• 385

     

     

    *

     

     

    La journée commence à peine sur Berlin et Raphaël s'est déjà et presque fait incendier par Erwan lorsqu'il y a quelques minutes, il a téléphoné au concerné pour avoir la nouvelle adresse de sa demie soeur. Sur le coup, le pianiste Memories a bien entendu été surpris d'une telle demande parce que surtout, il réalisait que son interlocuteur était de nouveau en Allemagne, sur Berlin. Cependant, les deux hommes ne se sont pas attardés sur de longues explications, Raphaël n'avait plus beaucoup de crédit sur sa carte téléphonique... « Mon oeil « avait bien entendu songé Erwan, bien conscient du fait que le jeune chanteur n'ait pas du tout envie de justifier son retour prématuré dans la capitale allemande. Peut-être que le pianiste s'en doutait, après tout. Surement, même. Comme beaucoup, Erwan Muller ne croyait pas en cet éloignement définitif et c'est plutôt avec le sourire et sur un ton amical qu'il a livré la nouvelle adresse de sa belle-fille, Eva. Les deux jeunes gens seraient heureux de se revoir... Erwan en était plus que certain. Il raccrochait donc son téléphone avec sérénité, pour se blottir de nouveau contre sa fiancée, Laur, afin de tenter de se rendormir le plus vite possible. Une tentative qui ne sera pas vouée à l'échec : Erwan a toujours eu un sommeil de plomb et une grande aisance à filer dans les bras de morphé.

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    — Alors, elles vivent ici, fait tranquillement, mais d'un air stressé cependant, Wilfrid ; en effet, les deux Troublemaker revenus sur Berlin marchent côte à côte à destination du grand immeuble rouge où résident sois-disant, les femmes de leurs vies.

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    Une réalité que Wilfrid ne fuit plus, désormais. Bien certain aujourd'hui de ses sentiments et désirs.
    Des certitudes que Raphaël partageait lui aussi pleinement, jusqu'à ce que...

     

     

    I swear this time - mayday parade ♪

     

     

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    ... Qu'il réalise une scène qu'il avait parfois imaginée, certaines nuits, dans ses pires cauchemars.

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    Son Eva, la femme de sa vie, son grand amour, la seule, l'unique, celle pour qui il saurait se damner, donner un rein, un foie, sa vie, même, s'il le devait, celle pour qui il accomplirait l'impossible. Son Eva...

    Oh Florida, please be still tonight don't disturb this love of mine
    Look how she's so serene you've gotta help me out

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    ... Se trouve en ce moment dans les bras d'un autre homme, les lèvres scotchées à celles du concerné. Ses lèvres, ses lèvres.. Ses lèvres à elle, si douces Et si pulpeuses, ses lèvres, ses lèvres.. Celles que Raphaël aimait tant, eh bien, elles se trouvent collées à celles de ce type totalement inconnu au bataillon pour le jeune Bauer...

    And count the stars to form in lines
    And find the words we'll sing in time
    I want to keep her dreaming it's my one wish, I won't forget this

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    À ces douloureuses constatations, le jeune chanteur s'en fige sur place. L'expression de son visage traduit très vite son désespoir croissant, palpable, et flagrant. Son ami Wilfrid s'en rendra très vite compte, constatant lui aussi la scène qui se déroule non loin d'eux. À une centaine de mètres environ.

    I'm outdated, overrated
    Morning seems so far way

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    — Bah merde alors, ça c'est ce qui s'appelle tomber sur un os.
    Oui, Wilfrid n'a jamais été doué pour trouver les mots. « Bah merde, alors.. Tomber sur un os», il fallait oser le dire, devant un homme au coeur brisé qui observe sa moitié mêler sa langue avec habileté avec celle d'un illustre inconnu. Oui, il fallait oser, le « Wilfrid Powa », que tous disent, pour rire. Wilfrid ne changera décidément jamais... Wilfrid n'a pas les mots. Wilfrid n'est pas doué, pour consoler les coeurs brisés.

    So I'll sing a melody
    And hope to God she's listening
    Sleeping softly while I sing

    — C'est bon, je me casse, marmonne finalement Raphaël en serrant les dents, tournant brusquement les talons, sentant son coeur exploser en un millier de petits bouts fragiles..

    And I'll be your memories
    Your lullaby for all the times
    Hoping that my voice could get it right

    — Mais attendssss, Raph'!!! l'interpelle son ami Wilfrid en tentant de lui faire changer d'avis, — il faut y aller, il faut qu'elle te voit! Qu'elle sache que tu es là! Qu'il rappelle fermement, attrapant le bras de son comparse pour l'arrêter de force et le forcer à se retourner pour lui faire face.

    — Non, elle a tourné la page, tu as bien vu, insiste Raphaël, agacé par l'insistance de son ami, — et puis elle a vraiment l'air heureuse, c'est l'essentiel, c'est tout ce qui compte.

    If luck is on my side tonight
    My clumsy tongue will make it right
    And wrists that touch
    It isn't much, but it's enough
    To form imaginary lines
    Forget your scars, we'll forget mine
    The hours change so fast
    Oh God, please make this last

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    — T'as fini de jouer le martyr, oui?

    — Wil, je t'emmerdes...

    'Cause I'm outdated, overrated
    Morning seems so far way

    — Viens avec moi, allez, on y va! Tu ne vas pas te barrer comme ça après onze heures d'avion, merde! Tu te rends compte?! On vient de se bouffer onze heures d'avion pour venir ici! Je sais pas toi, mais moi je suis détruit, là, j'vais décéder dans pas longtemps!

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    — Vas-y, moi je vais me prendre une chambre à l'hôtel pour cette nuit.

    — Je ne parlais pas de ça, abruti! Mais du fait que tu t'es pris onze putain d'heures d'avion dans la gueule, du fait que t'as une face de cul, de cadavre, là, t'es épuisé, physiquement, et moralement parlant, tout ça pour elle, pour venir ici! Alors, tu ne peux pas te barrer comme ça, sans même lui dire que tu es passé, t'es pas assez con pour ça! Parce que tu sais bien que si elle te voyait, elle lâcherait tout de suite son mec pour se jeter dans tes bras.

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    — Et peut-être que je ne le veux plus, finalement. Peut-être que l'on a plus nos places en ces lieux, Wil. Peut-être que les filles ont refait leurs vies et sont désormais heureuses. Il faut respecter ça... je ne veux pas être celui de trop, celui qui gêne.

    So I'll sing a melody
    And hope to God she's listening
    Sleeping softly while I sing
    And I'll be your memories
    Your lullaby for all the times
    Hoping that my voice could get it right
    Could get it right

    — Je...

    — Sur ce, je te laisse, Wil', j'ai besoin de marcher seul quelques instants. À plus tard, mec.

    You could crush me
    Please don't crush me 'Cause baby I'm a dreamer for sure
    And I won't let you down
    I swear this time I mean it

    — Maiiiis Raph'.... bougonne Wilfrid le coeur serré, la gorge nouée, devant le spectacle de son ami qui s'éloigne de lui à grandes enjambées.

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    Et s'il avait raison sur toute la ligne? Et si de l'eau avait coulé sous les ponts que les deux Troublemaker n'étaient plus ni attendus ni désiré par leurs ex-compagnes...?

    And I'll sing a melody
    And hope to God she's listening
    Sleeping softly while I sing
    And I'll be your memories
    Your lullaby for all the times
    Hoping that my voice could get it right

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    Le regard du brun se baisse puis se relève lentement en direction de l'immeuble rouge. Il hésite tellement. Pour la première fois depuis onze heures, il n'est plus du tout sûr de ses convictions....

     


  • 386

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    — Oui, allo ? décroche une nouvelle fois Shawn avec empressement et nervosité ; il est certain de prendre de nouveau une communication avec les ravisseurs de son comparse Jeffrey. Il se prépare à les recevoir comme il le faut. Il se prépare à les incendier, leur ficher la peur de leurs vies, il se prépare à... à les pourrir de la meilleure façon que ces chacals le méritent. Il est nerveux, et fou de rage même. Attaquer un « Shining » c'est s'exposer aux pires représailles que l'espèce humaine pourrait faire subir à ses semblables et ces « chiens galeux » ne se doutaient surement pas qu'ils signaient tous leur arrêt de mort en osant toucher ainsi au cochef de l'un des gangs berlinois les plus influents de la capitale. OUI! Les « Shinings » sont ici influents Et craints, OUI! Et pour cause... Tout le milieu se souvient très bien de ce qu'ils étaient à l'époque. Et ce n'est pas le décès de l'imposant Darius qui a eu rien qu'un éventuel impact sur l'image de ce gang aussi impitoyable que terrifiant. Au contraire, même... Car beaucoup avait commencé à rire du Géant Darius qui devenait, sois disant, de plus en plus laxiste avec le temps. Un comportement des plus risibles quand on sait l'image que l'homme devait plutôt montrer dans ce milieu où il souhaitait être respecté. Un environnement où la faiblesse et les sentiments n'ont pas leur place.

    — Bonjour, fait l'homme avec assurance à l'autre bout du fil— alors, voilà, je sais que ça va vous paraître incroyable, mais j'ai là, dans mes bras, le fils votre chef, Ackers. Et j'aurai voulu que l'on s'arrange pour que...

    — Le fils d'Ackers ? Bondit sans attendre Shawn avec sévérité et suspicion.

    — C'est une longue histoire, mais je crois qu'on le lui a enlevé pour lui tendre un piège, Et...

    À cet instant, tout venait de s'éclaircir dans l'esprit du cochef Shining, Shawn.
    Il répondait alors sans attendre, avec toujours la même nervosité,

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    — Vous avez donc son fils, là? Bande de chiens, vous êtes vraiment prêts à tout pour...

    — Vous n'y êtes pas du tout ! Je m'appelle Franz et connait très bien bien Jeffrey, c'est une longue histoire.. Bref, je suis de votre côté, et je ne cherche qu'à vous rendre l'enfant et vous prévenir qu'il ne faut pas qu'Ackers aille à son lieu de rendez-vous ! Car je ne sais pas ce qu'on lui réserve là-bas, mais...

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    La sincérité et l'ignorance de l'homme inconnu se réalisent à son timbre de voix, il a l'air anxieux, réellement inquièt. Shawn se décide donc à arrêter de douter de lui. Après tout, le pauvre ignorant ne semble même pas encore au courant que le Jeffrey dont il parle est déjà en train s'agoniser quelque part...

    Mais le cochef Shining ne le lui apprendra pas. La discrétion étant leur plus grande alliée, voire leur mère, à ces hommes de l'ombre, il sait bien qu'il ne faut jamais trop en dire. Surtout à un inconnu. Un étranger. On ne sait jamais, son ignorance pourrait être une ruse.

    — Comment on fait alors, pour l'enfant ? Qu'il questionne alors, sévère, impassible.

    — Est-ce qu'on peut se donner rendez-vous quelque part, pour que je vous le rapporte ?

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    — Ça marche. Je vais vous envoyer trois de mes hommes, à l'adresse que je vais vous indiquer... Vous avez de quoi noter ?

    — Allez-y, je retiens. Je connais Berlin comme ma poche !

    — Très bien. Alors, vous vous rendrez, au...

     

     

     

    *

     

     

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     Ce sont Stein Diken, Nolan Calgonit et Tristan Esher qui seront chargés de cette mission de récupération, et quarante-cinq minutes plus tard, ils seront de retour au domicile de leur chef, bébé au bras.

    Nolan qui a été chargé de porter le petit tout le long du trajet et son air penaud suite à cette terrifiante mission a d'ailleurs beaucoup amusé ses comparses plus âgés, Stein et Tristan.

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    — Pourquoi il me regarde comme ça ?! Braille une nouvelle fois Nolan, agacé, observant le poupon qui se dandine sur le canapé à ses côtés, — c'est bien le rat de Jeffrey, ça ! Il me saoule déjà !

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    — Ha ça j'avoue, il a du Jeff... sourit Stein d'un air ému, observant avec attention le petit bout des plus adorables.

    — Un futur Jeffrey?! Vite, vite, noyons-le! Sauvons les générations futures... conseille Tristan avec humour, lui aussi attendrit par l'innocence que dégage le petit homme.

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    — Oh!!! Le remake de trois hommes et un couffin là, vous êtes avec moi, ou?!? Il faut qu'on réfléchisse à un moyen de tirer Jeff de là, sans avoir à céder devant ces chiens, se décide à rappeler tout d'un coup Shawn à ses comparses prêts à devenir des nourrices modèles.

     

     

    *

     

     

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    Pendant ce temps, le jeune Beckers arrive enfin, laborieusement, devant la porte de l'appartement de sa soeur jumelle. Il se hâte donc d'essayer de toquer dessus avec le peu d'énergie qu'il possède encore.

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    Il faut dire qu'il s'est presque trainé jusqu'ici, ignorant en chemin les regards sceptiques des passants qui s'intriguaient de voir un homme ensanglanté marcher en pleine rue. Certains se sont même retournés dans sa direction pour lui proposer une aide éventuelle, « — monsieur? J'ai une voiture pas loin, voulez-vous que je vous dépose à l'hôpital? » une offre des plus dévouée que Jeffrey a bien entendu remerciée, en refusant cependant. Il allait bien, il n'avait que quelques égratignures et strictement rien de grave. Il se forçait ensuite à marcher le plus droit possible pour ne plus intriguer d'autres curieux. Il souffrait le martyre et son corps tout entier le lui rappelait à chaque instant. Il devait bien avoir au minimum deux côtes brisées, au minimum. La douleur était telle que.. Il le sentait bien. Oui, au moins deux côtes brisées. Sans doute aussi de nombreuses contusions, mais rien de vraiment méchant. Jeffrey en était certain. Il pouvait marcher, se tenir debout, et c'était le plus important. À ses yeux, c'est toujours ce qui a été le plus important. « Tant que tu peux marcher, alors tout va bien! » « Tant que tu peux te lever, alors tout va bien! ». Jeffrey n'a jamais supporté de se faire plaindre, ou aider, et ce n'est pas aujourd'hui que ça commencerait. Fier il est né, fier il mourra.

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    Cependant, Et désormais que cette porte d'appartement s'ouvre enfin pour laisser apparaître derrière sa soeur jumelle, il se déciderait bien à baisser sa garde et demander de l'aide...

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    … comme s'il jugeait que désormais, il en avait le droit. Comme s'il se sentait enfin, autorisé à craquer, à dévoiler ses faiblesses, sa fragilité, ainsi que son état...

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    — Jeff ?!? Mais qu'est-ce qui t'es arrivé ?!? s'effare bien évidemment Eva en constatant devant elle un frère dans un bien piteux état qui se maintient contre un mur du couloir pour se tenir debout ; un sourire se dessine soudain Et tout malgré sur son visage, qu'elle constate, alors que le pauvre semble être proche de l'évanouissement...

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    — Eheh, ça va, toi?! Qu'il se force à faire avec entrain, souriant encore, — j'ai eu, comment dire, quelque soucis, et... je me demandais si...

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    — Entre vite, crétin!! le coupe sans attendre Eva en l'attrapant vivement pour le tirer à l'intérieur Et ensuite vers le canapé de la pièce principale, où elle va le forcer à s'allonger, sans rien lui demander de plus, le fusillant simplement du regard ; « qu'avait-il encore fait, ce grand dadais complètement stupide et inconscient? »

    — Je vais appeler les urgences, bouge pas, qu'elle lui annonce dans un grognement agacé, alors que lui est déjà vautré sur son sofa,

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    — Nonnnnn ! Lui interdit aussitôt Jeffrey, presque dans la seconde, — surtout pas! Tu ne bouges pas!

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    — Tu te moques de moi? Tu t'es vu?! Et puis dis-moi ce qui t'est arrivé, putain!

    La sonnerie du téléphone du Beckers masculin forcera brusquement la jeune fille à s'interrompre, tandis que son frère se dépêchera de décrocher son portable pour ronchonner timidement à l'interlocuteur dont il a vu le nom s'afficher,

    — Salut Shawn...

    — Putain Jeff, c'est toi?! Enfin!!! T'es où??

    — Euh, je.. Là, je suis chez ma soeur, tranquille, esquive habilement Jeffrey, pas encore au courant que ses comparses Shining aient été mis au parfum au sujet de son enlèvement ; en effet, lorsque ses ravisseurs ont contacté ses amis pour leur ordonner de dissoudre son gang, lui avait déjà perdu connaissance depuis un bon moment.

    — Hein ? Chez ta soeur? Tu as donc réussi à t'en sortir ?! Tu es sain et sauf , alors ?! Mais comment ??

    — Hein ? Mais.. Mais de quoi parles-tu ? Persiste Jeffrey, intrigué, — T'es au courant de quoi exactement ?

    — Tu me fais chier à faire le niais ignorant, Jeffrey, mais je suis rassuré que tu ailles bien, tu nous raconteras comment tu t'en es sorti. Tu es donc en sécurité là, si je comprends bien ? Vraiment ?!!

    — Mais oui ! Mais dis-moi pourq...

    — Je devais te dire aussi que son fils est avec nous, y a un type qui nous l'a ramené. Donc voilà, ne t'inquiète pas à son sujet. Là, il est en train de chier dans les mains de Nolan !

    — Je, je.. N'en reviens pas Jeffrey, un peu perdu, mais comprenant lentement la situation, balbutiant ensuite un timide et bref, - ok, merci, et...

    — Tu es sûr que ça va ? Tu respires normalement ? Tu vas rentrer chez toi quand ? Tu veux que je te fasse venir Stein pour qu'il t'escorte ? Car je ne pense pas que tu sois en état de bouger un sourcil, ou même qu'il soit intelligent que tu te rendes chez toi, seul.

    — D'accord, j'attends Stein. Et merci encore, Shawn... se contente de faire Jeffrey d'une petite voix faible, mais cependant émue, avant de raccrocher enfin sa conversation avec son vieux comparse. Il n'a pas encore tout compris à cette conversation qu'il vient d'échanger, mais il se sent étrangement apaisé et soulagé d'un poids. Il n'est plus seul, face à tout cela, qu'il réalise, les yeux humides d'émotion, car cette réalité lui réchauffe le coeur plus que jamais. C'est souriant qu'il lève alors légèrement la tête pour plonger dans le regard de sa soeur, toujours anxieuse, pour lui faire d'une petite voix,

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    — Tu m'aimes et tu ne m’abandonneras jamais, toi, hein?

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    — Humpf, repose-toi, couillon, ou je te frappe, lui grommelle celle-ci en retour pour l'interrompre, avant d'aller le rejoindre sur le canapé pour lui prendre la tête entre les mains et la lui poser sur ses genoux afin de lui caresser doucement les cheveux tout en l'enlaçant chaleureusement.

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    Alors, car désormais apaisé par la présence et la protection des bras de sa soeur, Jeffrey accepte enfin de fermer les yeux, heureux.


  • 387

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    Quelques minutes plus tard Et alors que son frère semble s'être légèrement endormi, Eva se relève doucement du canapé en reposant doucement la tête de son jumeau sur celui-ci. Elle s'éclipse quelques instants dans sa chambre et pendant sa courte absence, ses deux amies, Paula et Silvia, reviennent à leur domicile, l'air joyeux. En effet, les deux jeunes femmes reviennent d'une virée en ville entre filles.

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    — Merde, Jeff ?! S'intrigue Paula la première en apercevant le concerné allongé sur leur canapé. Sans attendre, elle se précipite alors près de lui pour s'accroupir à ses côtés et le regarder ouvrir doucement les yeux dans sa direction avant de la questionner d'un air glacial,

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    — Où est Eva ?!!

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    — Euh, je ne sais pas, pourquoi ? Je viens de rentrer, moi, répond gentiment et avec douceur Paula, caressant ensuite tendrement la joue de son premier amour, l'air inquièt, — mais que t'es t-il arrivé, toi ?! Qu'elle lui demande ensuite avec sympathie.

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    — C'est pas tes oignons, dégage, la repousse brutalement et sans ménagement Jeffrey de sa main gauche, la faisant sur le coup se cogner contre la table derrière elle, puis bafouiller juste après,

    — Je, je... Mais...

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    — Putain, où est ma soeur ?! Reprend Jeffrey, fébrile, sans se soucier du coeur qu'il vient de briser une nouvelle fois, — appelle ma soeur, allez! Qu'il ordonne, exaspéré.

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    — Tu te prends pour qui ? Se décide enfin à intervenir Silvia, à bout, — Paula n'est pas ton chien, alors tu respectes la un peu, pauvre con.

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    — Pardon ? S'offusque fièrement Jeffrey en retour, fusillant du regard cette fille qu'il ne connait que de nom et de loin, — d'où tu m'adresses seulement la parole, toi?!?

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    — Je te dis que t'es un connard qui sert à rien à part à manipuler les gens gentils, si je veux ! Car je vis ici, moi aussi, je te signale! Et si entendre la vérité de ma bouche te défrise un poil de cul, c'est pas mon problème, mon grand.

    — Ferme ta gueule, connasse, ou..

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    — Ça suffit, tous les deux, tempère vivement Paula, l'air triste et honteux. En effet, la jeune femme semble préférer s'écraser devant le Beckers affaibli et cela ne lui ressemble pas. S'abaisser ainsi devant quelqu'un...

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    Mais en face de cet homme, elle perd depuis peu tous ses moyens. Il la déstabilise tellement... Devant lui, elle n'a plus ni fierté ni honneur et s'il lui demandait soudain d'aller se jeter nue par la fenêtre, c'est à se demander si elle ne le ferait pas...

    Et elle n'en est pas fière, de cela.

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    — Tu ne mérites pas une fille aussi géniale qu'elle, tocard, recommence à agresser Silvia, annonçant dans cette phrase qu'elle est au courant, elle, de la relation secrète que ses deux interlocuteurs entretiennent.

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    — Ah vous êtes rentrées! Revient enfin Eva dans la pièce, sauvant ainsi son amie Silvia des nouvelles insultes que son frère jumeau s'apprêtait à lui envoyer en pleine figure.

    — Dis-leur de dégager, se contente en conséquence de grogner Jeffrey en croisant les bras, boudeur.

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    La jeune Beckers, haussant les épaules, se rassoit alors sur le canapé de la pièce, laissant son frère s'adosser très vite contre elle, l'air grognon. La jeune fille, suspicieuse, demande alors à l'assemblée qui l'entoure,

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    — Gné ?

    Il y aurait-il quelque chose qui se serait passé ici et qu'elle serait la seule à ignorer ?

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    — Pauvre abruti, revient Silvia avec dédain, en direction de Jeffrey, — minable... qu'elle ajoute.

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    — Vous pouvez nous laisser seuls quelques instants ?! se décide à demander Eva à ses amies en soupirant, — s'il vous plaît. Merci. Qu'elle poursuit, d'une traite, sans même attendre de réponses à sa demande ; elle n'en a pas besoin. Ses amies vont s'en aller, un point c'est tout.

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    — Non, mais je rêve ?! S'agace aussitôt Silvia en réalisant que son amie et colocataire vient de prendre la défense de son désormais ennemi, sans même réfléchir une demie-seconde à l'éventuelle possibilité que celui-ci soit un crétin fini.

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    — On bouge, lui marmonne Paula en lui attrapant vivement le bras pour la trainer avec elle vers la sortie de l'appartement. La jeune femme n'a pas envie de se mettre à protester, pour sans aucun doute déclencher une dispute qui sera forcément lourde et longue. À cet instant, la jeune femme n'en a plus la force. Elle préfère encore abdiquer et disparaître provisoirement avec son amie Silvia, plutôt que d'entrer en guerre contre l'armée Beckers, armée qui de toute manière est et sera toujours plus unie et bornée que jamais...

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    — Tu sais qu'elle est au bord des larmes Paula, là ? Soupire Eva une fois seule avec son frangin, — et tu vas peut-être me raconter ce qu'il t'est arrivé pour que tu sois dans cet état, et ce que tu peux bien avoir contre Silvia...?

    — Rien de bien grave, j'avais juste envie de rester seul avec toi, c'est tout. Putain, elles ont qu'à aller faire les boutiques, ça les occupera! Elles sont bonnes qu'à ça de toutes.

    — Tu es méchant et stupide, là, Jeff.

     

     

    *

     

     

    Quelques mètres plus loin et alors que Silvia et Paula allaient enfin prendre l'ascenseur pour détaler au rez-de-chaussée de l'immeuble afin de s'en aller prendre l'air, Gustav apparaît soudain derrière les portes mécaniques de la machine.

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    Le jeune homme venait voir sa petite amie et c'est l'air dubitatif qu'il la salue en la croisant,

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    — Bah alors, tu vas où ?!

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    — Coucou Gus', eh oui on sort un peu avec Paula. Y a ton abruti de couz' à la maison, là, et franchement, il vaut mieux qu'on s'éloigne un peu avant que j'en fasse de la charpie.

    — Jeffrey ? S'enquit Gustav, surpris.

    — Ouais, le connard de base.

    — Uh.. ?!

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    — Tu viens avec nous ?

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    — Euh, bah si Jeffrey est là, j'aurais aimé le voir un peu, ça fait longtemps que..

    — Ok, salut, balance sèchement Silvia en se précipitant vers l'ascenseur pour lui ordonner avec nervosité d'ouvrir ses portes mécaniques, — viens, Paula! Qu'elle appelle, incite son amie à la suivre.

    — Le prends pas comme ça... tente Gustav dans un soupir, tandis que sa petite amie disparaît déjà de son champ de vision, emportée par l'ascenseur qu'elle vient d'emprunter. Le jeune homme hausse alors les épaules. « Elle finira bien par se calmer.. » Après tout, il n'a rien fait de mal : ce n'est tout de même pas un crime qu'il préfère s'en aller discuter avec son cousin qu'il n'a plus vu depuis des lustres, plutôt que d'aller en ville avec deux filles.

    C'est ce qu'il se dit en pénétrant, serein, dans l'appartement où sont encore les jumeaux Beckers. La porte n'était pas fermée à clefs.

    — Coucou ! Qu'il salut très vite, remarquant en moins de deux ses deux cousins sur le canapé de la pièce : Jeffrey allongé sur toute la longueur du sofa, la tête reposant sur les genoux de sa soeur. Il semble somnoler...

    — Hey, Gustav ! Se dépêche de faire Jeffrey, souriant, en rouvrant les yeux, — ça gaze ?!

    — Salut Gustav, enchaine ajoute après Eva, - tu viens de louper Silvia, désolée.

    — Non c'est bon, je l'ai croisée en venant !

    — Comment tu fais pour sortir avec cette hystérique ? Se moque ouvertement et sans attendre Jeffrey, sans prendre le moindre gant, — c'est une pimbêche, cette meuf. Désolée de te le dire, mais..

    — Tu ne la connais pas, Jeff, alors je ne la juge pas, défend Gustav, soupirant ensuite, — mais tu me confirmes désormais ce que je pensais il y a deux minutes : vous êtes en froid ? Qu'est-ce qu'il s'est passé entre vous ? Que lui reproches-tu ?

    — Définition du Jeffrey, caractère de merde.. Soupire Eva, - pourquoi tu cherches encore à comprendre, Gus ?

    — Elle se mêle de ce qui ne la regarde pas, c'est tout. Je ne supporte pas les gens comme ça ! Grogne Jeffrey, toujours boudeur, — elle se prend pour une petite princesse qui a tous les droits, je ne supporte vraiment pas ça !

    — Parce qu'il y a des choses que tu supportes, toi ? Lui fait en riant Eva en lui tirant les joues affectueusement.

    — Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? Si ce n'est pas trop indiscrèt, ose Gustav, hésitant, intrigué par l'état de son cousin ; en effet, celui-ci semble vraiment mal en point et grimace tout de même de douleur très souvent, derrière ses sourires forcés...

    — En effet, c'est très indiscret, confirme Jeffrey en se braquant légèrement, — et sinon, tu l'as rencontrée où l'autre pimbêche ?

    — Je vais te demander de la respecter, Jeff, marmonne Gustav en fronçant les sourcils.

    — Tu sais qu'elle est plus âgée que toi, quand même? Allez, sérieusement, où est-ce que tu as pu la rencontrer ?! Ça m'intrigue...

    — Ça.. C’est mon jardin secret.. Et c'est très indiscrèt de tenter d'y pénétrer, sourit Gustav en réponse à son cousin avec un clin d'oeil taquin. Oeil pour oeil, dent pour dent. Si son interlocuteur ne souhaite rien lui confier, très bien, le jeune Foster lui rendra alors la pareille !





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