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Une petite demie-heure plus tard, le petit couple de touristes allemands arrive enfin dans un parc où ils peuvent constater très vite la présence de quelques cabines téléphoniques.

Sans attendre, ils se ruent alors dessus et Eva se dépêche d'appeler au domicile familial, sur Berlin.

Une tonalité. Deux tonalités. Trois tonalités...

- Oui, allo?

- Allo maman, c'est Eva.

Un léger blanc s'installe brusquement entre les deux interlocutrices, l'une plus que gênée d'avoir du faire un tel pas en avant vers une femme qu'elle s'était pourtant juré d'ignorer désormais, et l'autre plus sceptique d'avoir aujourd'hui, a l'autre bout du fil, un enfant qu'elle a vu la quitter en claquant la porte.

Désarrois, colère et rancoeur seront donc au rendez-vous au sein de cette conversation téléphonique.

- Tiens donc... Et qu'est-ce que tu me veux, mademoiselle Muller?

"Muller" étant le nom de famille de son ex-mari, la mère Beckers taquine ainsi avec une ironie palpable. Sa très chère enfant semblant l'aimer tellement, ce pauvre type...

- Je sais où est Jeff, si cela t'intéresse toujours. Si la santé et la vie de ton fils t'importent encore, n'a pas l'air de se laisser impressionner l'adolescente.

- Où est-il?! Dis-le-moi immédiatement, et méfie-toi si tu te joues de moi! reprend aussitôt et avec colère, Vanessa.

- Prends un bout de papier et note l'adresse que je vais te donner. Jeff est sur Paris et a de graves problèmes de santé.

- Que, que, comment ça?! Mais qu'est-ce qu'il a?! Eva!!! Dis-moi ce qu'il a immédiatement!! Trépigne Vanessa d'angoisse.

- À cause de son coma, il a aujourd'hui de graves problèmes au coeur et doit à tout prix se faire opérer. Le hic, c'est qu'il n'en a pas les moyens, alors il a donc absolument besoin d'aide, car son état est critique. Je vais donc te donner rendez-vous sur Paris et t'emmènerais ensuite chez lui. Bien sur, tu viendras seule... Ne lui fais pas de sale plan pour le ramener de force ou quoi, hein. Viens en "mère", et discrètement. C'est tout ce que je te demande...

- Tu n'as rien à me demander, Eva. Alors donne-moi immédiatement cette adresse où je peux te rejoindre pour que je puisse revoir mon fils.

"Mon fils". Évidemment, la mère Beckers tente ainsi de blesser profondément son deuxième enfant par cette expression. Évidemment.

Qu'elle tente là de lui faire comprendre qu'aujourd'hui, il n'y a plus qu'un seul de ses rejetons qui compte encore a ses yeux. Évidemment...

Mais l'adolescente Beckers en a bien conscience et ne ressent sur le coup, pas la moindre douleur. Sur le coup, uniquement...

 

*   *

*

 

 

Le lendemain soir, Vanessa Beckers arrive enfin au lieu de rendez-vous où elle devait retrouver sa fille, en compagnie de son petit ami.

Cétait a prévoir, les retrouvailles sont des plus glaciales et après un bref "- bonsoir", lancé avec agacement, l'ex-chanteuse Memories se presse de grogner en direction de cette jeune fille qu'elle regrette presque d'avoir mise au monde, - on y va? Comment va mon fils, aujourd'hui?

- Il se repose encore, là.

Une, deux.

Deux répliques... seront tout ce que cette mère et sa fille s'échangeront durant tout le trajet lieu de rencontre/appartement du fameux fils/frère, pour qu'une fois arrivées à destination, Vanessa s'empresse de s'exclamer, avec angoisse et affection,

- Jeffrey!!

- Ma.. Maman? en sursautera évidemment de surprise le concerné en constatant sa mère se précipiter à son chevet, bousculant presque sa petite amie qui était assise là, - excusez-moi, que celle-ci marmonnera en se relevant, laissant ainsi la place à la grande reine de la pièce, la mère du malade, tout de même!

- Oh mon poussin, mon coeur, mon amour... fera affectueusement Vanessa en caressant les cheveux de son rejeton, ignorant complètement les présences des trois autres protagonistes de la scène : sa propre fille, le petit ami de cette trainée, et la blondasse à qui elle aura très vite donné le rôle de "petite copine de son Jeffrey".

- Maman, qu'est-ce que tu fais là? ne comprendra toujours pas le jeune homme affaiblit, perplexe, presque en colère contre sa soeur qui a sans aucun doute manigancé dans son dos ces bien étranges et surprenantes retrouvailles...

- Je peux te retourner la question, mon coeur! Il serait temps que tu me donnes quelques explications... ne se laissera pas impressionner Vanessa, tandis qu'Eva fera un pas en avant pour l'informer d'une traite,

- Sur Berlin, il était avec Ana, que tu vois, là, qu'elle désignera la concernée du regard, - mais il a dû s'enfuir avec elle pour la sauver des griffes de son mac.

- Eva!! en rougira de honte la blondinette, se souvenant très vite de son ex-emploi.

- C'est donc pour ça qu'il ne pouvait rien dire à personne, il devait fuir pour la sauver. Et...

- On aimerait être seuls, coupera brutalement Vanessa en dévisageant sa fille d'un un air mauvais, - si vous pouviez tous dégager, j'aimerais rester seule avec MON fils.

- Pas de problèmes, en haussera alors les épaules Eva en sortant d'un pas rapide, suivie de près par son petit ami et sa belle-soeur.

- Alors, alors, mon chéri, reprendra ensuite Vanessa une fois qu'elle se retrouvera enfin seule avec la désormais et unique prunelle de ses yeux, - comment te sens-tu? Mal, surement... Vu que dans ton état, tu ne devrais pas être assis sur ce matelas, mais plutôt hospitalisé, mais bon! Désormais, ta maman est là. Alors ça va aller.

- Cette situation est très gênante, maman.. Je ne voulais pas que tu sois mise au courant.. répondra Jeffrey avec une honte grandissante, pour marmonner ensuite que, - Eva n'aurait pas dû...

- Tututu, mon chéri! Encore heureux que quelqu'un m'ait alertée, car moi, je peux faire quelque chose pour toi! Et je le ferais, évidemment. Tu te doutes bien que je tenterais l'impossible pour toi, mon ange.

- Je-Je.. Je ne sais pas quoi te dire, maman... À part que je suis profondément désolé pour tout et que... Et que je crois que j'aimerai brusquement découvrir un trou de souris pour m'enfuir dedans...

- Tu es ma deuxième raison de vivre, Jeffrey, et même si tu t'es enfui de la maison en te fichant des conséquences que ton départ aurait sur ta famille, ces gens qui t'aiment tant et dont tu te fiches ! Tu peux être certain que je suis prête à faire le nécessaire pour te sauver, seulement...

- ... Je crois que je vais être tout d'abord obligée d'imposer une petite "condition" à mon aide.