• 280

     

    *

     

     

    280

    — Bonjour, salut très poliment Erwan aujourd'hui alors qu'il vient enfin de se décider a rappeler sa jolie interne en chirurgie afin de l'inviter au restaurant, — comme promis, je vous appelle, qu'il poursuit, taquin, — parce que je sentais que vous en rêviez ! Vos fantasmes sont arrivés à mes oreilles ! Qu'il l'embête très vite, testant ainsi son éventuelle répartie, voire sens de l'humour.

    — Totalement, et je n'en pouvais plus d'attendre! Mon sex toy et ma petite culotte vous le confirmeront! Bonjour! Beau brun! s'exclame son interlocutrice à l'autre bout du fil, joyeuse, taquine, coquine, comme à son habitude dès qu'elle n'est plus entre les murs de l'hôpital ou la rigueur est reine et qu'elle sent qu'avec un homme le courant passe, — alors? où est-ce que l'on peut se voir ?

    280

    — Humm... Vous savez parler aux hommes, vous, dis donc! Et est-ce qu'un soir de cette semaine-là vous irait mieux qu'un autre? s'amuse Erwan d'une voix suave en s'armant de tout le charme qu'il possède.

    — Eh bien ce soir, je ne suis pas de garde!

    — Humm.. Et bien va pour ce soir, alors! Je passe vous prendre? Je connais un très bon restaurant japonais pas très loin.

    — C'est encore mieux qu'un café, un restaurant! Et ça me va pour ce soir, j'ai hâte d'y être ! J'habite aux 14 rues des fougères enflammées, près de la station DiezelCayMwainCher.

    — C'est noté, ma belle! Je vous dis donc, à ce soir!

     

     

     *

     

     

    280

    Aujourd'hui est le plus beau jour de la semaine, depuis peu, pour Tiphanie et Kurt Cobain. Et pour cause.. Depuis l'incarcération du brun inculpé pour meurtre avec préméditation et vol d'identité, les amants ne se voient évidemment plus très souvent.

    Mais aujourd'hui est le jour de la visite conjugale du couple et c'est lovés l'un contre l'autre qu'ils se câlinent sur ce petit lit branlant, dans cette petite pièce puante, dans laquelle on les a enfermés pour qu'ils puissent passer ensemble quarante-cinq minutes de bonheur.

    Encore heureux que les amoureux eussent prévu le coup en s'épousant de nouveau via un mariage rapide à la mairie, peu avant l'incarcération de l'époux Cobain. Ainsi, et pour cette unique raison, ils ont droit à ce jour merveilleux dont bénéficient tous les couples séparés par un long emprisonnement.

    Du sexe? Bien évidemment que la majorité des couples qui se retrouvent ici en abusent encore et encore, vidant ainsi leur libido en retrouvant enfin leur amour.

    280

    Mais pour le couple Cobain, le sexe est devenu plus qu''accessoire ces derniers mois... et pour cause. Tiphanie Cobain est tout de même enceinte de sept mois pleins et sur son gros bidon est inscrite l'interdiction formelle de leur fils de faire des cochonneries en sa présence!

    280

    Eh oui. Tiphanie Cobain est enceinte d'un garçon.

    280

    — Il faut qu'on se mette d'accord sur un nom, rappelle avec taquinerie l'épouse dans le creux des bras de son amant, — il ne nous reste que deux mois, Kurt! Il faut qu'on se décide!

    280

    — Raaah, je sais, mais t'es jamais d'accord avec mes propositions aussi, chaud!

    280

    — Pas de ma faute si tu me proposes que des trucs qui feront honte au choupinet! Je suis bien obligée de penser à son avenir et aux conséquences qu'aura son futur prénom sur ses futures relations amoureuses!

    — Gné ?

    — Bah quoi? Je suis désolée, mais Joakim par exemple, c'est orgasmique comme prénom, mais Ursel par contre, c'est, c'est.... hummm... Argh! Mon amour pour toi m'empêche de te l'avouer, tu ne m'en veux pas trop, j'espère?!

    280

    — N'importe quoi !!!! Bon, puisque c'est comme ça, et si on laissait les lecteurs décider?

    — Ça roule ! Mais s'ils lui votent un nom à coucher dehors, c'est toi que je tue, mon coeur!

     =======> SONDAGE xD <=======

     

     

     

     *

     

    ♪ Sia - Breathe me ♪

      

    280

    Alors que la nuit tombe lentement sur la capitale allemande, Eva s'offre une petite sieste sur son lit, dans la chambre où elle a grandi et qu'elle a si longtemps partagé avec son frère jumeau, pour se remettre de ses émotions récentes qui l'ont plus que bouleversée,

    280

    Mais alors qu'elle somnolait, elle se fait soudain réveiller par une douce mélodie qu'il semble provenir de la pièce a coté, le salon...

    280

    Sans attendre, elle se traine alors jusqu'a sa chaise, en pyjama toujours, pour s'y asseoir et rouler doucement jusqu'à la porte de sa chambre. La mélodie est chantonnée et c'est bien la voix de sa mère qu'elle reconnait d'ici. Cela l'intrigue au plus haut point.

    Discrètement, elle ouvre alors la porte de communication, et sitôt qu'elle apparait dans la grande salle, sa mère interrompt sa chanson pour se retourner vers elle, un large sourire esquissé sur les lèvres.

    280

    — Tu es déjà réveillée? Tu as bien dormi? qu'elle lui fait affectueusement.

    280

    — Qu'est-ce que c'est que cette chanson? ne perd pas le nord Eva en se rapprochant de sa mère, assise sur le canapé du salon, — elle est.. De toi?

    280

    — La mélodie au piano est d'Erwan! Ça fait très longtemps qu'il l'a composé et je me suis amusée à l'illustrer de paroles, oui... mais juste pour patienter en t'attendant ma puce !

    — Elle est trop triste, ta chanson.. Marmonne Eva en arrivant près du canapé, tandis que sa mère l'aide à quitter sa chaise roulante pour s'y asseoir à ses côtés.

    — J'ai perdu beaucoup de choses récemment et cela m'a rendu triste, oui.. Mais je vais changer maintenant mon bébé, je vais devenir une bonne maman, je te le promets!

    280

    — J'ai menti.. Marmonne honteusement Eva les larmes aux yeux, — je t'ai menti quand je t'ai dit que quand je m'étais teinte en blonde c'était pour être une garce, parce que toi tu étais blonde... Je voulais te faire du mal, c'est tout...

    280

    — Ce n'est pas grave ma chérie.. Je ne veux plus repenser à tout ça ..

    — Alors qu'en fait c'est parce qu'au fond tu es un modèle.. Alors, je voulais te ressembler. Parce que tu es ma maman...

    280

    — Eva, arrête!! commence à en sangloter la mère de famille, — on va se mettre à pleurer comme des vieilles loques là, et ça va pas être un beau spectacle a voir !!

    — Mais quoi, c'est vrai, tu es ma maman et je t'aime.. Et je m'excuse d'avoir été si méchante avec toi .. Continue Eva sur ce même ton penaud et honteux, de grosses larmes lui déferlant le long des joues.

    — J'ai été beaucoup plus méchante que toi mon bébé, mais une chose est sure je n'ai jamais cessé de t'aimer, même si je n'ai pas toujours su te le montrer comme il aurait fallu... en pleure maintenant clairement Vanessa, — Et je ne réalise pas que tu m'aies appelé à l'aide aujourd'hui ... Je pense que ce jour restera gravé comme le meilleur de ma vie toute entière.. Qu'elle continue, serrant désormais fort son enfant contre elle, — plus jamais on ne se détestera hein, mon bébé ? Car ça fait vraiment trop mal de se séparer... Et j'espère que tu me pardonneras d'avoir été aussi odieuse à Paris, je m'en veux tellement...

    — C'est oublié maman... rassure Eva en ravalant un sanglot et en s'essuyant les yeux d'une main tremblante pour reprendre avec optimisme,

    280

    - On va faire revenir Erwan et Jeff à la maison, tout ira bien! Qu'elle sourit, prenant la main de sa mère pour la serrer fort.

    280

    — Les garçons sont vraiment très déçus par moi Eva et j'ai peu d'espoir qu'ils me pardonnent un jour, surtout Jeff... n'a pas du tout l'air convaincu Vanessa dans un soupir.

    — Tu as fait ça pour son bien.. Tu pensais bien faire, n'est-ce pas ?

    — Non ma chérie.. Je l'ai fait par rancoeur, car j'ai jugé que sa copine était responsable de tous nos maux.. Vu que c'est elle qui lui a tourné la tête, l'a fait changer puis fuir de la maison... Alors, je l'ai fait par méchanceté, et uniquement par méchanceté.. Je.. je.. je voulais qu'elle sorte de sa vie à tout prix... Car l'idée que Jeff vive quelque chose avec cette femme qui nous avait causé tellement de tort me rendait malade, alors.. je.. je...

    — Je comprends... moi aussi je l'ai détesté Ana, tu sais.. Alors, je te comprends...

    280

    — Bref, assez parlé de ton frère, je voudrais que tu me dises ce qu'il en est avec ton blond méprisable et, et.. Et ton petit chouchou là... Raphaël Bauer, c'est ça ?

    280

    — Que, que?! en a soudainement les joues cramoisies la jeune fille, — mais, mais n'importe quoi!! Où est-ce que tu es allée chercher ça!!!

    — Arrête ma chérie, le prend avec le sourire Vanessa pour taquiner sa fille, — n'oublie pas que je n'ai pas raté une seule de tes chansons, et je sais qui sont tes deux derniers petits amis... Ne me prend pas pour une idiote non plus !! Je suis ta maman, tout de même.. Et je sais lire entre les lignes de "printemps", et "comme des enfants", par exemple !!

    280

    — Arrête de te moquer, méchante!! humpf!! Et puis c'est, c'est... c'est fini depuis très longtemps avec Raphaël, alors tu te chuteeuhh !

    — Pourquoi est-ce que tu es rouge comme une tomate alors ?! rit maintenant clairement Vanessa, joyeuse, — pas à moi Eva, pas à moi ! Car aimer deux hommes à la fois, je sais ce que c'est, crois-moi... qu'elle reprend aussitôt après, la mine soudainement assombrie, — et je sais que c'est dur de vivre, très, très dur... Alors, j'espère que toi tu, tu...

    280

    — Et comment est-ce que tu as fini par choisir papa, en fait .. ? ose timidement Eva, sachant très bien qui étaient les deux hommes de la vie de sa mère.

    — Je, je... eh bien disons que... répond Vanessa en déglutissant péniblement, - disons que.. Que ton père c'était euh.. Disons le seul, l'unique, en quelque sorte le grand amour que l'on rencontre qu'une fois dans sa vie et pour lequel l'on pourrait tout faire, l'amour irrationnel, la passion folle... Et Erwan, à côté il représentait l'amour sage, stable... La raison... Alors moi, sans vraiment réfléchir, j'ai choisi mon unique... -ma divine, idylle...- Parce que cet amour là, l'unique, tu le reconnaît sans hésiter.. Il est celui qui te déchire le coeur dès qu'il n'est plus dans la même pièce que toi? tu vois ce dont je parle..?

    — Je, je.. Oui, je crois.. En baisse les yeux de honte Eva, réalisant tellement que cet amour-là, pour elle, n'a jamais été blond...,

    280

    — Eh eh, je suis contente en fait, qu'elle sourit ensuite, timide, — parce que c'était mon papa alors, ton plus grand amour, donc ..!

    — Mais moi j'ai mal joué, Eva ! parce que je l'ai choisi, mais je l'ai ensuite perdu, mon grand amour, reprend Vanessa dans un soupir, — mais j'ai tout de même su le choisir... Et ça, c'est important, retiens le. Car toi aussi, tu devras savoir le choisir à temps... parce que lui.. Le tien... Il est là, Eva. Il est encore là... Bien vivant. Alors, je t'en prie, ne reproduis pas mes erreurs et ne le laisse pas filer, ou s'éteindre...

    — Je, je... mais c'est tellement compliqué entre nous, en meurs décidément de honte Eva de parler ainsi de son demi-frère caché. Le premier fils de son propre père. Seigneur Dieu, si sa mère apprenait cette cruelle réalité, cela la tuerait surement.

    — Que va-t-il faire, cette année, le beau Raphaël ? reprend pour changer de sujet Vanessa, - je veux dire que là, il s'amuse avec Erwan et compagnie, mais eux ont déjà fait leurs vies... tandis que lui.. ? Peut-être a-t-il des projets d'avenir ?

    — Il a eu son bac et ira en fac de lettres l'an prochain, apprends Eva à sa mère avec un pincement au coeur en réalisant sa situation à elle : handicapée et non-détentrice du baccalauréat.

    — Et Terry ? continue de questionner Vanessa, très curieuse sur le sujet des relations amoureuses de sa fille.

    — Terry était déjà à la fac, maman, S’amuse Eva de l'ignorance de sa mère, — il va passer en seconde année, là... en fait, tout le monde va se retrouver à la fac l'an prochain.

    — Paula a eu son bac ?

    — Aucune idée.. Mais je pense que oui ! Elle était bonne élève, souviens-toi.

    — On peut espérer que non, ça te fera de la compagnie pour cette nouvelle terminale, reprend avec un clin d'oeil Vanessa.

    — Tsss, regarde la chaise roulante là-devant, en soupire de dépit Eva, — je n'irais pas au lycée ainsi, plutôt crever. Et puis de toute façon, je ne peux plus y aller, car il y aura toujours des photographes de merde qui traineront dans le coin... tu sais que depuis le concert des garçons, c'est devenu invivable tout ça...

    — Avec le temps ça va se tasser ma chérie, ne t'en fais pas ! réconforte Vanessa, — et puis tu sais, c'est très facile de te cacher de ces crétins, une nouvelle coupe de cheveux, voire une teinture, quelques mois d'inactivité totale, et basta ! on en parle plus ! de toute manière, tes quelques mois d'inactivité, tu les auras, il faut que tu fasses ta rééducation.

    — Tu y crois, toi aussi ? comme Raph.. Hausse les épaules Eva, si peu convaincue de ses chances de remarcher un jour.

    — Bien sur que j'y crois. Et toi aussi, tu dois y croire. Tu es la première, qui doit y croire!

    « 279281 »