Alors la jeune adolescente, aussi rousse que sa mère biologique - et a ce moment là le visage ravagé par des larmes silencieuses - se pressait de remonter les marches de l'escalier pour revenir au premier. Le plus discrètement possible – il ne fallait pas que l'un de ses deux parents la remarquent : cela aurait tout fait échouer.
En moins de deux, elle arrivait dans cette chambre décorée de rose qu'elle partageait avec sa meilleure amie – ou petite soeur adoptive. Les appélations variaient.
- Nanami? Ne manquait évidemment pas de s'étonner l'enfant, les yeux grand ouverts d'étonnement devant les larmes de son aînée.
- Habille-toi. Vite! On s'en va.
Bien entendu, Nanami n'avait aucun endroit sûr pour emmener – voir cacher – sa petite protégée. Mais cela ne l'empêchait pas de courir dans le noir, en tenant celle-ci par la main pour la forcer a se dépêcher – Aiko ayant tendance a trainer la patte sinon.
La forêt de sapins étant reconnue pour être la plus dense du Neptania, il ne pouvait y avoir meilleur endroit pour dissimuler l'existence d'une enfant – qui serait activement recherchée dès le lendemain. Nanami en était certaine.
Dès le retour de l'aube donc, la jeune adolescente laissait seule la petite Aïko - en lui laissant mille et unes recommandations - pour retourner chez elle l'air de rien. Son père ne se douterait pas que ce n'était qu'elle l'unique coupable de la disparition de la petite. Alors il criserai. Hurlerait. Peut-être briserai quelques bibelots du salon. Avant de se calmer pour respirer un grand coup.
Encore une fois, Nanami en était certaine
Alors c'est le pas tranquille qu'elle rentrait par la porte principale.
Pour retrouver rapidement son paternel, le regard vitreux et embrumé, avachi dans son canapé et accompagné d'une dizaine de bouteilles de divers alcool. Il riait aux éclats. Hurlait de rire même. Tout en criant a sa rouquine de fille que cette putasse s'était barrée! En emmenant sa plus belle expérience!
Et là, Nanami comprenait. Figée sur place, devant le spectacle de ce père alcoolique - habituellement violent avec ses proches - elle comprenait. Que sa mère avait finalement pris ses affaires pour le quitter. Lui laissant ainsi la seule et unique garde des enfants de la maison. Partant ainsi comme la pire lâche que la terre n'ai jamais engendré.
Et oui, à ce moment la, Nanami comprenait encore. Qu'elle était désormais le dernier oiseau, crucifié par son propre silence, dans sa cage aux grilles hypocrites.
- Y'a pluuus que toiiii ici, POIL DE CAROTTE!! se mettait a lui ricaner son alcoolique de père, en titubant pour se rapprocher d'elle, - PLUS QUE TOIII!!
Allait-il la gifler? Lui lancer de violents coups de pieds? Ou tout simplement la serrer dans ses bras? La jeune adolescente hésitait encore en essayant d'analyser le futur comportement de son paternel.
Mais il fronçait les sourcils. Tout en s'avançant, il les fronçait. D'une façon effrayante, voir terrifiante.
Alors elle décidait de se défendre. Paniquée, elle décidait de se défendre. Avec les moyens qu'il lui avait lui-même offert! Injecté a même le sang. L'âme.
Quelle ironie. A l'époque, il entamait sur elle des expériences - et quelques années plus tard, il en payait le prix.
Beaucoup de sang perdu, de nombreuses côtes brisées, et de nombreuses semaines a l'hôpital. Voilà ce que cette soirée allait coûter a cet homme - qui avait décidément trop joué au petit chimiste sur sa fille unique - mais fort heureusement pour lui, pas assez pour qu'elle ne sache pas se contrôler avant de le tuer.
* *
*
- OU JE VAIS QUOI????
...
...Commettre l'irréparable.
Ne plus savoir te contrôler jusqu'à laisser échapper d'un seul coup toute ton énergie négative en une seule et même vague - qui déferlera sur la première cible qui croisera ton chemin.
Voilà ce que n'aura pas le temps de répondre la jeune Aiko...
...
...
Parce-que ci-git désormais...
....
Aiko.
Brutalement assassinée par...
... sa meilleure amie.