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— J’en sais rien et je ne veux pas le savoir !! râle Jun en commençant à trembler de la tête aux pieds. — Allez on s’en va, on n’a rien a faire ici et ce n’est même pas marrant, c’est endroit me donne la chair de poule !! Je le déteste !!

 — Pas de porte rien.. Une pièce murée sans porte, où l’on ne peut pas se téléporter… souffle Yuki en triturant le mur de ses petites mains.

  — Oui tu vois, lance soudain Jun — tu ne pourras jamais y aller vu que tu ne peux pas visualiser l’endroit pour t’y téléporter !! 

— Je ressens beaucoup de malheur dans cette pièce… ajoute la petite en touchant de plus belle les pierres, — Pourquoi Jun ? Dis-moi pourquoi cet endroit a l’air si… bizarre… mauvais…

 — Parce que tu es folle peut-être ?? Propose immédiatement le gamin, mal à l’aise.

 

À chaque fois qu’elle se met à parler de cette pièce, elle le traumatise et il en fait ensuite des cauchemars pendant plusieurs jours… 

 

 — Allez, s’il te plaît.. On y va ? … gémit-il les yeux implorants.

 

A contrecœur, la fillette quitte l’endroit pour rejoindre, avec son frère, la muraille où ils étaient tout à l’heure..

 Mais elle sait qu’elle n’est pas dingue et est persuadée que derrière ce mur, il y’a quelque chose à découvrir....

Quelques secondes plus tard, les deux enfants reviennent sur la terrasse en constatant qu’il s’est mis à pleuvoir, depuis sans doute quelques minutes.

 Ce n’est pas grave ! La pluie, ça mouille et c’est drôle !

Comme tous les enfants, Jun et Yuki aiment patauger dans les flaques d’eau, quand il y’en a. 

 

— Hey regardes, rit Jun en désignant la fontaine du regard, – j’vais faire enrager Manae ! 

 — Elle va te gronder, soupire Yuki — ce n’est pas gentil de la faire râler en plus, elle est gentil Manae ! 

 — Pffft, souffle Jun, pour se moquer de sa sœur – elle est gentille parce qu’elle t’a acheté un mini panda tout moche oui ! pouffe-t-il avant de se mettre à parsemer la fontaine de savon en poudre.

 — C’est un cochon d’Inde ! reprend sa sœur d’un air boudeur. 

 — J’vois déjà sa tête dévisagée par la rage de voir toute la mousse, éclate de rire Jun.  

 — Tu es vraiment trop bête ! Elle ne va pas te louper, tu vas voir !

 — Elle n’aura pas de preuves pour m’accuser !! Fais fièrement Jun en arborant son sourire de vainqueur.

 

Soudain, une voix lointaine et à peine audible vient interrompre la charmante conversation des faux jumeaux — Yuuuukiiiiii !!!  

Immédiatement après avoir entendu cette petite voix, Yuki se précipite vers le rebord de la muraille, en sautillant de joie, sous le regard blasé de son frère,

— Pffft tu me laisses tomber pour Isei-le-naze !

 

 — Youhouuuuh !!! J’arrive !!! Piaille Yuki, à destination du concerné, avant de se téléporter pour le rejoindre.

  — Traitresse ! grommelle Jun, avant de revenir vers l’enceinte du château.

 

 

En une demi-seconde, Yuki rejoint donc son meilleur ami depuis toujours, le petit Isei. Ce n’est pas ce dôme, qui les sépare pourtant, qui aurait pu empêcher ces deux gamins de faire connaissance et de commencer a papoter et rire ensemble. 

Et tant mieux, car Mash et Jun sont gentils, mais ils finissent par être fatiguant à la longue, hors Isei c’est tout le contraire, il est comme elle ! Le monde est mal fait, songe-t-elle parfois, c’est Isei qu’elle aurai dû avoir pour frère !

 

 

 

— Qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ?? t’as appris plein de trucs à l’école ?? s’empresse-t-elle de demander avec un large sourire. 

L’école, ce mot la fait parfois rêver, une bâtisse avec plein d’enfants, des professeurs qu’on embête, pleins d’amis divers, des jeux à plusieurs…

Ici au palais, elle et ses frères doivent se contenter d’un professeur particulier. 

 

 

Comme d’habitude, il va lui raconter sa journée de A à Z, tout ce qu’il a fait, puis ensuite il va lui demander à son tour ce qu’elle, a bien pu faire aujourd’hui ; pour qu’elle rit et lui narre l’intégralité des aventures qui se sont déroulées au palais ! Comprendre par là qu’elle va surtout parler des jeux et blagues débiles de ses frères.

Puis, ils vont jouer, comme tous les enfants du monde le font…

 

 

 

 — Quand je serai grand, je ferai un trou dans ce mur ! affirme Isei, — et on partira très loin ! Tu es dac' ??

 — Oui ! Et puis on se mariera !! rit Yuki avec l’innocence de son âge.

  — Comme les grands ils font ? renchérit-il immédiatement. — Mais faudra se faire des bisous comme eux aussi alors, berk.

 

*

 

À quelques murs de là, Maxime, honteux de son comportement, revient dans sa chambre pour y chercher son épouse.

 — Caro ? appelle-t-il, l’air hésitant. 

  — Fiche-moi la paix ! cingle aussitôt la concernée.

  — Tu es dans la salle de bain ? se risque à demander Maxime, alors qu’il connait la réponse a sa question, vu que la voix provient de cette pièce. 

— Non, je suis au bal masqué, ohé ohé ! 

 — Tu es en colère ? ose demander Maxime, hésitant à entrer de force dans la pièce.

  — Non, je ne suis pas en colère… fait-elle tomber d’une voix lasse —je sais plus ce que je dois penser Max.. Je ne sais plus rien.. 

 

Paniqué à l’idée qu’elle se mette à songer qu’elle ne l’aime plus, Maxime pousse violemment la porte pour entrer de force dans la salle de bain.

 

— La serrure.. Soupire-t-elle en constatant ce vandalisme — tu as pété la serrure...

 — Je m’en fous de la serrure Caro ! reprend-il, l’air penaud — je.. Je suis venu m’excuser. Voilà. Pardon !! Je… Je ne le pensais pas. 

 — Mais si tu le pensais, voyons, reprend la jeune femme, blasée — tu le penses Max. Je ne suis rien ici…

 

 

 — Non !! L’interrompt-il vivement pour l’empêcher de déballer plus d’horreurs. — Caro, tu es tout pour moi ! Et tu le sais ! 

 

 

— Non je le sais pas ! reprend-elle à nouveau. — Justement, je ne le SAIS pas ! Tu me traites comme un chien et tu n’en fais qu’à ta tête ! Et tu.. Tu es allé jusqu’à faire du mal à Mash....

 — Je l’ai à peine effleuré !! Se défend Maxime. — Il y a beaucoup de cinéma dans ses larmes, tu connais les enfants…

 

 

 — On est ridicules.. Soupire enfin Caroline. — Tu as tellement changé Max.. 

— Ce n’est pas vrai, je suis comme avant !! Je te le promets Caro ! Mais je vais faire des efforts ! Je vais être plus gentil !

 — Toi ? Toi, tu vas être plus gentil ? soupire-t-elle sans convictions. 

— Donne-moi encore une chance… gémit-il presque avec des yeux implorants. — Je ne supporterai pas de te perdre Caro… Même si je dis le contraire…

 — Tu vas t’améliorer ? reprend-elle sur un ton plus ferme. — tu vas être un père et un époux aimant ?

 — O...Oui… marmonne-t-il, honteux.

 

Mais est-ce que cet homme peut-il réellement devenir bon ? 

C’est ce que se demande Caroline en ce moment même. Elle aimerait y croire, mais il a tant changé en six ans que parfois, elle ne le reconnaît plus. Aujourd’hui, il n’est qu’un être égoïste qui ne vit que pour lui-même, alors qu’a l’époque, ELLE était son moteur dans l’existence…

 

— Tu m’aimes plus c’est ça ? s’effondre tristement Maxime d’une petite voix.

 — Comment peux-tu dire ça.. C’est justement parce que je t’aime plus que tout au monde que je m’accroche..

 — Je vais changer ! insiste Maxime. — Je te le promets…

 — Et ces gens.. Enfin, tu vois ce que je veux dire… Est-ce que tu vas changer aussi à leur sujet...? se risque-t-elle à demander.

 

À ce sujet-là, elle a peu s’espoir, mais si on parle de changement, autant que ce soit radical et non uniquement pour la vie de couple et familiale.

 

Maxime semble hésiter.

Cette demande le perturbe et l’embête, ça se voit.

Caroline soupire. Elle s’en doutait… 

 

Le rouquin relève ensuite la tête, ce qui perturbe son épouse, est-ce qu’il accepterait sa requête ? 

 Il sourit tendrement et la prend dans ses bras, ça doit signifier qu’il a réalisé des choses…

Émue, elle glisse aussi ses mains dans son dos pour se blottir contre lui.

 

— J.. Je vais voir… reprend-il, tout bas, je vais essayer… mais c’est compliqué, tu sais… mais je vais essayer.

 

 

 Une déception énorme frappe la jeune femme, car il vient de dire, à sa manière, qu’elle pouvait toujours courir pour qu’il change sur ce qu’elle a énoncé il y a quelques minutes.

 Il approche ses lèvres des siennes pour l’embrasser.

 

 

Lasse, elle accepte. Tant pis, elle n’a pas envie de se battre encore ce soir, le calme semble être revenu, provisoirement, alors elle va accepter lâchement cette trêve, jusqu’à ce qu’il y’ait un nouveau clash…

 

*

 

Au même moment, dans les jardins, Yuki fait un bond en arrière, alors qu’elle était occupée a éclater de rire avec Isei.. 

Tremblante, elle s’arrête de rire et se met a fixer le sol étrangement, ce qui inquiète évidemment le pauvre Isei qui pense qu’elle est en train de faire un malaise.  

 

— Yuki ?? Ça ne va pas ?? Yuki ?

 — Yuki ?? Répète à nouveau Isei, d’une voix plus forte, pour la faire réagir.

 

… Aaaah… Aaaaah.... Pitié… Pitiéé....

 

La fillette perçoit soudain des images et des sons qui s’emmêlent dans son esprit.

Rêve, délire ou réalité ?

 

Elle se concentre en portant ses mains à ses tempes : est-ce qu’elle peut affiner ces images floues pour en voir plus, et peut-être comprendre quelque chose a ces visions étranges ?

 

  — Yuki !!!!! Crie maintenant Isei en donnant de violents coups de poing dans le dôme. Il veut l’aider ! L’attraper ! La secouer !

 

— Qui êtes-vous… marmonne Yuki, comme si elle tentait de leur parler. 

Mais ses efforts resteront vains : elle a beau se concentrer tout ce qu’elle peut, les images se floutent de plus en plus et les sons disparaissent rapidement. 

 

— Yuuuuuuuukiiiiiiiiiiiiiiiiiiii  !! Se met alors à hurler Isei en tapant désormais du pied ce fichu dôme.

 — Ça va Isei.. Je rêvais.. Sourit la fillette en relevant la tête vers son ami.

 — M.. Mais tu te sens bien au moins ?? questionne-t-il vivement.

  — Oui, sourit-elle à nouveau. Je pense que j’étais juste en train de… rêver.

 

Soudain, un bruit de téléportation se fait entendre…

 En tournant vivement la tête vers la gauche, Yuki reconnaît aisément un monsieur qu’elle aime beaucoup ! 

 

 — Séto !!! crie-t-elle en arborant tout à coup un immense sourire, avant de se précipiter a sa rencontre.

 

— À demain alors ! grommelle Isei avant de se téléporter pour rentrer chez lui. 

  — À demain Iseeeeeeeiiiiiiiii !! piaille Yuki en s’éloignant de son meilleur ami.

— Sééééétoooooo !! Continue de piailler Yuki en arrivant vers l’homme — ça va ?

 

 

 — Impec, et toi princesse ? Sourit le concerné, avant de réceptionner l’enfant qui se jette dans ses bras.

 — Tu as fait quoi aujourd’hui ?? rit Yuki.  

  — Comme d’habitude ! Du travail de soldat, sourit Séto.

 —  Dis Séto..... hésite soudain à demander la fillette.

 — Oui ? 

—  Est-ce que tu pourrais m’emmener dans la chambre des secrets ? lui chuchote-t-elle dans le creux de l’oreille.

 

Il se raidit et semble soudain gêné par cette étrange requête. 

 — Pourquoi est-ce que cette pièce t’intéresse tant ma puce ?  

— Pour rien ! répond-elle innocemment avec un large sourire, — c’est juste que comme tous les enfants, je suis triée curieuse !!  

 

Il sourit. Cet enfant a toujours été doté d’une incroyable capacité a comprendre et interpréter ce qui l’entoure, alors ce n’est vraiment pas étonnant qu’elle se pose tant de questions sur cet endroit.

 

— Il n’y a rien là-bas, se décide a ajouter Séto. — En fait c’est une salle totalement vide et inutile. Tes parents ne savaient pas quoi y mettre alors du coup elle est toujours restée vide et elle est tombée dans l’oubli. Voilà ! termine-t-il en se détachant de sa petite princesse préférée.

 

Il lui a menti, mais c’est pour la bonne cause.

Ça serait plus qu’un traumatisme pour elle, si jeune et innocente, si elle découvrait les folies de son père…