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    - Nanami! Il faut que tu te calmes, maintenant! Il le faut! Rappèle sagement Aiko a sa meilleure amie ce soir. Peu après que celle-ci ai débarqué chez elle le visage peignant la haine – un bien étrange visage d'ailleurs... Un que la jeune fille adepte des couleurs roses bonbons n'avait plus aperçu depuis bien longtemps sur ce minois qu'elle connait depuis si longtemps..

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    - Je suis calme Aiko. Tu ne vois pas, que je suis calme? Lui répond simplement son interlocutrice d'une voix glaciale, - terriblement calme...Je SUIS... TERRIBLEMENT CALME!

    - Est-ce ton père.. Ou Shiro? Qui arrive a te remettre dans cet étât..?

    - Pourquoi ne dois-je en citer qu'un, quand les deux prennent plaisir a me pourrir l'existence?? POURQUOI??

    - Calme toi Nanami.. je t'en pries. Tu.. tu.. m'avais promis..

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    - Je suis calme. Je suis CALME! De toutes manières, je ne suis bonne qu'a ça. Etre calme! Sois gentille et tais toi! Sois mignonne et marche droit! Pleure, mais ne crie pas!

    - Tu sais ce qui arrive quand tu te laisses submerger par ta colère...alors respire un grand coup, et...

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    - Pour cet abruti de Daï, j'aurai finalement tout gâché! Tout détruit! Pendant que lui, sans doutes, se remet a couler des jours heureux dans son petit monde. YATAAA! Oh putain.. Oh putain...!!!

    - Nanami.. ne redeviens pas « ça ».. parce-que tu as fais un gros travail sur toi même pour apprendre a refouler tout ça, alors ne gâche pas tout maintenant..

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    - Ouaiiiis! Refoule, refoule!! Même si a refouler sans arrêts je ne me fais que me crucifier moi-même en refusant d'exister!! En vivant cette idylle qui finit par se transformer en cauchemar - parce-que l'homme que je pensais doté de toutes les qualités humaines se révèle être une pourriture finie!! Et même si, parce-que je refoule sans arrêts, je n'arrive même pas a dire a un abruti qu'il me plaît!! Pour le laisser ensuite bêtement s'en aller! Disparaître de ma vie!! Sans parler qu'en refoulant sans arrêts, je ne me défends même pas! Ni ne fuis! Je reste là, comme la pire des lâches!! Soumise et domptée!!

    - Nanami, je t'en prie, arrête! Calme toi! Calme toi maintenant!!! Ou tu.. Ou tu vas...

     

     

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    « Tu vas sans doutes répéter le passé », voudrait sans doutes balbutier de peur la jeune Aïko, en souvenir de ce que sa meilleure amie est capable de faire lorsqu'elle ne se contrôle plus.

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    Mais ce n'était pas de sa faute. Parce-que ce soir là, elle surprenait une conversation entre ses parents – qui ne se doutaient pas qu'elle était là, plantée en bas de l'escalier, dans le couloir, juste devant l'entrée du salon.

    Alors son père s'est autorisé a parler a son épouse d'un sujet qu'ils évitent habituellement en présence des enfants.

    Un sujet épineux.

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    - Je pense que je peux forcer la croissance de la petite, se vantait le scientifique de la maison, en direction de son épouse assise en face de lui. Une épouse bien sceptique face a cette vantardise - sceptique et inquiète. Car avant d'être la moitié de cet homme, elle était avant tout une mère. Biologique pour l'une des fillettes de la maison, et adoptive pour l'autre.

    - Tu pourrais lui faire du mal, alors n'y pense même pas, le contredisait-elle alors rapidement en soupirant de dépit, - elle est encore si jeune..

    - Oui mais on en tirerait tellement d'avantages! Tu ne réalises toujours pas?!

    - Je réalise surtout que tu ne vois plus les petites comme des enfants.

    - Pfiouuuu! mais que tu es lourde Meï! Alors que pour te faire plaisir, j'ai déjà laissé tranquille Nanami! Et en remerciements, tu viens maintenant me freiner lorsque je te parle de l'autre!

    - L'autre, elle s'appèle Aïko.

    - Ouais, si tu veux. Mais en tout cas, demain, elle vient avec moi au labo.

    - Et si tu la tues?

    - Dans toutes les expériences, il y'a des risques.

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    Alors la jeune adolescente, aussi rousse que sa mère biologique - et a ce moment là le visage ravagé par des larmes silencieuses - se pressait de remonter les marches de l'escalier pour revenir au premier. Le plus discrètement possible – il ne fallait pas que l'un de ses deux parents la remarquent : cela aurait tout fait échouer.

    En moins de deux, elle arrivait dans cette chambre décorée de rose qu'elle partageait avec sa meilleure amie – ou petite soeur adoptive. Les appélations variaient.

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    - Nanami? Ne manquait évidemment pas de s'étonner l'enfant, les yeux grand ouverts d'étonnement devant les larmes de son aînée.

    - Habille-toi. Vite! On s'en va.

    Bien entendu, Nanami n'avait aucun endroit sûr pour emmener – voir cacher – sa petite protégée. Mais cela ne l'empêchait pas de courir dans le noir, en tenant celle-ci par la main pour la forcer a se dépêcher – Aiko ayant tendance a trainer la patte sinon.

    La forêt de sapins étant reconnue pour être la plus dense du Neptania, il ne pouvait y avoir meilleur endroit pour dissimuler l'existence d'une enfant – qui serait activement recherchée dès le lendemain. Nanami en était certaine.

    Dès le retour de l'aube donc, la jeune adolescente laissait seule la petite Aïko - en lui laissant mille et unes recommandations - pour retourner chez elle l'air de rien. Son père ne se douterait pas que ce n'était qu'elle l'unique coupable de la disparition de la petite. Alors il criserai. Hurlerait. Peut-être briserai quelques bibelots du salon. Avant de se calmer pour respirer un grand coup.

    Encore une fois, Nanami en était certaine

    Alors c'est le pas tranquille qu'elle rentrait par la porte principale.

    Pour retrouver rapidement son paternel, le regard vitreux et embrumé, avachi dans son canapé et accompagné d'une dizaine de bouteilles de divers alcool. Il riait aux éclats. Hurlait de rire même. Tout en criant a sa rouquine de fille que cette putasse s'était barrée! En emmenant sa plus belle expérience!

    Et là, Nanami comprenait. Figée sur place, devant le spectacle de ce père alcoolique - habituellement violent avec ses proches - elle comprenait. Que sa mère avait finalement pris ses affaires pour le quitter. Lui laissant ainsi la seule et unique garde des enfants de la maison. Partant ainsi comme la pire lâche que la terre n'ai jamais engendré.

    Et oui, à ce moment la, Nanami comprenait encore. Qu'elle était désormais le dernier oiseau, crucifié par son propre silence, dans sa cage aux grilles hypocrites.

    - Y'a pluuus que toiiii ici, POIL DE CAROTTE!! se mettait a lui ricaner son alcoolique de père, en titubant pour se rapprocher d'elle, - PLUS QUE TOIII!!

    Allait-il la gifler? Lui lancer de violents coups de pieds? Ou tout simplement la serrer dans ses bras? La jeune adolescente hésitait encore en essayant d'analyser le futur comportement de son paternel.

    Mais il fronçait les sourcils. Tout en s'avançant, il les fronçait. D'une façon effrayante, voir terrifiante.

    Alors elle décidait de se défendre. Paniquée, elle décidait de se défendre. Avec les moyens qu'il lui avait lui-même offert! Injecté a même le sang. L'âme.

    Quelle ironie. A l'époque, il entamait sur elle des expériences - et quelques années plus tard, il en payait le prix.

    Beaucoup de sang perdu, de nombreuses côtes brisées, et de nombreuses semaines a l'hôpital. Voilà ce que cette soirée allait coûter a cet homme - qui avait décidément trop joué au petit chimiste sur sa fille unique - mais fort heureusement pour lui, pas assez pour qu'elle ne sache pas se contrôler avant de le tuer.

     

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    - OU JE VAIS QUOI????

    ...

    ...Commettre l'irréparable.

    Ne plus savoir te contrôler jusqu'à laisser échapper d'un seul coup toute ton énergie négative en une seule et même vague - qui déferlera sur la première cible qui croisera ton chemin.

    Voilà ce que n'aura pas le temps de répondre la jeune Aiko...

    ...

    ...

    Parce-que ci-git désormais...

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    ....

    Aiko.

    Brutalement assassinée par...

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    ... sa meilleure amie.

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