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— Qu’est-ce qu’il fait là ? Cingle-t-elle méchamment en direction de Kurt, en attendant une réponse d’Hanz.

   — Il est arrivé il y a deux heures à la maison, répond calmement Hanz, tandis que son frère reste aussi muet que les tombes du cimetière derrière eux — on a discuté tous les deux une bonne heure à peu près, puis il m’a demandé « où est Tiiphanie », alors je te l’ai amené.

— Mais qu’est-ce que ça peut lui foutre de savoir où est-ce que je suis ? Poursuis Tiphanie le plus durement possible.

— Ensuite, poursuit Hanz comme s’il n’avait pas été interrompu — il m’a dit, « emmène-moi... » .

— Et bien, emmène-le ailleurs. Persiste Tiphanie, folle de rage et d’amour. — Pendant trois mois.. Pendant trois mois il n’a même pas daigné....

Elle s’interrompt, ne pouvant finir cette phrase qui lui va lui rappeler que pendant trois mois entiers, elle l’a pleuré tous les soirs sous ses draps.. 

Elle voulait être forte et rester indifférente à son retour ; parce qu’on ne sort pas de la vie des gens comme cela... Parce qu’il n’avait pas le droit... Mais malgré sa volonté de le snober et d’être méprisable avec lui, elle craque et fond en larmes. 

 — Je te déteste, Kurts... C’était une erreur... Un complot... Co..Comment est-ce que je pouvais me douter qu’un plan aussi vil allait me tomber dessus... 

— Je sais. Lui répond tout bas Kurt, les yeux dans le vague, les bras le long du corps.

 — Tu... Tu sais ? Tu sais, mais tu t’enfuis quand même ?? Je te déteste ! Je te déteste !  

— Non, tu l’aimes, intervient calmement Hanz — comme il t’aime. Et tu vois, il n’est pas si faible que ça finalement, je l’ai mal jugé.. Il a osé revenir. Il a osé avoir confiance en nous finalement.. Il a pris son courage à deux mains pour revenir et chercher à comprendre.

 — J’ai été courageux après avoir été très lâche... laisse tomber Kurt à son frère, en ramenant ses mains vers les hanches de la jeune fille effondrée ; il veut tenter de la prendre dans ses bras, tenter de la retrouver, tenter de lui faire comprendre que lui aussi il n’a pensé qu’à elle durant ces trois mois. 

— Je... Je t’aime, tu sais... lui souffle-t-il tout bas, rongé par la timidité. 

C’est la première fois de sa vie qu’il doit extraire un tel mot de son gosier et il réalise que c’est une vraie épreuve de force que de dévoiler ses sentiments. 

 — Que.. Qu’est-ce que tu viens de dire... prononce difficilement Tiphanie, sous le coup de l’émotion, surprise par sa déclaration. 

 — Mal élevée, tu pourrais lui répondre « moi aussi je t’aime, mon amour ! Non ? Taquine Hanz. 

— Chut toi ! boude la jeune fille en enfouissant la tête contre le torse de son bien-aimé, avant de lui demander tout bas — que... qu’est-ce que tu as fait pendant...

 — J’ai rendu les clefs de mon appart à Berlin, l’interrompt-il rapidement, ayant déjà deviné le contenu de sa question — et je voulais faire un break de tout, mais je ne savais pas où aller alors... 

— Alors...? gémit Tiphanie, presque terrorisée à l’idée d’entendre quelque chose d’horrible ; qu’il soit allé se consoler dans les bras d’une autre.

 — Alors j’ai appelé une vieille amie.. Une vieille amie à qui j’ai fait beaucoup de mal... 

Anja... songe Tiphanie avec effroi, en sentant qu’un poignard s’apprête a lui perforer une nouvelle fois le cœur.

— Mais malgré que je me sois comporté comme une vraie raclure avec elle, continue Kurt — elle m’a ouvert sa porte et m’a accueilli chez elle, où elle m’a permis de refaire surface et faire le point. 

— Mais.. Mais... 

— Mais il ne s’est rien passé... termine-t-il 

— Rien de rien...? L’interrompt Tiphanie en le dévisageant, les yeux pleins de larmes, — rien de rien...? 

— Non.. Rien de rien.. Je te le jure sur ma vie et même sur celle de mon frère... 

— Hey ! S’il m’arrive une bricole, je vais l’aider à te défoncer, je te préviens ! Intervient Hanz en faisant semblant d’être outré, 

Le visage de celui-ci fait immédiatement rire les deux tourtereaux, 

— Tu as rien a craindre sur ce coup-là, cette promesse te fera vivre vieux ! le rassure Kurt en riant.

Apaisée, Tiphanie se laisse tomber dans les bras de ce garçon qu’elle a tant attendu, en n’y croyant plus.

À bout, elle se cramponne fermement à son cou en lui murmurant dans le creux de l’oreille ;

— ne me laisses plus jamais, sinon je t’arrache les... 

  Sans la laisser finir sa phrase, Kurt s’empare de ses lèvres pour un long baiser de retrouvailles.

FIN