— Alors, peins-moi ! lui fait-elle vivement en quittant le tableau du regard pour dévisager son petit ami — je veux que tu me peignes, moi...
C’est elle, sa fée... Pas une espèce de blondasse décolorée.
Gêné, Jun rougit puis lui lance un tendre regard suivi d’un clin d’œil empli de malice ; — Je vais te chercher une chaise pour te faire poser...
Sa phrase terminée, il pose ses pinceaux et sort de la pièce, sans oublier de déposer un léger baiser sur le bout des lèvres de son futur modèle.
Pourquoi les femmes sont-elles si jalouses ?
Comment sa moitié peut-elle se comparer à un vulgaire fantasme ?
Cependant, même s’il ne comprend pas vraiment ce comportement féminin, il doit bien avouer qu’il adore se sentir aussi important aux yeux de sa belle.
Une fois seule devant le tableau, Evaï glousse en dévisageant cette blonde platine qui pourrait postuler pour faire les jaquettes des boîtes de poupées Barbie tant elle a l’allure d’une sainte-nitouche..
Pouffiasse !
Il ne s'agit que d'une peinture. Elle n’a pas à être jalouse d’un simple dessin...
Pourtant.. Evaï se sent vraiment mal devant cette étrange jeune fille...
Elle a malgré tout confiance en son petit ami. En huit mois, il n’a jamais fait le moindre faux pas qui pourrait éventuellement la faire douter de lui.
Elle veut croire en lui... Jun, c'est quelqu'un de bien. Un garçon droit et honnête, dôté d'une droiture exemplaire.
La porte de la chambre s’ouvre doucement ; Jun est de retour avec une chaise sous le bras.
Il la pose en plein milieu de la pièce, avant de revenir enlacer tendrement sa dulcinée ; — prête à poser pour le plus grand peintre d’Eternia ??
— Toujours prête pour toi, tu le sais bien... lui minaude-t-elle avec sensualité en dandinant son corps contre le sien.
— Heeey arrête ça tout de suite, rit-il aussitôt, — je vais peindre là... et pas te faire grimper au septième ciel...
— Zut.. Lui répond-elle en lui déposant un doux baiser sur le bout des lèvres.
Délicatement, il glisse ses mains sous ton tee-shirt, afin de le lui enlever, en murmurant, les yeux embués de désir ; — Ce sont les exigences du peintre...
— Mais Arkan... s’inquiète soudain la jeune fille ; la chambre est commune et elle n’a pas vraiment envie de faire du topless devant le benjamin de la famille.
— Arkan est en bas et je vais fermer la porte à clef.. Lui répond-il d’un air malicieux en continuant de la déshabiller délicatement.
Une fois en sous-vêtements, la jeune fille le dévisage avec envie et s’il continue de l’embrasser avec une telle ardeur, elle va bientôt lui arracher tout ses vêtements telle une lionne affamée...
— Le peintre a dit « assis » ! lui sourit-il soudain en la dirigeant vers la chaise au milieu de la pièce.
Obéissante et amusée, Evaï rejoint l’objet pour s’y asseoir ; les jambes croisées et la tête soutenue par sa main gauche.
— Nan, lui fait-il vivement en restant planté devant elle — je peins pas un sac !
— Pardon ?? marmonne-t-elle, — de quoi « un sac » ??
— Sexy la pose, sexy, reprend alors Jun, l’air très sérieux, — je veux que tu sois sexy !!
Boudeuse, elle change de position pour en adopter une autre,
— Et là, ça va monsieur ??
— Eeeeeuh... NAN. Même joueur joue encore !
Evaï change à nouveau de position, pour en adopter une plus féminine et gracieuse,
— Et là ? Tu me dis que ça va pas et je t’étrangle !
— Jolie oui... mais trop classique ! poursuit-il en admirant toutefois ses courbes délicieuses presque totalement nues.
En fait, elle sait ce qu’il veut finalement, car elle le connait trop bien.
Elle change alors à nouveau de position, pour en adopter une encore plus sexy.
— Parfaiiiit ! lui lance-t-il sans attendre — tu bouges plus !!
Amusée, elle lui chuchote ; — Profite en ! Après, c'est moi qui te déshabilles, ça va pas toujours être les mêmes qui se rincent l'oeil ici !
— Serre un peu plus tes bras... Histoire d’arrondir encore plus ces...
— Pervers !! rit-elle en obéissant. — Allez maintenant ça suffit !! Au boulot, tout de suite, sinon je me rhabille !
Désormais, c’est à lui d’obéir et c’est ce qu’il fait et ce même s'il est un peu déçu de devoir jouer avec ses pinceaux quand il a sa petite amie presque nue derrière lui...
Dure dure la vie de peintre !
— Dis mon cœur, demande soudain Evaï, toujours immobile sur son siège — qu’est-ce qu’on fait ce soir ?
— Aucune idée. Je te laisse décider !
— On mange dehors et on va ensuite chez moi ? lui propose-t-elle le plus sensuellement possible.
— Hummm j'aime... Surtout la fin !
*
Quelques heures plus tard, il fait maintenant nuit noire sur la capitale d’Eternia et sur la petite maison Daemon.
Jun est prêt à rejoindre sa dulcinée pour passer, en sa compagnie, une soirée des plus romantiques.
Il a passé tout l’après-midi sur son tableau, qui est censé la représenter, mais il n’en est pas satisfait pour autant, ce soir.
— Les couleurs sont trop vives n’est-ce pas ? Demande-t-il à Arkan qui joue derrière lui.
— Mais nan il est classe ton tableau, soupire son cadet, avant d’enchainer, pour changer de sujet, — tu la rejoins a quelle heure Evaï ?
— Maintenant ! lui répond Jun en sortant de la chambre, — à demain microbe !
— C’est ça, c’est ça, à demain ! Rit Arkan en le regardant disparaitre dans le hall d’entrée.
Mais avant de rejoindre sa petite amie, il va faire un arrêt au salon, où semblent se détendre son oncle et sa tante. Il doit absolument leur poser une question qui le turlupine..
— Aaron ? Je peux te demander quelque chose ? demande-t-il timidement en arrivant devant le couple.
— Oui, bien sûr, lui répond aussitôt celui-ci — qu’est-ce qu’il y’a ?
— Est-ce que tu connaitrais par hasard une race qui aurait la peau rose pâle et des marques rosées sur le visage ?
— Eeeuh.. Semble réfléchir Aaron, avant d’étouffer un petit rire — Jun.. Des races qui ont des marques sur le visage il y’en a des centaines dans l’univers, voire des milliers...
— Némésia non ? Propose soudain Anne.
— Le peuple d’Octavia aussi, ajoute Aaron.
— Et n’oublions pas Centania ! Reprends Anne avec un sourire.
— Et maintenant que j’y pense, je crois que les Syphaniens ont aussi des marques sur le visage... complète encore Aaron en creusant sa mémoire pour trouver encore d’autres peuples.
— J’y vais, je vais être en retard sinon, fait Jun en disparaissant du salon.
Il est évidemment déçu de constater que son oncle et sa tante viennent de confirmer ses craintes : il y’a bien trop de races à la peau marquées dans l’univers.
Autant chercher une aiguille dans une meule de foin...
*
Comme toujours après une soirée en amoureux, Jun et Evaï se retrouvent chez la jeune fille, pour finir la nuit..
Orpheline depuis maintenant trois ans, la jeune fille vit ici, seule ; dans cette petite maison à l’entrée de la capitale. Demeure qui est l’endroit rêvé pour un petit couple quand celui-ci désire plus d'intimité pour faire monter la température...
Après une folle série de baisers, tous plus langoureux les uns que les autres, Jun commence à perdre le rythme, comme si quelque chose le perturbait...
Ou quelqu’un...
— Jun..? Murmure tout bas Evaï lorsqu’elle remarque que son partenaire ne semble pas au meilleur de sa forme ; en effet, il est pâle.. Terriblement pâle. — Ça va pas mon cœur ? Tu es malade ? Tu veux qu’on s’allonge ?
Il ne répond rien. L'air perdu, son corps se fige et ses pensées s'embrouillent ; elle est de retour...
J’un, mon amour !
Pourquoi ne viens-tu pas ?
Je t’attends !
J’ai tant besoin de toi !
— Jun ?? Reprends Evaï, de plus en plus inquiète ; le silence et la pâleur de son petit ami ne lui disent rien qui vaille.
Pourquoi me laisses-tu ?
Alors que j’ai tant besoin de toi.
Je t’en prie...
Au secours !
Jun...
— Qui...Qui es-tu.. Marmonne Jun à haute voix en pâlissant un peu plus.
Pourquoi l’appele t-elle a l’aide ? Pourquoi la voit-il s’écrouler au sol ? Cette jeune femme serait-elle en danger de mort ?
— Je vais appeler un médecin ! Annonce brusquement Evaï, inquiétée par le fait que son petit ami semble délirer en se parlant à lui-même...
— Ce n’est rien mon ange, se reprend soudain Jun en ramenant ses mains vers sa dulcinée, pour la prendre délicatement dans ses bras.
— Tu te moques de moi ?? se vexe Evaï.
— Je te raconterai tout plus tard, poursuit Jun de sa voix la plus calme — je vais rentrer, il faut que je vérifie quelque chose. Je reviens te voir demain matin.
— M.. Mais...
— Je te le promets ! lui assure-t-il avec un sourire, avant de rechercher ses vêtements éparpillés au sol.
Rapidement, il se rhabille alors, sous les yeux médusés de sa petite amie, avant de revenir vers elle pour lui déposer un léger baiser sur le bout des lèvres.
Puis il se téléporte pour rentrer chez lui. Sans rien ajouter de plus.