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    — C’est à cause d’elle, c’est ça ? Il n’a jamais réussit a l’oublier... et.. Et..

    — N’en dis pas plus, tu vas essayer de te faire du mal, tente de l’interrompre amicalement Tiphanie — vous êtes fiancé Vanessa. Fiancés. Alors, imprègne bien que si mon frère t’a mis une bague au doigt, c’est qu’il n’a aucun doute sur ses sentiments.

    — Mais pourquoi me promettre le mariage, s’il se sait condamné ? Pourquoi...

    — Il n’est pas condamné...

    — Mais une overdose est si vite arrivée ! J’en dors plus la nuit. Tous les soirs je cauchemarde en le voyant crever d'une overdose!! Et tout semble toujours si réel...

    — Où est-il, là, maintenant ?

    — Il devrait être chez nous dans environ... un quart d’heure, logiquement.

    — Je vais l’appeler pour qu’il passe ici.

    — Non. Rentre avec moi plutôt. S’il te plaît. Tu le verras de vive voix comme ça...

    — OK, ça me va.

     

     

     

    *

     

     

     

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    C’est donc vingt minutes plus tard que les deux jeunes femmes pénètrent, l’une après l’autre, dans l’appartement qu’occupe la blondinette avec son fiancé bien-aimé. 

    — Yooo la bête ! Taquine immédiatement Tiphanie dès qu’elle aperçoit son jeune frère à même le sol, en train de faire des abdominaux. 

    — Coucou le plus beau, le flatte juste après Vanessa, en lui offrant son plus beau sourire. Elle l’aurait bien appelé « mon chéri », ou « mon cœur », mais la présence de leur invitée la freine légèrement dans l’expression de ses sentiments. 

    — Hey, une puce et une boulette, s’étonne alors Kylian d’un air amusé — je te manquais trop Tiph', c’est ça ? Ohhh, comme c’est mignon !!!

     

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    — Ouaip voilà, tu me manquais trop, oh, mon petit frère préféré !

    — Ça c’est pas dur, vu que t’en as qu’un !

    — Pas faux. T’as vu ça Ness, c’est qu’il réfléchit quand même, sous ses airs de bouletn! 

    — À part ça... reprend Kylian avec suspicion — qu’est-ce qu’il y’a Tiph » ?

    Il n’est évidemment pas dupe. Si sa sœur se trouve ici, derrière sa fiancée de surcroît, c’est qu’il y’a une raison. Et une bonne. Déjà, les deux jeunes femmes ne sont habituellement pas les meilleures amies du monde. Enfin... Pas au point de se voir régulièrement et de se rendre sans cesse visite chez l’une et l’autre. 

    — Pas grand-chose. J’avais envie de passer du temps avec toi. De te parler, avoue sans attendre Tiphanie.

    — Je vais à la supérette en vitesse, avant qu’elle ne ferme, annonce ensuite Vanessa, — comme ça, je vous laisse discuter tout les deux !

     

    Elle termine sa phrase en ressortant de l’appartement : il vaut mieux qu’elle les laisse seuls, car elle se doute bien que Kylian ne se confiera pas en sa présence. 

     

    — Poussin !! Tu m’as manqué ! explose maintenant de joie Tiphanie en se ruant dans les bras de son jeune frère qui la réceptionne en manquant de se vautrer en arrière.

    — Hey, mais c’est que t’as grossis toi, la vache !! Cachalot va ! 

    — Enfoiré !! Ça se fait pas un truc pareil à une jeune femme douce et gracieuse !! Mais je m’en fous. Je t’aime quand même !! 

    — Qu’est-ce qui ne va pas Tiph » ? s’étonne rapidement Kylian, tandis que sa sangsue se décolle enfin de son cou.

    — De quoi ??

    — Tu es trop expressive ce soir. Alors je te demande, qu’est-ce qui ne va pas ?

    — Rien du tout. J’ai juste envie de te dire, haut et fort, que je t’aime plus que tout au monde ! 

    — Bah, je le sais ça. Mais pourquoi ce soir ? 

    — Parce que tu fais des bêtises mon chou. De grosses bêtises. Et que tu me fais peur.

    — Pardon ?

     

    Elle s’en fiche. Elle met les pieds dans le plat, tel un gros éléphant.

    Oui, elle s’en fiche. Car ce soir, elle crève l’abcès.

     

    — Oui, tu me fais peur. Parce que tu sais bien que s’il t’arrive quoi que ce soit, je n’y survivrai pas ! 

    — Mais qu’est-ce que tu me racontes.. Commence à grommeler Kylian en déglutissant avec douleur. 

    — Tu vas arrêter tes conneries Kyle. Parce que j’ai besoin de toi. Et je ne suis pas la seule. On est nombreux as-t’aimer et tu le sais, alors je t’en prie, prends soin de toi !

    — Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler.

     

    Oh que si, il sait.

    Oh que si, il a désormais la gorge qui se serre devant ces yeux violets bien trop expressifs pour pouvoir lui dissimuler quoi que ce soit.

    Oh que si, il a brusquement la rage de se rendre compte qu’elle l’a percé a jour.

     

    Mais comment ?

    Comment a-t-elle su ?

    Il ne la voit pas si souvent que ça...

    Alors comment ?

    Vanessa ?

    Oui.

    Tout vient forcément d’elle...

     

    — Je prends soin de moi, je te le promets, tente-t-il alors de rassurer en esquissant sa frimousse de poupon. Celle qui lui donne cet air innocent. Insouciant. Fragile et adorable. Celle qui lui fait enfiler le masque de l’être stable et sûr de lui.

    — Alors, arrête... lui ordonne immédiatement Tiphanie, avec un tendre sourire.

    — De quoi ? La musique ?

    — Ne joue pas à ça avec moi mon chou.

    — Même si je le voulais, je ne pourrais pas.

     

    Il l’a dit. Il l’a avoué. De toute manière, il ne saurait pas lui mentir. Elle lit en lui comme dans un livre ouvert, alors à quoi bon ? Oh et puis il est fatigué. Las. Et il s’assume. Oui, il a commencé à fumer des joints pour planer, se sentir bien, rire à gorge déployée pour ne plus penser à rien. Avant de toucher à la cocaïne, pour découvrir avec elle de nouvelles sensations. Celles de se sentir intellectuellement et physiquement surpuissant. Celles de ne plus ressentir ni la douleur ni la fatigue. Celles de devenir, tout simplement, et pendant un court moment, un surhomme.

     

    — Quand on veut, on peut ! Lui rappelle avec fermeté sa sœur ainée.

    — Tu pouvais pas trouver plus con encore, comme proverbe ?

    — Non désolée. 

    — Bon, en tout cas, je ferai attention. Tu as ma parole, Tiph ».

     

    Il semble sincère, lorsqu’il prend ce petit air penaud et innocent.

    Semble uniquement. Parce que la jeune femme connait trop bien cet énergumène pour ignorer qu’il joue là un rôle pour la rassurer et l’apaiser.

     

    — Je veux que tu arrêtes Kyle. Complètement. C’est pas histoire de « faire attention à toi », c’est d’arrêter ! Définitivement. 

    — OK, OK.

    — Tu n’y arriveras pas seul, alors on va chercher ensemble, un centre.

    — Pardon ?!

    — Personne d’autre ne sera au courant. Juste toi, moi, et Ness.

    — T’es tombée sur la tête, ou t’es juste en train de tester mes nerfs ?

    — Je suis très sérieuse Kylian. Je veux que tu arrêtes ! Et tu n’y arriveras pas seul...

    — Je suis assez grand pour arrêter tout seul ! Non, mais tu commences à me casser les couilles là ! J’suis plus un gamin !

    — Tu es assez grand, mais tu n’en auras pas la force ! Tête de mule va !

    — Fous-moi la paix ! Je fais ce que je veux, quand je veux, et où je veux ! Alors si je te dis que je peux arrêter seul, et bien je le ferai, SEUL ! Et gare a toi si t’oses en parler de ça à qui que ce soit !!

    — Tu sais très bien que je n’en parlerai à personne, bouffon ! Enfin... Si tu coopères gentiment ! Parce que dans le cas contraire, je devrai appeler papa et maman !

    — Ose seulement faire ça et..

    — Et quoi ??

    — Déconne pas Tiph !! Même pas en rêve que tu dis quelque chose à papa !!

    — Je te laisserais pas te détruire Kyle ! Ça tu peux en être certain ! Alors soit tu coopères avec moi et on te sort de là discrètement, soit je fais appel aux parents et alors là, et bien il y’aura du bruit dans la famille !

    — Pour la dernière fois Tiphanie, je suis majeur et vacciné ! Je fais donc ce que je veux, où je veux, et quand je veux ! Alors, ne me force pas à te détester, s’il te plaît !

    — Et moi, je t’aime trop pour te laisser risquer ta vie.

     

    C’est sur cette dernière phrase que la conversation des jeunes Gutter s’achève. Tiphanie repart d’où elle vient, en fermant doucement la porte derrière elle, sous le regard furieux et dépité de son jeune frère. Il ne dit pas un mot de plus, ni pour l’incendier ni pour la saluer. 

    Peu après, Vanessa est de retour pour se faire grogner dessus par un fiancé humilié d’avoir été ainsi livré par celle en qui il avait toute confiance.

    — Qu’est-ce que tu es allée dire, exactement, à ma sœur ? Et pourquoi ?

     

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    — Ce que j’ai deviné Kyle. Parce que je t’aime. Parce que j’ai peur pour toi !! enchaîne rapidement la jeune femme en tremblant de tous ses membres et en se triturant les cheveux.

    Un tic nerveux qu’elle a depuis bien longtemps et qui ressort désormais à chaque fois qu’elle se sent prise au piège.

    — Mais pourquoi as-tu peur pour moi ? Tu peux m’expliquer ?

     

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    — Ne me prends pas pour une idiote Kyle, s’il te plaît. Je connais les effets de cette merde sur le corps humain... 

    — Cette merde ?

    — O.. Oui... Cette merde !!

    — Mais pourquoi n’es-tu pas venue m’en parler directement ? Pourquoi n’es-tu pas venue en face, pour avoir une discussion sérieuse ? 

    — Parce que tu ne m’auras pas écoutée !

    — Alors tu as préféré aller geindre chez ma sœur...

    — Geindre ?

    — Ouais. Geindre ! Et tu sais que ça pourrait être une cause de rupture ça ?

    — Si tu veux... 

    — Ma sœur va aller tout répéter à mes parents ! Tu te rends compte de ce que tu m’as fait ? Tu as pensé deux minutes aux conséquences de ton acte ?

    — Oui.. Mais ça serait pour que tout le monde t’aide...

    — A quoi ?

    — À arrêter !!

    — Mais je fais ce que je veux, merde ! 

    — Alors ça sera sans moi, mon cœur.

    — Pardon ?

    — Tu as très bien compris... Je veux que tu arrêtes Kyle. Dès maintenant. C’est l’unique condition pour que l’on continue tous les deux.

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