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    C'était à prévoir, à cause de cette arrivée plus qu'inattendue, un silence de mort dégringole lourdement dans l'intégralité de la pièce.

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    Et en moins de deux, l'ensemble des regards se dirige vers la nouvelle venue...

    Jeffrey est le premier à s'adresser à elle d'ailleurs. D'une voix que l'on qualifierait de sévère. Interrogatrice. Pleine d'éventuels reproches?

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    Maman, Ana s'est barré sans de la maison sans prévenir. Tu saurais quelque chose à ce sujet?

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    Pourquoi une telle phrase? Pourquoi une telle question? Pourquoi.... peut-être une certaine accusation? Le jeune homme n'en sait rien. Sans doute un pressentiment... Si ça se trouve de la paranoïa. Mais en tout cas, son regard en dit long sur le sérieux de son interrogation et son interlocutrice lui répond aussitôt, nerveusement, d'un air désespéré, et d'une seule traite,

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    Pardon mon chéri !! Pardon !!! Je suis désolée, tellement déso...

    De nombreuses larmes s'échappent des yeux de la femme d'âge mûr pour lui dévaler le long du visage avec abondance. Ses nerfs lâchent. Sa culpabilité l'emporte sur sa raison. Sans hésiter, elle se jette aujourd'hui dans la gueule du loup....

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    ... Une bête furieuse et vorace qui jaillit soudain du lit de sa soeur pour se ruer sur sa propre mère, les sourcils froncés par la colère et un visage défiguré par la haine.

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    COMMENT AS-TU PU???

    Et un coups de poing en plein visage, un, lancé à pleine puissance pour la faire tituber en arrière sous l'impact.

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    JEFFREY !!!!!! Mais tu es complètement malade ?! N'attend pas pour se précipiter Erwan pour intervenir, se plaçant très vite entre le concerné et sa victime qui s'appuie contre le mur derrière, la lèvre inférieure en sang et le visage inondé de larmes.

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    Lache moi, LACHE MOI, OU T'EN PRENDS UN AUSSI !!! Se débat avec virulence Jeffrey dans les bras de Raphaël qui vient de venir l'agripper avec force pour le maintenir tant bien que mal ; le jeune Bauer n'a pas attendu pour se jeter sur son jeune frère, comprenant clairement que celui-ci venait de cramer une durite.

    Arrête, c'est ta mère quand même, abruti!! crie Raphaël avec sévérité et colère, tout en faisant reculer son frère de force pour l'empêcher d'étriper de ses mains celle qui l'a mis au monde.

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    Cette femme est une sorcière!!! Elle a fait fuir Ana!! ELLE L'A FAIT FUIR!! CEST ELLE, PUTAINNNN!!!!!! TOUT CE QU'ELLE SAIT FAIRE, C'EST NOUS GÂCHER LA VIE!!! C'EST GÂCHER LA VIE DES GENS!! JUSTE GÂCHER L'EXISTENCE DES GENS!!!!! ELLE NE VIT QUE POUR FAIRE LE MAL ET DETRUIRE!!!!

    Réealisant désormais avec effroi la fureur incontrôlable de son ex-beau-fils, Erwan attrape en conséquence, et plutôt vivement, son ex-femme par le bras pour la tirer avec lui hors de la pièce.

    Tandis que le jeune homme fou furieux se sent très vite pris de malaise et manque de s'écrouler au sol. Son demi-frère ainé le soutient et le ramène vers la chaise-lit à quelques mètres pour l'obliger à s'y asseoir, puis s'y allonger, tout en lui faisant d'un air dépité qu'on l'avait prévenu, qu'il avait encore besoin de repos !

    Elle, elle le paiera... continue de pester Jeffrey en réponse, mais faiblement, cette fois, tout en se recroquevillant sur son lit improvisé. Son enflure de mère ayant tellement de chance qu'il soit encore si faible... qu'il songe avec haine. Tellement, de chance... qu'il se répète encore et encore en fermant lentement les yeux pour s'offrir un petit repos réparateur.

     

     

    *

     

     

    Breathe me - Sia ♪ 

     

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    — Qu'est-ce que tu as fait, Vanessa... marmonne Erwan l'air complètement abattu, dans le couloir où il a trainé son ex-femme. Sa voix est faible et sa gorge plus nouée que jamais. Il ne reconnait pas cette femme là, cette blonde au visage ravagé par le chagrin qui se tient désormais devant lui, debout, tremblante et adossée contre le mur. Il ne la reconnait vraiment pas... Mais tristement, il tente cependant de discerner en elle ces anciens signes. Ceux qu'il aimait tant chez ce grand amour. La femme de sa vie... Celle a qui il avait dit oui pour l'éternité. Pour le meilleur et pour le pire. Celle à qui il avait juré amour et soutien jusqu'à la tombe.

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    Oui. Le bon vieux temps lui semble si loin. A tel point que lorsqu'il regarde derrière lui aujourd'hui, il ne peut que se demander pourquoi. Comment. De quelle façon, en étaient-ils arrivés là? Pourquoi. Comment... Et de quelle façon... Quelle étape avait-ils manqués..

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    ...Help, I have done it again...
    ...I have been here many times before...

    — Je... Je.. Gémit désespérément Vanessa, les lèvres tremblotantes. Son regard plonge avec tristesse dans celui de son interlocuteur, - je.. je.. Je suis désolée... Tellement désolée... Je.. Je..

    ...I hurt myself again today...
    ...And, the worst part is there's no-one else to blame...

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    Titubant, elle se rapproche de son ex-mari, et deuxième grand amour de sa vie, pour s'agripper de toutes ses forces à sa chemise en se collant tendrement contre son torse. Ses larmes redoublent et coulent de nouveau avec abondance sur son visage ravagé par le désespoir,

    ...Be my friend...
    ...Hold me, wrap me up...

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    — Ne.. Ne m'abandonne pas.. Er.. Erwan... Ne.. Ne m'abandonne pas.. , Qu'elle supplie, désespérée, priant pour que le concerné l'enlace et la serre fort contre lui, au lieu de rester ainsi planté comme un piquet, indifférent à sa souffrance, - Je.. Je t'en prie... Erwan... Pas, pas toi.. Tu m'aimes, toi, mon chéri... Je, je, je le sais... N'est-ce pas..? Hein, que tu m'aimes encore un peu, toi, au fond...

    ...Unfold me...
    ...I am small and needy...

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    ...Warm me up...
    ...And breathe me
    ...

    — Bien sûr, que je t'aime encore, répond sans hésiter le pianiste brun, d'une voix plutôt sombre cependant, - mais c'est trop facile, Vanessa... Tu ne peux pas détruire les gens ainsi pour ensuite revenir vers eux pour demander pardon... Non, tu ne peux pas, Vanessa.. Tu ne peux pas... qu'il conclue en déglutissant avec douleur, repoussant doucement son interlocutrice et ex-femme, la tenant ensuite par les épaules, alors cette fois, dans cette épreuve, tu seras seule, chérie.

    ...Ouch...

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    — Non!! Non!! refuse catégoriquement et avec l'énergie du désespoir la femme blonde, à bout, agrippant la main gauche de cet homme qu'elle aime tant pour la ramener contre son coeur et la serrer de toutes ses forces, - j'ai besoin de toi, Erwan!! Je t'en prie, ne m'abandonne pas!! Ne m'abandonne pas!! Si tu m'aimes encore un petit peu, je t'en prie!! Donne-moi une dernière chance!! Mon chéri, mon chéri, mon chéri....

    ...I have lost myself again...
    ...Lost myself and I am nowhere to be found...

    — Je t'en pries ne fais pas de bêtises et remets-toi vite en selle, reprend simplement Erwan avec dureté en récupérant sa main d'un geste vif, médite sur tout cela, et remets-toi vite en selle... Et lorsque tu seras redevenue la Vanessa dont je suis tombé amoureux, je serais là. Je te le promets, je serais là... Lorsque je saurais que je t'ai retrouvé, je serais là.

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    — Nooooooooonn!!! ne peut plus que crier l'ex-chanteuse alors que son interlocuteur retourne déjà dans la chambre de sa fille sans se retourner et en refermant avec hate la porte de communication pour l'abandonner seule dans son couloir.

    ...Yeah I think that I might break...
    ...Lost myself again and I feel unsafe...

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    Seule avec ses larmes et son désespoir. Seule avec ses remords et regrets, bien trop nombreux pour être supportables.


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    — Vous allez m'expliquer? fulmine Wilfrid, les sourcils froncés, en direction de la mère de sa petite amie qui s'est confortablement installé sur le canapé de son salon pour bouquiner un magazine de cuisine.

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    — De quoi, petit Wilou? lui sourit la femme d'age mur avec innocence.

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    — Je peux la rendre heureuse! Alors pourquoi ai-je la désagréable impression que vous ne me faites pas confiance?!

    — Écoute mon petit Wilfrid, tu es un garçon très gentil qui rend heureux Paula, je n'ne doute pas et t'apprécie énormément. Seulement.. Jamais je ne cautionnerais cette demande de fiançailles. Il est trop tôt pour que vous vous engagiez.

    — Il n'est pas trop tôt, je l'aime!

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    — Mais elle, t'aime-t-elle?

    Le jeune musicien en fait un pas en arrière de surprise, son coeur lui donnant subitement un coup violent dans la poitrine.

    Il rétorque immédiatement en conséquence, blessé par la question,

    — Bien sûr que oui !

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    — Écoute, Wilou, je ne veux pas te faire de peine, mais pendant votre rupture, bon nombre de garçons ont défilés ici. Ce qui me persuade donc dans le fait que ma fille est encore instable.

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    — Tout ça c'est le passé, on est ressorti plus fort de notre séparation!

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    — C'est ce qu'ils disent tous, et au final, ce ne sont que des connards.

    — Vous m'insultez, là?! s'offusque le jeune homme en serrant les dents.

    — Je vous insulte tous. Vous, tous, les jeunes adolescents qui s'imaginent que fonder un foyer ce n'est qu'une demande, un sourire et le cadeau d'un anneau. Pathétique! Et le pire dans dans tout ça, c'est que Paula, en acceptant ta putain de bague, n'a pas retenu la leçon que son père nous a pourtant donnée.

    — C'est bon, j'en ai assez entendu, et je ne vous pensais pas comme ça, humpf! Grogne le jeune homme les poings serrés en tournant vivement les talons pour retourner dans la chambre de sa petite amie.

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    — Tu ne me connais pas du tout, Wilfrid Mülher... se sourira à elle-même la belle-mère stressée une fois seule dans son petit salon, — et fais-moi confiance, ton petit couple ne tiendra pas très longtemps... Et le petit rockeur immature que tu es prendra très bientôt la poudre escampette pour retourner jouer dans le bac à sable des gamins de sa trempe.

     

     

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    Pendant ce temps, dans la chambre d'hôpital de la jeune September, la concernée se retrouve désormais seule avec son grand amour, Raphaël Bauer. En effet, Jeffrey, jugé très faible par un médecin, a été rapatrié dans sa propre chambre.

    Erwan, quant à lui, il a pris congé peu après l'arrivée et le départ impromptu de son ex-femme. Le pauvre homme avait l'air si pâle et perdu qu'Eva ne pouvait lui tenir rigueur de son départ plutôt précipité. Elle avait bien conscience qu'il n'était plus dans son assiette.

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    — Tu dois me haïr... marmonne la brunette en fixant un point invisible, honteuse. Ses yeux recommençant à s'humidifier lentement. Décidément.. Aujourd'hui aura été une rude journée, aussi bien physiquement, qu'émotionnellement parlant, pour la demoiselle..

    — Je n'éprouverai jamais un tel sentiment pour toi, Eva, contredit Raphaël en décroisant les bras pour se saisir délicatement de la main gauche de son interlocutrice, — par contre, oui, je t'en veux de m'avoir fait ça... C'était cruel.

    — Je, je.. Je suis désolée.. Ne peux que s'excuser la jeune fille en s'essuyant les yeux de sa main libre, — je, je, je ne me comprends pas moi-même, tu sais...

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    — Ce n'était pas qu'un sacrifice pour Jeffrey, hein... Cela t'arrangeait de mourir. Et c'est ça qui me fait le plus mal, parce que, pourquoi..? On venait de se retrouver, alors je.. Je ne comprends pas. Je veux te rendre heureuse, Eva, même si, même si...

    — Derrière ton "même si" se cache les mêmes appréhensions que moi, hein...n'attend pas pour pointer du doigt la cruelle réalité qui déchirera toujours les coeurs de ces amants maudits.

    — Non ! Je n'ai aucune appréhension ! secoue vivement la tête de gauche à droite Raphael, — car jamais rien ne m'empêchera de t'aimer ! J'en suis certain ! Jamais rien ne nous arrêtera, ni ne nous freinera ! Mais on doit avant tout y croire...

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    — Je ne comprendrais jamais ce que tu peux me trouver finalement.. Sanglote la jeune fille l'estomac noué , — je ne sais pas, j'ai rien de bien, regarde moi, j'assure que dalle, pour rien ! Et aujourd'hui, c'est pire que tout, regarde-moi! regarde-moi, ce que je suis ! 

    Bafouillant cela, elle dirige son regard vers ses jambes inertes.

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    — J'aime tout en toi, Eva. De notre première soirée au Blue's, à la nuit des roses, lorsque tu es venue m'aguicher parce que tu avais bu un coup de trop et ne savais plus ce que tu faisais, à aujourd'hui ou tu te réveilles après avoir failli m'abandonner... Je t'aimais, je t'aime, et je t'aimerais toute ma vie. J'aime ton rire de souris, ajoute tendrement Raphaël en caressant délicatement la joue de son interlocutrice, — j'aime ton mauvais caractère aussi, quand on te contredit... J'aime aussi ton obstination. Tu sais ce que tu veux et tu es prête à tout pour l'obtenir. J'aime ton dévouement pour les autres, même si lui me terrifie désormais... J'aime ta perruque qui donne l'impression que tu as les cheveux gras, j'aime ta couleur blonde qui ne te va pourtant pas vraiment... Il n'y a rien que tu puisses faire ou représenter que je ne puisse aimer...

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    — C'est bon, c'est bon, arrêêêêeête, tu n'as pas le droit d'être aussi parfait!! en baisse les yeux la jeune fille de honte, les joues en feu, — et pour les cheveux, cette putain de perruque me gratte affreusement !! Mais j'ai peur de l'enlever pour découvrir ce qu'il y a dessous... Tu ne réalises pas depuis combien de temps est-ce que je la porte ! Là-dessous, ça doit faire peur...brrrr!

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    — Cela ne serait pas un tue-l'amour assez fort pour que je cesse de t'aimer, Eva Gutter, reprend Raphaël d'une voix encore plus suave en entrelaçant ses doigts avec ceux de son interlocutrice, — alors, je t'en supplie, je t'en conjure, ne me refais plus jamais croire que je vais te perdre.. On est deux, on est ensemble, quoi que tu fasses, dises, tentes, où que tu ailles, on est deux.. Et on sera toujours deux... Je serais toujours à tes côtés, pour t'aimer.

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    — Raph'... en gémit d'émotion la jeune fille, en larmes, — je, je...

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    — Promets-le-moi, Eva.. Promets-moi de ne plus jamais m'abandonner!!!!!!! Je ne plaisante pas!!!! Si tu m'aimes autant que tu l'as dis, jure moi aujourd'hui de ne plus jamais m'abandonner! 

    — Je, je te le jures.. Acquiesce avec un sourire timide et honteux la jeune fille en s'essuyant les yeux, tandis que le visage de son interlocuteur se rapproche soudain du sien pour que leurs lèvres s'épousent très vite et avec une tendresse infinie.

    Pourvu qu'aucun crétin ne se décide à pénétrer justement à ce moment là, dans la pièce...

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    Mais de toute manière, si la catastrophe devait se produire, les deux amoureux n'interrompraient peut-être même pas leur langoureux baiser.

    Parce qu'en ce moment, plus rien ne compte! Le monde pourrait bien s'arrêter de tourner, le soleil geler immédiatement, le sol s'effondrer sous leurs pieds, qu'ils n’en auraient strictement rien a faire! Plus rien ne compte à leurs yeux, en ce moment précis...

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    Mais tout de même par chance, personne n'interrompra leur doux échange ; les amants maudits vont donc alors pouvoir conserver leur secret un peu plus longtemps... Mais un jour viendra où ils s'aimeront aux yeux de tous.

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    Tendrement, ils s'en font la promesse. Chacun dans un doux susurrement de mots d'amour sincères.

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    Un jour, oui, un jour...





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