• 038

     

    *

     

     

    Au même moment, Eva pénètre dans le local/appartement de ses amis musiciens juste après avoir toqué poliment à la porte : une voix masculine lui ayant aussitôt autorisé l'entrée.

    Quelle veine, songe aussirtôt avec ironie et agacement la jeune fille, lorsqu'elle réalise que cette voix n'appartenait en fait qu'à Raphaël. Deux jours avant, elle aurait hurlé de joie d'avoir la chance de se retrouver seule entre quatre murs avec lui, mais aujourd'hui et après la soirée de la veille et l'arrivée de Terry dans sa vie sentimentale, la brunette est franchement lassée de cette petite pique du destin.

    - Salut. Euh... Les autres ne sont pas là? Fais nerveusement Eva en tentant de rester courtoise avec ce crétin immature qui n'assume rien. Même pas des baisers qu'il a pourtant pris plaisir à échanger... La jeune Beckers a en effet la rancune tenace, dans le registre de l'amour.

    - Ils ne vont plus tarder, répond Raphaël sans attendre avec un drôle de petit sourire en coin, avant de lui lancer avec taquinerie à son interlocutrice, - alors comme ça, il paraît que je suis un menteur, un lâche, mais aussi un sexe à piles et une bombe orgasmique?

    - Hein..? se fige Eva sitôt la phrase de son interlocuteur terminée.

    - Qu'est-ce qu'il y'a? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas? Fait mine de s'étonner Raphaël devant le visage désormais cramoisi de son interlocutrice -qui est en train de se demander, tremblante, si dans ce local, il n'y aurait pas ; par hasard ; un minuscule trou de souris dans lequel elle pourrait aller se faufiler !-.

    - C'est, c'est, c'est... une blague! Ah ah ah! Se force-t-elle tout de même à balbutier, de honte, tout en tenant difficilement sur ses deux jambes devenues flageolantes.

    - Mais dis-moi, Eva, reprend calmement Raphaël avec fierté, - dans le jargon féminin, le mot « bombe orgasmique », qu'est-ce que ça veut dire, en fait? Que je déclenche des orgasmes a toutes les filles que je croi...

    - Ça suffit! Arrête! l'interrompt brusquement son interlocutrice avec colère, - c'est tellement pathétique de fouiller dans les affaires des gens pour en retirer un moyen de se foutre de leur gueule, tu devrais avoir honte, pauvre tocard de mes deux!

    - Je ne savais pas que c'était ton sac, ment Raphaël pour justification et en haussant les épaules d'un air las.

    -Je m'en contrefous, tu l'as fais, c'est tout, pauvre minable! Continue de s'énerver Eva, plus humiliée et furieuse que jamais, - Et puis tout ce que tu as lu sur ce bout de papier est vrai! Et je peux te le redire! Comme si tu l'ignorais, de toute manière?! Que tu es beau! Ah ah ah! Tu es cassé, là, n'est-ce pas? Tu pensais sans doute que j'allais rougir bêtement et te bégayer des conneries? Et bien non! Tu vois! Je m'assume très bien, Raphaël! Et je te le dis haut et fort! Oui, tu es beau et canon! Mais ça n'empêche pas que t'es qu'un merdeux!

    - Pas la peine de te mettre dans des états pareils non plus.

    - Si! C'est la peine! Pour te faire fermer ton petit clapet de péteux à deux balles! Avec ta chemise ouverte, là! Non mais, tu pensais qu'en t'habillant aussi sexy tu me ferais mouiller en arrivant au local, c'est ça?! Tu jubilais tellement d'avoir lu ce que j'ai gribouillé en cours que tu as oublié de récupérer ton cerveau du porte-manteau sur lequel tu l'as laissé?!

    - Tais toi, commence à s'agacer le jeune homme en posant sa guitare sur le sol ; avant de se rapprocher de son interlocutrice d'un pas rapide.

    - Tu n'es qu'un lâche! Doublé d'un faux-cul! Et puis, ne t'approche pas! Non! Ne t'approche pas! Hop hop! Demi-tour! Retourne là-bas, pour continuer de faire mumuse avec ta gratte!

    - Tu me plaîs, Eva. Et puisque moi aussi, j'ai l'air de te plaire... Il va falloir que tu quittes Terry!

    - Que.. Que..? en déglutit d'étonnement la jeune fille, tout en faisant un pas en arrière lorsque on interlocuteur tente de l'enlacer sans pudeur,

    - Vas-y tu te crois où ? Tu m'as pris pour ta poupée gonflable ou quoi ? Bas les pattes, tu m'intéresse plus !

    - Hmmpfft!! Jolie vengeance.


  • 039

    - Ce n'est pas une vengeance! J'ai plus envie de sortir avec toi, c'est tout. Je déteste les lâches!

    - Mais arrête! Je ne suis pas lâche ! C'est juste que, euh.. Que je n'avais pas encore réalisé que tu me plaisais. C'est tout! Et je ne voulais pas te blesser.

    - De mieux en mieux! Au lycée, je ne te plais pas, mais dès que je me mets à sortir avec Terry, alors là, illico, je te plais! Ah ah ah! Le complexe masculin du beau gosse en Ruth, c'est pathétique!

    - Ouais, bah ça te va bien de parler de pathétique, miss « je saute sur tout ce qui bouge dès que je suis beurrée! »

    - C'est bas!! Je ne saute pas sur tout ce qui bouge!! Terry me plaît!!

    - Ouais, ouais, si tu le dis, arrive à conclure juste à temps, Raphaël, avant que la porte de la pièce ne s'ouvre en grand, poussée justement par le blondinet de la bande, et Wilfrid.

    - Heeey, toi, fait très vite et avec sensualité Terry, le sourire aux lèvres et en direction de sa petite amie, tout en la prenant délicatement dans ses bras.

    - Hey, salut... Lui susurre aussitôt celle-ci avec sensualité ; comportement qui a  pour but de faire comprendre à un tout autre jeune homme qu'elle n'en a désormais plus rien à faire de son joli minois.

     

     

    *

     

     

    - Ça va, toi? Se renseigne amicalement Jeffrey en arrivant vers son amie Paula qui s'empresse de lui répondre avec jalousie,

    - Oui, oui, ça va. Désolée de t'avoir dérangé, je ne savais pas que tu étais si bien occupé!

    - Tu ne m'as pas dérangé, puisque j'allais justement rentrer chez moi.

    - Ah.. Cool, alors! ..Moui... Hmm.. Bon, c'est pas tout ça, mais je vais y aller, moi, je crois.

    - Tu ne me demandes pas ma réponse à la fameuse question? 

    - Hmm.. Je pense la connaître Jeff. Et je n'avais pas envie de revenir sur le su...

    - Je dois te laisser, on se voit demain au lycée, l'interrompt Jeffrey en commençant à s'éloigner d'un pas rapide vers la rue.

    Une direction que Paula suit aussitôt du regard, pour constater que la mère et le beau-père de son ami sont en train de s'avancer vers lui.

    - Hey mais vous êtes déjà de retour, vous! s'exclame joyeusement l'adolescent en se faisant enlacer chaleureusement par sa mère, Vanessa Beckers, - vous n'étiez pas censés rentrer ce soir?! qu'il poursuit, heureux de retrouver les siens. Il n'aime pas l'avouer, mais ils lui ont manqué.

    - Notre vol a été avancé, l'informe sans attendre son beau-père, Erwan Muller, - mais dis-moi, que faisais-tu avec la petite Paula, toi? C'est plus Angelika ta petite chérie?!

    - Tu sors, Erwan! réagit Jeffrey à cette blague des plus douteuses, tout en essayant de survivre a la dizaine de papouilles affectueuses que sa mère lui assène.

    - Mon chéri! Mon chéri! Mon chériii! ah la la, ce que tu m'as manquéé!

    - Tu n'es pas avec Eva? s'intrigue cette fois Erwan en scrutant les jardins de la résidence, dans l'espoir d'y voir apparaître la tête de la concernée.

    - Elle est avec des amis, répond alors Jeffrey pour rassurer ses parents, - mais elle ne devrait plus tarder, maintenant.

    - Des amis? Souligne sans attendre Vanessa, plutôt sceptique, - mais depuis quand est-ce que ta soeur traînes avec des amis loin de toi?

    - On est plus dans la même classe, cette année, maman. Alors ça nous oblige un peu à avoir des fréquentations différentes.

    - Moui, ne semble pas convaincu, Erwan, - mais tu les connais un peu au moins, toi, ses « amis »? Parce qu'Eva reste tout de même une fille, hein. Ne la laisses pas fréquenter n'importe quoi! Tu es l'homme de la maison lorsque vous n'êtes que tout les deux.

    - Allez, on rentre, les garçons, fait à nouveau Vanessa, en prenant la main de son fils pour l'inciter à avancer a ses côtés, - on a beaucoup de choses à se raconter, tous les trois! Et j'espère, « quatre », dans pas longtemps!

    - Je vais lui dire que vous êtes de retour, reprend Jeffrey en composant le numéro de sa soeur jumelle sur son téléphone portable, - Et vous verrez qu'elle arrivera en courant!


  • 040

     

    *

     

    - Ouiiii, chouprifune de ma vie?

    - Maman et Erwan sont rentrés, gros cull, ramène toi. informe Jeffrey .

    - Sérieux?! Déjà?!

    - Ouip.

    - J'arrive tout de suite!

    - Qui c'était ? Se renseigne affectueusement Terry, tout en cajolant son interlocutrice qui vient de raccrocher son téléphone portable.

    - Mon frère! Il paraît que nos parents sont rentrés de tournée! Lui répond aussitôt la jeune fille avec hâte, avant de se scotcher à ses lèvres, pour un tendre baiser d'au revoir,

    - Allez, je dois filer! Alors je vous dis a demain, les garçons!

    - Ta mère? Rentrée de tournée? Ne comprend pas vraiment, sur le coup, Terry.

    - Ma mère est la chanteuse d'un groupe, les "Memories", je ne sais pas si tu connais! Mais chut! Ca reste entre nous! s'amuse en réponse la jeune fille avant de filer.

    - Ah ouais, pas mal, les Memories quand même! est aussitôt impressionné, Wilfrid.

    - On en apprend tout les jours, s'étire de fatigue, Tobias, en bâillant comme un perdu.

    - Woé, putain, c'est la classe! Se remplit de fierté Terry, à son tour, -c'est la fille de la bombe des Memories! L'un des plus grands groupes du pays! Pfiouh!

    - Euh, je ne suis pas fan des Mémories, moi, perso, reprend Wilfrid, - je trouve qu'ils étaient meilleurs avec Gutter au micro. Je sais pas si tu as écouté les titres de leur époque Apologize, mais ils sont mille fois supèrieurs à ceux qu'ils ont fait avec sa femme.

    - Ouais, viens rapidement lui confirmer, Raphaël, - les Memories, sans Gutter, c'est de la pure merde. Il manque un truc. 

    - Non, tu dis n'imp, là. Ils ont sorti des tubes très bien, quand même! Défend sévèrement Tobias, - regarde Angels! Stand my ground! Ice Queen! Tu peux pas dire que c'est de la merde!

    - Mouais... Non, je suis désolé, ça ne vaudra jamais Open your eyes, Tell me, So Far Away, surtout et  l'excellentissime Animal I have Become, de l'époque « Apologize » !

    - Ils ont changé de registre entre les deux époques aussi, rappelle Terry à ses amis, - alors on peut pas trop s'amuser à comparer, vu que musicalement parlant, ils ont beaucoup évolué entre les deux époques.

    - Ou regressé, n'attend pas pour rabaisser avec ironie, Raphaël.





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