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    « Nanami, veux-tu m'épouser? » se repasse en boucle la concernée en se figeant dans les bras de son petit ami qui l'enlace avec tendresse, tandis qu'ils sont tout les deux assis sur son lit d'hôpital. Dans sa chambre privée.

    Cette phrase des plus étranges ne peut être qu'une illusion des sens abusés de la jeune femme.

    Parce que cela n'est pas possible, voyons! Pas lui! M'enfin!

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    Elle en déglutit pourtant de suspicion.

    Et lui réagit alors, d'un air intrigué,

    - Je t'ai posé une question. Et ton silence devient vexant...

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    - Eeeuh, oui? De.. de quoi?

    - Je répète : Nanami, veut-tu m'épouser?

    - Mais.. mais, mais.. je.. 

    - Oh la vache, le rateau.. et dire que je me suis réveillé pour ça, grimace aussitôt Daî, l'air dépité.

    - Mais non, mais euhh, enfin, ce n'est pas ça! Mais euhh.. enfin! Je veux dire que, euuhh.. enfin! Toi, qui.. euhh.. enfin, je.. euhh.. enfin, tu.. euhh.. tu, tu.. tu es sérieux? Euhh.. non, ce.. ce n'est pas possi..

    - Je suis très sérieux Nanami. Je veux t'avoir à mes côtés pour toujours.

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    - Daï, je.. je.. euhh.. je.. je...

    - Sois plus explicite. Est-ce que c'est un énième râteau?

     

     

    Musique ♫

     

     

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    - Non! C'est juste que je ne t'aurais jamais imaginé capable de.. de.. enfinnn, de voilààà, quoi!!

    - De te demander en mariage? C'est cette phrase que tu n'arrives pas à prononcer?

    - Ne te moques pas, saleté! Je suis une fille sensible, moi! Alors il est normal que ça me fasse un choc!

    - Positif j'espère?

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    - Mais à ton avis?! Idiot!

    - Bah je sais pas! A force, je commence à flipper, moi!

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    - MAIS OUIII! Je le veux!! OUIII!!

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    - Pfiouuuu alors!

    I will be your melody of life
    Can`t you see the love grow in my eyes

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    - OUIII!! Je le veux , le cliché de la robe blanche!! Avec toi qui t'avances vers moi, plus sexy que jamais!! Pour soulever mon voile en me disant que tu m'aimeras pour toujours!!! JE LE VEUUUX!! OUIIII!!

    - Waouh! T'es vachement « clichés » comme fille, mine de rien!

    Wherever life will take you, I`ll be there
    I will be the star you see at night

    - Gniiiiiiiiiiiih, je t'aime, je t'aime, je t'aimeeee!!!

    - Je t'aime aussi.

    In a world of darkness,I'm your light
    I`ll guide you through eternity

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    - Mon amour!!! Je t'aime, je t'aime, je t'aime!!!

    - Doucement, follasse! Je te rappelle qu'on est dans un hôpital, ici! 

    Forever and a day, on my own side
    As your melody of life

    - Je t'aimeeee!! Je t'aimeeee, Daï!! Je t'aimeeee!! Je t'aiiimeeee!!!

    I'm thinking of you got your voice inside my heart
    Feeling closer every day

    - Hey, mais tu vas pas te mettre à pleurer quand même! Arrête ça tous de suite, on va croire que je te bats!!

    Cause you`re my angel,

    - Rien à foutre! C'est le plus jour de ma vie, alors je pleure de bonheur!!

    I loved you from the start
    There`s only one thing left to say

    - Vous êtes magnifiques, madame Daemon!!

    - Nanami Daemon!! Oh mon dieu, oh mon dieu, oh mon dieuuu, tous le monde devra m'appeller comme ça désormais!!!

    I will be your melody of life
    Can`t you see the love grow in my eyes
    Wherever life will take you, I`ll be there
    I will be the star you see at night

    Et ce sont sur ces dernières paroles que les lèvres du jeune couple vont se sceller une nouvelle fois, pour unir avec tendresse et sensualité, leurs coeurs et âmes amoureuses.

    In a world of darkness,I'm your light
    I`ll guide you through eternity
    Forever I'll be there

     

     

    *     *
    *

     

     

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    Deux jours plus tard, on me laisse enfin sortir de l'hôpital.

    Il était temps! Je grommelle en direction de Nanami qui marche à mes côtés, car nous sommes en train de rentrer - à pieds, main dans la main - à la maison.

    « A la.. maison » ?

    Merde. Lorsque je me met à parler de cette manière, je n'ai l'air que d'un niais fiancé et amoureux.

    Enfin bref... Je m'assume. Je m'assume. Monde mièvre des gens heureux, me voici!

    Je soupire, puis marmonne ensuite tout ce que je peux penser de l'imbécibilité de mes médecins, qui ne voulaient pas me laisser sortir plus tôt de l'hôpital, quand ma rouquine de petite amie se met à me susurrer affectueusement que,

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    - Je suis folle de ton caractère de merde. Je t'aime!

    - Caractère toi-même! Peuh.

    - Mais tu as changé, tu le sais ça? Beaucoup! me sourit-elle à nouveau, les yeux brillants et débordants de tendresse. A tel point que j'aurai pu en rougir - si j'avais eu un coeur d'artichaut.

    - Moi? Changé? Je ne crois pas, non.

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    - Mais si! Parce qu'avant tu nous aurais ramenés grâce à ta téléportation! Alors que maintenant, tu préfères marcher en amoureux!

    - Ohhhh, mais merci de me rappeler que je pouvais en effet nous téléporter! T'es vraiment un coeur décidément!

    - Gnarf! Très drôle.. idiot!

    - Allez hop, c'est parti! On se téléporte!

    - Raaah, maudite moi! Et pourtant, je me dis toujours « tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler »! C'est vrai.. Raaah, et cette fois je ne l'ai pas fait! Raah, maudite moi! Ah la la. Décidément, j'en loupe pas...

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    - Nanami?

    - Oui?

    - J'y arrive pas.

    - Mais de quoi?

    - A me téléporter. J'y.. J'y arrive pas. Je.. Je..

    - Daï, hummm.. Souviens-toi que tu as été gravement blessé, tu as perdu énormément de sang, et as subi de nombreuses interventions avant de sombrer dans un profond coma.

    - Et?

    - Et je pense que tu ne dois pas t'étonner d'être aujourd'hui un peu affaibli, non? Alors relax, et donne-toi le temps qu'il te faut pour te remettre entièrement de ton accident.

    - Dès qu'on sera rentrés, je vais appeler Arkan pour lui demander de venir faire un duel amical. Ca va me stimuler!

    - Et moi?

    - De quoi, toi?

    - Pourquoi ne me demandes-tu pas de faire un petit duel amical? A moi?!

    - Blêêêh? Toi? Mais pourquoi, toi?

    - Bah j'ai des capacités, moi aussi, Dai!

    - Très drôle! Des capacités de filles! Non merci. Et puis un duel, c'est violent et sanglant. Et toi, tu es fragile.

    - Non mais regardez-moi ce gros macho! Alors que tu ne sais même pas de quoi je suis capable!

    - Je me fous de ce dont tu es capable, parce que jamais je ne lèverai jamais la main sur toi. C'est tout.

    - Ooohhh, que c'est chou ça, mon amour!! Je t'aimeee!!

    - Raah, pas en pleine rue!!! La honte!! Et puis décolle-toi, on est bientôt arrivés!

    - Et tu ne voudrais pas qu'on te voit en mode « amoureux transi », se moque-t-elle maintenant -et aucune sans vergogne- de ma petite personne, pour m'obliger a me venger en lui pinçant les fesses,

    - Exactement! Je suis fier et impitoyable, l'amour, je connais pas.

    - Comment t'es sexy quand tu parles comme ça, aaahhh...

    - Chieuse!

     

    *     *
    *

     

    Un peu plus tard dans la journée, je retrouve Arkan dans le salon du palais, peu après que je l'ai fait appeler.

    - Depuis quand est-ce que tu envoies ma fille me livrer des messages? Au lieu de te téléporter toi même jusqu'à chez nous?! Me fait-il bien rapidement, pour que je lui réponde que,

    - Je ne sais plus me téléporter Arkan.

    - Hein?

    - Deux?

    - Comment ça, tu ne sais plus te téléporter?!

    - Depuis mon accident, je n'ai plus réussi à me téléporter une seule fois.

    - Tu es sans doute encore très faible physiquement, voilà tout... Mais c'est pour ça que tu m'as demandé de venir? Parce que tu es tout paniqué à cause d'une incapacité à te téléporter?!

    - Non, mais plutôt pour te demander de faire un duel avec moi! Il y'a une plaine, tout près d'ici.. elle fera l'affaire.

    - Non. Jamais de la vie!

    - Mais pourquoi??

    - Parce que tu es encore en convalescence, pardi!

    - Quedalle, je vais très bien! J'ai juste perdu l'une de mes capacités et je veux m'entraîner rapidement pour la retrouver le plus vite possible! C'est tout!

    - Repose-toi. Ca sera le meilleur remède dans ton cas. Et surtout, arrête de paniquer pour rien!!

    - Viens faire un duel avec moi, tout de suite, sinon je te fais une crasse!

    - Comme?

    - Je sais pas encore, mais ne me force pas à en chercher une super vache!

    - Pffft. Mais non, je ne peux pas. Tu sors du coma m'enfin! Réalise-le, un peu!

    - S'il-te-plaît, Arkan! Merde! Ca va pas te trouer le cul quand même! Et c'est pas comme si je te demandais un service tous les quatre matins, quoi!

    - Pfft, Ok, c'est bon. J'accepte, sinon tu vas aller chouiner chez mon père pour la même chose, et lui ne te le refusera pas... Inconscient comme il est! Alors autant que ce soit moi.

    - Allez go! Tu nous téléportes à la sortie de la capitale. Ensuite on rejoindra la plaine à pieds. Elle n'est pas loin.

    - Comment tu te branles de ce que je te dis, c'est incroyable.

    - Gogogogo, Ark'! On a pas toute la journée, y'a poil de carotte qui va pas tarder à me chercher!

    - Poil de... ? Aaah oui! Ta petite chérie!! Se moque t-il très vite de moi, gloussant même ensuite qu'enfin, une fille avait réussit à me dompter, ou je sais plus quelle connerie du genre.

     

     

    *     *

    *

     

     

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    Cette tentative de duel sera l'une des pires déceptions et humiliations de toute ma vie entière.

    Parce qu'à peine notre petit affrontement à-il commencé, que j'encaisse déjà avec de terribles difficultés toutes les attaques de mon adversaire, sans pouvoir déclencher la moindre aura protectrice, ni vague d'énergie. Si bien qu'après dix minutes de combat à peine, Arkan ne trouve rien d'autre à me dire que,

    - Allez, on arrête. C'est bon, tu es content? Tu t'es vu en défense? Tu réalises désormais que tu as réellement besoin de repos?

    - Bordel, mais j'ai tout perdu alors?? HEIN?? je commence à m'énerver en serrant les poings de rage, - mais merde!!! Qu'est-ce qu'il m'arrive arkan?? Qu'est-ce qu'il m'arrive?? Est-ce que je.. j'ai tout perdu??.. Est-ce que je ne suis plus rien?? M.. mais pourquoi?? Et comment est-ce que je vais bien pouvoir faire pour retrouver toutes mes capacités?..

    - Tu as été dans le coma DAI!! Dans le coma!! Pour ensuite te réveiller miraculeusement!! Est-ce que tu t'en rends compte, de ça, au moins?? Que tu devrais être mort, à l'heure actuelle??

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    - Mais je préférerai être mort!! Car je préfère encore être mort que faible!!!

    - La ferme, Dai! La ferme! Parce que tu ne sais pas ce que tu dis! Tu ne te rends vraiment pas compte du nombre de personnes qui ont prié pour ton réveil!!

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    - Est-ce que ça s'est déjà vu, Arkan, qu'un éternien perde et recouvre ses capacités?? Est-ce que tu penses, toi, que j'ai une chance de..

    - Ca ne s'est encore jamais vu que l'un des nôtres perde ses pouvoirs, non. Par contre, ce qui s'est déjà vu, et très souvent d'ailleurs, ce sont des gens qui ne se relèvent jamais de leurs comas! Des gens qui meurent!! Alors que toi, Daï, et à l'inverse d'eux, tu t'es réveillé! Alors qu'il n'y avait plus d'espoir! Mais est-ce que tu rends seulement compte du miracle qui s'est produit pour que tu aies droit à une telle seconde chance??

    - Euh.. je ne crois pas aux miracles...

    - Et bien tu devrais! Car ton corps a sûrement dû puiser de manière exceptionnelle dans ses dernières ressources, pour te permettre de revenir parmi nous! Et c'est sûrement pour cette raison que tu sembles avoir certaines capacités.

    - Super, et tu peux me dire ce que je fais, moi, maintenant?

    - Tu vis, Dai. Tout simplement. Et je suis certain qu'avec le temps, tu finiras par recouvrir tous tes pouvoirs. Laisse seulement le temps à ton corps de se remettre.

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    - Ouais, ok, c'est cool. Merci pour le long discours de soutien! Je vais en chialer tellement c'est beau, pouah..! Bon, allez, tu peux rentrer chez toi. Et merci encore pour le duel moisi.

    - Y'a pas de quoi. Je te ramène?

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    - Non, c'est bon. Je vais marcher. Comme le pauvre faible que je suis devenu.

    - Je n'insiste pas. Et te dis alors, à la prochaine petit gros!

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    - Ouais, ouais, c'est ça..

    « A la prochaine, petit gros », je t'en foutrai, tiens..

    Ma vie, contre tout ce qui faisait encore de moi, un éternien.. Je n'y crois toujours pas. J'ai réussi a me réveiller de mon coma, en laissant derrière moi tous mes pouvoirs.. ma puissance.

    Je n'y crois pas. Non, je n'y crois pas. Parce qu'à mes yeux, tout cela n'est plus un miracle, mais un cauchemar.

    Et oui. Je suis faible.

    Désormais, je suis faible...

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    J'en rirai bien tiens...

    Mais jaune.

     

     

    *     *
    *



     

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    C'est en traînant lentement la patte que je vais maintenant aller m'avachir sur mon bureau, dans ma chambre.

    Je ne veux voir personne pour l'instant. Je suis faible. Je suis faible. Aujourd'hui, tous le monde est plus fort que moi. J'en ris, rien. Même Nanami, ma copine, doit être plus forte que moi, désormais. Mort de rire! Même ma nana, est plus forte que moi...

    Je suis dégoûté.

    J'ai envie de chialer. Je suis devenue une loque inutile. Insignifiante. 

    Mon avenir au sein du royaume ne sera que celui d'un bureaucrate qui grossira à vue d'oeil au fil des années, au lieu de celui d'un souverain guerrier qui mène ses troupes à la victoire et se bats à leurs côtés. J'ai envie de me pendre.

    Blasé, je promène mon regard vers ce gros livre poussiéreux posé sur mon bureau. Bouquin que j'avais ramené de la bibliothèque, il y a un moment de cela.

    Le recueil contenant toutes les invocations humaines.

    Les invocations...

    Peut-être sont-elles désormais ma dernière chance de ne plus être cette misérable larve sans pouvoirs. Je réalise.

    Et si je me mettais à apprendre, moi aussi, ces fichues invocations?

    Ouais, non, je suis Eternien, bordel! Et non une lopette qui invoque de misérables petits sorts offensifs ou curatifs!!!

    Ah oui.. et je fais bien de me rappeler ce léger détail.. Que les invocateurs peuvent être soit des combattants, soit.. des guérisseurs!

    Encore une fois, je ris jaune! En m'imaginant guérisseur. Moi, un guérisseur! Une tapette qui soigne.

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    - Coucou mon amouuuur! me piaille soudain Nanami en m'attrapant tandrement par le cou.

    Je m'agace. Parce que l'heure n'est pas aux mamours. Je suis stressé. Et lui fait aussitôt partager ma mauvaise humeur,

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    - Nanami, c'est pas le moment là.. Alors tu es mignonne, et tu vas jouer ailleurs. Merci.

    - Qu'est-ce qui ne va pas? Insiste-t-elle en m'embrassant tendrement la joue droite... pour m'obliger à pencher vivement la tête vers la gauche : serait-elle sourde ou quoi?? Pour ne pas réussir à comprendre qu'en ce moment j'ai envie de tout, sauf de l'avoir collée à moi??

    - Lâche-moi Nanami! Lâche-moi! Je lui beugle en me mordant les lèvres de rage et désespoir, - parce que je viens de perdre mon duel contre Arkan!

    - Et?! J'y crois pas, c'est ça qui te met dans des états pareils??

    - Je n'ai plus aucuns pouvoirs Nanami! Plus aucun! Je.. J'ai tout perdu en me réveillant. Arkan dit que mon corps a puisé dans toutes ses ressources, et gnagnagna, pour me donner une seconde chance! La bonne blague..

    - Il a sans doute raison.. tu es un être exceptionnel pour avoir pu te réveiller ainsi.

    - J'étais Nanami! J'étais! Car aujourd'hui je ne suis plus rien!

    - N'importe quoi. Qu'est-ce que tu peux en sortir des âneries, quand tu t'y mets..

    - Je suis un guerrier Nanami! Avant tout, un guerrier! J'aime, et ai besoin, de sentir cette force en moi! Ce pouvoir! Cette appartenance à la famille de mon père!

    - Et en quoi le fait d'avoir provisoirement perdu quelques capacités, t'excluerai de cette famille?! Je ne te suis plus..

    - Cela me rend différent. C'est tout. Déjà que je le suis bien assez comme ça.. plus octavien qu'éternien..

    - Les octaviens sont un peuple extra Dai. Je ne vois pas ce que tu leur reproches..

    - Ouais, normal. En même temps je ne sais pas pourquoi je te parle, à toi. Tu comprends jamais rien!

    - Je comprends surtout que tu es terriblement capricieux. Je sais pas, mais est-ce que tu réalises seulement le miracle qu'a été...

    - MAIS JE M'EN CONTREBRANLE DE VOTRE MIRACLE DE MERDE!! j'explose avec violence en la repoussant vivement en arrière, pour la faire tituber et rétorquer avec rage,

    - Oh mais tu vas te calmer oui, petit merdeux??

    - NON! Je ne me calmerai pas! ET TOI, tu vas dégager de ma vue, tout de suite! Car je t'ai assez vue!

    - Avec plaisir, tocard! Me crie-t-elle en réponse, avant de sortir en claquant la porte.

    J'hausse les épaules et fronce les sourcils en direction de mon aquarium où nagent incessemment ces abrutis de poissons.

    - ET TON MARIAGE, TU PEUX TE LE METTRE LA OU JE PENSE!! revient-elle brusquement me hurler en rouvrant la porte.

    Je lui réponds alors, sur le même ton,

    - NE ME DIS PAS QUE TU PENSAIS QUE LA DEMANDE ETAIT ENCORE D'ACTUALITE???

    ...pour la faire aussitôt ressortir en trombe, tout en continuant de cracher mille et un noms d'oiseaux.

    - Dai!! Ah, tu es là!! arrive à son tour Hideki en poussant ma porte.

    J'en grogne d'agacement et le fusille furieusement du regard : putain de merde, il est donc vraiment impossible d'avoir la paix cinq minutes dans ce palais!!

    - Qu'est-ce que tu veux? Je le cingle de ma voix la plus glaciale, pour le faire reprendre rapidement que,

    - Nos soldats basés sur Virusia viennent de nous informer que la situation sur place se dégrade de jour en jour et qu'ils commencent maintenant à craindre une rèbellion.

    - Manquait plus que ça, tient.. Pfft, c'est ma journée décidément!

    - Ca va pas fort toi aujourd'hui. Je me trompe? Et puis il me semble avoir croisé Nanami, dans le couloir.. Elle avait un de ces visages... pfiou!! J'en ai eu les chocottes!

    - Revenons aux virusiens nerveux veux-tu.... car je pense que pour le moment, on ne va rien faire du tout. A part leur rappeler de quoi l'on pourrait être capables s'ils réussissaient à déclencher notre colère..

    - Eeeuh.. Et s'ils continuent de faire les marioles, malgré tes menaces?? Parce que c'est ce qui arrivera! C'est certain! Ne te fais pas d'illusions là-dessus!

    - Et bien on retournera chez eux foutre le boxon.

    - Mais nos armées vont te haïr si tu les renvoies là-bas!

    - Ca, franchement, c'est le cadet de mes soucis.

     

     

    *

     

     

     

    Quelques heures plus tard, je me rends chez Sayuri en quatrième vitesse, un petit peu perturbé par le fait que Nanami ne soit pas encore rentrée au palais.

    Nous nous sommes disputés aujourd'hui, certes, mais cela ne justifie pas son non-retour, ni son téléphone portable continuellement éteint.

    Humm... mais que se passe-t-il ici aussi? Cela fait cinq fois que je toque à cette porte et personne n'est encore venu m'ouvrir!

    Je commence a perdre patience et souffle bruyamment mon mécontentement, quand tout à coup, on m'ouvre enfin,

    - Aaaah! Il était temps! Je fais alors en entrant, à Aiko qui esquisse aussitôt un large sourire dès qu'elle me reconnaît,

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    - Hey, Daïïïi!! Ca pour une surprise, et bien.. c'est une surprise!!

    - Ca va barbie? Je lui souris à mon tour, en reprenant d'un air intrigué.. vu que je ne vois personne derrière elle, ni Sayuri, ni Nanami.

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    - Eeeuhh, Nanami n'est pas là?

    - Elle est sortie avec Sayuri. Mais entre, voyons! Ne reste pas sur le pas de la porte, car il fait froid dehors et toute la chaleur du chauffage se carapate!

    - Sortie? Mais où?

    - Entre! On va s'asseoir et discuter, tous les deux! En les attendant.

    - Elle t'as parlé? Je lui grommelle alors timidement en la suivant à l'intérieur, jusqu'au salon.

    - Un petit peu.

    - Téééh! Et elle t'a dit quoi? Parce que tu ne vas pas te baser uniquement sur sa version pour me juger, hein!

    - Tu veux boire quelque chose? Ou manger?

    - Nan.

    - Alors assieds-toi! M'ordonne-t-elle affectueusement, avant de se jeter littéralement sur le canapé de la pièce, pour ensuite attraper une télécommande qui traînait à ses pieds,

    - On met un film?

    - Dis-moi où est-ce qu'elle est, Aïko!! Au lieu de jouer à me faire languir, espèce de sadique!!

    - Ah tiens, une rediff de Lost! Me fait-elle à la place d'une éventuelle réponse à ma question, peu après avoir zappé une chaîne au hasard sur la télécommande qu'elle trifouille avec nervosité.

    - Aïko? Je vais finir par t'arracher les deux yeux si tu continues de te foutre de ma gueule, je lui soupire alors d'un air las, en m'asseyant à ses côtés, - dis-moi, où est-ce qu'elle..

    - Elle est sortie en boîte de nuit.

    J'en sursaute d'effroi. Comment?! Ai-je bien entendu ce que ces cinq mots mis bout à bout tentent de me signifier?? Que ma copine est allée se trémousser sous des projecteurs colorés, devant des dizaines de vieux mâles en manque??

    - Que.. que?! je marmonne en conséquence, en pâlissant à vue d'oeil.

    - Pour se changer les idées après la crise de nerfs qu'elle a piqué à cause de toi.

    - A cause de moi?! Hey, mais c'est du n'importe quoi!!

    - Nanami a un petit caractère Dai. Comme si tu l'ignorais?

    - Ouais, bah son caractère, moi, hein...

    - Tu l'adores. Et tu as le même, en plus! Comme quoi, vous êtes vraiment faits l'un pour l'autre.

    - Franchement, je sais plus trop moi, là! Parce que moi, de mon côté, je fais un pas vers elle pour m'excuser de lui avoir parlé un petit peu sèchement, et elle, elle.. pendant ce temps, elle se casse en boîte de nuits! Non mais j'hallucine.. quel bouffon je fais, putain!

    - Est-ce tu m'en veux, Dai?

    - Hein? Mais de quoi?

    - Pour.. Pour être venue habiter ici avec Sayuri. Pour ne pas avoir attendu ton réveil, au palais.. Même si je dois ajouter, pour ma défense, que j'ai mis longtemps avant de me décider à venir ici!

    - Mais n'importe quoi Aïko, qu'est-ce que tu me sors, là? Comme si ça allait me déranger.. Bref! Ne change pas de sujet, s'il-te-plaît! Car là, on parle de Nanam..

    - Pas envie. Non, vraiment pas envie de t'entendre brailler ta paranoïa, alors qu'au fond de toi tu sais très bien qu'elle se jettera dans tes bras à son retour.

    - Mais les amis, justement, c'est fait pour s'écouter brailler, merde!

    - Braille auprès d'Hideki alors, mais avec moi, reste silencieux.. me sourit-elle doucement et d'une étrange façon, tout en se laissant délicatement tomber la tête sur mon épaule, - et regarde Lost avec moi.. Je ne sais pas si tu connais? Mais c'est une série vraiment géniale..

    - Eeeuh.. Ouais, je lui déglutis de gêne en ne bougeant plus d'un millimètre, les yeux maintenant rivés sur l'écran de télévision.

    - Tu es malheureux Daï.. Et ce n'est pas à cause de Nanami.

    - Je.. je.. bahh! C'est rien. C'est pas bien grave au final. Y'a pire comme situa...

    - Dis-moi!! Qu'est-ce qu'il y'a?

    - J'ai perdu mes pouvoirs. Tous. Sans exception.

    - Non?? Vraiment??

    - Oui.. Je ne sais même plus me téléporter.

    - Oh nonn... Mais c'est sûrement provisoire! Sûrement dû à ton coma! Tu n'as pas à t'en faire!

    - Provisoire, dis-tu? Comme tous le monde, d'ailleurs... Mais je ne suis pas aussi optimiste, moi.

    - Dans le pire des cas, tu resteras toujours le meilleur des guerriers!

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    - Eh eh...Tu es toujours aussi gentille...Tu es vraiment la meilleure, je lui fais avec un clin d'oeil, tout en lui passant un bras autour des épaules pour la forcer à se blottir contre moi.

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    - Hihi, tu es rarement aussi gentil avec moi, dis-donc! Attention, car à force je vais y prendre goût et souhaiter que tu sois malheureux plus souvent!

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    - Mais je suis sincère! Parce que tu es géniale... Tu es la seule qui me comprend finalement. Raaah, zut! Si seulement je m'étais rendu compte de ça, avant!

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    - Tu m'aurais choisie, moi, c'est certain!

    Immédiatement, on se met à rire. D'abord discrètement... puis, de plus en plus fort.

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    ... Et lorsque l'on se calme enfin... je me mets -presque instinctivement- à lui caresser les cheveux.

    ...Des cheveux qui sont d'une douceur... -doux et délicatement parfumés-.. que cela serait presque un crime de ne pas offrir à mes doigts la liberté de s'entremêler avec eux.

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    - JOLI SPECTACLE! hurle soudain une voix derrière nous.

    Nanami...

    Je n'ai nullement besoin de me retourner pour me confirmer que ce n'est qu'elle qui se tient actuellement derrière moi, assistant à une scène des plus gênantes et inexplicable.

    - Ce n'est pas ce que tu crois... je tente tout de même en retirant mécaniquement ma main du cuir chevelu d'Aïko.

    - TOUS LES DEUX!! TOUS LES DEUX!!...

    ... PUTAIN, TOUS LES DEUX...!!

    - Nanami, calme-toi, ce n'est surement pas ce que l'on pense.. tente Sayuri en nous fusillant du regard, tandis que l'on se relève honteusement du canapé.

    - JE NE VEUX PLUS JAMAIS ENTENDRE PARLER DE VOUS!! hurle à nouveau Nanami.

    - MAIS ATTENDS, IDIOTE!! je lui crie alors en réponse, tandis qu'elle s'élance déjà vers la porte d'entrée qu'elle ouvre violemment pour se courir à l'extérieur.

    Sans attendre, je me mets donc à lui courir après - et la rattrape sans difficulté, vingt mètres plus tard.

    Puis, et sans hésiter, je l'agripper fermement par le bras - pendant qu'elle se débat et me met de hargneux coups de poings dans le torse.

    Mais je la laisse faire - conscient de l'avoir mérité.

    - Je te hais! Je te hais! Putainn!! Qu'est-ce que je te hais!!

    - Si je peux plaider pour ma défense... on ne faisait que discuter.

    - Menteuuur! Et en plus, tu oses me mentir?? PUTAINN!!

    - Je ne te mens pas.

    - Et que fais-tu ici d'ailleurs?? Chez MES amis??? Heinnn?? QUE FAIS-TU ICI??

    - Je venais m'excuser pour aujourd'hui. Mais lorsque je te vois te muer en folle furieuse, j'avoue que je regrette d'être venu..

    - Ah ah ah ! La bonne blague! Toi, t'excuser? Ah ah ah!

    - T'es en train de te foutre de ma gueule, là?

    - Non, mais toi, tu te fous de la mienne!!!

    - Temps moooort! Je lui annonce subitement en m'avançant pour la prendre par la taille, - temps mort, temps mort, temps mooort! Pendant qu'il en est encore temps!!

    - Non, tu me saoûles! Recule! Tu me touches pas, y'a pas moyen!

    - Ok, j'abdique alors en faisant un pas en arrière, avant de lui ironiser en sifflotant, - Et sinon, toi? Ça a été ta soirée? Il paraît que tu as été.. en boîte de nuits? Oh oh...oh!! Et tu as fait des rencontres? C'était.. comment dire.. enrichissant, comme soirée?!

    072

    - On est pas allées en boîte, crétin! Me pousse-t-elle du doigt avant de reprendre, les yeux humides, - Aïko, quoi.. c'était, Aïko! Que tu tenais dans tes bras!! AIKO!!

    - Et on ne faisait que discuter..! Maintenant, si tu veux continuer de te faire des films...

    - Et si on était arrivées quelques minutes plus tard, avec Sayu? Qu'aurai-je surpris??

    - Bah rien, évidemment...

    - Là, je ne peux pas te croire...

    - Alors, qu'est-ce que tu veux? Qu'on arrête, tous les deux? C'est vraiment ça, que tu veux?

    072

    - Je.. je.. j'en sais rien.

    - Et bien moi, je ne veux pas arrêter, je lui confesse en faisant de nouveau un pas en avant, - et je m'excuse sincèrement pour ce que tu as surpris.. même si je peux te jurer sur la tombe de ma mère qu'il ne se serait rien passé avec Aïko. C'est tout de même toi que j'ai demandé en mariage, Nanami! Alors souviens t-en...

    - Je ne veux plus jamais que tu la prennes dans tes bras comme ça, Daï!! qu'elle me grogne en tremblant de rage et désespoir, - Plus jamais!! Parce que je suis jalouse, je l'avoue!! Et possessive! Et.. et je peux devenir dingue si je vois une autre fille dans tes bras! Vraiment! Surtout elle!! Non mais comment a t-elle osé!! Je ne lui pardonnerai jamais!! 

    - Ca ne se reproduira plus jamais, je te le promets.

    - Je t'aime Daï, je.. je ne veux plus me disputer avec toi, ça fait trop mal..

    - Alors dans ce cas, ne me fais plus jamais le coup de ne pas revenir près de moi, juste parce que je te dis de dégager.

    - Ta phrase est des plus paradoxale, chéri, mais j'accepte! Enfin.. ça dépendra de ce que tu me mettras dans la tête aussi! Parce que le coup du « dégage de ma vue, je t'ai assez vu », ouch!

    - Pourtant ça voulait juste dire, « disparaît, et reviens dans quelques minutes! », je lui fais affectueusement en la prenant dans mes bras.

    - Ha bon? Et bien je crois qu'il va me falloir un dictionnaire pour comprendre le langage des Daemon alors! Me rit-elle amoureusement, tout en passant ses mains délicates dans le dos.

    072

    - Tsss... Je t'aime.. espèce de folle hystérique.

    - Et toi, espèce de psychopathe!

    072

     

     

    *

     

     

    A l'intérieur, et pendant que les deux amoureux réconciliés se dirigent vers le palais royal d'Octavia -désormais leur domicile a tout les deux-, Aïko tente de se justifier auprès d'une Sayuri bien trop silencieuse a son gout.

    - Tu m'en veux! Je le sais, que tu m'en veux! Alors qu'il ne s'est rien passé! Je te le promets!

    - Pourquoi est-ce que je t'en voudrai, moi? Hausse simplement les épaules son interlocutrice en fouillant son réfrigérateur à la recherche d'une boisson glacée. Un Liptonic fera l'affaire - si elle n'a pas oublié d'en racheter aux dernières courses, évidemment..

    - Pourquoi finis-tu ta phrase par « moi »? relève avec angoisse Aiko en observant son amie -et colocataire- revenir vers elle, - parce que tu penses que Nanami, elle...?

    - Elle, oui, elle pourrait t'en vouloir. Et peut-être même te détester.

    - Mais il ne s'est rien passé je te dis!! alors je ne vois pas ce que..

    - Ils vont se marier, Aïko. Souviens-t'en.. et arrête de l'aimer. Parce que si tu continues tes bêtises, tu finiras par les perdre tous les deux.

    - Je.. je..

    - Je dis ça pour ton bien. Parce qu'en amour, il y'a toujours un perdant..Et tu sais que ce sera toi, dans cette histoire-là.

    072

    [ Comme les arbres, l'amour devient solide sous le vent - Sénéque ]

     

     

    *     *
    *

     

     

    Le lendemain matin, Aïko finit par craquer et téléphone enfin à sa meilleure amie pour s'assurer que celle-ci n'est pas en train de lui vouer une profonde haine... des plus justifiées - elle en a bien conscience.

    - Tu as vu l'heure, Aïko? Tu me réveilles, là! Lui fait son interlocutrice en recevant son appel, peu après s'être difficilement extirpée du lit où elle était allongée dans les bras de son petit ami et fiancé.

    - Excuse-moi, je ne pensais pas que tu dormais encore, à neuf heures...

    - Qu'est-ce que tu veux? Je ne peux pas trop parler là, car Daï dort encore.. poursuis la rouquine avec lassitude - et à voix basse pour ne pas réveiller la loque qui continue de ronfler à moins d'un mètre d'elle.

    - Tu m'en veux pour hier?? Tu m'en veux!! J'en suis sûre!! Mais il ne s'est rien passé, pourtant! Je te le pro...

    - Arrête, je ne t'en veux pas.

    - Sisisisiii! Je le sais, parce que tu ne me réponds pas comme d'habitude!

    - Je parle doucement pour ne pas réveiller Dai, rien de plus! Alors arrête de te faire des films.. maintenant si tu as fini, je vais te laisser.

    - Tu m'aimes toujours alors...?

    - Pour l'instant, oui. Mais à c'est a toi de faire en sorte que cela continue... Sur ce, je te laisses. Et te dis, à plus tard.

    Et c'est sans attendre une éventuelle réponse de son interlocutrice blonde que Nanami raccroche son téléphone portable. Parce que certes, qu'elle l'aime toujours énormément, son Aïko. Mais certes aussi, que l'amour d'un homme peut savoir semer bien des zizanies dans une amitié entre filles. Aussi profonde et sincère soit-elle.

    - Heeey toi, à qui parlais-tu?? se réveille soudain Daï en bondissant de son lit comme un clown a ressorts s'extirpe de sa boîte, - Et piiis de quel droit tu t'échappes de mes bras comme çaaa, non mais de quel droiiit??

    - Il est neuf heures en même temps! Il serait peut-être temps de se lever, s'amuse la jeune fille en le regardant se précipiter vers elle, avant de lui apprendre avec malice que, - j'aime pas ce pantalon de pyjama! Pour bien faire, il faudrai que tu dormes en caleçon! Voir en boxer moulant, hmmm...

    - Quand tu dormiras nue, toi, je mettrai tous les boxers que tu voudras!

    - Affreux chantage, ça!

    - Gniaahh, mais la vie est faite de chantage, que veux-tu!

    - On descend manger? Je meurs de faim!

    - Non, on va se faire monter un truc plutôt! Comme ça, on reste ici rien que tous les deux, à profiter de nos derniers moments!

    - « Derniers »?? s'interloque avec angoisse Nanami en dévisageant son compagnon avec suspicion, - qu'est-ce que tu veux dire par là??

    - Et bien que je me prépare à ce qu'on relance l'assaut sur Virusia dans les jours à venir!

    - Co.. comment? Explique-moi tout ça en détail veux-tu!!

    - Y'a rien a expliquer Nanami, Les virusiens foutent le bordel et ne respectent pas nos accords, alors il faut s'attendre à ce qu'on y retourne.

    - Hummm.. mais rappelle-moi donc ce que tu as découvert hier, à propos de tes.. pouvoirs?? Hummm... j'ai comme un petit trou de mémoire!! veux-tu bien me rappeler tout ça, s'il-te-plaît??

    - Je n'ai pas besoin de pouvoirs pour aller sur le front!

    - Alors tu parlais sérieusement?? Tu as donc réellement l'intention de retourner te battre, sans pouvoirs, ni puissance?? Mais tu plaisantes??

    072

    - HEY! Mais je ne suis tout de même pas « rien » sans pouvoirs! Je reste un guerrier maniant à la perfection les dagues! Na mé ho!

    - Ca va tes chevilles, mon coeur??

    - Parfaitement, oui, pourquoi?? Par contre rappelle-moi de faire agrandir les portes!!!


  • 073

     

    *     *
    *

     

    Quelques jours plus tard, et à l'aube de l'entrée en guerre d'Eternia -aux côtés de leur alliée Octavia- pour régler le conflit virusien, Arkan se sent comme obligé de se rendre à la salle d'entraînement de son ex-femme.

    Pour la regarder danser et s'épanouir devant ses multiples miroirs.

    Pour l'admirer encore et encore, en réalisant qu'il ne peut finalement n'y avoir qu'elle dans sa vie.

    Et si...tout n'était pas complètement terminé entre eux?

    Et s'il... pouvait encore sauver quelque chose de leur magnifique histoire?

    Il ne sait pas. Il ne sait plus. Il hésite et s'en mord les lèvres.

    Tout en la regardant danser en duo avec ce type. Ce danseur torse nu qui la prend dans ses bras avec sensualité, tout en la faisant tourner sur elle-même, avant de l'enlacer délicatement.

    Puis, et au bout de quelques nouvelles minutes d'entraînement, les voilà qui se mettent à saluer avec grâce une foule imaginaire.

    Alors Arkan s'empresse de supposer que leur petit « show » vient de s'achever.

    073

    Il était temps...

    Que ce type arrête de poser ses sales pattes sur sa femme.

    - Arkan! L'appelle-t-elle joyeusement en se rapprochant du banc sur lequel il est assis, au fond de la salle. Dans le coin « repos » et près de l'entrée,

    - Mais que fais-tu là? ajoute-t-elle ensuite, - C'est si rare que tu viennes assister à mes entraînements!

    - Eh oui, tout arrive! Tu sais bien que je suis un homme plein de surprises!

    - Allez, arrête, idiot! Que me voulais-tu réellement? Se moque-t-elle maintenant en s'asseyant à ses côtés.

    - Il ne fait pas de pause, lui, indique Arkan du regard en désignant l'autre danseur qui continue de s'échauffer dans son coin, seul.

    - Non, puisque nous ne sommes actuellement pas censés être en... pause.

    - Oh! Je suis alors très flatté que tu ais interrompu ta séance pour venir me voir.

    - C'est normal, Arkan. Mais dis-moi plutôt ce que tu es venu faire ici?

    - Rien.. J'avais juste envie de te voir une dernière fois, avant de me rendre sur le...

    - Front. Oui, je sais.

    - Oui, je me doute bien que tu sois déjà au courant...

    - Tu veilleras sur Shishi, n'est-ce pas? Parce que la seule chose qui me console dans le fait qu'elle retourne se battre, c'est que toi, tu sois avec elle...

    - Bien sûr, que je veillerai sur elle. Et si tu veux te rassurer encore plus, dis-toi qu'elle est dans mon régiment.

    - Parfait alors!

    - Oui, tu n'as rien à craindre.

    Des sourires qui s'échangent, ainsi que des rires gênés. Pour signifier deux êtres qui meurent d'envie de communiquer, de s'en dire plus.

    Voir de peut-être s'avouer des vérités. Des remords. Et peut-être des regrets...

    Mais malgré cela, et peu à peu, un lourd silence s'installe.

    Parce que les deux anciens amants viennent de se rendre compte, à force de s'observer, qu'ils ont tous les deux l'annulaire nu - et non paré d'un bel anneau doré. Symbole d'une certaine union.

    Alors Arkan finit par soupirer, en se relevant du banc qu'il était en train de partager avec cette femme qu'il aime envers et contre tout,

    - Je vais devoir y aller.

    - Sois prudent, Arkan...

    Je t'en prie.. Mon amour. Sois prudent.

    - Oui, ne t'en fais pas. Et... enfin.. je..

    - Oui?

    - Hum.. Non, rien. C'est sans importance.

    - Non, dis-moi! Que voulais-tu me dire?!

    - Rien, rien! A part bien sûr que tu es très belle aujourd'hui.

    - Oh, merci.. se surprend à rougir la flattée en sentant son coeur s'emballer à toute vitesse, puis se serrer lorsqu'elle subit le spectacle de son amour de toujours qui lui disparaît sous le nez.

    Maudite téléportation éternienne! Il lui manque déjà.

     

     

    *     *
    *

     



    - Ca y'est, le grand moment est arrivé, alors? Soupire tristement Nanami en voyant son petit ami la rejoindre dans le salon où elle avait trouvé refuge – assise à même le sol devant le feu qui crépite doucement dans le creux de la cheminée.

    - Mais qu'est-ce que tu fous par terre? Le canapé ne te convient plus? S'étonne immédiatement le jeune roi, déjà en tenue de combat - dagues en main.

    Dans quelques minutes, ses amis viendront le chercher pour l'emmener, avec eux, sur le champ de bataille.

    Dans quelques minutes à peine... il devra donc la quitter, pour il ne sait combien de temps.

    - Je suis bien là. Et toi.. ça va? Se force à déglutir sNanami en détaillant attentivement cette silhouette qu'elle n'aura peut-être plus jamais l'occasion d'observer dans un futur proche.

    - Je vais revenir, Nanami. Lui apprend alors son fiancé avec certitude, bien conscient des doutes de sa moitié, - Je te le jure. Que je vais revenir!

    - Moui.. moui.. évidemment... toi, tu veux revenir.. bien sûr.. mais malheureusement, tout ne se passe pas toujours comme on le voudrait, sur un front!

    - Cette fois-ci je suis beaucoup plus entouré, puisque nous y allons avec Eternia. Alors arrête de te faire du mauvais sang! Et viens plutôt m'embrasser une dernière fois, non?

    - Tu es la cible à abattre Daï, et tu le sais.. se relève alors du sol la jeune fille, avec une soudaine et furieuse envie de fondre en larmes, - En plus, les virusiens ont sûrement du avoir vent de ta perte de pouvoirs, alors il est certain que...

    - Qu'ils essaieront de m'atteindre en priorité, c'est sûr et certain, oui! Mais cette fois-ci, j'y suis préparé!

    - Je ne sais pas ce que je supporterai que tu m'abandonnes à nouveau, Daï.. alors je t'en prie, je t'en conjure, ne va pas au-delà de tes limites... jure-moi que tu sauras tout arrêter et rentrer si tout va mal..

    - Je te le jure, oui. Promis! Lui assure-t-il sans la moindre hésitation, en la prenant tendrement dans ses bras, - mais tout ira bien, ma puce. Et ça, je peux aussi te le jurer!

    Et ce sont sur ces dernières paroles encourageantes que les deux amoureux vont entamer leur dernier baiser.

    Un doux et langoureux baiser. Riche en émotions et sentiments, afin qu'ils puissent, tous les deux, le garder en mémoire lorsqu'ils seront séparés par cette stupide guerre sans fin.

    - Ooooh que c'est mignon!! taquine soudain une intruse, accompagnée d'un intrus : Shika - et son amour de guérisseur, venu ici pour partir en même temps que le jeune roi sur le champ de bataille.

    - Plus choubachou, tu meurs! Se joint a la moquerie Hideki en se délectant du spectacle de son meilleur ami en mode « bisounours ».

    - D'oh mais allez crever, vous, leur grogne amicalement Daï en retour, tout en se décollant lentement des lèvres de sa belle - qui va s'empresser d'ajouter,

    - Shika, Hideki.. Vous veillerez sur lui, n'est-ce pas? Même lorsqu'il sera pénible et qu'il fera son malin, parce qu'il ne voudra pas rentrer! Parce qu'il prétendra être le meilleur et que jamais, il ne fera demi-tour! Hein? Que dans ces moments-là, vous saurez l'assommer pour le ramener de force?

    - Heeey!! en feint de s'effrayer le concerné des multiples craintes, avant de se faire couper par Shika, toujours plantée derrière lui,

    - Ouèp, promit Nanami, on va le surveiller, ce gros nul!! Qui nous a déjà bien assez faits chialer comme ça! Non mais oh, et puis quoi encore! Comme s'il allait pouvoir se permettre de mourir deux fois, tss!

    - Ouais, ouais, c'est ça! Se moque en retour et pour défense, Daï en se retournant vers ses affreux amis pour enchaîner, - bon, on y va? C'est l'heure d'aller bouffer du Virusiens!

     

     

    *      *
    *

     

    Musique - If I gave you my life (Justin Nozuka)

     

    073

    Les jours qui vont suivre ne vont pas être des plus joyeux pour la jeune Aiko, qui va plonger peu à peu dans une lente et impitoyable dépression.

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    « I fall in love... »

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    En effet, la remarque que lui a fait sa colocataire la dernière fois -a propos de ses sentiments pour le jeune Dai- la travaille tout les jours un peu plus, jusqu'à lui donner -et de manière bien souvent incontrôlable- de brusques et soudaines envies de pleurer.

    073

    Parce qu'elle ne peut plus le nier désormais. Qu'elle l'aime à en crever, ce type déjà fiancé à une autre. Ce type qui ne lui offre que le rôle d'amie. De barbie. De rigolote et d'amusante camarade.

     

    *

     

    - Aïko! l'appèle soudain sa colocataire en pénétrant dans leur grand appartement sur deux étages, - Qu'est-ce que tu fous là?! Tu as oublié l'heure de ton service, ou quoi?!

    En effet, la concernée était bien censée embaucher aujourd'hui, dès huit heures du matin, au petit café où elle travaille.

    - Je ne me sens pas bien.. Trouve-t-elle comme justification pour expliquer le fait qu'elle soit là, allongée à même le sol, sur le grand tapis du salon, entourée de plusieurs bande dessinées, d'un paquet de chips, et d'une chaîne hi-fi qui passe en boucle toujours ce même titre.

    « If I gave you my life.. »

    - Non mais je rêve, S'empresse alors de la gronder son interlocutrice en la fusillant du regard, - non mais tu crois que c'est la fête? Que lorsque l'on ne se sent pas « bien », l'on peut se permettre de ne pas aller bosser??

    « If I gave you my heart... »

    - Tu avais raison Sayu.. Recommence à sangloter la dépressive en se mordant les lèvres de désespoir, - je l'aime... oui.. je l'aime... encore...

    - Aïko.. se radoucit alors Sayuri en se rapprochant de son amie et colocataire, bien trop peu vêtue à son goût : en effet, la concernée ne porte qu'un petit tee-shirt moulant, accompagné d'une simple culotte rose, - hmm.. tu pourrais t'habiller un peu plus quand même..

    - Bah, on est entre filles, non.. ?

    - Certes...

    - Je suis pathétique, n'est-ce pas? Je le sais.. que tu me trouves.. pathétique..

    « If I gave you my life... would you... let it slip »

    - L'amour rend pathétique Aïko.

    - J'ai si peur Sayuri... Pour lui... J'arrête pas de me demander ce qu'il peut bien faire à chaque instant de la journée... Je n'arrête pas de penser à lui..Je me demande ce qu'il peut bien être en train de faire...

    « Through your fingers.. like water.. in the desert »

    - A ça, je peux te répondre! Parce que Dai, là, il est en train de combattre! Il tranche des têtes et répand le sang d'un peuple moche sur leur propre sol!

    - Et Nanami... Elle doit se sentir aussi mal que moi, voir pire.. Mais je n'ai même pas la force d'aller passer du temps avec elle. C'est dégoûtant, non? Je suis dégoutante...

    - Ton attitude est tout ce qu'il y'a de plus normal, Aïko. Tu as cette petite pointe de jalousie qui te transperces le coeur lorsque tu te souviens que c'est elle qui est avec lui. Voilà tout. C'est tout à fait compréhensible.

    - Mais c'est inexcusable et honteux.. Et j'ai honte d'être ainsi...

    - Tu n'as pas à avoir honte, lui sourit affectueusement Sayuri, les yeux débordants de tendresse, tout en s'allongeant à ses côtés sur leur épaisse et moelleuse moquette.

    073

    - C'est gentil, en rougit d'émotion la concernée en s'étirant de tout son long pour se trouver une nouvelle position plus confortable.

    Sayuri en déglutit de gêne face à ce spectacle des plus délicieux : ses deux petits seins fermes qui remuent sous son minuscule petit haut lui donnent une envie folle de diriger habilement ses doigts entre ses deux cuisse.

    - Aïko.. tu.. tu..

    « If I gave you my heart.. in the deep of the night »

    - Oui? Continue de s'agiter innocemment la concernée, sans se douter qu'elle est désormais en train d'exciter terriblement une jeune femme qui à malheureusement le béguin pour elle depuis déjà quelques semaines.

    « Would you hold it... like a candle... giving you light »

    - Tu devrais aller prendre un bon bain. Cela te ferait du bien, arrive tout de même à rester stoïque la jeune bisexuelle, tout en s'interdisant de poser son regard sur le sexe de sa jeune amie – qui n'est dissimulé que par une fine culotte de coton, rappelons-le.

    - Humm.. Tu viens avec moi?

    - P.. Pardon? En suffoque de surprise Sayuri en écarquillant grand les yeux.

    - Ah ah ah! Mais je plaisante! En rit aussitôt -et avec une innocence des plus touchantes-Aiko en se relevant du sol, avant de taquiner amicalement sa colocataire, - Tu y as cru, hein!! Quoique cela pourrait être marrant, n'empêche, un bain entre copines! Pourquoi est-ce que la morale nous ferait aussitôt penser que cela serait gênant et inapproprié, hein? Je me le demande!!

    Et tout en continuant de parler, la petite bavarde emprunte tranquillement l'escalier pour se rendre au premier afin de prendre, seule, le fameux bain.

    Tandis qu'au rez-de-chaussée, Sayuri reste allongée sur le sol, plus honteuse et gênée que jamais, parce qu'elle sait bien que sa colocataire ignore -et encore heureux, d'ailleurs-, tout de sa bisexualité.


  • 074

     

    *     *

    *

     

    De son côté, Nanami se ronge autant les ongles pour son fiancé que pour l'évolution de son amitié avec sa meilleure amie.

    En effet, la distance que les deux jeunes femmes semblent avoir petit à petit mis entre elles commence à lui peser sévèrement sur le moral.

    Alors elle hésite désormais à faire le premier pas. Pour la retrouver et lui rappeler que toutes les deux doivent rester unies comme les doigts de la main. Parce que toutes les deux ont tout connu et vécu ensemble, le pire comme le meilleur. A la différence de ce que la blondinette aurait pu vivre avec Sayuri. Qui ne peut être qu'une camarade -copine à la limite- mais certainement pas une vraie amie. Du moins pas autant qu'elle, sa binôme de toujours...

    Tiens donc, serai-ce une pointe de jalousie qui commence a apparaître dans les pensées moroses de la jeune chanteuse, aujourd'hui complètement perdue? Sans doute.

    Et cela serait compréhensible. Vu sa solitude du moment.

    Un petit ami qui se bat au loin. Sans elle... Parce qu'il n'a même pas voulu d'elle sur le front, à ses côtés. Pour soi-disant la protéger. Parce que soi-disant, une femme n'a pas sa place sur un champ de bataille..

    Hum? Et Shika alors? S'était-elle alors empressée de lui grommeler de dépit, pour le faire ensuite souligner avec ironie qu'elle et la jeune éterniennne ne jouent tout de même pas dans la même coure.

    Evidemment. Shika est éternienne. Shika est puissante...et utile!

    Tandis qu'elle.. n'est qu'une jeune humaine génétiquement transformée, avec d'étranges pouvoirs soi-disant faibles et insuffisants.

    Injuste. Injuste. Oui, que tout cela est totalement injuste aux yeux de la jeune femme, qui n'est décidément faite que pour chanter et embrasser aux yeux de son petit ami.

     

     

    *     *
    *

     

     

    Sur le front, l'alliance Octavia/Eternia fait de violents ravages dans les lignes ennemies, à tel point que Daï finit par proposer que ses troupes passent à la vitesse supèrieure : se scinder en deux puissants rouleaux compresseurs, au lieu de perdre un temps fou à rester en bloc compact, toujours au même endroit.

    Arkan et Aaron désapprouvent aussitôt sa décision : il n'était pas censé se séparer d'eux pour lutter sans leur protection!

    Agacé, le jeune roi leur rappelle alors qu'il n'a plus huit ans et que s'ils ne sont plus près à le suivre correctement -comprendre par là, a suivre aveuglément ses ordres- , il vaudrait encore mieux qu'ils rentrent chez eux.

    Cette guerre n'étant que celle d'Octavia, après tout.

    Choqué par les réactions du jeune homme, Arkan sent la moutarde lui monter au nez et se prépare à le cingler de quelques charmants noms d'oiseaux, quand son père l'interrompt brusquement pour l'en empêcher : la meilleure façon de protéger Daï, selon lui, étant encore celle d'accepter de le suivre sagement -pour pouvoir le surveiller de loin.

    Ainsi, les décisions du jeune roi octavien l'emportent encore et les forces octa-eterniennes se séparent donc en deux, pour raser deux fronts différents et en même temps. Un gain de temps, d'énergie, et de vies, avait plaidé Daï pour les convaincre de la fiabilité de sa décision.

     

    *    *
    *

     

    Une semaine plus tard, Aïko craque enfin et se précipite rendre visite à sa meilleure amie d'autrefois -et apparemment encore d'aujourd'hui. Ses yeux sont embués de larmes et elle a bien du mal à trouver les mots, tandis que son interlocutrice, elle, affiche un calme et une impassibilité a toute épreuve.

    - Nanami!! Pardon, pour ces derniers jours!! Pardonn!!!

    - Pardon, pour? Feint d'ignorer la concernée avec un brin d'ironie.

    Evidemment, la jeune chanteuse n'est pas dupe et elle a bien compris les raisons qui ont poussé sa meilleure amie à s'éloigner d'elle, mais elle cherche cependant à les lui faire avouer -et avec honte, de préférence.

    - Je veux qu'on redevienne comme avant, Nanami!! Parce que moi, je t'aime!! Et.. et..

    - Et jamais un mec ne se mettra en travers de nous deux Aï. C'est bien que tu t'en sois souvenue! Même si, de mon côté, je sais que je ne suis pas toute blanche non plus. Puisque j'ai réussi, certes un court instant, à te détester.

    - Alors on est redevenues comme avant, hein?? Dis leee!!!

    - Leeee!!

    - Gnééé, mais que t'es bête!

    - Comme toi!

    - Non, toi t'es pire!

    - Que nenni, c'est toi la pire!

    - Non, stoi!

    Juste parce que rien au monde ne vaut une amitié réelle et sincère, Aïko décide aujourd'hui de faire une croix définitive sur tous les sentiments qu'elle peut éprouver pour le jeune roi d'Octavia.

    Parce que devoir jalouser celle qui a tout partagé avec elle depuis sa plus tendre enfance est -et restera finalement toujours- le pire fardeau qu'elle ne pourra jamais supporter.

     

     

    *

     

     

    Pendant ce temps, sur le champ de batailles...

    - Daï! Leur chef, là!!! Devant!!!! C'est le moment! Crie Hideki à son meilleur ami, lorsqu'il aperçoit dans la mêlée l'un des plus importants généraux Virusiens : le tuer ébranlera sévèrement les forces ennemies, c'est certain, et Daï n'attend pas une seconde de plus pour se jeter furieusement sur la cible que lui indique son guérisseur préféré.

    Ce nouveau duel fait immédiatement rage car les deux adversaires se démènent énergiquement ; sautant, plongeant, esquivant dans tous les sens tout ce qui pourrait éventuellement les blesser.

    Hideki suit de près son binôme en tenant fermement son rôle de soigneur, pour que celui-ci puisse continuer de faire reculer encore et encore son adversaire. 

    Reculer... Encore et encore.

    Petit à petit...

    Puis de plus en plus rapidement.

    Jusqu'à une gigantesque falaise...

    Mais les deux combattants ne semblent pas s'en rendre compte. Qu'ils sont désormais en train de se battre sur le rebord d'un profond et presque interminable précipice.

    A moins qu'ils n'apprécient cette nouvelle bouffée d'adrénaline qui grimpe en eux de façon vertigineuse ; car désormais -et en plus de devoir survivre a l'autre- ils doivent prendre soin de ne pas glisser et chuter dans les fins fonds de ce gouffre béant.

    - Daï! Daï! Daï! Attention! Préviens le garde-chiourme Hideki en suivant attentivement du regard le moindre des mouvements du concerné.

    Un faux pas, et c'est la chute.

    Mais Hideki se rassure très vite, son ami n'en est pas à son premier combat et jamais il ne ferait une erreur de débutants pareille. 

    Seulement, la nature peut parfois s'avérer très injuste en décidant parfois de donner un coup de pouce à l'un des participants d'un duel.

    Parce qu'un bout de la paroi rocheuse de la falaise va brusquement s'effriter sous les pieds de Daï, pour le faire aussitôt trébucher en arrière...

    074

    ...Et malheureusement en direction du gouffre.

    - Que.. que.. en balbutie d'étonnement le jeune roi dans un moment de panique à cause de sa soudaine perte d'équilibre.

    Il en cri ensuite d'effroi et son coeur s'emballe de terreur alors qu'il commence une chute en arrière et dans le vide, tandis que devant lui et tranquillement posé sur le rebord de la falaise, le regarde en éclatant de rire, son ennemi.

     

     

     

    *     *

    *

     

     

    Pendant ce temps, sur Octavia...

    074

    - HIYAAAHHH!!!!

    - A..Aïko? Ca.. Ca va? s'interloque Sayuri en se précipitant vers la concernée, le regard inquiet car celle-ci semble en proie à un malaise et à des convulsions,

    074

    - Ji..Ji.. Jiseï...

    - Hein?!! fait de nouveau Sayuri avec incompréhension, quand tout à coup, son amie se matérialise sous ses yeux dans un rayon de lumière étincelant, - Aïkoooooooooooo ?!!! qu'elle crie ensuite, complètement abasourdie, - What the fuck ??





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