*

 

Quelques secondes plus tard, Maxime est de retour dans son château, un lieu où il est serein et entouré.. Et aujourd’hui, il a besoin des siens plus que jamais ; il est de mauvaise humeur et aigri : il a besoin d’être près de ceux qui sont encore là pour lui.

 

 

 Mais à peine a-t-il posé un pied chez lui qu’il aperçoit sa fille, sa puce, son trésor, son ange, qui semble jouer avec.. Un gamin.

 Intrigué, il se retourne alors pour dévisager cet enfant qu’il reconnait sans aucune difficulté…

 

 

Isei. Ce sale gosse blond qui squatte tout le temps ici !

 

En temps normal, sa fille se précipite toujours vers lui pour le saluer et l’embrasser.. Hors là, parce qu’elle est occupée à raconter des âneries avec ce sale gamin, elle n’a même pas remarqué sa présence ! 

 En plus, Maxime se souvient d’avoir dit à ce sale gamin, un jour, qu’il ne souhaitait plus le voir roder autour de son château…

 Ce sale gosse serait-il suicidaire pour oser ignorer son interdiction ?

 

 

 Très bien… Si ce n’est que ça, ça peut s’arranger…

 

 

 La conséquence de l’attaque de Maxime sur l’enfant est immédiate : Isei est soudain relevé d’un bond par de violentes contractions et spasmes.

 

 

 — I… Isei..? balbutie Yuki en se relevant à son tour.

 

L’enfant pousse un hurlement de douleur, puis un deuxième, puis un troisième…

 Il n’en faut pas plus à la fillette pour comprendre, avec effroi, ce qui se trame derrière tout ça....

 

 

 — Pa… papa… tremble-t-elle en dévisageant avec incompréhension celui qui se tient devant elle.

 

Maxime ne va lui répondre que par un regard vide et glacial, avant de commencer a se diriger vers l’enceinte du château, en laissant l’enfant se vider de son énergie vitale, sous les yeux désespérés de sa meilleure amie…

 Comment qualifier ce que ressent la jeune Yuki à ce moment précis ?

 Il n’y a sans doute aucun terme adéquat, de l’incompréhension, de la terreur, du désespoir, un énorme sentiment de solitude.. 

 Pourquoi...  Pourquoi...  Pourquoi...  Pourquoi… Pourquoi a t-il fait cela ?

 

Pourquoi ?

 

 

Et puis tout d’un coup, un bruit de chute la fait sursauter..

 Le jeune Isei vient de s’écrouler, ses yeux sont désormais fermés ; il n’en a apparemment plus pour très longtemps.  

 

 

Courageusement, et en tremblant de tous ses membres, Yuki se rapproche de la paroi indestructible du dôme pour tenter de murmurer des mots affectueux à son unique ami…

 Malheureusement, il est trop tard : son interlocuteur n’est déjà plus conscient.

 

 

Il ne gémit plus…

 Il n’émet plus le moindre son…

 

 

Que peut-elle faire, se répète-t-elle intérieurement, en laissant échapper de nombreuses larmes sur son visage désespéré..

 

Rien.. Elle ne peut rien faire.

 Elle est si impuissante, derrière ce dôme..

 Si impuissante et faible..

 

Ça y’est…

Il est.. Mort.

 

 

Tout son corps vient d’exploser à l’instant sous ses yeux.

 Ce sang.. Ce sang qui dégouline le long du dôme…

Ces membres déchiquetés devant elle...

 

Ils appartiennent à Isei… Celui qu’elle ne reverra plus jamais…  

 Tout ça à cause de… de lui..

 

De son monstre de père..

 

Comment réagir a cette barbarie ?

Trembler, pleurer, être terrorisée par ce monstre sans cœur ?

 Elle est déjà en train de le faire…

 Est-ce que cela suffit ? Non..

 

Non, parce qu’il s’en fiche.

 Non, parce qu’il est mauvais et sans pitié.

 

Non, parce qu’il faut lui faire payer !!!!!

 

Où est-il ?? Se demande-t-elle soudain, en faisant volte-face pour se retourner et le chercher du regard.. Un regard peine de haine et de mépris.  

 Dès qu’elle l’aperçoit, en train de se diriger vers l’enceinte du château, d’un pas lent et désintéressé, elle se téléporte à sa poursuite, sans réfléchir, en se répétant incessamment, « sale monstre », « sale démon », « sale monstre »..

 

À croire qu’elle a oublié qui il est…

 

En moins d’une seconde, elle est donc sur les pas de cet assassin d’enfants, les yeux inondés de larmes et les sourcils plus froncés que jamais.

 

—  Monstre !!!!! crie-t-elle tout à coup. Elle n’a pas pu s’en empêcher. C’est sorti tout seul, par impulsion. - Monstre ! répète-t-elle encore. - Monstre ! surenchérit-elle à nouveau, pour s’assurer qu’il a bien entendu ses cris.

 

Maxime soupire sans se retourner. Il hausse les épaules.

 

— Monstre !!!!!! Hurle désormais Yuki, toujours derrière son père. — Monstre !!!!!

— Cinq fois, ironise Maxime. — Tu me le redis encore un « monstre » pour que ça fasse un chiffre pair ?

 

— Tu ne mérites pas de vivre !!!!!!! Hurle soudain la fillette.

 

 

Maxime en sursaute de surprise. Blessé par ces propos, il réagit au quart de tour.

 — Pardon ? Tu me cherches Yuki ! Et tu sais ce que subissent ceux qui me…

 

 

— Il ne méritait pas ça !! Hurle encore Yuki, en commençant à créer autour d’elle une aura des plus agressives, — Isei ne méritait pas ça !! Tu es trop un monstre !! Je te déteste !! Meurs !! Meurs !!

  —  À quoi joues-tu ? Semble se moquer Maxime, — tu veux m’affronter ? Moi ?

 

 

Pour lui répondre, elle se contente d’amplifier de plus en plus son aura, afin de la lui déverser le plus violemment possible, en espérant le toucher…

 Maxime arrête ce petit rayon sans difficulté en se protégeant à l’aide d’une barrière magique.  

 

Furieuse, la fillette jette toute son énergie dans son futur rayon pour passer la maudite protection de son père.

Elle doit le toucher, lui faire payer, il doit souffrir ! Il doit payer !!! 

 

Mais malheureusement, penser toucher Maxime, le roi d’Eternia, l’Eternien le plus puissant, et sans doute l’un des êtres les plus puissants de la galaxie, est un doux rêve… Rien qu’en levant l’index gauche, il dissipe l’aura de sa fille... Avant de lui infliger la sienne, beaucoup plus puissante.

 

 Immédiatement, la fillette se met à tituber, ayant de plus en plus de mal à se tenir debout. 

 

 

 Pourquoi fait-elle sa fière à refuser de s’écrouler au sol ? Cet entêtement rend Maxime furieux : il augmente progressivement la puissance de l’aura qui emprisonne sa fille, pour la forcer à se plier à sa volonté.  Nul ne doit lui résister !   

 

 

Mais Yuki n’a pas la résistance de ses frères : elle craque vite et tombe à genoux, puis a quatre pattes, en commençant à cracher quelques giclées de sang. 

 

 

  

— Tu t’excuses ? Souffle froidement Maxime. — Dis moi, « excuse-moi papa chéri que j’aime, je retire tout ce que je t’ai dit ! » Et j’arrête de te faire souffrir. 

— Jamais !!!!! Hurle Yuki, en le dévisageant avec un regard qu’il n’avait jamais vu jusqu’à présent : un regard chargé de haine… alors que cet enfant n’avait encore jamais connu ce sentiment…

 

Il se prépare à rétorquer des paroles acerbes, mais voilà qu’il entend la porte principale du château s’ouvrir derrière lui…

 

— Maxime ?? S’interloque son épouse, en constatant la scène tragique qui est en train de se dérouler ici. 

 — Oh non.. Souffle le rouquin, — pas elle..

  — Espèce de fou.. Réagit Caroline, furieuse — qu’est-ce que tu étais en train de faire ?! 

— C’est elle qui a commencé ! grogne Maxime sans se retourner vers son épouse qui se met à courir vers eux. 

— Arrête ça tout de suite !!!!!! Ordonne Caroline. — tu es tombé sur la tête ou quoi Tu ne supprimes pas assez de vies par jour pour t’en prendre à tes enfants maintenant ???

 — Elle m’a cherché, elle m’a trouvé ! se défend l’accusé dans un soupir, en levant les yeux au ciel.

  — Tu devrais avoir honte !!!! hurle Caroline en se jetant sur sa fille. — Yuki n’a aucun moyen de défense, ELLE !! Espèce de monstre !!!!

 

Qu’est-ce qu’il peut dire pour sa défense ? Rien.. 

En tout cas, pas pour l’instant ; quand sa femme se met à hurler comme ça, il vaut mieux qu’il disparaisse et revienne plus tard, car sinon, ça va dégénérer… Sans attendre, il se téléporte et détale.

 

 

  — C’est fini ma chérie, rassure la jeune mère — il est parti. Tu peux te relever ?

 

 

  — C’est un monstre !! Continue de pester furieusement Yuki, les yeux encore pleins de larmes — je le déteste !!! Qu’il meurt !!!!!!!

 

 

 — Ne… Ne dis pas ça Yuki.. Bafouille Caroline — tu parles de ton père quand même…

  — Il.. Il… Il a tué Isei !! explose l’enfant en se blottissant dans les bras de sa mère.

 — De.. De quoi… ? Tu… Tu peux répéter ma chérie ? Tremble Caroline.

 

Elle délire.. Maxime a beau avoir des défauts, jamais il ne tuerait un enfant. Tente-t-elle de se rassurer, complètement abasourdie par cette information. 

 D’un geste de main, Yuki fait signe à sa mère de regarder derrière elles, de l’autre côté du dôme, chose que celle-ci fait immédiatement, en remarquant avec effroi un cadavre explosé et ensanglanté.

 

  — N.. Non… bafouille-t-elle, — c’est impossible.. Yuki ?... Que… que… 

D’un geste vif, la fillette se décroche vivement des bras de sa mère pour s’élancer en courant vers le château,

— Oui c’est lui !!!!!!! Oui !!!!!!!!! Hurle l’enfant en disparaissant à l’intérieur de la bâtisse.

 — Yuki… tente d’appeler faiblement Caroline en se relevant pour regarder sa fille s’éloigner, avec un pincement au cœur.

 

Et maintenant, que peut-elle faire ?

Elle qui est si insignifiante et impuissante ici… 

 Elle ne voit qu’une solution..

 Une seule…

 Mais d’abord, il faut qu’elle lui en parle. 

 

 

 

Ce château est malfaisant !!! Malfaisant !! Malfaisant !!!  

 C’est actuellement la seule pensée de Yuki, qui grimpe les marches de la tour principale comme une dératée.

 Il est le mal personnifié, dans un château qui est empli de mal et de mauvaises ondes !!

 Oui, maintenant elle en est persuadée : cette fameuse pièce n’est pas vide.   

Elle ne peut pas être vide !! Se répète-t-elle sans cesse, en touchant les pierres avec frénésie, comme si cela va soudain lui offrir une vision qui va brusquement éclairer ses doutes...

 

 

 

Au même moment, sur l’une des murailles du château, Caroline se presse vers les quartiers d’un vieil ami…

 — Séto ? Tu es là ? appelle-t-elle pour signaler sa présence. 

 

 

 

Je veux savoir !!!! Je veux savoir !!!! Se répète en boucle Yuki en triturant les pierres du mur.

 

 

 

— Séto ? Répète Caroline en poussant la porte de la chambre du concerné.

 

 

 

Il y’a des cris !! Des pleurs !! De la souffrance !! Je le sais !! Je le sens ! Continue Yuki en parallèle de sa mère.

 

 

 

Malheureusement pour la jeune reine, son fidèle ami n’est pas là. 

— À cette heure-ci, il est sûrement en mission, soupire-t-elle avant de se préparer à repartir.

 

 

 

Yuki souhaitait tant savoir ce qui se trame derrière ce mur qu’elle ne devrait pas être désormais terrorisée, regrettant presque d’avoir voulu en savoir plus.

Elle a eu ce qu’elle voulait. De nouvelles visions.

Moins floues.

 Qui sont ces gens aux visages épuisés ? 

 Pour répondre à cette question, une seule chose à faire : aller voir tout ça de plus près.

 Maintenant qu’elle visualise parfaitement la pièce, plus rien ne peut l’empêcher de s’y téléporter.

 Ce qu’elle fait sans attendre ; à tort, peut être. Car le spectacle qui se dévoile désormais sous ses yeux lui est insoutenable.

 Elle pousse un hurlement des plus stridents, paralysée par la souffrance de ces gens, mais aussi par la vision d’un homme qu’elle est sûre de reconnaître.

 Un homme blond, assis devant l’étrange machine, il a l’air de travailler dessus… En faisant du mal à ces prisonniers : elle le reconnaît trop bien.

 

C’est l’un des soldats de son père.

Un homme pourtant très gentil…

Cloud.

 

Décidément, ce château n’est que mensonges et fourberie…

 

 Immédiatement alerté par le hurlement de la fillette, Cloud se relève d’un bond de sa machine pour courir auprès d’elle. 

 — Yuki ! Euh… bafouille-t-il — ne va pas t’imaginer n’importe quoi !

 — Tu es un monstre, pleure l’enfant — comme papa !!!

 

Interloqué par tant de franchise, blessé, touché en plein cœur, le soldat blond s’agenouille pour se mettre à la hauteur de son interlocutrice.

 — Non Yuki… On ne les tue pas, je te le promets !!

  — P.. Pourquoi tu fais ça ? se met a gémir la fillette en hoquetant, — je ne comprends pas, c’est qui ces gens.. ? Et pourquoi… pourquoi ils sont là?..

  — Ben euh… commence à bafouiller Cloud.  — Comment va-t-il se sortir de ce guêpier ? Ah la la, les enfants et leurs questions…

 — Tu vois, ton papa, se décide-t-il enfin à poursuivre — tu le trouves fort non ? Et tu es fière de lui, non ?

 — NON ! rétorque soudain Yuki, en pleurant de plus belle. — Je ne suis pas fière, c’est un monstre dégoutant ! 

— Mais non… c’est un grand guerrier ton papa.. Tente d’expliquer Cloud, — et pour être le meilleur des guerriers, il prend un peu de la puissance d’autres gens très forts.

  — Tu… tu veux dire qu’il fait du mal a des gens pour être fort ? sanglote encore la fillette.

 — Mais non on leur fait pas du mal ! se justifie difficilement le blondinet. —Je te promets !! On leur prend juste un peu de force, c’est tout !!

 — Ils ne vont pas mourir alors ? demande Yuki avec un regard chargé d’incompréhension. 

— Eeeuh… fait Cloud un peu gêné, en se grattant la tête pour trouver vite un nouvel argument — non ! Normalement ils ne doivent pas mourir !! Ils sont forts, tu sais !!

 

Ses mensonges ne prennent pas. Yuki n’est plus dupe : sans dire un mot de plus, et après avoir jeté un regard furieux à ce soldat, qu’elle respectait auparavant, elle se téléporte pour disparaitre le plus loin possible de tous ces gens faux et manipulateurs.

 

  Cloud se relève en soupirant. Il a fait ce qu’il a pu et a argumenté du mieux qu’il pouvait…  

 Elle finira bien par comprendre.. Elle aussi… Que Maxime n’est pas un monstre.

Lui, il croit en lui. Et il le fera toujours.

Même si pour continuer de le faire, il doit finir par être seul au monde. 

Et ce n’est plus à cause de sentiments amoureux qu’il lui reste fidèle.. Mais plutôt à cause d’une amitié réelle qui s’est développée entre les deux hommes au fil des années.  Maxime est aujourd’hui son meilleur ami, son binôme de vie, il ne doutera donc jamais de lui.

  

L’esprit encore perturbé, l’ex-soldat devenu scientifique, reprend ensuite l’activité qui avait été interrompue par Yuki.

 

Ex-soldat, car on ne peut plus le qualifier ainsi aujourd’hui.

Ça fait bien longtemps qu’il ne se bat plus aux côtés de l’armée d’Eternia, étant trop occupé dans son petit laboratoire secret…

 

- ρмятqυιυ єfт-ѕℓє qα υω ? Marmonne soudain une jeune Mizanienne prisonnière.

 — La ferme ! cingle aussitôt Cloud.

 - zρєנ∂ ∂иняя zм∂є !! soupire-t-elle de nouveau en se tenant la tête.

 —  §*@&² !!!}{/§!%*£ !!! Ajoute le prisonnier de Balkaz, sur un ton des plus agressifs. 

— Et gna, gna, gna, et gna, gna, gna ! se moque Cloud, — je ne comprends rien a votre charabia alors économisez votre énergie.. Pour nous la donner ! Bande de cons.

*

 

Quelques heures plus tard, les trois enfants de Maxime se dirigent vers leur chambre pour se mettre au lit. Il se fait tard pour des enfants de cet âge. 

Comme d’habitude, Mash et Jun plongent dans leurs lits respectifs et s’endorment presque aussitôt, tandis que Yuki se couche préoccupée, perturbée par cette douloureuse journée, bien trop riche en émotions…

 En fait, seuls ses frères ignorent tout ce qui se trame dans ce château…

De toute façon, les connaissant, ça ne leur ferait ni chaud ni froid de découvrir ce qu’il y’a là-haut.. Juste au-dessus de leurs têtes… songe-t-elle, triste et lasse.

Peu après, elle s’endort à son tour.

 

Dans un demi-sommeil agité, elle revoit une scène qui s’est déroulée cet après-midi même..

Juste après qu’elle se soit enfuie de la salle horrible.. 

 

 

— Maman !! Maman !! criait-elle en dévalant l’escalier qui mène au grand salon du château. 

— Tu savais pour les gens en haut ?? hurlait-elle ensuite en explosant en sanglots, dans les bras de sa mère.

 — De.. De quoi ma chérie ? Lui demandait la concernée, inquiète.

 — Les gens en haut !! Avec Cloud !! — tu es au courant ??

— Oui… Je.. Je suis désolée… Mais tout est fini maintenant ma chérie… Je te promets que tout est fini..

Elle lui souriait avant de lui demander de retourner jouer sans se poser de questions, que désormais tout ira bien et qu’il faut juste qu’elle lui fasse confiance.

Alors Yuki n’insistait pas et retournait dans sa chambre en attendant d’en savoir plus.

 

 

 

Yuki sursaute soudain sur son lit, elle vient d’entendre la porte s’ouvrir doucement.

— Maman ?!! appelle-t-elle immédiatement pour se rassurer.

— Oui,  répond Caroline, — habille-toi Yuki, je vais réveiller les garçons.

 

Sans réfléchir, la fillette saute de son lit avec un large sourire dessiné sur le visage.

 

Doucement, Caroline se rapproche de Jun pour lui caresser la joue en murmurant, 

— Jun ? Debout mon cœur, allez ! On se réveille.

 

 

Jun, c’est la marmotte des triplés ; et il ne supporte pas qu’on le réveille.

 — Grumffff… beeeuhh… grmblblbl.. se met t-il a marmonner, les yeux encore fermés. 

 

 — Maman ? Émerge soudain Mash en remarquant la scène : sa sœur est en train de s’habiller et sa mère est plantée devant son frère qui dort encore. Que se passe-t-il ici ?

 — Mash, sourit Caroline – lève-toi et habille-toi s’il te plaît. On va faire un petit voyage.

 

Mash n’est pas dupe.

Sa mère veut qu’ils s’enfuient.

 Mais pourquoi ? Se serait t-elle disputée avec leur père ?

 

 

— Laiiiichez-mouaaa dormir !! Marmonne Jun en gigotant avec frénésie.

 — Jun, ça suffit maintenant, commence à s’agacer la jeune mère. — Lève-toi s’il te plaît ! On n’a pas toute la nuit.

 — Maaaiiiiiis pourquoi ? boude-t-il en ouvrant à moitié les yeux. 

— Maman… ? Pourquoi ? demande Mash avec une petite voix. 

 

 

 — Mash… répond Caroline avec sérieux — il le faut. S’il te plaît, ne me mets pas des bâtons dans les roues et habille-toi vite…

 — On va où ? demande maintenant Jun, encore un peu endormi. 

 — Chez des amis, se contente de souffler Caroline.

 — Hein ? s’étonne Jun, vu que leurs seuls « amis » résident au château…

 

 

  — Vous vous aimez plus avec papa ? Et on s’en va sans lui ? C’est ça ? Marmonne Mash, les yeux humides de larmes.

  — Oh non Mash !! contredit vivement Caroline. — Ne t’inquiète pas pour ça, on s’aime beaucoup avec ton papa. Mais on va juste prendre quelques vacances, c’est tout. On reviendra, mon chéri…

 

Ça, il n’y croit pas. 

Absolument pas !  

 

Ils finissent tous de se préparer sagement et dans le plus grand des silences. 

Puis, dix minutes plus tard et après que Caroline ai expliqué qu’ils doivent tous sortir du dôme, Jun prend la parole,

 

 

— Donc, avec Mash, on vous sort du château, et on fuit tous ensemble ? Mais qu’est-ce que papa va dire ?

 

Pour unique réponse, la jeune mère lui prend la main et lui souffle,

— Allez, on y va Jun. On se tient tous la main et on sort du château.

 

Mash hésite à donner sa main : s’il le fait, il trahit son père, qui n’a donné l’autorisation de sortir du dôme qu’a lui et son frère !

 

—  Mash ? Sourit Caroline en lui prenant la main de force, allez mon cœur, on y va.

 Il grommelle et veut la récupérer de force, pourtant retenue fermement.

 

 Voyant la mauvaise humeur de son frère et l’air triste de sa mère, Jun lance sa téléportation et les entraîne tous les trois, avec lui, hors du dôme. 

— Voilà, on est dehors ! fait fièrement Jun, comme s’il avait été héroïque sur cet acte. — Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

 — On va sur terre, lui répond Caroline. 

 

 

 — Non ! lâche soudain Mash. Moi je ne viens pas. Je rentre avec papa. 

 — Qu… quoi ? demande Caroline, la gorge nouée. Arrête Mash, s’il te plaît. Ce n’est pas le moment de faire des caprices.. 

— Ce n’est pas un caprice, répond calmement le concerné. — Jun peut vous emmener sur terre ! Il n’y a pas besoin de moi !    

— Mais il est hors de question qu’on se sépare !!! riposte vivement la jeune mère, désemparée. 

 

 

Sans dire un mot de plus, il se téléporte afin de rentrer « chez lui ». Auprès de son père…  

 

—  Mash!!! Non !! Crie désespérément Caroline, les larmes aux yeux. 

  

Encore une fois, Jun va prendre la situation en main,

— Sur terre, c’est ça ? sourit-il avant d’agripper sa mère et sa sœur, pour lancer, une nouvelle fois, sa téléportation. 

 

*

 

Tandis que Caroline et deux de ses enfants, disparaissent sur terre, voilà Séto, que Caroline a cherché toute la journée, qui apparait dans ses quartiers.

  Heureusement, la jeune femme a pris le soin de lui laisser un petit mot sur sa table de chevet.

 

 « Séto ? Mais où diable es-tu!! Je t’ai attendu toute la journée et une bonne partie de la nuit, mais tu sembles décidé à rentrer bien tard aujourd’hui… Tant pis, j’y vais, je pars avec les enfants. Tu avais raison, je pense…

Rejoins-nous vite !! On est où tu sais… J’aurais aimé t’attendre…

J’espère ne pas me retrouver paumée sur terre avec les petits.

Bref, rejoins-nous vite !

 Bises, Caro ! 

 

 

 Mash et Jun ne sauront jamais se téléporter chez Hikague… Ils ne savent pas où c’est.. Songe Seto avec effroi une fois sa lecture terminée.

 Ils vont se retrouver tous les quatre, en milieu hostile, sans savoir où aller..

 Il se téléporte sans attendre, en direction de la terre, afin de les retrouver, angoissé par ce qui pourrait leur arriver…