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    ♪ Dreaming spirit - audio network ♪

     

    En panique, Laur Muller a sauté dans le premier avion qu'elle pouvait attraper pour se précipiter à l'hôpital où allait être soigné son époux ; dès qu'elle a été mise au courant, c'est sans réfléchir qu'elle s'est précipité. Il faut dire qu'elle l'aime tellement aussi, cet homme... Pourtant, sa meilleure amie l'avait prévenue de ne pas le faire, de courir ainsi à son chevet. Ce sale type ne méritait plus ni sa dévotion, ni son amour, et encore moins un minimum de compréhension. Les raclures paient toujours un jour où l'autre leurs crimes, cela est bien connu, et ce sale chien pait très certainement aujourd'hui pour ses nombreux pêché. Il existe bel et bien une justice sur terre, selon la meilleure amie de Laur.

    Mais l'ex-Muller n'ayant jamais été du genre influençable avait préféré écouter son coeur, courir ici, pour le voir de ses propres yeux, se renseigner elle-même de sa santé, de son état, voire peut-être être là à son réveil. Depuis l'annonce de son accident, elle n'a plus fermé l'oeil et elle est aujourd'hui morte d'inquiétudes : si seulement il pouvait le voir, cela... Afin de réaliser à quel point elle peut l'aimer et à quel point elle serait capable de le rendre heureux..

    C'est donc finalement et en conséquence l'air épuisé qu'elle arrive dans ce couloir froid d'hôpital pour constater sa plus grande rivale déjà ; et encore assise sur l'une des chaises de l'endroit.

    Les deux femmes se dévisagent aussitôt. L'une avec mépris, l'autre avec dédain. L'une avec haine, l'autre avec lassitude. Laur en a tellement assez, de cette sale blonde qui lui pourrit décidément la vie.

    Vanessa la méprise tellement, cette idiote qui a su le lui enlever pendant si longtemps. Pourtant, le visage de la blonde n'affiche désormais plus de grimaces grossières animées par une haine profonde et réelle, mais plutôt un palpable désespoir ; et ses yeux rougis trahissent très vite à son interlocutrice silencieuse les nombreuses larmes qu'elle a pu verser depuis presque 48 heures.

    — Le verdict est tom.. tombé... Il.. Il est dans le coma, et... Qu'elle laisse tomber d'une voix mécanique en plongeant désespérément son regard dans celui de sa rivale, les yeux de nouveaux humides, au bord de l'explosion, comme si elle recherchait en son interlocutrice un éventuel réconfort. Un soutien, quelqu'un qui partage, comprends, sa peine. Elle en a tellement besoin. De quelqu'un avec qui subir sa peine, d'une présence, d'une alliée, de quelqu'un qui pourrait la comprendre, de quelqu'un avec qui elle pourrait en parler, de quelqu'un sur qui elle pourrait exploser, de.. De.. D'une amie, tout simplement. Oui, aujourd'hui, cette femme qui se tient là devant elle pourrait endosser ce rôle, elle saurait sans difficulté mettre de côté toute la rancoeur qu'elle lui vouait pour lui offrir ce poste...


    — Tu es fière de toi, j'espère, lui renvoie simplement Laur avec désintérêt et lassitude, en s'enfermant dans un mur d'indifférence et de froideur, — après tout, n'était pas ce que tu souhaitais? Le détruire, pour l'empêcher d'être heureux avec moi.

    — Quoi...? Ne trouve qu'à balbutier Vanessa sous la surprise de cette gifle mentale, de ce choc auquel elle ne s'attendait pas. Tremblante, elle en perd toute sa répartie sous la pseudo-accusation de son interlocutrice pour lui bafouiller des mots maladroits, des incompréhensions évasives, torturées.

    — Je ne suis qu'une idiote, lui grogne Laur avec dépit désormais en laissant soudainement dévaler le long de ses jours un flot de larmes, avant de reprendre, entre deux hoquêtements,


    Qu'est-ce que je fous ici ?!??? J'en ai marre !! De toi ! De lui ! qu'elle explose d'un coup et avec brutalité pour conclure, tout en tournant vivement les talons afin de repartir d'où elle vient presque au pas de course ; qu'était-elle en effet venue faire ici ? Qu'espérait-elle réellement en venant en ces lieux ? Elle qui n'a décidément toujours été que la seconde, la remplaçante, la substitution de la sale blonde ! Quelqu'un de moins pathétique qu'elle se serait renseignée par téléphone sur la santé de son époux accidenté, pour éviter de se ridiculiser, une fois de plus et sur place, devant sa plus grande rivale !

    L'ex épouse Muller ne s'est décidément jamais sentie aussi pathétique qu'aujourd'hui et seul le souvenir de sa petite Ashelia, actuellement chez sa nourrice, lui redonne finalement l'envie de remonter dans un avion pour retourner chez elle au plus vite.

    Abandonner la partie? En finir?

    Elle y a pensé, c'est vrai, elle ne le niera pas... Mais elle ne s'en donnera pas le droit. Pas pour lui. Lui qui ne mérite même pas la moindre de ses pensées.... elle ravale un sanglot en réalisant cela et s'essuie discrètement ses yeux humides, avant de s'en aller renfiler son manteau pour repartir d'un pas rapide vers sa voiture, l'air confiant. Elle croit en l'avenir et l'idée d'être une mère célibataire ne l'effraie plus. Sa petite Ashelia lui donnera la force de se lever chaque matin ; elle n'a, après tout, aucunement besoin de cet homme aux frontières de la vie et de la mort. Qu'il vive, ou meurt, ne changera en rien le futur que Laur se choisit aujourd'hui.

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