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    Quelques minutes plus tard Et alors que son frère semble s'être légèrement endormi, Eva se relève doucement du canapé en reposant doucement la tête de son jumeau sur celui-ci. Elle s'éclipse quelques instants dans sa chambre et pendant sa courte absence, ses deux amies, Paula et Silvia, reviennent à leur domicile, l'air joyeux. En effet, les deux jeunes femmes reviennent d'une virée en ville entre filles.

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    — Merde, Jeff ?! S'intrigue Paula la première en apercevant le concerné allongé sur leur canapé. Sans attendre, elle se précipite alors près de lui pour s'accroupir à ses côtés et le regarder ouvrir doucement les yeux dans sa direction avant de la questionner d'un air glacial,

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    — Où est Eva ?!!

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    — Euh, je ne sais pas, pourquoi ? Je viens de rentrer, moi, répond gentiment et avec douceur Paula, caressant ensuite tendrement la joue de son premier amour, l'air inquièt, — mais que t'es t-il arrivé, toi ?! Qu'elle lui demande ensuite avec sympathie.

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    — C'est pas tes oignons, dégage, la repousse brutalement et sans ménagement Jeffrey de sa main gauche, la faisant sur le coup se cogner contre la table derrière elle, puis bafouiller juste après,

    — Je, je... Mais...

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    — Putain, où est ma soeur ?! Reprend Jeffrey, fébrile, sans se soucier du coeur qu'il vient de briser une nouvelle fois, — appelle ma soeur, allez! Qu'il ordonne, exaspéré.

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    — Tu te prends pour qui ? Se décide enfin à intervenir Silvia, à bout, — Paula n'est pas ton chien, alors tu respectes la un peu, pauvre con.

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    — Pardon ? S'offusque fièrement Jeffrey en retour, fusillant du regard cette fille qu'il ne connait que de nom et de loin, — d'où tu m'adresses seulement la parole, toi?!?

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    — Je te dis que t'es un connard qui sert à rien à part à manipuler les gens gentils, si je veux ! Car je vis ici, moi aussi, je te signale! Et si entendre la vérité de ma bouche te défrise un poil de cul, c'est pas mon problème, mon grand.

    — Ferme ta gueule, connasse, ou..

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    — Ça suffit, tous les deux, tempère vivement Paula, l'air triste et honteux. En effet, la jeune femme semble préférer s'écraser devant le Beckers affaibli et cela ne lui ressemble pas. S'abaisser ainsi devant quelqu'un...

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    Mais en face de cet homme, elle perd depuis peu tous ses moyens. Il la déstabilise tellement... Devant lui, elle n'a plus ni fierté ni honneur et s'il lui demandait soudain d'aller se jeter nue par la fenêtre, c'est à se demander si elle ne le ferait pas...

    Et elle n'en est pas fière, de cela.

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    — Tu ne mérites pas une fille aussi géniale qu'elle, tocard, recommence à agresser Silvia, annonçant dans cette phrase qu'elle est au courant, elle, de la relation secrète que ses deux interlocuteurs entretiennent.

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    — Ah vous êtes rentrées! Revient enfin Eva dans la pièce, sauvant ainsi son amie Silvia des nouvelles insultes que son frère jumeau s'apprêtait à lui envoyer en pleine figure.

    — Dis-leur de dégager, se contente en conséquence de grogner Jeffrey en croisant les bras, boudeur.

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    La jeune Beckers, haussant les épaules, se rassoit alors sur le canapé de la pièce, laissant son frère s'adosser très vite contre elle, l'air grognon. La jeune fille, suspicieuse, demande alors à l'assemblée qui l'entoure,

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    — Gné ?

    Il y aurait-il quelque chose qui se serait passé ici et qu'elle serait la seule à ignorer ?

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    — Pauvre abruti, revient Silvia avec dédain, en direction de Jeffrey, — minable... qu'elle ajoute.

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    — Vous pouvez nous laisser seuls quelques instants ?! se décide à demander Eva à ses amies en soupirant, — s'il vous plaît. Merci. Qu'elle poursuit, d'une traite, sans même attendre de réponses à sa demande ; elle n'en a pas besoin. Ses amies vont s'en aller, un point c'est tout.

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    — Non, mais je rêve ?! S'agace aussitôt Silvia en réalisant que son amie et colocataire vient de prendre la défense de son désormais ennemi, sans même réfléchir une demie-seconde à l'éventuelle possibilité que celui-ci soit un crétin fini.

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    — On bouge, lui marmonne Paula en lui attrapant vivement le bras pour la trainer avec elle vers la sortie de l'appartement. La jeune femme n'a pas envie de se mettre à protester, pour sans aucun doute déclencher une dispute qui sera forcément lourde et longue. À cet instant, la jeune femme n'en a plus la force. Elle préfère encore abdiquer et disparaître provisoirement avec son amie Silvia, plutôt que d'entrer en guerre contre l'armée Beckers, armée qui de toute manière est et sera toujours plus unie et bornée que jamais...

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    — Tu sais qu'elle est au bord des larmes Paula, là ? Soupire Eva une fois seule avec son frangin, — et tu vas peut-être me raconter ce qu'il t'est arrivé pour que tu sois dans cet état, et ce que tu peux bien avoir contre Silvia...?

    — Rien de bien grave, j'avais juste envie de rester seul avec toi, c'est tout. Putain, elles ont qu'à aller faire les boutiques, ça les occupera! Elles sont bonnes qu'à ça de toutes.

    — Tu es méchant et stupide, là, Jeff.

     

     

    *

     

     

    Quelques mètres plus loin et alors que Silvia et Paula allaient enfin prendre l'ascenseur pour détaler au rez-de-chaussée de l'immeuble afin de s'en aller prendre l'air, Gustav apparaît soudain derrière les portes mécaniques de la machine.

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    Le jeune homme venait voir sa petite amie et c'est l'air dubitatif qu'il la salue en la croisant,

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    — Bah alors, tu vas où ?!

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    — Coucou Gus', eh oui on sort un peu avec Paula. Y a ton abruti de couz' à la maison, là, et franchement, il vaut mieux qu'on s'éloigne un peu avant que j'en fasse de la charpie.

    — Jeffrey ? S'enquit Gustav, surpris.

    — Ouais, le connard de base.

    — Uh.. ?!

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    — Tu viens avec nous ?

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    — Euh, bah si Jeffrey est là, j'aurais aimé le voir un peu, ça fait longtemps que..

    — Ok, salut, balance sèchement Silvia en se précipitant vers l'ascenseur pour lui ordonner avec nervosité d'ouvrir ses portes mécaniques, — viens, Paula! Qu'elle appelle, incite son amie à la suivre.

    — Le prends pas comme ça... tente Gustav dans un soupir, tandis que sa petite amie disparaît déjà de son champ de vision, emportée par l'ascenseur qu'elle vient d'emprunter. Le jeune homme hausse alors les épaules. « Elle finira bien par se calmer.. » Après tout, il n'a rien fait de mal : ce n'est tout de même pas un crime qu'il préfère s'en aller discuter avec son cousin qu'il n'a plus vu depuis des lustres, plutôt que d'aller en ville avec deux filles.

    C'est ce qu'il se dit en pénétrant, serein, dans l'appartement où sont encore les jumeaux Beckers. La porte n'était pas fermée à clefs.

    — Coucou ! Qu'il salut très vite, remarquant en moins de deux ses deux cousins sur le canapé de la pièce : Jeffrey allongé sur toute la longueur du sofa, la tête reposant sur les genoux de sa soeur. Il semble somnoler...

    — Hey, Gustav ! Se dépêche de faire Jeffrey, souriant, en rouvrant les yeux, — ça gaze ?!

    — Salut Gustav, enchaine ajoute après Eva, - tu viens de louper Silvia, désolée.

    — Non c'est bon, je l'ai croisée en venant !

    — Comment tu fais pour sortir avec cette hystérique ? Se moque ouvertement et sans attendre Jeffrey, sans prendre le moindre gant, — c'est une pimbêche, cette meuf. Désolée de te le dire, mais..

    — Tu ne la connais pas, Jeff, alors je ne la juge pas, défend Gustav, soupirant ensuite, — mais tu me confirmes désormais ce que je pensais il y a deux minutes : vous êtes en froid ? Qu'est-ce qu'il s'est passé entre vous ? Que lui reproches-tu ?

    — Définition du Jeffrey, caractère de merde.. Soupire Eva, - pourquoi tu cherches encore à comprendre, Gus ?

    — Elle se mêle de ce qui ne la regarde pas, c'est tout. Je ne supporte pas les gens comme ça ! Grogne Jeffrey, toujours boudeur, — elle se prend pour une petite princesse qui a tous les droits, je ne supporte vraiment pas ça !

    — Parce qu'il y a des choses que tu supportes, toi ? Lui fait en riant Eva en lui tirant les joues affectueusement.

    — Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? Si ce n'est pas trop indiscrèt, ose Gustav, hésitant, intrigué par l'état de son cousin ; en effet, celui-ci semble vraiment mal en point et grimace tout de même de douleur très souvent, derrière ses sourires forcés...

    — En effet, c'est très indiscret, confirme Jeffrey en se braquant légèrement, — et sinon, tu l'as rencontrée où l'autre pimbêche ?

    — Je vais te demander de la respecter, Jeff, marmonne Gustav en fronçant les sourcils.

    — Tu sais qu'elle est plus âgée que toi, quand même? Allez, sérieusement, où est-ce que tu as pu la rencontrer ?! Ça m'intrigue...

    — Ça.. C’est mon jardin secret.. Et c'est très indiscrèt de tenter d'y pénétrer, sourit Gustav en réponse à son cousin avec un clin d'oeil taquin. Oeil pour oeil, dent pour dent. Si son interlocuteur ne souhaite rien lui confier, très bien, le jeune Foster lui rendra alors la pareille !

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