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    Quelques heures plus tard, Denzel tombe des nues dans la chambre de Keichi. 

    Il n’en revient pas. Il croit rêver. Il pense n’être victime que d’un vulgaire cauchemar... qui prendra fin au lever du soleil, lorsque son réveil électronique sonnera enfin. 

    — C’est pas possible ! beugle-t-il quand même devant son ami et souverain — je peux pas y croire ! Des trucs comme ça, ça n’arrive que dans les films ! 

    — Je sais que c’est difficile a croire, mais c’est comme ça, se contente de lui soupirer Keichi sur un ton très calme.. Trop calme : comme s’il était normal qu’une jeune femme puisse tomber enceinte et accoucher deux heures plus tard ! 

    — Cet enfant sera donc un monstre ? marmonne le jeune soldat en se mordillant les lèvres — c’est dingue... J’arrive pas à croire qu’elle a accepté de faire un enfant avec lui.. Un enfant possédé ou je sais pas quoi...

     — Pour Octavia, l’interrompt tranquillement Keichi — pour Octavia Denzel.

     — Hey, au fait, dis-moi, s’inquiète brusquement Denzel — elle était consentante ? Je veux dire... Avec ce connard... Isis était d’accord pour... avec lui ?

     — Disons qu’ils ont été aidés, l’informe Keichi — voilà, c’est ça.. Ils ont été aidés.

     — Tu veux dire que... commence à prendre peur Denzel — que..Que.. Que tu en as manipulé Jun ?

     — Pas moi !!! Mais elle, oui !!

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    — Mais c’est dégueulasse !!! s’emporte brusquement Denzel en sentant le sol se dérober sous ses pieds, — tu veux dire que tout ça, c’est du faux en fait ?? Elle s’est fait engrosser par ce fils de chien, pour du faux ?? Enfin je veux dire que... que.?.. Que ce ne devait pas être lui qui....

     — Tu aurais préféré que ce soit toi peut-être ? L’interrompt Keichi d’une voix glaciale, — mais tu t’es vu, dis ? Tu penses qu’on aurait tiré quelque chose d’un enfant de toi ?

     — Tu... Tu me dégoutes... rétorque péniblement Denzel, avec une soudaine envie d’envoyer son poing dans la figure de son roi, — comment as-tu osé... Tu t’es servi d’elle si je comprends bien... Elle. Isis. Ta propre sœur !

     — Oui, on a un peu forcé le jeu et on leur a fait faire un enfant de force ! Mais sache tout de même une chose : jamais ma sœur n’aurait fait ce bébé avec toi ! Tu es décidément trop con.. Tu n’as même pas réalisé à quel point elle est folle de lui ! Si on l’avait pas forcée à faire cet enfant, ils auraient fini par le faire d’eux-mêmes un jour... Disons qu’on a juste précipité un peu les choses, c’est tout !

    — Tu n’es décidément qu’un monstre... finit par constater à haute voix Denzel en croisant fermement les bras — elle n’est qu’un jouet pour toi...

     — Tu me fatigues Denzel. Tu peux disposer, je t’ai assez vu pour aujourd’hui. Au revoir !

     

     

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    Au même moment, deux jeunes parents semblent passer du bon temps, en compagnie de leur rejeton, dans un grand parc de proximité.

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     Jun et Isis avaient l’intention d’acheter un couffin et quelques nouveaux vêtements à leur petit bout ; mais aujourd’hui il fait si beau qu’ils n’ont pas pu résister à la tentation de faire une halte ici, pour se détendre et s’amuser, tous les trois, comme une vraie petite famille...

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     — Tu as vu ça ? Il marche presque ! s’exclame Jun en tenant son fils par les mains, pour l’inciter à se tenir debout.

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     — Oui, il est bluffant, sourit Isis, les yeux débordants de tendresse.

     Aujourd’hui, ils ont volontairement oublié qu’ils sont en guerre et que pour cette raison, ils devraient se rendre, comme d’habitude, au front.

     Volontairement oui, parce qu’aujourd’hui, ils sont parents.

     Et à ce titre, ils débordent, sans même s’en rendre compte, d’une énergie nouvelle et inexplicable.

     

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     — T’es un boss mon fils, y’a pas a chié, t’es un vrai boss ! Rit Jun en tapotant affectueusement sur la tête du petit.

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     — Il faut pas qu’on tarde trop, sinon Kei va s’inquiéter, rappelle soudain Isis en s’asseyant sur le premier banc que son regard croise.

     — Kei n’a rien a nous dire, lui fait Jun maintenant accroupi devant Daï pour que celui-ci marche jusqu’à lui, — on fait ce qu’on veut, quand on veut, et où on veut !

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     — Mais.. Mais... balbutie timidement la jeune princesse, un peu surprise par ces paroles. 

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     — Isis, reprend alors Jun sur un ton plus sérieux, — il n’a rien as-t’imposé, ni a te dicter. Tu fais ce que tu veux. Alors, arrête de penser à ce qu’il pourrait penser de tes faits et gestes !

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    Cette phrase réduit la jeune fille au silence : elle réalise avec douleur que toute sa vie, elle n’a fait que suivre son frère sans penser une seule seconde à ce qu’elle recherchait réellement, elle. 

    Son cœur se serre brusquement alors qu'elle réalise que toute sa vie, elle a marché dans le sillon d’un autre.

    Toute sa vie, elle n’a agi qu’à travers les pensées d’un autre.

    Toute sa vie, elle s’est bridé ses propres désirs pour ne chercher qu’à combler ceux d’un autre....

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    — Isis ? L’appel soudain Jun pour la faire sortir de ses pensées noires — ça va ?

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    — Oui, oui... J’étais juste un peu dans la lune, désolée...

     — Menteuse. Tu n’es pas plutôt en train de ressasser plein de trucs pour te faire du mal ? 

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    — Peut-être, c’est vrai que ça fait mal de réaliser ce qu’on est vraiment !

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    — La princesse d'Octavia, une femme sublime qui regorgee de qualités, voilà ce que tu es, lui rappelle Jun en venant s’asseoir à ses côtés, — ne l’oublie jamais et crois en toi.

     — Je sais plus trop où j’en suis Jun... lui avoue-t-elle enfin, un sanglot dans la voix, — je veux dire que.. Que... que je suis rien moi finalement... à part son sbire ? Oui, c’est ça, je ne suis que son sbire... sa fidèle et obéissante petite marionette...

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    — Chut, chut, chut... lui murmure Jun en se rapprochant pour la prendre dans ses bras — chut, chut, chut...

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     — Très drôle, « chu, chut, chut »... ironise-t-elle avec une douleur presque palpable — c’est drôle pour toi, mais tu ne peux pas comprendre ce que je ressens ! Je ne suis rien Jun ! Je ne suis rien...  

     — J’ai dit, chut, chut, chut... reprend alors Jun en la ramenant contre lui pour l’enserrer de ses bras protecteurs, — tu redis une seule fois une connerie pareille et ça va mal aller... Je comprends très bien ce que tu ressens, mais imprègnes bien que désormais tu n’es plus seule... 

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