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    Tourner la page et oublier.

    Tourner la page, et tenter l'expérience...?

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    Avec cette jeune fille, qu'il saute sans vergogne presque tout les soirs...?

    Raphaël hésite.

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    Lorsqu'il la regarde se rhabiller tous ces matins, après que tous les deux aient fait des folies de leurs corps avant de s'endormir côte à côte, il hésite.

    Une nouvelle histoire.. ?

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    Peut-être. Pourquoi pas.

    Quoique non...

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    Il ne peut pas.

    Il aimerait, pourtant.

    Envisager cette éventualité.

    Il devrait, même...

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    Mais il n'y arrive pas encore.

    Une boule se forme dans sa gorge, il déglutit de nouveau. Comme a chaque fois qu'il..

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    Qu'il hésite. La trouve tellement charmante.

    Gentille et sympathique. Compréhensive..

    Car en effet, la jeune fille est tout sauf pot de colle et elle ne lui demande jamais plus que de l'amour charnel. Comme si leur situation à tous les deux lui convenait.. Comme si, et à l'inverse de toutes les autres femmes, elle, n'avait pas l'intention de presque "lui passer la bague au doigt".

    Et n'importe quel autre homme serait ravi d'avoir une telle partenaire de sexe, Raphaël en a bien conscience.

    Seulement, lui..., a bien du mal à être de ceux-là.

    Insensible et pervers? Très peu pour le jeune Bauer. Son propre comportement commençant à lui peser de plus en plus.

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    - Je t'appelle, qu'il sourit alors à la jeune fille qui a partagé sa nuit, avant que celle-ci ne quitte son appartement, comme d'habitude.

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    Elle semble surprise. Sur le coup, elle en arrête ses pas et écarquille en grand les yeux. Raphaël l'a bien remarqué. Il en rirait presque.

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    - Humm.. Bah si tu veux! qu'elle lui fait en retour, souriante. Avant de détaler.

    Elle a rougi. Raphaël s'en est bien rendu compte.

    Il en est ému.

     

     

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    Aujourd'hui, Jeffrey Beckers pense être enfin prêt.

    Prêt à l'enlever.

    Enfin!

    Oui! Enfin!

    Après toutes ces semaines a faire ce qu'il a à faire en l'observant toujours de loin, vérifiant tout les jours qu'elle traine encore dans cette même rue -se retenant d'ailleurs toujours de courir vers elle pour la serrer dans ses bras-, il est enfin prêt a entrer en jeu !!!

    Il a tout préparé.

    Il s'est même déniché une voiture, pour l'occasion! -même s'il n'a pas encore le permis!-

    Son plan est parfait.

    Monté et ficelé à merveille.

    Personne n'aurait fait mieux!

    Et grâce à lui, demain, lui et sa belle seront loin.

    Très loin.

    À des kilomètres et des kilomètres d'ici.

    À cette pensée, il sourit et enfile cette paire de lunettes noires qu'il a piquée à son beau-père, avant de démarrer enfin sa voiture.

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    Une seule personne lui manquera cependant..

    Mais dans la vie, il faut faire des choix.

    Et lui ne regrette pas le sien.

    Même si tout au fond de sa gorge... une boule des plus douloureuses se forme désormais.

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    Pour une nouvelle vie...

    En espérant qu'elle lui pardonne.

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    Et puis... Il lui écrira régulièrement.

    En espérant que cela soit suffisant.

     

     

    *

     

     

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    Au même moment, Raphaël reçoit un coup de téléphone de son bon vieux Jakob : l'ami dévoué et fidèle de sa mère qui s'est toujours occupé de lui comme un père.

    - Tiens, bonsoir Jakob! Ca va? qu'il le salue très vite et avec affection, comme toujours.

    - Raphaël.. Il faut que tu rentres. Ta mère a eu des soucis... Elle est à l'hôpital, et c'est assez grave.


  • Introduction partie III ♪

     


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    - Bonsoir mes jolies, salue poliment Jeffrey en forçant son timbre de voix pour le rendre le plus rauque possible -bien différent de son habituel- peu après avoir arrêté sa voiture sur le trottoir devant la prostituée de son coeur et une autre -qui a première vue doit surement être une collègue à elle-,

    - Si la jolie rousse est libre.. reprend ensuite Jeffrey avec assurance. Ses lunettes noires toujours sagement posées sur son nez : il n'a pas intérêt a ce que sa belle le reconnaisse. Pour le moment, du moins.

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    - Bien sur, mon coeur, qu'elle est libre! lui répond très vite et avec sensualité la jeune femme aux cheveux ébène, dans un soupir cependant, avant de reprendre en direction de sa voisine rousse, - allez, Ana, encore un pour toi! Décidément, je me demande ce qu'ils te trouvent! qu'elle taquine affectueusement.

    - Ce que tu n'as pas, ma chérie! rétorque alors la rouquine d'un air amusé en ouvrant la portière de son nouveau client pour s'asseoir à ses côtés, avant de lui faire, une fois que celui-ci a démarré sa voiture presque en trombe,

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    - Alors, où va t-on, chéri?

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    - Vous avez le "mon coeur", et "mon chéri", facile, avec ton amie, dis donc, lui ronchonne Jeffrey pour réponse, les yeux attentivement rivés sur la route qui défile à vive allure sous son véhicule, - et c'est disons.. Très agaçant!

    - Hummm.. Ne semble pas comprendre la jeune femme rousse, avant de reprendre avec taquinerie, - et comment voudrais-tu que je t'appelle, dans ce cas?

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    - Moi? Oh, mais "mon chéri" est le terme parfait pour me désigner! Mais uniquement, pour ME désigner, moi!

    - Urm.. S’intrigue de nouveau la prostituée en observant désormais son interlocuteur avec attention, l'air sceptique.

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    - Tu as du mal, je vais t'aider un peu, fait alors et de nouveau Jeffrey en secouant légèrement la tête de droite à gauche pour faire dégringoler et tomber sur ses genoux, ses lunettes noires.

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    La réaction de son interlocutrice est immédiate : son visage pâlit à vue d'oeil, son coeur bat la chamade, ses lèvres se mettent aussitôt à trembloter de manière incontrôlable et ses doigts deviennent soudain plus fébriles que jamais.

    Sans oublier ses deux yeux qui sont désormais trempés.

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    Elle l'a reconnu. Bien évidemment.

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    Dès qu'elle a pu admirer son visage en entier, plonger son regard dans le sien, se souvenir de ses traits de poupon... Elle l'a aussitôt reconnu.

    Lui...

    Son, son...?

    - J.. Je.. Jeffrey..?

    Qu'elle tente assez vite, les larmes aux yeux et en subissant douloureusement ces vifs et violents battements de coeur.

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    - Attends, attends, fais le silence, faut que je me concentre pour nous amener vivants à destination!

    - Humpf! qu'elle réagit aussitôt, presque outrée par sa flagrante indifférence, - Humm.. Mouais.. Qu'elle grommelle ensuite, cherchant ses mots, hésitant sur une éventuelle réplique a balancer d'un coup sec : "Je t'aime!!" "Comment m'as-tu retrouvée?!" Puis-je encore t'aimer?" "J'ai pensé a toi chaque jour, chaque minute, chaque seconde!" "Existe-t-il encore un 'nous'?" "Je t'aime, tellement!" "Mais en fait.. Euh.. Que fais-tu là?"

    - On est bientôt arrivés! qu'il la tire brusquement de sa rêverie, les yeux toujours consciencieusement rivés sur la route.

    - Tu viens d'avoir ton permis? C'est ça?

    - Je l'ai jamais passé.

    - Pardon?!

    - Mais je me suis entrainé a conduire sur un parking et je connais assez bien le code de.. Aaaaah on est arrivés! Voilà! Terminus, tout le monde descend!

    Sur ce, le jeune homme se gare maladroitement sur un trottoir, tandis que son interlocutrice encore toute chamboulée par ces étranges retrouvailles le questionne avec suspicion,

    - La gare..?

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    - Sors de la voiture, vite. On a pas beaucoup de temps devant nous.

    - Je.. Je.. Humpf, Ok! est bien obligé de lui rétorquer sa compagne en suivant son mouvement, l'air perdu.

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    Par réflexe, pudeur, et honte, une fois à l'extérieur de la voiture elle ramène très vite ses bras autour de son corps pour tenter de dissimuler au maximum ses formes généreuses aux quelques passants qui se déplacent non loin d'elle en direction de l'entrée principale de la gare de Berlin.

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    - Jeff? qu'elle cherche très vite du regard son accompagnateur et ex-amant, pour le constater en train de fouiller dans le coffre de son véhicule pour en extraire une valise en cuir, - mais qu'est-ce que.. ?

    - J'ai piqué quelques fringues à ma soeur pour toi, puisque vous faites à peu près la même taille.

    - Hein?

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    - On va aller dans les sanitaires quelques minutes pour que tu te changes, viens!

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    - Raaaah, mais est-ce que tu vas finir par m'expliquer à la fin?! finit par demander d'une traite la jeune femme rousse en dévisageant son amour avec incompréhension.

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    - Il n'y a rien de difficile à comprendre, ce soir, toi et moi, on prend le prochain train et on dégage à Paris. J'ai déjà tout prévu, on a nos billets et.. de nouveaux papiers d'identité. À partir d'aujourd'hui, tu t'appelles Julie Beranger, et moi Sylvain Teissier.

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    - Que.. que?! Mais je.. je.. En balbutie d'incompréhension la jeune femme en observant son interlocuteur lui mettre dans les mains les divers éléments dont il vient de lui parler, - mais toi.. ? Toi, tu..? Qu'elle bégaie ensuite de nouveau, apparemment plus capable de former le moindre mot correctement, - mais c'est impossible, je ne peux.. ne peux.. pas..

    - Allez viens, on entre dans la gare! réagit le jeune Beckers en reprenant sa valise, imperturbable, - allez vite, vite!

    - Je.. Je.. Mais enfin, je..

    - Ana, ne réfléchit plus et laisse-moi te guider vers une nouvelle vie, reprend Jeffrey d'une voix sereine, - fais-moi simplement confiance, qu'il termine ensuite avec tendresse en lui prenant la main pour la faire avancer à ses côtés.





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