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    Paula est, en ce début de soirée, affreusement gênée et actuellement dans le local de ses amis TroubleMaker ; de son petit ami TroubleMaker, de son ex-petit ami, Troublemaker...

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    Debout, plantée, là, telle une idiote, devant la porte de la salle de bain de la pièce, elle est affreusement gênée. Les bras croisés, le regard planté sur le sol, sur ce lino si glacé et si désagréable l'hiver, elle est monstrueusement gênée...

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    Son Wilfrid est au courant.
    De son début d'aventure avec le jeune Tobias.

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    Sur le coup, elle aurait bien envie d'en hurler de désespoir, avant de prendre ses jambes à son cou pour s'en aller mourir de honte dans un caniveau pas très loin, si une éternelle petite voix des plus tétues et bornées n'insistait pas sans arrêt pour lui confirmer qu'elle n'a pas a hésité, à avoir peur, puisque : "de toute manière, ils avaient rompu! Et en plus, son Wil' l'avait planté à la piscine!".

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    Mais malgré tout, et malgré cette désagréable petite voix moralisatrice, la jeune adolescente, devenue aujourd'hui plus jeune femme que jeune fille, est affreusement malheureuse et désespérée face à ses choix récents en matière de décisions amoureuses. Elle l'aime tellement, mais elle n'arrive pas à le faire comprendre... Pourquoi aimer est-ce si compliqué..

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    — Tiens, salut, la garce ! pénètre soudain dans le local celui qui fait encore tant battre son coeur, la torturant ainsi jour et nuit, et ce, depuis le jour de leur rupture,

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    — Ça gaze ? Il ne te manque que Terry à ton palmarès ! Mais je suppose que cela ne te dérangera pas de tenter de piquer le mec de ton ex-meilleure amie ! On sait tous que t'es prête a tout ! qu'il débite en une seule traite et avec une cruauté des plus palpables ; le tout en se dirigeant le plus paisiblement du monde vers son lit pour s'y asseoir avec sérénité.

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    — Je t'ai attendu à la piscine !! craque brutalement Paula en se rapprochant d'un pas rapide de son interlocuteur, ignorant volontairement toutes les ignominies qu'il vient de lui sortir a l'instant,

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    - je t'ai attendu, Wil !! qu'elle reprend encore avec nervosité, - Mais tu n'es pas venu, alors qu'attends-tu de moi, à la fin ?! Qu'attends-tu de moi ?!?

    Tremblante, elle se place juste devant lui, raide comme un I, les bras et les poings fermés ; ainsi qu'évidemment, des larmes plein les yeux...

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    — Qu'a- qu'attends-tu de moi.. Wil'..?

    — Quedalle, se contente simplement de la glacer le concerné, d'une voix ferme et emplie de haine,

    — Tu ne m'as jamais intéressée au fond, je vois pas ce qu'on peut s'apporter l'un et l'autre sur le long ter... qu'il continue, toujours avec autant de mépris dans le regard, avant de se faire interrompre brusquement par...

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    ... par son interlocutrice qui se jette soudain sur lui pour lui voler un baiser désespéré.

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    Paula, en larmes et complètement désemparée, se laisse tomber de tout son long sur son ex-petit ami, tandis que lui dégringole sur le dos, sur son lit. Les mains le long du corps cependant ; une gestuelle claire et limpide qui en dit long sur ses pensées du moment.

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    Des pensées peut-être foullies, si l'on s'arrête sur l'intensité des baisers que le jeune homme se met très vite a échanger avec cette jeune fille qu'il aimerait pourtant détester profondément aujourd'hui.

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    — Dis-moi que tu m'aimes.. Parce que de mon côté tu sais bien que c'est toi, que ça a toujours été toi... finit par oser Paula dans un murmure désespéré, — alors, je t'en supplie, dis-le-moi.. Je deviens folle, Wil.. Dis-le-moi.. Je t'en prie... Dis-moi que tu m'aimes... Arrête de faire le connard au coeur de pierre, parce que je sais que ce n'est pas toi.. Je le sais.. 

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    — Tu me fais gerber. Tu n'es qu'une garce, renvoie simplement Wilfrid avec brutalité en poussant violemment son interlocutrice sur le sol, hors de son lit,

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    — Dégage maintenant! Tu viens de tromper Tobias... Fuckin' Bitch! qu'il termine cruellement pour conclure, avant de se rallonger sur le coté, face au mur.

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    C'est donc en larmes que la jeune fille brisée, anéantie, et plus humiliée que jamais, va détaler en courant pour rentrer chez elle et s'enfermer à double tour dans sa chambre pour y pleurer pendant de longues et interminables heures.

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    Comme c'est aussi en larmes, que finira par être Wilfrid, moins de cinq minutes plus tard. D'ailleurs, à ce sujet, encore heureux qu'il sâche pleurer en silence, recroquevillé sur lui-même et contre son mur, en mimant un profond sommeil... : Ainsi, aucun de ses amis musiciens ne le remarqueront ce soir, et ce, malgré leurs diverses allées et venues dans la pièce.

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