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    - Qu'est-ce que tu fais là, toi?! qu'elle lui fait sitôt qu'elle la voit pénétrer dans la salle de repos de son centre : à première vue, la jeune Beckers n'est pas la bienvenue en ces lieux, que la concernée songe très vite avec beaucoup d'amusement.

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    - C'est comme ça que tu accueilles les gens qui prennent la peine devenir te rendre visite?

    - Dégage! en tremble très vite de rage Angelika en se rasseyant sur le canapé sur lequel elle était vautrée pour lire une revue ; tandis que son interlocutrice vient s'asseoir à ses côtés, sans la moindre gêne.

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    - Alors? Raconte-moi un peu comment c'est, ici!

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    - Qu'est-ce que tu veux?! Tu es venue te venger, forcément!

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    - Oh, non! Du tout! Ces conneries, c'est le passé. Je n'ai plus de raisons de t'en vouloir, puisqu'aujourd'hui mon frère va bien et est plus heureux que jamais!

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    - Alors que fais-tu ici..? Si ce n'est pas pour te venger? semble très sceptique la folle à lier.

    - Tu m'avais dit, un jour, que tu avais toujours rêvé d'être mon amie.

    - C'était avant, ça!

    - Avant quoi?

    - Arrête, ne te fous pas de moi! Tu n'as jamais voulu de mon amitié, à l'époque, alors il n'y a pas de raison que tu en veuilles maintenant, après ce que j'ai fait! Tu es ici dans un autre but et tu vas me dire lequel!

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    - Beaucoup de choses ont changé, Angelika. J'ai découvert le vrai visage de mon frère, j'ai été abandonnée par celui que j'aimais... Un petit peu comme toi, non?

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    - Oh, c'est fini, avec Raphaël? Désolée, je ne le savais pas, console Angelika, sans sincérité cependant.

    - Ce n'est pas grave, la vie continue, n'est-ce pas?

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    - Ouais.. On se relève de tout.

    - C'est moi ou les nanas de la table en face nous regardent bizarrement ? Est-ce que l'on a un bouton sur le nez ?!

    - Hum, tu es dans un hôpital psy ici, je te rappelles...

    - Je sais, mais je serais toi, je ne les laisserais pas me dévisager tout le temps ainsi ! Être déglingué du ciboulot n'excuse pas tout !

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    - C'est toi qu'elles observent, pas moi.

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    - Oh non poulette, c'est toi, que la brune à couettes mate ! Toi, et rien que toi.

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    - Pour elle, c'est normal. Nous ne sommes pas les meilleures amies du monde, si tu vois ce que je veux dire..

    - Ah! Et tu as des amis ici, sinon?

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    - Cela ne te regarde pas ! s'offusque brusquement et sans raisons Angelika, avant de se relever du canapé d'un bond pour s'en aller sans rien ajouter de plus a son interlocutrice.

    Interlocutrice devenue très vite des plus sceptiques, analysant avec attention la moindre des réactions de son ancienne voisine..

    Cette petite visite de courtoisie aura décidément été des plus enrichissantes, qu'elle se fait à elle-même en prenant ensuite tranquillement le chemin de la sortie, saluant les infirmiers et les vigiles, tout en leur précisant qu'elle sera très vite de retour ; le lendemain, surement.

    L'éloignement avec sa grande amie Angelika lui étant tellement insoutenable...


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    *

     

    - Qu'est-ce que c'est que ça ? s'intrigue ce soir Ana Béranger en direction de son fiancé qui est en train de transporter un téléviseur a bout de bras.

    - Bah, une télé, pourquoi, ça se voit pas?!

    - Si, mais qu'est-ce que tu fais avec?!

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    - Bah je vais la brancher! Parce que j'ai bien essayé de me la mettre dans le cul, mais ça coince!! Alors je me suis dit, tant qu'à faire, autant la brancher pour qu'on puisse la regarder!

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    - Très drôle! Tu sais très bien de quoi je veux parler, d'où est-ce qu'elle vient cette télé?! Ne me dis pas que tu l'as volée?!

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    - Non, je l'ai acheté comptant et c'est de la bonne marque. Avec mon salaire d'hier soir, je t'avais pas dit que mon employeur me payait cash, au jour le jour?

    - Non, tu ne m'avais pas dit que tu avais pris ce boulot de videur, au noir! C'est illégal, ça, Jeff!

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    - C'est pas illégal, je bosse, il me paie, point.

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    - Si un jour il se fait chopper par les flics, tu tomberas avec lui, Jeff! Et ça, c'est hors de question! Alors tu vas démissionner dès que possible!

    - Jamais de la vie, c'est un boulot en or qui rapporte un max de blé, alors perso, le fait qu'il déclare ou pas ses salariés, j'en ai rien à branler. On a besoin d'argent Ana, je te rappelles.

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    - D'argent oui, mais pas de soucis avec les autorités! N'a pas du tout l'air convaincu la jeune femme.

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    - Écoute, ma chérie, arrive tendrement Jeffrey pour enlacer délicatement sa petite amie, - je veux t'offrir ce qu'il y a de mieux, et ce n'est pas avec ton petit salaire de vendeuse que j'y arriverai. Même s'il est très appréciable! Il faut avouer qu'on a besoin de plus, beaucoup plus. Pour que cette coquille vide dans laquelle on vit se transforme en bel appart.

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    - J'avoue que tu n'as pas totalement tort.. Abdique provisoirement la jeune femme avec un doux sourire : provisoirement, car elle reste tout de même sceptique face aux affirmations de son compagnons, bien consciente que ramener de quoi acheter un aussi grand téléviseur -de marque, en plus!- après seulement une soirée de travail est quand même des plus surprenant pour un simple emploi de.. Videur de discothèque.

     

     

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    Et si sa petite amie est désormais des plus sceptiques à son sujet, Jeffrey Beckers, lui, ne s'endort plus l'esprit tranquille depuis qu'il a commencé son petit trafic pour le compte d'un homme à l'allure imposante qui le paie pourtant très bien pour ce qu'il lui demande de faire : écouler du shit et savoir oublier où est-ce qu'il se l'est procuré en cas de rafle de la police.

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    En effet, l'ex-allemand est bien obligé de se souvenir, et ce très souvent, de la façon dont son défunt père s'est donné la mort à l'époque.

    Oh, certes, cette mort n'est qu'un suicide, car ce lâche désirait mourir.

    S'en aller. Disparaitre. Quitter un monde ingrat et abject en laissant derrière lui une famille, des enfants, qu'il ne connaitrait jamais...

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    Se souvenant cela, le jeune Beckers ne devrait pas s'en vouloir de dealer de la drogue à des adolescents désireux de se fumer un bon bédo, puisque chacun est libre de faire ce qui lui plaît de sa santé, après tout.

    Il ne devrait donc pas se sentir aussi coupable.

    Non, il ne devrait pas!

    Surtout que son père, à lui, se droguait surtout à la cocaïne, et non à la drogue douce.

    Il y a tout de même là une grosse différence!

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    Mais cependant... Et malgré tout ces bons arguments, l'adolescent fugueur a sans arrêt l'impression que lorsqu'il deale de la drogue, lui.. Il pisse ouvertement sur la tombe de son père et celui-ci s'en arrache les cheveux en l'observant de là-haut.

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    Et c'est cette horrible et bien désagréable sensation qui l'empêche, cette nuit encore, de trouver correctement le sommeil.

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    Comme toutes les nuits depuis qu'il s'est mêlé, lui aussi, à ce petit trafic pourtant des plus florissants.


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      ♪ Hey Lady - Thriving Ivory ♪

     

    Enfin, le grand jour que Terry Dreher attendait avec tant d'impatience est arrivé!

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    Enfin, le tout nouveau Single des TroubleMaker apparait dans les bacs! Présentant aujourd'hui le titre clef des Troublemaker -celui qui a donné son nom au groupe!- et un tout nouveau titre en exclusivité, "Hey, Lady", écrit, composé, et interprété, par le blondinet du groupe.

    Blondinet qui a fait livrer expressément et à domicile, l'un de ces Singles à la jeune fille de son coeur. Demoiselle qui le soir même, se retrouve avec ce bien étrange cadeau sur son lit, signé par ce jeune garçon qu'elle trouve décidément de plus en plus charmant au fil des semaines, sans pour autant finir par lui céder, par lui revenir, par oublier cet tout autre jeune homme.. Qui l'a pourtant jeté aux ordures comme une moins que rien. Sans la moindre explication...

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    Et ce soir, voilà qu'elle se retrouve assise sur son grand lit aux couvertures vertes fluo, à écouter sa chaine hi-fi lui dévoiler une chanson d'amour des plus magnifiques qui lui est apparement dédiée, selon un petit mot griffonné et joint au cadeau qu'elle tient désormais dans une main fébrile et tremblante.

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    "Lorsque je n'ai plus les mots pour t'exprimer ce que je ressens, je couche mes sentiments sur papier et cela me donne ce nouveau titre... Je t'aime."

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    ♪ Hey Lady - Lyric (♥ Merci Anne ♥)

    Elle prend son pouls.. et se demande si son coeur bat encore
    L'hôpital le plus proche n'est pas loin, si quoi que ce soit devait arriver ici
    Elle s'ennuie cette semaine encore, des rêves, des rêves, mais jamais rien de concrèt
    Et moi je refuse de croire que l'amour est pour les faibles
    Je ne suis pas vulnérable

    Hey Lady, ne perd pas espoir en moi!
    Ne laisse pas ton coeur se consumer d'amour
    Jusqu'à ce que nous finissions par être des cendres jetées à la mer
    Hey Lady, je ne veux pas me battre!
    Comme les jolies filles ont besoin de cow-boys
    J'ai besoin de toi ici ce soir!

    Elle crie encore plus
    Plus qu'une certaine métaphore aux yeux bleus
    Et l'ennui est, et l'ennui est... qu'elle est toujours en train de chercher
    L'heure est tardive, mais je ne veux pas entendre que tout cela va bientôt se terminer
    Non, je ne suis pas fou! J'ai le contrôle! Et tous mes amis continuent de le croire.

    Je suis sur un genou, mais en tant qu'amant, s'il te plaît
    Comment puis-je le montrer plus simplement?
    J'attends ton invitation
    Et je suis tellement, tellement, tellement en train d'attendre après toi
    Je suis sur un genou, mais en tant qu'amant, s'il te plaît
    Comment puis-je le montrer plus simplement?

     

    *

      

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    À quelques kilomètres de là, Raphael Bauër est lui aussi en train de découvrir -et avec une douleur indescriptible- le tout nouveau Single du groupe qu'il a quitté brusquement il y'a peu..

    Il était évident qu'il serait le premier à l'acheter. Même s'il connaissait déjà ce lyric, il tenait à entendre cette version finale à laquelle il n'a pas voulu participer.

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    - Mouais, pas mal, mais sans plus... lui marmonne soudain sa colocataire, Jane, sans doute pour le consoler et se mettre de son côté. L'air chaleureux et compréhensif.

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    Évidemment, la douleur du jeune Bauer est palpable et celle qui vit avec lui aujourd'hui l'a bien clairement remarqué. Elle était déjà contre le fait qu'il se procure l'un de ses Singles, car cette air désespéré qu'il affiche désormais, elle l'avait déjà prédit...

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    Il est pâle, raide comme un piquet, droit comme un i, planté comme un con en plein milieu de la pièce et devant sa chaîne hi-fi, les yeux humides et le regard vague ; l'air perdu, déboussolé et complètement abattu.

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    Il ne faut pas avoir fait de longues études pour comprendre son état du moment... Ni pourquoi est-ce qu'il va se jeter brusquement hors de son appartement en courant à perdre haleine.

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    - Raph'!! Pourra bien lui crier sa colocataire pour tenter de le freiner ; en vain évidemment, puisque lui continuera de courir aveuglément et sans vraiment savoir pourquoi.

    Besoin de prendre l'air. Besoin de respirer. Besoin d'exploser!!

     

     

    *

     

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    Besoin  d'hurler, de tomber à genoux.

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    Quand en parallèle, une jeune fille abdique et ne fait plus la moue.

    ~ Sooner or later ~
    ~ You're gonna hate it ~

    Attrapant délicatement de ses mains, ces deux nouvelles joues...

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    Besoin de pleurer, de cogner du poings sur ces inscriptions.

    ~ Just like a parasite ~
    ~ Why am I so pathetic ~

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    Kylian Gutter.

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    Quand en parallèle son plus grand amour, à lui décide de ne plus prêter attention...

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    Cela suffisait de pleurer pour un ingrat. Quand un coeur d'or lui faisait la cour.

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    "L'amour meurtrier. L'amour funeste. L'amour infâme. Amour. Amour. Unique vie en ce monde!" [Anne Hébert]

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    "Rien ne tue comme un amour trahi!" [Gérard Martin]

    ~ Your scream is burning through my veins ~

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    "L'amour qui ne ravage pas n'est pas l'amour" [Omar Kayyam]

    ~ You and me babe... What about it.. ? ~ 

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    Et pendant que l'un pleure et cogne du poing la tombe de celui qu'il n'a pas le droit d'appeler "papa"...

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    Une autre, de l'ombre émerge doucement... Soutenue et relevée par de nouveaux bras.

    Nul n'est irremplaçable...

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    Aucun souvenir n'est ineffaçable.

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    La vie n'est qu'un éternel recommencement...





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