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    Moins de vingt minutes plus tard, je suis enfin de retour auprès d'Aïko, docilement accompagné par Nanami, qui lui a ramené une tenue pour qu'elle puisse se revêtir.

    Entre Aïko et moi, la gêne est bien évidemment palpable -mais l'on tente tant bien que mal de la dissimuler à Nanami. Qui ne doit rien savoir. Absolument rien!

    Puis, et une fois Aïko complètement vêtue de quelques vêtements empruntés à Nanami, nous retournons tous les trois au palais, tout en discutant encore et encore des origines réelles de notre Barbie Girl.

    Bien sûr, nous nous posons des tas de questions. Parmi lesquelles, LA plus importante : pourquoi est-ce qu'il a fallu que ce soit moi qui sois en danger, pour qu'Aïko révèle subitement sa vraie nature.

     

     

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    Ca y'est, nous sommes enfin arrivés. Je laisse donc les filles entre elles et m'en vais vaquer à mes occupations. Etreindre mon meilleur ami -que je n'ai pas encore croisé depuis mon retour! Et rouspéter un peu contre mon conseil -que je n'ai que légèrement aperçu en revenant au palais : j'avais d'autres chats à fouetter tout a l'heure, pour m'attarder à leurs côtés et discuter avec eux de ma divine résurrection.

    De mon miraculeux sauvetage.

    Du mystérieux animal qui se trouvait sous mes fesses, lors de la destruction totale de la capitale virusienne.

     

     

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    - Alors comme ça, tu... commence Nanami,dès qu'elle se retrouve seule avec sa meilleure amie Aïko, - tu as fais ton exhibitionniste si j'ai bien compris?..

    - Que.. que.. mais non!! tente de se réhabiliter la blondinette en devenant aussitôt écarlate de honte, - et ce n'était pas de ma faute, en plus! Puisque lorsque je me transf..

    - Je sais Aïko! Mais ça n'empêche pas que tu as bien dû te pavaner devant lui, les nibards à l'air!

    - N.. Non! Et puis il ne m'a pas regardée! Parce qu'il s'est très vite mis de dos! Je te le promets!

    - Mouais..

    - Franchement, tu ne veux pas plutôt m'aider à faire des recherches sur ce que je suis véritablement?... au lieu de t'inventer des films idiots, alors que tu as le petit ami le plus amoureux du monde...

    - Genre? C'est lui qui t'as dit une chose pareille?

    - Non, mais ça se lit très vite dans ses yeux..

    - Mouais.. Bon, allons à la grande bibliothèque. On va faire quelques recherches...

    - Ca marche!!

     

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    Dès le lendemain matin, on en sait déjà beaucoup plus sur les origines réelles d'Aiko.

    Hideki, Sayuri, Nanami, et moi. Les seuls à maintenant à savoir en qui se dissimule « l'étrange et incroyable grand dragon », comme tous les octaviens l'appellent déjà. L'imposant et majestueux sauveur, qui leur a permis de vaincre sur Virusia. Après avoir secouru leur prodigieux souverain.

    Hein? Comment ça? Que là j'en rajoute? Hmmm, si peu!

    Enfin bref! Nous avons donc découvert qu'Aïko ne peut avoir pour origine que la planète Drazinia, qui est le seul monde de l'univers à être peuplé de farouches dragons.

    Mais alors comment a-t-elle finalement pu se retrouver sur terre, sous forme humaine, pour que le père de Nanami la trouve et la recueille?

    Sous forme d'oeuf. Que sa dragonne de mère aurait pondu, puis enterré et abandonné. Une coutume de ces dragons mystiques. Qui choisissent une planète de leur choix, pour y déposer une unique progéniture -avant de décéder peu après l'avoir mis au monde. Une bien étrange loi de la nature chez ces impressionnantes créatures. Chaque naissance semblant équivaloir à un décès.

    - Histoire de fous! Lance Sayuri, complètement abasourdie par tout ce qu'elle découvre aujourd'hui.

    Ah oui! Il était aussi écrit noir sur blanc, dans les rares ouvrages traitant de Drazinia, que les dragons ne peuvent développer l'intégralité de leur potentiel tant qu'ils n'ont pas découvert leur « Jiseï ». Une sorte de maître. Voir, pour eux, de dieu vivant, avec lequel ils sont en osmose totale. Celui pour qui ils seraient prêts à donner jusqu'à leurs vies, tant ils leurs sont dévoués.

    Flatteur. Tout cela est décidément... très flatteur!

    Puisque c'est moi qu'Aïko surnommait« Jiseï ».

    Je m'en souviens bien.

    En réalisant qu'avec Barbie Girl, nous pourrions aller loin. Très... loin!

    Accomplir de grandes choses. Des exploits. Nous pourrions devenir un incroyable duo de choc.

    Daï! Aïko! Fusionnn!! Daïko!!

     

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    Deux jours plus tard, mon humeur n'a jamais été aussi joyeuse et du coup, je décide de passer toute la journée sous la couette, avec la plus belle femme du monde. Ma fiancée, évidemment!

    Je l'embrasse alors avec passion, tout en la poussant doucement vers mon bureau. Oui! Je vais la prendre sauvagement dessus et ça sera bestial!

    Ou peut-être pas..

    - Daï.. J'ai pas vraiment envie de ça pour le moment, m'arrête-t-elle froidement dans ma lancée, alors que je commençais a lui embrasser le cou avec sensualité.

    - Hmmpfff.. Glaçon, va! Je lui fais la moue.

    - Qu'est-ce que vous vous êtes dit tout à l'heure, avec Aïko??

    Et voilà, c'est reparti... Depuis qu'on a eu le malheur, avec Aï, d'annoncer a nos proches -Nanami, Sayuri, et Hideki- que l'on sait depuis peu communiquer entre nous par la pensée, ma rouquine de fiancée est de plus en plus aigrie et insupportable.

    « Qu'est-ce que vous vous dites?! »

    « Tu étais bien en train de lui parler, non?! J'en suis sûre! »

    « Hey, pourquoi lui as-tu souri?? Tu lui parlais, c'est certain! »

    « Mais que voulait donc dire ce clin d'oeil?? »

    - On ne dit jamais rien, je t'assure, je me justifie tout de même, pour la énième fois de la journée.

    - Elle vient a la maison tout les jours maintenant n'empêche, c'est cool!

    - En même temps, ce n'est pas « la maison » ici, mais le palais. Notre QG. Et ce n'est pas parce que nous on dort au premier que...

    - Chut, ne me balance pas le premier bobard moisi qui te passe par la tête, merci!

    - Mais ce ne sont pas des bobards! Je lui bougonne en lui caressant subtilement les seins du bout des doigts.

    - Aïko n'en avait rien à foutre, avant, de venir tous les jours au « palais », comme tu l'appelles si bien! Alors ne te fous de ma gueule en me braillant que c'est naturel -et sans arrières pensées-qu'elle soit toujours fourrée ici désormais!

    - Explique alors son changement de comportement par le fait qu'on est plus amis qu'avant, tous les deux, voilà tout! Au lieu de chercher la petite bête pour qu'on se dispute pour la, attends voir.. quatrième fois de la journée?!

    - J'y peux rien. Ca m'énerve! Ca m'énerve! Que vous soyez aussi liés désormais. Avec votre saleté de petit duo, FUSIONNN!!! Daïïïkooo! FUSIONN!! Pffftt! N'importe quoi!

    - Et? Tu vas maintenant me pourrir la vie, tous les jours que Dieu fait, juste parce qu'avec Aïko on commence à bien s'entendre?!

    - Non, juste parce que tu es.. son petit élu! Son je sais pas quoi lààà, son Jiseï!!

    - Mais ça, j'y peux rien! C'est le destin et c'est d'ailleurs ce qui m'est arrivé de mieux depuis bien longtemps!

    - De quoi? Être lié a Aï, c'est ce qui t'es arrivé de mieux depuis BIEN LONGTEMPS??

    - Eeeuhh.. je voulais dire par là que grâce a elle, je pourrais viser de grands projets, et que.. euhh.. enfin, voilà quoi! Va pas interpréter ça comme..

    - Ah oui? Alors elle, le dragon Barbie, elle va faire de grandes choses avec toi? Alors que moi, je n'ai même pas eu le droit de me battre à tes côtés??

    - Attends, ne me dis pas que tu es en train de te comparer à un dragon, là? Que tu penses réellement avoir un jour la même efficacité qu'Aï sur un champ de bataille?!

    - Tu sais quoi, Daï?? C'est avec elle que tu devrais sortir!! Vous avez tellement de points communs maintenant, tous les deux!! Eh eh eh! Aïko et son Jiseï!! AIKO! DAI! FUSIONNNNN!!! DAIIIKOOOO!! Lalala!!

    - Tu me saoules, à plus. Je conclus au plus vite en sortant de la chambre -et en claquant la porte derrière moi.

    Elle me vocifère quelques injures en me regardant m'éloigner. Je ne l'écoute déjà plus. Et me rend dans la salle de réunions du conseil.

    Là, je vais improviser une petite séance avec mes conseillers, pour réfléchir à une éventuelle attaque. Quelque part. Une planète riche aux alentours, pourquoi pas.

    Maintenant, avec Aï à mes côtés, je peux me le permettre.

    D'avoir faim d'expansion.

     

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    Deux semaines plus tard, Octavia peut se vanter d'avoir annexé -et presque les doigts dans le nez-, la petite planète Manaesia.

    Une micro-guerre donc, qui aux yeux de Daï était plus un test qu'autre chose ; une manière pour le souverain octavien de présenter à son peuple leur nouvel allié. Son incroyable -et uniquement personnel- dragon.

    Côté gloire, victoires, et renommée, le jeune Daï n'est donc pas à plaindre en ce moment.

    Et côté amitié non plus d'ailleurs, puisqu'il est de plus en plus proche de son acolyte de combats, Aiko.

    Par contre, côté coeur.. tout est beaucoup plus difficile à vivre pour ce souverain, dont la fiancée continue inlassablement d'enchaîner de pénibles et insupportables crises de jalousie.

     

    A faint light grasped in the hand (Mokoi Sakuraba) ♫

     

    En effet, la jeune femme est terrifiée de voir le garçon dont elle est folle amoureuse, se rapprocher autant d'une autre.

    AÏko. Aïko... Toujours Aïko. Sa meilleure amie.

    Celle avec qui elle a grandi et pour qui elle aurait su tout donner.

    Tout... Sauf lui.

    Aïko. Aïko...

    Mi-dragonne. Mi-Humaine.

    Une blondinette toujours éperdument amoureuse d'un homme qui lui offre comme statut que celui de l'amie, de l'alliée de combat, de l'être surpuissant.

    Oui, Aïko vit très mal depuis ces longs baisers qu'ils se sont échangés dans cette caverne virusienne.

    Parce que pour la première fois de sa vie, elle était aux anges. Sur un nuage. Immature et insouciante. Amoureuse et comblée.

    Il était là... A l'embrasser avec convoitise et désir.

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     Et Sayuri a beau s'acharner à la consoler, lui souffler des tas de mots réconfortants et amicaux -son coeur ne peut désormais plus s'arrêter de saigner.

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    L'on ne choisit pas qui l'on aime, n'est-ce pas...

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    Une bien célèbre constatation que tous les coeurs brisés de l'univers pourraient crier a l'unisson.

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    En plus, la veille, elle a pris un risque colossal.

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    En se jetant à l'eau. Parce qu'elle savait bien qu'en ce moment, tout n'était pas rose entre lui et sa fiancée. Parce qu'elle pensait trouver LA brèche. La fissure où s'insérer discrètement. Pour prendre subtilement une place qui n'était pas la sienne.

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    Mais pourtant non. La réponse a été catégorique -et soupirée avec lassitude. 

    Avant qu'il ne la prenne affectueusement dans ses bras. Pour la cajoler et lui formuler qu'il ne pouvait pas.

    Qu'il l'aimait tant, mais pas de la même façon qu'elle.

    Et la pauvre en a souffert. Tellement.

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    De se retrouver ainsi lovée dans ces bras musclés...qui habituellement en serrent une autre, même si entre eux l'amour décroît et les disputes gagnent en fureur.

    L'on ne choisit pas qui l'on aime... 

    Toi tu l'aimes
    Moi je t'aime
    Pourquoi elle ?

    Tu n'as jamais vraiment fait attention à moi
    Tandis que moi... je suivais tous tes pas

    Tes moindres gestes
    Et là où tes yeux se dirigeaient
    Vers elle

    Mais pourquoi donc... toujours elle ?
    Parce que quelqu'un d'autre, tu n'as jamais osé approcher?
    Par facilité, par fierté, voir pour l'empêcher de t'oublier?

    Et malgré tout, tu me dis que tu l'aimes
    Que tu ne peux plus te passer d'elle
    Pour que moi je pleure... sur cette cruelle réalité

    Mais pourquoi donc est-ce que je t'aime?
    Toi... et pas un autre

    J'aimerai tellement pouvoir t'oublier
    Et pourquoi pas aussi... peut-être te remplacer

    Parfois, j'ai l'impression que tu t'intéresses à moi
    Et cela me donne de bien faux espoirs
    Décidément, je ne suis finalement qu'une bonne poire

    S'il te plaît, aide-moi à ne plus t'aimer
    Enfin, plutôt à te zapper
    Ou voir... à ne plus du tout pouvoir aimer

    Parce que l'amour à sens unique, je ne sais plus supporter !!

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    Alors ce soir, et une fois encore, elle fond en larmes de désespoir. Elle geint. De toutes ses forces.

    Jusqu'à en crier de désespoir.

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    Pendant que lui, tente de passer une soirée en amoureux avec sa fiancée.

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    Pendant que lui, recolle les morceaux avec une femme qu'il n'a jamais voulu remplacer.

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    Et pendant qu'elle sombre et s'enfonce toujours plus profondément dans son désespoir. Sa détresse.

    Elle crie. Pleure. Hurle.

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    Jusqu'à ressentir une étrange et soudaine sensation.

    De bien-être. Voir peut-être... de présence.

    Comme si quelqu'un.. -ou quelque chose- lui tendait la main.

    La rappelait.

    Pour qu'elle le -la- rejoigne.

    Disparaisse instantanément, en sachant instinctivement où aller.


    Et puis c'est peut-être mieux comme cela, finalement.

    Une fuite.

    La jeune Aîko venait de se volatiliser sous le regard ébahit de Sayuri.

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