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— Oui, bonjour... ? s'intrigue Eva pendant ce temps en ouvrant la porte de l'appartement qu'elle habite avec son petit ami ; elle s'est pressée de venir ouvrir en pensant tomber sur une visite imprévue de l'une de ses amies, Paula, ou Silvia... mais à la place, c'est plutôt un homme qu'elle ne reconnait pas qu'elle aperçoit ; un homme, qu'elle se sent tout de même obligée de saluer timidement, alors que son estomac se tord déjà d'angoisse.

Pourquoi son étrange visiteur est-il... cagoulé..?

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C'est complètement essouflé que revient Raphaël chez lui en courant!

Évidemment, après avoir entendu une telle chanson d'amour, où sa chérie lui révèle publiquement ses sentiments en lui prouvant qu'elle n'a pas honte de l'aimer, il ne pouvait que réagir ainsi! Avoir son coeur qui explose de joie et n'avoir qu'une envie : la retrouver pour la serrer dans ses bras, l'embrasser, lui faire l'amour... tout en lui hurlant son amour irrationnel et démesuré !!!

Mais malheureusement, ce n'est qu'à sa chaise roulante qu'il pourrait éventuellement faire une telle déclaration, puisque à peine est-il de retour chez lui, il ne trouve plus qu'elle, renversée sur le sol.

La porte de l'appartement n'était étrangement pas fermée à clef... Et son Eva, vu son handicap, n'est certainement pas allée rendre visite à Silvia en gambadant sur ses deux jambes...

— E.. Eva... ? Ma.. Ma puce...?  se met alors à bafouiller Raphaël en commençant à trembler de tous ses membres, pénétrant lentement à l'intèrieur de son appartement pour finir de constater que la concernée n'est pas sur place,

— E.. Eva.. ? qu'il reprend, le coeur désormais déchiré en miettes par un effroyable pressentiment...

En moins de deux, une panique monstre s'empare très vite de Raphaël qui, ne sachant que faire, que dire, comment réagir, se précipite aussitôt chez sa voisine Silvia afin d'avoir une confirmation. Que celle-ci lui assure que non, en effet, elle n'a pas vu Eva de la soirée.

« — Pourquoi? » demandera en plus la jeune fille, sceptique, inquiète. Perturbée par l'air apeuré de son interlocuteur.

« — Pour rien! T'inquiètes! » répondra alors Raphaël avant de revenir chez lui d'un pas rapide.

Il ne veut pas l'angoisser. Il préfère se tourner vers quelqu'un d'autre pour parler de la disparition de sa moitié. Il a besoin de se confier.. À quelqu'un d'autre, à quelqu'un de proche.

Alors dans un geste désespéré, c'est le numéro de son jeune frère qu'il va composer sur son téléphone portable. La communication va lui couter un maximum, mais il s'en contrefiche. Il a absolument besoin de lui parler.

— Ouaip? répondra très vite Jeffrey, après seulement trois sonneries, surpris d'avoir si vite l'entrée "Raphaël" s'afficher sur son écran de téléphone, — je te manquais déjà, ma poule? Si c'est pas miiiignonnnn, ça!! qu'il taquinera ensuite sans attendre dans son combiné.

— Eva a disparu, balance d'un coup Raphaël sans prendre de gants. Sa voix est tremblante et du fin fond de sa gorge, l'on peut entendre de nombreux ravalements de salives. Jeffrey a même l'impression lointaine d'avoir cru percevoir un sanglot...

— Gné? fait alors et en retour, Jeffrey, perplexe, — qu'est-ce que tu me racontes, là? qu'il demande ensuite, haussant les épaules, — vous vous êtes disputés? Rofl!!

— Elle a DISPARU, Jeffrey! reprend plus vivement Raphaël, — je viens de trouver l'appart vide, sa chaise roulante est renversée au sol! Et elle n'est pas chez notre voisine...

— M'enfin, comment tu veux qu'elle disparaisse? n'a pas vraiment l'air convaincu Jeffrey, — cherche mieux! Ouvre les yeux! Regarde dans la salle de bain.. Qu'il se moque presque, prenant un peu son interlocuteur pour un abruti.

— PUTAINNNN MAIS TES CON, OU QUOI??? crie Raphaël avec désespoir, — je te dis qu'elle a DISPARU!!! ET JE SAIS PAS POURQUOI, MAIS J'AI UN PUTAIN DE PUTAIN DE PUTAIN DE MAUVAIS PRESSENTIMENT!!!!

— Oh, du calme! tempère Jeffrey dans un soupir, — bon.. Voilà ce que tu vas faire : rester calme jusqu'à demain et si... demain, tu n'as toujours pas de nouvelles, si jamais elle n'est pas re-apparue, alors dans ce cas.. Tu appelleras les autorités. D'accord? Tu vas pouvoir faire ça?

— Tu me prends pour un con, là? devient glacial Raphaël.

— Non, mais je te vois t'énerver un peu trop vite alors je te demandes de souffler un coup! Car moi je pense que ma soeur va revenir, elle a sans doute dû aller voir quelqu'un, et...

— Je t'ai dis que sa chaise est ici, renversée au sol!, est toujours aussi froid Raphaël, — elle est handicapée, je te rappelle!!!

— On est peut-ëtre venu la chercher alors, ma mère, ou.. n'importe qui, en fait!

— Son I-phone est ici.. Et elle ne sort jamais sans lui!

— Va te coucher Raph', et demain... si tu n'as pas de nouvelles, tu contactes les autorités.

— J'ai un mauvais pressentiment Jeffrey.. Et tu sais quoi?

— Quoi?

— Il me mène tout droit vers toi...

— Gné?

— Fais pas l'innocent...

— Mais n'importe quoi!! Espèce de taré, va!! se choque Jeffrey, — putain quelle imagination mon grand!! Je dis chapeau bas!!

— ....

— VA TE COUCHER!

— C'est ça, bonne nuit.. conclut alors Raphaël en serrant les dents, avant de raccrocher d'un geste vif..

*

De nombreuses heures plus tard, et dans un autre pays, Éva se fait trainer dans une pièce par des visages qu'elle ne peut pas encore apercevoir. Et pour cause... L'homme qui est venu la kidnapper s'est jeté sur elle pour l'assommer, avant de l'enlever en lui bandant les yeux. Bien évidemment, il lui a aussi ligoté les mains, mais cela n'est qu'un détail...

La jeune fille tremble bien entendu de tout ses membres lorsque soudain, on la jette brusquement au sol pour qu'elle s'y écrase lourdement,

...et moins de cinq secondes plus tard, elle entend crier dans la pièce, une voix féminine,

— EVA!! Mon Dieu, EVA!!

— Amusez-vous bien, lance une autre voix, masculine cette fois ; une voix qu'Éva a déjà entendue a plusieurs reprises : l'un de ses agresseurs, forcément... Elle tend alors l'oreille, sceptique, terrifiée. Ses mains toujours liées dans le dos, ses yeux toujours bandés, elle ne peut rien faire d'autre que rester assise au sol, assise et totalement impuissante...

Un bruit de porte qu'on claque se fait entendre. La blondinette comprend alors que l'homme qui l'a trainé ici vient de quitter la pièce.

— Éva?! Mon dieu... qu'est-ce que tu fais là?!

Ana. C'est la fiancée de son frère jumeau que la jeune Beckers découvre enfin dès que la concernée lui retire son bandeau des yeux, avant de se précipiter dans son dos pour lui détacher les mains,

— Explique-moi.. questionne ensuite Ana, inquiète, en revenant face à son interlocutrice une fois qu'elle l'a complètement libérée,

— Où suis-je...? Marmonne simplement Éva en retour, encore sous le choc, tout en scrutant le décor qui l'entoure : une pièce assez laide aux murs sales et sans papiers peint. Quelques lits... dans un coin. Des buffets abimés. Ainsi que de vieilles commodes.

Un dortoir puant, à première vue...