ce n'était pas moi, ça, Daï! Et heureusement pour moi, Aiko l'a vite compris.

    - Ce n'était pas toi, ce n'était pas toi.. Hmm.. euh, si, un peu quand même! Brrr!

    - Tu me laisses parler, oui?

    - Oui, oui! Vas-y! Promis, je me tais. Ne me bats pas à mort, pitié, pitié!

    - Comment oses-tu!!

    - Désolé. C'est vrai que c'est mal venu..

    - Bref, je reprends : alors Aiko m'a expliqué qu'on ferait tout pour m'apprendre à intérioriser cette rage que j'avais parfois en moi, pour que je ne fasse plus jamais de mal à personne.

    - Ok!

    - Et c'est ce qu'on a fait. Peu à peu, j'ai appris à tout contrôler et ne laissait plus rien paraître. J'apprenais à devenir une jeune fille souriante, pleine de vie, et en apparence heureuse...

    - Et le somnambulisme dans tout ça?!

    - Chassez le naturel, et il revient au galop. Cela te dit quelque chose?

    - Humm.. Je crois, oui.

    - Ca, je n'ai jamais su le contrôler. A mon grand malheur d'ailleurs...

    - Ah non, pas « a ton grand malheur » Nanami! Parce que moi je l'aimais bien, ma purple-chaudasse!

    - Mais que t'es bête, me rit-elle affectueusement, avant de s'inquiéter en se mordillant les lèvres, - Tu me trouves monstrueuse, n'est-ce pas? Et au fond, tu as bien raison.. Parce que je pense avoir mauvais fond. Que la fameuse Purple-garce, ce n'est que mon vrai moi, finalement.

    - La vie t'en a fait voir de toutes les couleurs et tu t'es trouvé un moyen de défense Nanami. Il n'y a rien d'horrible à ça... 

    - J'étais déjà une petite popstar à ce moment-là Daï.. et c'est tout ce que mon père aimait en moi : ma carrière. Alors il n'allait pas me faire passer pour aliénée aux yeux des médias, évidemment. Ca aurait aussitôt anéanti mon image de marque.

    - D'accord, mais ce que je ne comprends pas, c'est qu'une jeune fille « fasse sa loi ». Ne le prend pas mal, mais je pense que te foutres quelques coups de pieds au cul t'aurai très vite calmée et sans doute très bien éduquée.

    - Si tu savais de quoi je suis capable dès que je ne me contrôle plus Daï, tu ne dirais pas ça.. Parce que des coups de pieds, j'en ai reçu. Et pas qu'un! Mon père était très loin d'être un enfant de choeur...

    - Je ne veux pas te vexer, mais tu restes une fille.. Alors ce dont tu es capable, euh..

    - Ok, ok, ok. Je vois que tu ne réalises vraiment pas ce que je suis, alors je vais devoir te révéler que mon père était le plus grand scientifique du Neptania, et que dans ma petite enfance, j'ai très souvent été son cobaye pour de nombreux tests.

    - Là, j'ai du mal à suivre. Qu'est-ce que tu veux dire par..

    - Je suis génétiquement transformée. Voilà! Et donc, lorsque je ne me contrôle plus, je suis capable d'éclater un mec de deux mètres rien qu'en collant deux coups de poings dans le nez.

    - D'ohh?! J'en déglutis de surprise en jetant un regard vers ses petites mains pourtant si frêles, pour la faire aussitôt reprendre avec colère,

    - Voilà, je te révèle tout, et tu as peur de moi maintenant!!

    - Mais noonn, euhh!! je tente de la consoler, touché par ses yeux déjà humides, - c'était pour rire! Attends, j'ai pas peur de toi, moi! Tu sais qui je suis d'abord?! Teh! Je suis un guerrier, moi! Et moi la purple-garce, j'en fais des pancakes! Quand je veux!

    - Mais la purple-garce, c'est moi, je te dis! C'est moi en colère, qui ne me contrôle plus! C'est donc que c'est mon « vrai moi »! Ce fond méchant et cruel, c'est moi, Daï! Je suis vraiment une méchante.. Et ça me fais tellement honte..

    - On a tous un fond méchant et cruel Nanami. Par contre, on n'a pas tous vécu une vie de merde, avec un père qui nous a traités comme un cobaye. Regarde, moi, par exemple. Tu me trouves gentil? Vraiment?

    - Bah.. Oui. Pourquoi?

    - Quedalle. J'suis un enculé. Et rares sont ceux que je ne saurais pas poignarder dans le dos.

    - J'ai du mal à y croire....

    - Et Aiko dans tout ça? Parce qu'après m'avoir tout raconté sur toi, il faut que tu enchaînes avec Aiko maintenant!

    - Là.. C'est plus délicat Daï, et je... Enfin, je.. je..

    - Mon statut de « petit ami » t'oblige à tout me révéler! Sinon j'men fous, j'te largue après t'avoir sautée, moi. Rien a foutre, j'suis un enculé j'te dis!

    - Crétin!

    - Allez, aboule les informations!!

    - Mais je ne sais même pas ce qu'est Aiko, Daï. Vraiment! Tout ce que je sais, c'est que mon père l'a trouvée sur terre, avant que lui et ma mère ne s'enfuient sur le Neptania.

    - Ton père? Encore lui? D'oh, mais il est dans toutes les histoires lui décidément!

    - Lui et ma mère ont donc adopté Aiko, pour l'élever en même temps que moi. Jusqu'au jour où j'ai surpris une conversation entre eux, pendant laquelle ils se disputaient parce que mon père voulait faire évoluer Aiko plus vite, ou un truc dans le genre...

    - Oléééé, attend, mes neurones surchauffent là! Tu veux dire qu'Aiko n'est pas humaine?

    - Je ne pense pas.. Mais je n'en sais pas plus, car après avoir surpris cette conversation, j'ai couru enlever Aiko pour la cacher dans la forêt de sapins.

    - Et donc?

    - Et donc, quoi?

    - Bah Aiko, la suite de l'histoire! Ses origines?!

    - Rien, puisque je te dis que je l'ai cachée dans la forêt de sapins! Et la suite, tu la connais. Aiko l'ermite, que peu connaîssent!

    - D'oh! Mais alors, tu ne sais rien de rien, sur elle?!

    - Elle n'est pas humaine, c'est tout ce que je sais.

    - Et elle pourrait évoluer en un truc trop énorme? Style une sorte de monstre?!

    - Daï! Je ne t'ai pas raconté tout ça pour que tu t'en amuses en t'imaginant une histoire a la mord-moi le noeud!

    - Il faut la faire évoluer, Nanami!

    - DAI!

    - Roh ça va, je plaisante! Fronce pas les sourcils comme ça, tu me fous les boules.

    - Tu vas voir ce que je fais en faire moi, de tes « boules »!

    - Gnaaaaahhhh!!

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    - Tsss, idiot! Comme si j'allais prendre le risque de te castrer.. Hmmm...

    - Non, petite coquine. Pas maintenant. J'ai plus le temps, là!

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    - Ohhh.. Pourquoi? Tu as quelque chose à faire?

    - Bah la réunion, patate!

    - Ah zut, c'est vrai, merde. L'amour rend vraiment con décidément!

    - Et oui! Et c'est déjà dans quinze minutes.

    - Alors tu devrais te dépêcher, me sourit-elle en me déposant de chastes baisers sur le bout des lèvres, tandis que je lui caresse les seins.

    Quoi? La réunion durera au moins quatre heures et j'ai besoin de prendre des forces!

    - Allez, j'y vais. Je finis enfin par me résigner en me levant d'un bond du lit, après cinq bonnes minutes – voir dix - de baisers enflammés.

    - Et tu reviens dans combien de temps? Me demande Nanami d'un air pensif, en s'asseyant sur le rebord du lit.

    - Eeuh.. je sais pas du tout. Mais toi, tu devrais t'habiller pour rejoindre les filles.

    - Oui, oui. C'est ce que j'avais l'intention de faire. Mais tu me manques déjà. Et.. Ohhh! Que tu es sexy habillé comme ça!

    - Nanami, je dois te prévenir que je ne suis pas certain de repasser par ici après la réunion en fait, je lui avoue en finissant d'attacher mes bottes de cuir, avant de revenir vers elle pour constater une grimace naissante sur son joli minois.

    - Comment ça?

    - Debout, viens là, je lui demande affectueusement pour la faire se relever et courir dans mes bras.

    Elle obtempère aussitôt et je me dépêche de lui apprendre que,

    - Il se peut qu'après la réunion, on décide de se téléporter immédiatement sur le front, pour précipiter notre attaque. Et je ne me vois pas dire à tout le monde, attendez-moi deux minutes, je dois dire au revoir à ma purple-garce! Si tu vois ce que je veux dire..

    - Non, mais tu peux leur dire, excusez-moi, mais j'ai un besoin urgent a faire!

    - Nanami!

    - Ta joue gauche est encore égratignée, on devrait soigner ça.

    - C'est en train de cicatriser, on s'en fout. Là n'est pas le problème.

    - Si tu ne repasses pas me voir avant de partir là-bas, ça ferait combien de temps à attendre avant que tu ne reviennes?

    - J'en sais rien. quelques semaines, sûrement.

    - Qu.. quoi?! Tout ça?!

    - Nanami, nous sommes en guerre! 

    - Oui, oui, je sais. Excuse-moi, j'ai encore du mal à réaliser.

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    - Je suis déjà en retard, alors je t'embrasse et je me sauve.

    - Promets-moi quand même d'essayer de repasser quelques minutes, voir même secondes.. avant de..

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    - Je te promets d'essayer, oui.

    Cette promesse était sincère, lorsque je l'ai prononcé. Je le jure.

    Mais notre réunion a été plus agitée que prévu -et lorsqu'elle s'est enfin terminée, il a été conclu qu'il ne serait pas sage d'attendre un jour de plus. Qu'il valait mieux surprendre encore plus l'ennemi, en attaquant aujourd'hui.

    Alors nous nous sommes téléportés. Tous en même temps.

    Et je me doute qu'elle doit désormais m'en vouloir. Et qu'elle a dû m'envoyer rôtir en enfer par la pensée, lorsqu'elle a appris que nous étions déjà partis - alors qu'elle, de son côté, attendait sagement que je repasse la voir pour un dernier baiser.

    J'espère qu'elle me pardonnera...

     

     

    *     *
    *

     

     

    Quelques jours plus tard, les trois ex-neptaniennes tentent de tuer le temps d'une nouvelle – et un peu trop longue à leur goût – journée qui vient malheureusement de débuter.

    En effet, Octavia n'étant pas leur planète d'origine, les trois jeunes femmes n'y ont pas grand-chose à faire : à part bien sûr tourner en rond dans le palais royal, en attendant le retour de leur ami, Daï. Evidemment.

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    Et pour Nanami, cette attente est décidément des plus insoutenables : que fait-il? Et comment le fait-il? Ou encore, se pourrait-il qu'il soit en danger? Blessé peut-être. Voir agonisant.

    Non, le dernier des cas n'est pas envisageable. Car le jeune homme serait aussitôt rapatrié sur ses terres. Puisqu'il est tout de même le souverain de ce royaume. C'est vrai. Elle ne doit pas l'oublier. Qu'il n'est pas n'importe qui. Un roi. Un guerrier. Un combattant téméraire et puissant. Un inconscient acharné. Oui, « acharné ». Parce que la jeune femme connaît bien son désormais petit ami. A qui la sagesse à l'air de faire très souvent défaut.

    Moqueuse? Médisante? Non. Ou peut-être un peu. Mais elle est anxieuse. Très, anxieuse. Parce qu'elle ne le voit pas rendre les armes si la situation ne tourne plus à son avantage. Non. Il est bien trop fièr pour penser à baisser son pantalon de la sorte. C'est certain.

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    Alors il combattra jusqu'à la fin. Elle en est plus que certaine.

    - Nanami, déstresse, lui conseille amicalement Sayuri en tisonnant le feu dans la cheminée – celui menace sournoisement de s'éteindre et la jeune femme n'apprécie pas cette petite plaisanterie - Daï va très bien. Et tu le sais!

    - Et comment peux-tu en être si certaine? lui grommelle en retour l'ex-chanteuse neptanienne.

    - Parce qu'il est roi Nanami. Et que pour cette raison, s'il lui arrivait quoi que ce soit, tout son peuple serait aussitôt mis au courant. Alors déstresse! En plus, tu sais bien qu'aux infos, hier soir, il a été annoncé que nos troupes avancent correctement.

    - « Nos » ? se dépêche de répéter Aiko d'un air intrigué, en se prélassant sur le long fauteuil de la pièce.

    - Bah quoi? Hausse simplement les épaules Sayuri pour réponse, - Vu qu'Octavia risque de devenir notre nouveau chez nous, je m'habitue..

    - Tout ce que je demande, lâche soudain Nanami en fixant furieusement le mur devant elle, - c'est qu'il revienne en un seul morceau. Tout ce que je demande, c'est qu'il aille bien! Que tout aille bien! Qu'il ne soit pas stupide au point d'aller se tuer là-bas, parce que plus rien ne le retient a ses yeux sur cette terre!

    - Qu'est-ce que tu racontes, l'interrompt rapidement l'unique blondinette de la pièce, - comme si plus rien ne le retenait sur cette terre, pfft!

    - Il a perdu ses deux parents et n'a donc, je crois, plus vraiment de famille proche, reprend Nanami les yeux désormais humides, - Et il est si impétueux.. Avec son sale caractère de merde. Vous savez.. Quand il veut faire quelque chose - et qu'il sait qu'il le fera, car personne n'aura jamais le droit de l'en empêcher! Parce qu'il est Daï, le péteux! Pfft.. Et.. Et c'est ça qui pourrait bien le perdre. Et.. Et..

    - Arrête Nanami, se rapproche rapidement Sayuri de la table d'échecs, avec pour unique but de participer à la partie qu'a déjà commencé seule son interlocutrice, - Daï reviendra en un seul morceau. Tu dois y croire et arrêter de te comporter en veuve effondrée.

    - Je l'aime Sayuri.

    - Tu.. tu.. en déglutis de surprise Aiko, toujours avachie sur son fauteuil, avant de reprendre plus chaleureusement - pour rassurer ainsi sa meilleure amie, - Mais moi je crois en Daï! Parce qu'il est une sorte de superhéros! Parce que je l'imagine super fort et inébranlable au combat! Infaillible et impitoyable!

    - Voilà. Ecoute ta naine, Nanami, reprend sagement Sayuri, une fois assise devant la concernée, - même si, moi, par exemple, je n'imagine pas vraiment le Razmoket en superhéros, mais plutôt en chef militaire très compétent!

     

     

    *      *

    *

     

     

    Malheureusement pour l'optimisme de Sayuri et d'Aiko, la situation sur Virusia va se dégrader sitôt le front Est assiégé par les troupes d'Hideki.

    Parce que les Virusiens réagissent trop vite à cette attaque-surprise sur plusieurs fronts, et se précipitent aussitôt défendre leur capitale ; freinant ainsi – et plutôt dangereusement - l'avancée des armées de Daï.

    Et a la radio ce soir, les informations – qu'écoutent attentivement trois jeunes ex-neptaniennes - ne sont pas des plus optimistes, puisqu'elles révèlent un nombre effrayant de décès. Des noms et prénoms qui défilent sur un ton monotone et attristé – des soldats. Des guerriers. Des octaviens...

    ...qui y croyaient. Qui lui faisaient confiance. Qui combattaient là-bas, jusqu'au bout de leurs forces. Alors qu'ils possèdent presque tous des familles. Voir pour certains, des enfants.

    Des femmes.

    Qui ne s'en remettront sans doute jamais.

    Qui lui en voudront sûrement pour très longtemps.

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    A lui. A ce roi. A cet adolescent borné et inconscient!

    Qui continue de les mener a leur perte!

    Encore et encore.

    Oui. Parce que la guerre n'est pas finie!

    Parce que Daï refuse toujours de se rendre.

    Jamais! Il en est hors de question!

    Pourtant, aujourd'hui, il s'est fait blesser. Lui aussi.

    Et à cause de cette blessure, il s'affaiblit de jour en jour : l'absence d'Hideki, toujours sur le front Est, lui nuisant terriblement.

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    Son meilleur ami étant le plus grand guérisseur du royaume, il est le seul à savoir lui rendre assez d'énergie pour qu'il puisse recouvrer toutes ses capacités.

    Mais peu importe! Il continue. Encore et toujours!

    Et eux aussi, ils doivent continuent d'avancer!

    Parce qu'ils sont ses hommes. Ses soldats.

    Et à ce titre, ils lui doivent obéissance!

    Car il est leur roi!

    Leur souverain!

     

     

    *      *

    *

     



    Ces informations des plus terrifiantes finissent évidemment par arriver aux oreilles des dirigeants d'Eternia. Qui s'inquiètent maintenant de la survie d'un jeune homme, qui – et malgré tout ses défauts – reste de leur famille. Un Daemon. De sang, lui aussi.

    - Bordel, s'exclame Aaron en rageant contre l'imbécilité de l'adolescent.

    - Nous devons aller l'aider papa. Maintenant! lui fait son fils, Arkan. Désormais certain que le jeune roi d'Octavia préférera mourir sur le front avec ses troupes, plutôt que de se rendre.

     


    *       *
    *

     

    Evidemment, l'annonce de l'entrée en guerre d'Eternia, aux côtés d'Octavia, sera largement commentée et applaudie par les médias des deux camps.

    Et qui dit « médias », dit aussi « trois jeunes filles accros aux nouvelles radiophoniques ».

    Sayuri. Aiko. Et Nanami.

    Qui vont se figer sur place de surprise, en réalisant l'évidente alliance de deux peuples.

    Eternia.. et Octavia.


    Eternia...

    La.. grande.. Eternia. Patrie des fièrs éterniens.

    Ce peuple qu'ils détestent. Eux. Les neptaniens.

    Sayuri en bouillonne de rage. Tape du pied. Grogne, et peste tout ce qu'elle peut.

    Daï se serait alors moqué d'elle?!

    Pendant tout ce temps, Daï se serait alors moqué d'elle?!

    Aiko tente de la calmer en lui souriant qu'elle doit lui faire confiance. Qu'il y'a forcément une raison a cette alliance. Que Daï n'est pas un traître. Ni un ennemi, pour elles.

    De son côté, Nanami reste silencieuse. Les yeux rivés sur la radio, qui continue de citer des noms de décédés. Son coeur saigne doucement.

    Peut-être s'est-elle finalement trompée sur son compte.

    Peut-être s'est-il simplement moqué d'elle.

    Et peut-être a-t-elle aussi bien tort de l'aimer autant. De sentir son coeur lui marteler ainsi la poitrine avec cruauté.

    - Daï est notre ami! Continue de persister Aiko dans un cri de colère, en direction de ses deux interlocutrices – qu'elle juge décidément trop hypocrites aujourd'hui.

    Car Daï a toujours été leur ami!

    Sur le Neptania! Et ici aussi, sur sa planète!

    Parce qu'il les a accueillies! Toutes les trois! A bras ouverts!

    En leur offrant le gîte et le couvert!

    Alors qu'elles s'en souviennent, de tout ça, toutes les deux!

    Ces ingrates et hypocrites vipères!

    Et surtout elle... La très médisante petite amie!

    Qui baisse rapidement les yeux, très honteuse d'elle-même, face aux reproches justifiés de sa meilleure amie furieuse.

     

     

    *      *
    *

     

     

    Profondément vexé par la proposition de soutien d'Eternia - un geste qu'il juge de charité - Dai refuse catégoriquement la présence de ces alliés, de son côté du front – au niveau la capitale ennemie.

    Parce qu'il est proche de la victoire. Il en est certain. Et pour cette raison, il est hors de question qu'une bande de crevards viennent lécher les restes de son combat, pour en tirer avec lui quelques honneurs a la fin de celui-ci.

    Aaron est rapidement blasé par cet égocentrisme et ne se gêne pas pour le faire comprendre au jeune Daemon : celui-ci n'est qu'un crétin de première! Qui va finir par mourir sur des terres hostiles! Et que ce n'est pas en dissimulant sa grave blessure aux yeux de tous - qui n'est sûrement pas encore guérie - qu'il remportera quoi que ce soit!

    Alors pour réussir à clore le bec de son interlocuteur, qui est des plus agaçants - et pour tenter aussi de se montrer amical - le jeune roi d'Octavia finit par proposer à son aîné éternien d'aller tenir le front ouest. Que là-bas, il a besoin de lui et de ses troupes. Parce que là-bas, il n'a pas encore vaincu.

    Et Aaron accepte.

    Blasé, il accepte. Ordonnant aussitôt a tout ses vaillants éterniens d'aller attaquer à l'ouest, pendant que le petit roi prétentieux termine de faire agoniser ses troupes sur la capitale ennemie.

    Et que pourrait-il faire d'autre de toute manière? Cette guerre n'étant que celle d'Octavia, il n'a pas son mot à dire dans des stratégies qui ne sont pas les siennes.

     

     

    *      *
    *

     

    De leur côté, les trois invitées de Daï finissent par se poser une question bien intéressante - mais à laquelle elles n'avaient encore jamais réfléchis jusque maintenant! A leur grand étonnement d'ailleurs.

    « Mais contre quel peuple Octavia fait-elle la guerre? »


    Et oui. Aussi étrange que cela puisse paraître : aux informations, jamais ils ne prononcent le nom de l'ennemi dans cette guerre sans pitié.

    Sans doutes considèrent-ils tout le monde sait déjà contre qui se bat leur armée, pourraient penser les trois jeunes filles.

    - Hummm... on aurait l'air con de demander a quelqu'un contre qui on se bat? Demande Sayuri a ses deux amies, en se grattant la tête de gêne.

    - Pas grave, allons demander! Lui fait simplement Aiko en courant vers la cuisine : le chef cuistot a déjà dû embaucher et elle le sait très gentil – il ne se moquera donc sûrement pas de trois jeunes ignorantes.

    - Et bien, contre Virusia. Leur soufflera simplement celui-ci, en haussant tout de même les épaules et en réprimant un petit rire, - Sérieusement, vous l'ignoriez vraiment?

    Et aucune des trois neptaniennes ne trouvera, à ce moment-là, la force d'entrouvrir les lèvres pour lui répondre. Et pour cause : elles sont déjà bien trop occupées à se figer sur place, en se souvenant du nom de la race qui a porté le coup de grâce a la terre.

    Virusia.

    - Crétin! Ne pourra s'empêcher de fondre brusquement en larmes Sayuri, tout en courant dans la chambre qu'elle partage avec Aiko.

    Il l'a fait! Ce crétin. Il l'a fait!

    Exactement comme il le lui avait promis!

    Il l'a fait!

    Aiko pénètre a son tour dans la pièce pour pleurer avec elle.

    Suivie de près par Nanami. Qui elle se contente de déglutir en se demandant pourquoi.

    Parce qu'un tel geste est certes très noble, mais totalement inutile pour le peuple d'Octavia. Dont l'armée meurt actuellement pour une cause qui n'est pas la sienne.

    - C'est ma faute! Lui crie alors Sayuri, le visage ravagé par les larmes, - Merde! Merde! Merde! Et re-merde!C'est à moi qu'il a promis de raser ceux qui ont détruit notre planète! A moi, et rien qu'à moi!

     

     

    *      *
    *

     

    Musique  ♫

    Toutes ces larmes de culpabilité que va verser Sayuri en grand nombre, vont finalement pouvoir cesser ce vendredi-là.

    Le jour où, enfin, Virusia va plier et capituler sous l'armée octavienne.

    Parce que celle-ci est aujourd'hui entrée en plein dans leur capitale. En rasant tout sur son passage.

    L'hôtel de Ville. Vite. C'est là que Daï veut mener ses chars – même s'il a déjà gagné. Même si Virusia vient de lui demander de cesser le feu.

    Parce que c'est en haut de ces marches, devant ce bâtiment - qui symbolise cette capitale - qu'il veut faire un discours. Qu'il veut hurler a la foule Virusienne qu'ils les ont vaincus et que maintenant, il va y avoir des changements ici. De gros changements, même! Qu'il va préciser avec une pointe d'ironie, tout en se tenant les côtes, en souvenir d'une vieille - et plutôt grave - blessure pas encore cicatrisée.

    Virusia sera donc désormais - pour punition de ce que son peuple a fait subir une certaine petite planète - une terre d'accueil pour tous les vaisseaux humains qui survivent encore dans l'univers. Ceux-ci seront ici chez eux et pourront venir se ravitailler autant qu'ils le voudront. Voir se poser définitivement et vivre en paix, s'ils le désirent.

    - Et pour conclure, poursuit ensuite Daï avec fermeté, tandis que des dizaines de caméras et micros - octaviens et virusiens - le filment déjà de la tête aux pieds, pour retransmettre en direct la moindre de ses paroles,

    - Je vais vouloir un discours officiel d'excuses de vos dirigeants, pour les humains! Et ça devra être quelque chose de très émouvant! Où vous leur direz a quel point vous êtes lamentables et pitoyables! Et que désormais, ils sont ici chez eux! Que vous serez à tout jamais leurs escla...

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    ... ves.

    Des hurlements qui fusent. Les armes octaviennes qui se lèvent à nouveau.

    Immédiatement en direction d'une cible qui a été presque instantanément repérée : un homme qui s'était glissé discrètement au milieu de la foule, pour dégainer un pistolet laser et faire feu sur le souverain ennemi.

    Cet assassin-kamikaze est aussitôt abattu, quelques secondes à peine après son tir.

    L'armée octavienne, encore énervée et paniquée par cette attaque surprise, ordonne alors a la foule virusienne - décidément bien trop agitée et téméraire à son goût - dereculer plus en arrière.

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    ~ Une voix du passé, se joint à la nôtre ~
    ~ Superposant les couches de l'harmonie ~
    ~ Et c'est ainsi que ça continue encore et encore ~
    ~ Les mélodies de la vie ~

    Mais le mal est déjà fait.

    Car leur souverain perd désormais trop de sang pour pouvoir rester debout et fièr sur ses jambes.

    ~ Jusqu'au ciel et même au-delà des oiseaux qui volent
    Pour toujours et même après ~

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    Il chute alors lourdement sur le sol.

    ~ Si je devais quitter ce triste monde ~
    ~ Ta voix me rappellera toujours notre mélodie ~
    ~ Les mélodies de la vie ~

    Suivi aussitôt du regard de tous ses hommes, qui se mettent à crier et hurler de terreur, dans tout les sens.

    Le roi!

    Vite! Il faut aider le roi!

    ~ Tournoient et grandissent au plus profond de notre coeur
    Aussi longtemps que l'on s'en souviendra ~

     

     

    *     *
    *

     

     

    - [...] Le roi est toujours au sol!

    Hurlent soudain et en même temps, la majorité des radios Octaviennes, ainsi que les trois quarts des chaines télévisées. Un drame s'était produit sur le champ de bataille et la population devait être mise au courant. Leur roi venait de tomber...

    - La foule est bien trop compacte pour que l'on puisse en voir plus, raaahh que c'est agaçant! Michel! A t-on des nouvelles des caméras parties de l'autre côtés?? Nous n'arrivons à rien ici, nous ne voyons rien!!

     

     

    *     *
    *

     

     

    M...Merde. Je...

    ...je me suis fait avoir comme un débutant!

    - Majesté! Majesté! Hurlent mes sujets autour de moi.

    - Putainnn, mais appelez un guérisseur! Vite!

    - Faites venir le président Hideki au plus vite, dites-lui que le roi a été touché!

    - [...] Ca y'est! On a pû s'avancer un peu plus! Et.. et l'on peut maintenant entendre qu'il est décidé d'appeler le président du conseil à la rescousse!

    Rahhh... Non!... Cette fois, on dirait vraiment que c'est la fin...

    Cette obscurité... et cette lumière...

    068

    - DAI!! NON!! DAIII!!

    ...Hi...Hideki? C'est toi?

    Oui! C'est toi. Je te reconnais!

    Ah ah... Putain la loose, la honte... Qu'il me voit touché à mort.

    Désolé mec... Je suis tombé...

    068

    - Putain de merde, tient bon, Dai! Je t'en prie! Je vais te tirer de là, ne t'en fais pas! Et je te promets que dans deux minutes, tu seras sur pieds!

    On a gagné, Hide! Tu.. Tu as vu? On.. On a gagné!!

    068

    - Accroche-toi poulet, accroche-toi! J'vais te remettre sur pieds en deux temps trois mouvements, tu vas voir!! »

    Et il faut que.. qu'ils paient! Tous. Pour ce qu'ils ont.. ont..

    - Je t'en prie, accroche-toi. Tu vas t'en sortir Daï. Tu vas t'en..

    - Dai!!! DAII! Garde les yeux ouverts, merde! GARDE LES YEUX OUVERTS!

    ...ont fait à la terre! Et.. et..

    - On est en train de le perdre, monsieur le président!!

    - Secouez-le, pendant que j'incante! Secouez-le! Empêchez-le de fermer les yeux, bordel de merde!!!

    Il.. Il faut que tu dises a.. a sayuri qu'ils sont vengés..!

    - DAIIII!! NOOON!! DAIII!!

    Shi.. ka..? C'est...c'est toi? Hideki, qu'est-ce qui lui est arrivé???? Daï!! Réponds moi!!!!

    - Shika! J'arrive à rien moi là, et ta téléportation est plus rapide que la mienne! Alors rapatries-nous au palais!! Vite!!!

    - Oui, pas de soucis. Tiens bon Daï surtout!! Tiens bon!!!

    Na.. Nanami.. Na.. Nanami..

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