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    Le lendemain en question, Eva Beckers est donc prête a quitter enfin cet hôpital, assise sur une chaise roulante.

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    Elle est encore aujourd'hui, comme la majorité du temps, en fait, en compagnie de son Raphaël -qui a dormi à ses cotés la veille, ne sachant décidément plus se sevrer de sa présence-.

    Sagement, elle attend ce matin un coup de téléphone de son petit ami officiel pour être informée du moment où celui-ci viendra enfin la chercher pour la ramener chez "eux".

    La sonnerie tant attendue retentit soudain...

    — Coucou! qu'elle décroche alors rapidement, et plutôt chaleureusement.

    — Ok ma puce ne m'en veut pas, commence parse justifier Terry, — mais là on a un enregistrement urgent en studio. Je n'étais absolument pas au courant, moi!!

    — Ah...

    — Mais ce n'est pas grave, on va trouver quelqu'un pour venir te chercher quand même !

    — Raphaël est là, sinon...

    — Ah? s'intrigue aussitôt Terry, perplexe. Décidément, son ancien comparse tient très souvent compagnie à sa petite amie, et vu leur passé commun à tous les deux, réaliser de nouveau cela ne lui fait pas vraiment plaisir, — et qu'est-ce qu'il branle là, encore, lui?

    — Tututu, ne sois pas vulgaire, le prend avec le sourire Eva pour rester chaleureuse, mais si tu veux il me ramène chez lui et tu viens me chercher quand tu veux ?

    — Hummm.... en est de plus en plus sceptique le jeune blond, ne faisant absolument pas confiance a son vieil ami d'enfance.

    — C'est la meilleure solution, et ça serait bête de ne pas profiter de sa présence... En plus, tu n'as pas à t'inquiéter pas... On a passé l'âge de ces.. Puérilités, n'est-ce pas?

    — Hummm.... Admettons, abdique provisoirement Terry, je serais donc là vers midi. N’oublie pas de mettre tes grosses lunettes dès que tu es à l'extérieur pour te cacher de la foule un minimum ! Même si ça ne suffira certainement pas, hmmmm.. Bref, tu peux appeler une voiture pour qu'elle vous dépose, ou je t'en fais venir une ?!

    — Bah on va appeler la voiture des Memories, t'inquiètes pas pour ça !

    — Ok. A tout à l'heure alors. Je t'embrasse.

    — Moi aussi, souris une dernière fois Eva avant de raccrocher tranquillement, heureuse.

    Heureuse, mais aussi un petit peu honteuse... Honteuse d'être si heureuse d'avoir quelques heures à passer rien qu'avec son Roméo.. Tellement honteuse d'être aussi partagée entre ces deux hommes. Tellement désespérée, de les aimer autant, tous les deux.

    Raphaël d'un amour fou et démesuré. Et Terry d'un.. d'un.. Elle n'en sait rien, en fait.

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    Mais très vite, ce fatiguant petit jeu prendra fin.

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    Avec sans doute de très lourdes conséquences...

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    Mais qu'à cela ne tienne. Ils seront deux pour les affronter...

     

     

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    Ayant un besoin urgent de nouvelles lames pour son rasoir électrique, Erwan se presse dans la superette du coin, habillé le plus banalement possible, bien entendu -mais cependant suivi de loin par l'un de ses gardes du corps fringué en civil-. Oh, bien sur, ce célèbre chanteur pourrait bien évidemment envoyer quelqu'un faire ses courses personnelles à sa place, bien évidemment... Mais faire cela ne lui ressemble pas. Il a toujours préféré tout faire par lui-même, préférant toujours suivre, et à la lettre, ce célèbre dicton, "l'on est jamais mieux servi que par soi-même!". Parfois, il aime oublier qu'il est une star pour se comporter comme un monsieur-tout-le-monde.

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    — Hey, bonjour, vous! le fait soudain sursauter, puis se retourner, un très joli minois féminin qu'il reconnait très vite, mais sans vraiment savoir replacer l'endroit et le moment exact de sa rencontre avec.

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    — Euh, bonjour! qu'il salut cependant avec un léger sourire plutôt timide, tout en jetant un oeil en direction de son garde du corps ; réflexe de star, — hummm, on se connait, il me semble, n'est ce pas?! Par contre, je n'arrive pas à me souvenir d'où est-ce que..

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    — Je suis interne en chirurgie! l'interrompt chaleureusement son interlocutrice, — j'étais dans l'équipe qui s'est occupée de... qu'elle reprend ensuite d'une voix de plus en plus basse, afin de terminer dans un chuchotement discrèt, de September!

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    — En effet! Je me souviens, maintenant, sourit Erwan, un peu perturbé cependant, — zut, vous m'avez reconnu! Bon, faites comme si ce n'était pas le cas, hein! qu'il poursuit, avec un clin d'oeil.

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    — Oui bien sûr, ne vous en faites pas! lui rend son sourire son interlocutrice en rougissant légèrement, pour reprendre très vite avec malice et un soupçon de timidité, — hum, en fait, je.. C'est délicat à dire, mais je me demandais si ça vous dirait qu'on aille se boire un café à l'occasion ?

    — Oh, en semble surpris Erwan avec un sourire cependant, - vous êtes directe, vous, au moins !

    — Toujours, oui! Vous m'avez paru sympathique à l'hôpital, alors je me disais que nous pourrions faire de plus amples connaissances!

    — Chuut, parlez plus bas, rappelle Erwan en hésitant ensuite, — euh... euh.., qu'il hésite ensuite quelques instants en réalisant qu'il a oublié le prénom de son interlocutrice, alors qu'il l'a pourtant souvent lu sur son badge à l'hôpital !

    — Laur Dawan ! Mais pour vous, ça sera simplement Laur ! lui rappelle alors très vite la concernée, avant de reprendre d'une voix enjôleuse, — c'est donc d'accord pour la proposition ?

    — Et bien.. Ok, ça marche, Laur! acquiesce Erwan avec politesse en sortant son téléphone portable de sa poche pour se préparer à y entrer un nouveau contact, — numéro ? qu'il demande avec un sourire et un clin d'oeil.

    — 06.56.85.32.14, lui répond immédiatement sa probable future nouvelle conquête, sans l'once d'une hésitation, le visage illuminé de bonheur, avant de lui ajouter que, — je dois y aller, je suis attendue en ville, mais j'attend votre coup de téléphone, hein!!

    Elle termine sa réplique avec un affectueux et coquin petit clin d'oeil. Mais pas folle et idiote, la guêpe. La séduction, elle connait et elle sait ce qu'elle fait en donnant ses contacts à un homme plus que charmant, le célèbre Aaron, -célibataire depuis peu d'après les Peoples, niark!- pour ensuite détaler afin de ne pas passer pour un pot de colle. Parce que lorsqu'il regardera de nouveau son téléphone, il repensera à elle. À son sourire. Et au court moment, -bien trop court-, qu'ils ont passé ensemble.

    Oui, c'est ce bref souvenir qui lui donnera l'envie de la rappeler pour approfondir un peu plus leur relation. Elle en est persuadée. Tous les hommes sont les mêmes...

     

     

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    Peu après, Raphaël arrive devant chez lui, en compagnie de sa malade préférée et tous les deux poussent désormais et ensemble, un long soupir de soulagement, lorsqu'ils sortent enfin de l'ascenseur qui vient de les mener à l'étage de l'appartement du jeune homme. Ils ont pris toutes les précautions qu'il fallait pour ne pas qu'ils soient repérés par d'éventuels photographes. La voiture personnelle des Memories les ayant déposés, c'est avec hâte qu'ils se sont ensuite précipités à l'intérieur. 

    Et c'est là l'un des plus gros défauts de cette vie de star toute nouvelle que les amoureux découvrent peu à peu : ne plus pouvoir sortir tranquillement dans la rue sans craindre d'être remarqué, suivi.

    Mais soit, et malgré cela, aujourd'hui, les deux amoureux sont plus heureux que jamais, car ils sont enfin ensemble et rien que tout les deux, dans l'intimité la plus totale. Cela faisait si longtemps...

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    Cependant, Eva à l'air de plus en plus triste au fil des minutes et Raphaël s'en rend très vite compte.

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    Il se rapproche alors de sa chaise pour s'abaisser et se mettre au niveau de son visage afin de lui déposer un doux baiser sur les lèvres, — ça ne va pas ? qu'il lui murmure ensuite tendrement, — tu as besoin de quelque chose ?

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    — Non, non, ça va! lui force un sourire la jeune fille, terriblement mal a l'aise et désespérée d'être ainsi assise dans cette chaise, tandis que lui est debout. Voire à moitié plié en deux pour pouvoir l'enlacer et l'embrasser... Plus les jours défilent et plus elle réalise décidément et avec douleur sa nouvelle condition d'handicapée. Des incessantes constatations affreusement difficiles à digérer. Accepter...

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    — Viens dans mes bras!! lui sourit Raphaël l'air malicieux, en se redressant, les bras et mains en avant dans sa direction, — allez debout !

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    — Gné ? lui grimace Eva avec incompréhension, — tu as loupé un épisode de l'histoire pour avoir oublié une certaine chaise ?

    — Tututuuu, redresse-toi un peu en avant, et prends mes mains ! Insiste Raphaël, les doigts frétillants, — allez, avance toi vers moi et attrape moi !

    — Mais je ne peux pas, humpf , t'es chiant! lui grogne en obtempérant tout de même Eva et en se redressant très légèrement pour lui attraper les paluches, — voilà, c'est tout ce que je peux faire, bouger d'à peine quelques millimètres ! M'en demande pas plus !

    — J'ai aussi dis, viens dans mes bras, il me semble ! Rappelle affectueusement Raphaël en ne perdant pas son sourire et en s'abaissant pour ramener ses deux mains sur la taille de son interlocutrice afin de la soulever de son siège.

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    De toutes ses forces, il l'enlace fermement pour se redresser avec elle. Rester debout, soutenant à lui seul leurs deux corps. Le sien à elle étant presque totalement inerte et ballant dans ses bras. Ses jambes, surtout... Ses bras, par contre, s'agrippent fermement par le cou et dans son regard, il peut lire une certaine terreur.

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    — Arrête de jouer, on va tomber avec tes conneries!! qu'elle lui fait très vite avec effroi, sentant son évidente difficulté a la maintenir avec lui dans cette position, — repose-moi, Raph!! qu'elle lui ordonne ensuite, sévère.

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    — Non! qu'il se contente alors de lui refuser en la prenant complètement dans ses bras, la soulevant ainsi telle une plume du sol,

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    — Voilà, ainsi, c'est déjà beaucoup, beaucoup, mieux! qu'il reprend désormais, dans un susurrement amoureux, — tu vois, tu n'as finalement même pas besoin de jambes pour te blottir amoureusement contre moi !

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