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Pendant ce temps, la nuit est noire et étoilée sur Stehn, la capitale d’Eternia.
Comme la plupart des nuits depuis que son neveu les a quittés, Aaron termine la soirée, seul, sur sa grande terrasse.
La solitude aide à la réflexion. Elle est le miroir fourbe qui nous reflète ce que l’on tente lâchement d’oublier. Elle est celle qui nous fait pleurer sans honte, puisque personne n’est censé nous apercevoir.
Aaron inspire profondément pour retenir ses larmes, même s’il sait qu’elles ne tarderont pas à franchir la frontière de ses fières paupières.
Il vit très mal le fait de devoir bientôt l’affronter.
Il sait qu’il ne pourra jamais lever la main sur cet enfant qu’il a adopté puis élevé comme son propre fils.
Le cœur gros, il se demande ce que Jun peut bien faire en ce moment, là-bas, sur cette planète de sauvages.
Comment a-t-il plus changé de la sorte ? Pour une femme ? Pour une Octavienne ? Il ne comprend pas... Lui qui était portant fou amoureux de la belle Evaï...
Evaï... À la mémoire de ce prénom, il laisse échapper une larme qui roule lentement le long de sa joue gauche.
Cela fait tellement longtemps qu’ils n’ont plus de nouvelles de cette petite rouquine... Aujourd’hui, tout le monde la considère morte et on lui a même fait un faux enterrement, sans corps, pour marquer les mémoires. Pour se souvenir de cette gentille éternienne qui avait marqué les cœurs.
— Debout, espèce de larve ! ordonne soudain une voix au jeune roi d’Eternia, qui lève aussitôt la tête pour chercher son interlocuteur.
Il croit rêver. Son frère ? Non. C’est l’esprit de son frère, car il est translucide et entouré d’une aura pure et lumineuse.
— Jun a besoin de toi, alors fonce et dépêche-toi ! Il est en danger. L’informe son défunt frère aîné, — je compte sur toi... N’oublie pas que je te l’ai confié ! Alors, ne le laisse pas seul là-bas.
— Maax ! Ne peut s’empêcher de crier Aaron en réalisant enfin qu’il n’est pas en train de rêver.
Il se lève brusquement sous la surprise, mais cet être qu’il chérit tant disparait aussitôt, de la même façon qu’il est apparu.
De nouveau seul, mais désormais heureux et apaisé, Aaron fixe alors l’horizon en remerciant son ange gardien de savoir rester présent pour le guider et le conseiller dans ses choix.
Maintenant, et surtout grâce à son grand frère, il sait ce qu’il doit faire : courir chercher les siens pour les prévenir qu’ils doivent aller chercher et soutenir celui qui devrait être parmi eux.