~ Ambiance ~

 

 

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Ce soir, une petite soirée entre amis est organisée chez Paula Lehnard. Une petite soirée entre jeunes adultes aimant profiter de la vie et de ses plaisirs, entre bouteilles d'alcool et diverses drogues.

Eva est invitée, bien entendu. Les hommes des deux jeunes femmes? Ils ne sont pas présents.. Et pour cause : les Troublemaker sont en tournée musicale depuis déjà trois jours. Leur toute première tournée! Il va sans dire que ces jeunes hommes étaient fous de joie de partir sillonner ainsi les planches de cinq villes différentes! Cet évènement marque un grand pas dans leur carrière!

Alors pendant leurs absences, leurs petites amies comblent leur manque comme elles le peuvent. Elles sortent souvent entre filles, elles doivent bien l'avouer... mais de façon très correcte, attention ! Elles ne sortent que pour s'amuser, et absolument pas pour séduire ou courtiser d'autres hommes, m'enfin.

Quoique.. Quoique.. Ce soir.. Lorsque l'on voit Paula se trémousser ainsi, chez elle, durant cette petite soirée dans son salon, donc, l'on pourrait évidemment se poser quelques questions...

Elle est saoule, bien entendu. Et ce manque de sobriété l'empêche de réfléchir à ses actes et à ses éventuelles conséquences.

Son petit ami? Elle n'y pense déjà plus, en ce moment. Ce type qui lui caresse les seins? Elle ne le calcule pas vraiment, profitant simplement de la douceur de ses doigts sur ses mamelons, de la suavité de ses baisers dans son cou...

Dans quelques minutes, si personne n'intervient, ils feront sans aucun doute l'amour, c'est certain.

Ils se dirigeront surement tous les deux vers la chambre de la demoiselle pour s'éclipser loin des autres fêtards, afin de s'adonner aux joies des plaisirs charnels.

N'en doutez pas. Ils le feront. Vu l'avancée de leurs préliminaires communs...

...Vu l'intensité et l'exubérance de leurs baisers et caresses...

...Vu la façon dont la jeune fille pourtant maquée se délecte de ces coups de bassins pour l'instant chastes contre son bas-ventre... ; lorsque son séducteur de cette nuit la coince ainsi contre cette porte, presque de façon bestiale, avec une passion dévorante dans les yeux, des doigts qui lui titillent son intimité avec habileté, jusqu'à la faire s'humidifier en en redemandant toujours plus, et des lèvres qui se dirigent doucement vers sa poitrine pour la lécher délicatement... 

Que quelqu'un intervienne? Il le faudrait, en effet. Pour sauver un couple pourtant si beau et amoureux que celui que forment Paula, et Wilfrid.

Oui. Il le faudrait. Que quelqu'un intervienne, et vite!

Parce que la jeune Lehnard ne sait pas ce qu'elle fait. Parce que sous les effets de l'alcool et de quelques drogues, elle trouve son partenaire de folies bien à son goût, ce soir, et est bien prête à tenter l'impardonnable avec lui dans quelques instants. Il est si séduisant et est si habile de ses doigts qu'elle s'abandonnerait bien immédiatement dans ses bras, sans réfléchir. Juste pour un court moment de plaisir... 

Eva? Oui, elle, pourrait intervenir, en effet. Mais où est-elle donc, cette petite brune...?

Mais où est-elle donc...? Elle devrait se précipiter pour tenter d'arrêter sa meilleure amie dans ses folies, alors cherchons là...Vite...

...Pour très vite la retrouver sur la piste, en train rire à gorge déployée, soutenue désormais par deux vieux amis du lycée qui l'aident à danser avec eux.

En effet, la jeune fille a fait beaucoup de progrès lors de ses cours de ré-éducation et des béquilles ont depuis peu remplacé sa chaise roulante.

Bref, il faut le préciser, la jeune Beckers est elle aussi, ce soir, complètement saoule. Pour cette raison, elle n'a en ce moment en tête qu'une seule et unique petite chose : s'amuser durant cette fête endiablée !

Alors, Paula se retrouve donc seule face à ses choix, actes, et décisions... Et c'est topless qu'elle se retrouve désormais, dans sa chambre, avec un garçon qu'elle ne connait pas tant que ça et qui lui lèche sensuellement le bout des seins, tandis qu'elle en gémit de plaisir en se tortillant sous lui, tout et en lui caressant les fesses avec avidité...

Et c'est à ce moment-là que sa mère, téléphone portable en main, pousse délicatement la porte de sa chambre pour l'ouvrir tout doucement... Discrètement, elle a traversé tout le salon et la foule des amis éméchés de sa fille, pour venir prendre, à pas de loup, quelques photos des plus compromettantes de sa progéniture. 

Oh bien sûr, sa fifille adorée lui faisait confiance et lui avait demandé de lui laisser le rez-de-chaussée pour qu'elle puisse y donner sa fête, bien sur que c'est fourbe d'agir ainsi. De faire cela à son propre enfant. Mais son acte est pour la bonne cause... : elle connaissait sa môme.

Sa fille fiancée bien trop tôt ! Son enfant qui doute tous les jours que Dieu fait de son avenir amoureux.

Alors, toute cette mascarade avec son musicien doit cesser. Parce qu'elle n'est pas prête à s'engager! Et l'humilier lui donnerait une bonne leçon.

Elle était encore bien trop jeune pour décider si tôt d'avec qui elle vivrait jusqu'à la fin de ses jours. Elle avait encore tellement besoin de vivre et grandir! Seule! Avant de se passer, enfin, les menottes de l'amour qui ne la lieraient qu'à un seul homme.

Et ce soir la mère de famille avait une occasion en or. Sa fille complètement saoule et droguée ne remarquait même pas sa présence à quelques mètres. Juste devant le lit où elle se faisait « sauter ». Elle était bien trop occupée à gémir, et parfois même crier, de plaisir. Oui, elle était bien trop occupée à se tortiller ainsi, suer comme un boeuf, se cambrer telle une prostituée. Bien trop occupée à se comporter ainsi et aussi mal, comme une moins que rien!

C'est donc le coeur gros -oui parce que cette femme d'âge mûr n'est pas un monstre, au fond-, qu'elle envoyait ses quelques photos par messages instantanés, au jeune guitariste actuellement en tournée.

Une pluie d'images-chocs où il verrait sa petite amie complètement nue, en train de se faire prendre sauvagement par un autre.

Une pluie de photos qui lui briserait sans aucun doute le coeur, alors qu'il était en pause pendant un concert, justement, pour l'empêcher de jouer ensuite correctement jusqu'à la fin de sa représentation.

Une pluie de photos bien immonde, la mère de famille doit bien l'avouer.. Mais une pluie de photos nécessaire!

Pour le bien de sa fille... qui n'a pas encore la maturité de choisir l'homme qu'elle épousera.

Et pour faire réaliser le pire à un pauvre musicien qui s'attendait à tout, ce soir, sauf à tomber nez à nez sur des photos de sa Paula le trompant ouvertement, et en y prenant goût, en plus! Au vu de sa face crispée de plaisir, comme si elle était en plein orgasme.. Ne manque pas de se souvenir Wilfrid avec douleur et dégoût.

Son coeur est évidemment en lambeaux et c'est en moins de deux qu'il a raccroché son téléphone portable, tout à l'heure, avant de le remettre dans son sac de rechange afin de retourner sur la scène avec ses amis. Il n'a pas vraiment eu de réactions face à sa douloureuse découverte, non. Peut-être se disait-il que tout cela ne s'agissait que d'un affreux cauchemar.. d'un rêve affreux qui prendrait fin dans quelques heures à peine.

Seulement, et c'est très ennuyeux, le voilà désormais bel et bien sur scène, entouré de ses comparses musiciens, mais avec toujours cette furieuse envie de hurler. De pleurer. De partir en courant pour cogner dans quelque chose. Ou quelqu'un, au choix. Ses mains en tremblent même. Ses doigts aussi, bien entendus. Et de tels mouvements hasardeux, crispés et nerveux, ne sont pas bons à avoir pour un guitariste en plein concert...

Les fausses notes s'enchainent alors. Faisant même parfois se retourner Raphaël vers lui, l'air inquiet. En effet, le chanteur n'a pas pour habitude de réaliser que derrière lui, ses acolytes ne le suivent pas à la perfection. Le jeune Bauer lui en touchera deux mots à la fin de la représentation...

Tout comme ses comparses Dreher, Agermannn, et Ambipur...

 

 

 

*

 

 

Au même moment, Shawn revient chez lui, épuisé après une dure journée à arpenter la capitale parisienne pour diverses raisons, obligations, le tout dans le but de remonter le gang de son défunt chef de gang.

L'homme brun n'a en ce moment plus qu'une envie : se plonger dans un bon bain chaud et se glisser avec hâte dans son moelleux grand lit. Tous ses membres le font souffrir, en plus. Il couve une sale grippe.. « Fichu retour de l'hiver! » Qu'il grogne en éternuant une nouvelle fois, tremblotant de fièvre. « Un suppo, et au dodo, vite! » qu'il se conseille ensuite, s'appuyant contre un mur en titubant à moitié.

Et alors qu'il s'apprête à rechercher dans l'un des tiroirs de la commode de sa chambre une boite miraculeuse appelée très souvent « Aspégic », une ombre se dessine lentement derrière lui...

— No..Nolan?! Qu'il sursaute très vite en se retournant d'un bond par réflexe pour reconnaître en moins de deux celui qui se tient debout derrière lui en pointant de façon très calme une arme à feu dans sa direction.

Évidemment, en cette seconde l'impétueux Shawn est complètement perdu : mais que fait donc son invité-surprise dans son appartement, un pistolet en main?! Il en déglutit d'incompréhension en dévisageant d'un air sceptique son interlocuteur qui ne lui affiche qu'un regard froid et impassible.

Oh, bien sur, Shawn n'est pas surpris du manque d'expression du visage du jeune adolescent, puisque le petit Nolan est bien connu pour ça après tout : le môme sans sentiments. Le môme mort de l'intérieur. Le môme pas vraiment humain. Le môme sans coeur ni âme...qui ne connait pas encore Nolan, après tout.

Le petit psychopathe préféré des Shinings. Le petit psychopathe préféré... Car allié, surtout. En effet, jamais aucun Shining n'aurait pu penser un jour pouvoir être menacé par leur jeune comparse. Jamais aucun...

— Adieu...

C'est dans un souffle à peine audible et glacé que le gamin brun prononce cela. Plonge dans un semi-délire, se préparant à appuyer sur la gâchette. Il vise la tête de sa cible. Il ne veut pas la louper. C'est en plein front, qu'il veut faire mouche. Il ne veut pas que sa victime souffre pendant de longues minutes. Il respecte cet homme, tout de même.. Il ne veut que se venger, lui faire payer, à lui aussi, mais tout en lui offrant une mort rapide. 

— Arrêteeeeee ça ! Intervient brusquement un homme en arrivant précipitamment sur l'adolescent pour se jeter sur lui de tout son poids, le plaquant violemment au sol et le faisant ainsi lâcher son arme sous le coup ; objet meurtrier très vite rattrapé par Shawn qui se précipite dessus dès qu'il a dégringolé au sol avec fracas.

— À quoi tu as tenté de jouer, p 'tit con ? Marmonne après son attaque et froidement le « sauveur » et troisième protagoniste de la scène : jeune Shining rouquin portant le doux prénom de Stein.

— Merci Stein, réagit à son tour Shawn d'un air paisible à destination de son nouvel interlocuteur en allant ensuite poser tranquillement l'arme qui a failli l'abattre sur le bar séparant son salon de sa cuisine.

Il revient juste après dévisager celui qui vient de tenter de le tuer ; jeune adolescent qui se relève à son tour du sol pour s'épousseter les fesses avec une désinvolture et une indifférence bien agaçantes.

— Connard! le frappe violemment d'un coup de poing Stein pour l'envoyer valser à quelques mètres, avant de se ruer sur lui pour l'attraper par le col et lui asséner un nouveau coup, dans l'abdomen, cette fois,

— Qu'as-tu tenté de faire, là ?! Petit connard, va !! qu'il lui hurle avec fureur et haine.

— Putain, Stein arrête !!! grogne aussitôt Shawn en attrapant brusquement son ami par les épaules afin de le séparer de force de sa jeune victime,

— ça suffit, fous lui la paix ! Qu'il continue vivement en s'interposant avec colère.

— Putain Nolan, Shawn n'est pas responsable de la mort de Darius! Personne ne l'est ! Continue le Shining roux avec colère en direction de l'adolescent impassible, — et tu le sais ! Mais tu oses pourtant l'attaquer, lui ?! Lui, Shawn ?! Lui, le seul qui t'as toujours protégé et été un second père pour toi ?! Sale connard de môme ingrat ! Darius doit être furieux de là-haut!

— Je t'emmerde... se contente de marmonner Nolan, le regard baissé et avec un sourire en coin, tandis que son agresseur se fait repousser loin de lui par celui qu'il voulait justement assassiner ce soir. Douce ironie, n'est-ce pas...

— Il a tous les droits d'être en colère.. Reconnais Shawn en haussant les épaules, un air dépité affiché sur le visage, — mais on est heureux de te revoir, Nolan. On s'inquiétait... Où étais-tu depuis tout ce temps?

— Cela ne te regarde pas.

— Dégage de cet appartement, Nolan, reprend Stein, toujours hagard Et prêt à frapper, — tu n'es plus le bienvenue parmi nous. Non seulement parce que tu n'es qu'un traitre idiot et aveuglé par la colère, mais en plus parce que c'est sur notre nouveau chef que tu as osé lever la main...

— Non, il reste avec nous, contredit le chef de gang dans la seconde.

— Quoi?!? s'interloque aussitôt Stein, complètement désemparé, — mais tu es complètement malade Shawn ?! Non, mais dis moi sur quelles bases veux-tu que notre nouveau gang repose ?! Celles de la traitrise ? De la lâcheté ? Du mensonge, et de la manipulation ?!

— Parce que dans ce cas là, alors oui, Nolan a encore sa place parmi nous!

— Il est le fils de Darius... marmonne Shawn l'air ailleurs, — alors, il sera toujours Shining...

— Darius est mort, putain! Rappelle Stein avec lassitude, harassé par cette lutte qu'il mène seul, face à un ami qui de toute manière n'ira jamais dans son sens, bien trop honnête et borné pour accepter d'abandonner à son triste sort un môme qui ne mérite pourtant que ça, — tu as de la chance qu'il soit si loyal, toi ! Qu'il reprend ensuite avec dépit en direction du jeune Nolan, tout en le fusillant du regard, — mais je te préviens que je t'ai à l'oeil, moi ! Et puis d'ailleurs, Shawn, où est-ce que tu vas le faire crécher ?

— Eh bah... commence à hésiter quelques secondes Shawn, avant de simplement hausser les épaules en soupirant avec indifférence, — bah ici, avec moi.

— Ok, j'emménage aussi, annonce d'une traite Stein, le regard toujours rivé vers l'adolescent désormais muet au regard glacial et vide, — il serait capable de nous faire une nouvelle crise de folie !

— Arrête Stein,ça suffit, soupire Shawn pour calmer et tempérer l'ambiance, — tout le monde a le droit de péter un câble et Nolan avait toutes les raisons de le faire. Mettons-nous à sa place deux minutes...

 

 

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Dear agony - Breaking benjamin ♪

 

Jouer dans de bonnes conditions, poursuivre ce concert avec calme et naturel, Wilfrid n'en pas décidément pas la force. Plus... la force.

Il n'y arrive pas. Il n'y arrive plus... Il ne peut plus enchainer les notes correctement, gratter les cordes de sa guitare avec habileté et talent comme il le fait d'habitude. Et ce même si le titre que son ami est en train d'interprêter en ce moment n'est que le sien, qu'il a lui même écrit et composé.

Il ne peut plus, ni jouer, ni se concentrer. Et pour cause, toutes ses pensées ne sont dirigées que vers une seule et unique personne, ou plutôt, une seule et unique trainée...

Ces photos ignobles, il les revoit encore et encore. Elles le hantent. Le traumatisent, et le harcèlent.

Alors, et d'un seul coup, sans prévenir, dans un seul mouvement vif et nerveux, il pose soudain sa guitare au sol et s'échappe brusquement de la scène pour s'enfuir en coulisse, sous les regards ébahis de ses compagnons et de la foule qui ne comprend évidemment pas que l'un des musiciens de ce jeune groupe disparaisse ainsi en pleine représentation.

Raphaël, plus que surpris par la fuite soudaine de son ami s'en arrête de chanter et se dépêche de s'adresser à la foule désormais sceptique,

— Excusez-nous, mesdames et messieurs, mais nous allons faire une petite pause de quelques minutes! Nous revenons très vite. Excusez-nous encore! Qu'il annonce avec calme et sérénité pour « gagner du temps » auprès de ces gens venus gentiment les découvrir sur scène, eux, les petits « TroubleMaker »...

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Dans les coulisses, Wilfrid se laisse tomber sur le premier canapé qu'il trouve : il n'y en a que deux, l'un couleur orange et accompagné d'oreillers beige, et l'autre rougeâtre délavé et rafistolé par-ci, par-là. Sans doute un très vieux sofa qui a dû en voir passer des fesses..!

Le jeune homme désespéré explose soudain en larmes. Il craque enfin. Depuis tout à l'heure, il fait bonne figure pour ne pas offrir le spectacle de son être devenu pathétique à ses amis, mais désormais, plus rien ne peut l'arrêter, ni orgueil, ni honneur, parce qu'il n'est, n'a, plus, rien....

— Wilf' ? Arrive d'un pas pressé Raphaël dans les coulisses, suivi de ses comparses Vick, Tobias, et Terry.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Ajoute le batteur à l'interrogation de son meilleur ami, un air sceptique et inquiet affiché sur le visage. En effet, le spectacle de leur collègue Wilfrid dans un tel état de désespoir n'est pas une chose habituelle, oh que non... Puisque qu'il est même plutôt carrément aux antipodes de la personnalité du jeune guitariste.

— Elle.. elle me trompe... laisse tomber Wilfrid en ravalant un sanglot et en s'adossant avec nonchalance contre le dossier du canapé, le regard rivé sur le plafond et les yeux inondés de grosses larmes,

— elle, elle, elle... Oui, les mecs... Paula... On est fiancés.. Mais Paula.... me trompe!

— C'est une blague ?!! D'où tu sors ça, toi, d'abord?! N'en reviens pas Tobias en se rapprochant à grandes enjambées de son ami pour s'asseoir à ses côtés, sur sa droite ; Terry le suit, pour se poster debout, sur la gauche de son ami désespéré.

Ainsi, lui et le batteur entourent leur comparse de leur présence....

Raphaël et Vick, eux, préfèrent rester devant le canapé pour faire face à leur compagnon effondré.

— Excusez-moi pour la fuite, les gars... merde, je crains grave.. En plein concert... Mais j'accuse le coup, là... Je, je.. Tout à l'heure, je, j'ai reçu des photos par SMS où elle se fait... enfin, vous voyez, quoi... ! Je vais pas vous faire un dessin, mais... bref, Pao, quoi... Vous voyez ce que... je veux dire! Avec un mec, que je ne connais même pas, apprend Wilfrid d'une voix tremblotante à ses amis ; il a tant besoin de parler, chercher des conseils... - et ce ne sont pas des fakes.. les mecs, j'aurais bien aimé que ce soit le cas, mais non... C'est certain que ce sont des vraies photos... 

— Faut vérifier si ce ne sont pas des fakes! Je peux voir ? Ose timidement Vick en faisant d'enfantines grimaces de bouche.

— Vick ! Le gronde aussitôt Tobias, outré par son ami, et très vite repris par Wilfrid qui se contente de refuser poliment à son comparse pianiste, dans un soupir blasé,

— Va chier, même pas en rêve que tu vas te rincer l'oeil là-dessus!

— Mais quel est le contexte de ces photos? Cherche à se renseigner Raphaël, perplexe, — et de quand sont-elles? Je sais que les filles donnaient une soirée chez Pao ce soir, Eva me l'a dit, mais je..

— Ouais, l'interrompt Wilfrid dans un soupir encore et un haussement d'épaules, — sur les photos j'ai reconnu les oreillers du lit du Pao, ce qui veut dire que se passait dans sa chambre, donc surement au cours de cette fameuse soi-rée...

— Ça veut rien dire, ça, en même temps, proteste Tobias, — parce que ça pourrait être de très vieilles photos envoyées juste maintenant dans l'unique but de foutre la merde entre vous ! Des photos de la période où vous étiez séparés par exemple ! Voir carrément pas encore ensemble ! L'expéditeur, c'est qui ? Tu as le numéro de l'expéditeur, non ? Et qui pourrait avoir ton numéro, pour t'envoyer des trucs pareils?!

— L'expéditeur c'est le portable de Paula... informe tristement Wilfrid, tête baissée,

— Je vais appeler Eva, fait Raphaël en attrapant son téléphone, — je vais lui demander où est-ce qu'elle est, ce qu'elle fait, Et avec qui.

— C'est ma copine qui me trompe et c'est la tienne que tu appelles ? Ironise Wilfrid d'un air mauvais, — t'es pas culotté, toi, dis donc !

— Non, juste plus malin que toi, parce que moi je me souviens que les filles font tout ensemble et savent tout l'une de l'autre, se défend simplement Raphaël en attendant patiemment derrière une première tonalité de son téléphone portable...

— Ouiiiiiiiiiiii, alloooooo? Fini par lui faire joyeusement son Eva qu'il reconnaît bien, d'une voix vive et des plus enjouées à cause d'une certaine quantité d'alcool, c'est certain, — Raaaaaaaaph', mon amouuuuuurrrrrr, ich liebe dich!! Ich liebe dich!! Iiiiich liebe diiich!! que la jeune fille enchaine aussitôt après voir bien réalisé le nom qui s'est affiché sur l'écran de son téléphone.

— Coucou ma puce, tu es à la soirée de Pao', là, non ?

— Ouiii ! Et toiiiiiiiii ? C' était comment le concert ?! Raconnnte moi tout !!!

— Plus tard, là je t'appelles plutôt pour une urgence, en fait. Alors est-ce que tu pourrais me passer Paula, stp?

— Pao ? Pourquoi est-ce que tu veux parler à Pao ? Bougonne Eva, mi-sceptique, mi-boudeuse.

— Je ne veux pas spécialement lui parler, mais disons que.. Bref, où est-elle? Là? En ce moment précis.

— J'en sais rien, je l'ai perdu de vue y à un peu plus d'une heure, mais elle doit être en train de comater dans un coin !

— Cherche-la, stp. Tu seras un amour. Va voir dans sa chambre. Et vite, la communication ça coute cher !

— Je sais pas ce que tu me mijotes, mais bon...! Bon, attends deux minutes, grommelle Eva en attrapant ses deux béquilles posées non loin d'elle pour s'aider à marcher maladroitement vers la chambre de sa meilleure amie. Arrivée à destination, la jeune Beckers pousse doucement la porte d'un air joyeux, prête à s'exclamer vivement quelque chose pour signaler sa présence, quand tout à coup la vision de sa grande amie en train de se faire faire un cinnilingus par un type qu'elle ne connait pas, la fige brusquement de stupeur et c'est un simple « Oh my god ! » soufflé, qu'elle prononcera, avant de ressortir de la pièce au plus vite en refermant soigneusement la porte pour reprendre sa communication avec son petit ami d'amour.

— Re ! Alors, euhhh, elle est en effet dans sa chambre, mais en train de pioncer comme une grosse merde !

— Pourquoi est-ce que j'ai entendu un « oh my god » ?

— Parce que justement je ne m'attendais pas à ça ! Banane ! La naze quoi, c'est elle qui organise et là, elle est en pyjama en train de pioncer avec son cochon en peluche dans les bras, tssss !

— Hum....

— Il va falloir que je te laisse Raph', la soirée est terminée et on va me ramener à la maison !

— Qui ?

— Humm, Kirian, un gars de notre classe de l'an dernier, si tu te souviens de lui.

— Mouais je me souviens. Mais tu n'as pas le chauffeur pour te raccompagner ?

— Pas à cette heure-ci, m'enfin.

— C'est son boulot, hein.

— Peut-être, mais là non, on s'est organisés différemment! Alors, je fonce, je vais pas le faire attendre ! Je t'embrasse très fort, Ich liebe dich !

— Ouais, c'est ça, bisous !

— Pourquoi est-ce qu'elle disait « oh my god » ? se presse de faire Tobias dès que son meilleur ami a raccroché son téléphone portable, — raconte, raconte, raconte !!!

— Eva m'a menti, marmonne Raphaël à ses amis en s'en allant ranger son cellulaire dans la poche de son manteau soigneusement posé sur le rebord d'une chaise dans un coin de la pièce, — car derrière le « oh my god », je suis certain d'avoir entendu des petits bruits féminins, peut-être des gémissements. Je suis désolé de te balancer ça, Wil', mais je pense que les photos que tu as reçues sont bel et bien de ce soir. Eva m'a caché quelque chose au sujet de Pao, c'est certain.

— Putain de salope, grommelle tout bas Tobias en jetant un regard compatissant en direction de Wilfrid qui n'a pas bougé depuis tout à l'heure, — putain mec, j'suis tellement désolé... qu'il lui fait ensuite en lui tapotant amicalement l'épaule, — elle te mérites vraiment pas, putain...

— Fais comme si tu ne savais rien, ne l'appelles surtout pas demain, propose alors Vick dans un conseil chaleureux, — elle ne sait pas que tu es au courant de son infidélité, donc... fais comme si de rien était. Ignore-la tout simplement. Laisse la mariner et paniquer toute seule. Ça lui fera les pieds à cette garce.

— Il faudrait qu'on retourne sur scène, tu te sens capable de jouer ? Se glisse discrètement Terry dans la conversation en direction de son ami au regard abattu, — parce que là ça fait déjà plus de quinze minutes qu'on les fait attendre, ça commence à faire long l'entracte... On va passer pour des bouffons.

— Ouaip, on y retourne, se relève d'un bond Wilfrid de son canapé, revigoré par une force inconnue, la force de la lassitude...  « — Ras-le-bol »... qu'il se met à songer intérieurement et sans même le réaliser, abandonnant déjà une lutte qu'il juge inutile. Usé, épuisé, harassé, exténué... abattu! Oui, c'est bien ce qu'il est ! Cette fille, sa Paula ! Elle l'a tout simplement abattu ! Une nouvelle fois... Mais il pourrait se comporter autrement. Tenter de lui téléphoner. Tenter de lui hurler dessus. De lui demander des explications, voir carrément de l'insulter pour la faire pleurer de désespoir ! La forcer à lui donner des justifications ! Oui, bien sûr, qu'il pourrait tenter tout cela, bien sûr... Mais non. Il n'en a plus envie. Il n'en a plus la force... Ni la motivation. Il faut croire que celle qu'il jugeait pourtant comme l'amour de sa vie, le grand amour avec le grand "A", aura fini par lui enlever cette dernière once d'espoir qui l'animait encore à leur sujet. Parce que malgré toutes leurs différences, il y croyait encore, lui... Oh que oui qu'il la savait volage, comptant les défauts par centaines, dont celui du manque de foi face à leur avenir commun... Oh que oui, qu'il le savait tout ça. Mais malgré tout, il y croyait encore. Il se disait qu'elle finirait par gagner en maturité au fil des semaines. Mais ce soir, toute cette utopie est désormais bel et bien terminée. Il ne peut plus y croire. Il n'en a plus ni le désir ni la capacité... Il n'est qu'un homme après tout. Qu'un pauvre être humain une nouvelle fois humilié, trompé par sa petite amie. Mais cette fois, Et il se le jure solennellement : Paula Lehnard n'est plus qu'une EX à ses yeux.

~ This is my last goodbye... ~

Et elle fera ce qu'elle voudra pour se venger de lui lorsqu'il le lui fera comprendre... ; Mais qu'elle le haïsse, le méprise, souhaite une vengeance et sa mort de mille et une façon... -parce qu'après avoir pleuré, elle réagira ainsi, il la connait, sa Pao-. Mais elle ne fera que se heurter à un mur d'indifférence de sa part. Parce qu'elle n'existera plus, à ses yeux. Car plus rien ne pourra l'atteindre. Car elle lui aura déjà tout ôté. Logique! Que pourrait-elle tenter de retirer de plus à une coquille qu'elle aura elle-même vidé au préalable et dans son intégralité?

~ I have nothing left to give... I have found the perfect end... ~

~ I will end where i began... ~

Et le comble et l'ironie de la chose est qu'à ses côtés justement, il était devenu, au fil du temps, quelqu'un de bien...

Amusant!   

~ Please leave me alone! I am blue and cold! Black sky will burn! ~

~ Just turn around! There's nothing left...! ~