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Le jeune prince d’Eternia cligne enfin des yeux, titillé par la lumière du soleil qui s’est invitée dans toute la chambre ; sa main, délicatement posée sur sa partenaire, rencontre soudain un sein de celle-ci. Ce contact va rapidement lui rappeler l’intégralité de leur soirée « coquine » et le faire rougir, puis se reculer discrètement de la jeune fille encore endormie.

Il est gêné et un peu honteux, car il ne pensait vraiment pas pouvoir conclure aussi vite et de cette manière, avec sa « nymphe ».

En plus, plus les minutes s’écoulent et plus l’image d’Evaï revient le harceler ; il l’aime encore et il se sent vraiment odieux de l’avoir si vite « remplacée ».

 En fait, il réalise avec douleur qu’il n’est finalement qu’un animal qui saute sur les premières cuisses qui passent, dès qu’il se fait rejeter par sa fiancée officielle...

Il se dégoûte et se redresse doucement du lit pour chercher du regard ses vêtements ; il faut qu’il s’habille pour sortir prendre l’air et réfléchir...

— Bien dormi ? Lui fait tout bas Isis, sans bouger ni ouvrir un œil ; elle a bien senti que quelque chose/quelqu’un tirait les draps sur la gauche et elle a vite comprit qu’il essayant de se lever... voire de prendre la poudre d’escampette.

 — Oui..Oui, lui répond Jun dans un souffle, en continuant de s’extraire doucement de ce lit.

— Tu regrettes ? Lui demande Isis, sans bouger d’un millimètre.

— Oh non, non, non... tente tout bas Jun pour réconforter sa jeune amie. — Enfin je.... je...

Il regrette, c’est évident. Songe Isis avec terreur en commençant à se redresser, elle aussi ; il a joué avec elle, son corps et ses sentiments, pour ensuite, se comporter en goujat de la pire espèce... 

Ce n’est qu’un homme... Un homme banal qui ne réfléchit qu’avec son entre-jambes... Comment a-t-elle pu être aussi naïve pour réussir à voir en lui l’image du célèbre prince charmant des contes de fées ? Elle se sent tellement honteuse de l’avoir crû diffèrent des autres qu’elle en a les yeux qui s’humidifient.

— C’est pas ce que tu crois, lui fait maintenant Jun, debout, dos au lit afin de ne pas avoir a croiser son regard sûrement accusateur, — en fait je pense que... que... qu’on est allés trop vite ! Tu ne penses pas ?

 « On est allés trop vite ? » Cette phrase repasse en boucle dans l’esprit de la jeune princesse qui est maintenant assise sur son lit, nue comme un ver.  « Nue comme un ver »... Oh oui ce corps nu, il l’a adoré hier, ce salopard !

— Isis ? Tente doucement Jun pour provoquer une réponse, — tu... tu.. Tu es fâchée ? Ca va toi ?

Mais qu’il se taise !! Mais qu’il se taise !! Qu’il meurt même cette espèce de goujat camouflé sous une fausse image d’idéal masculin !!! songe avec colère la jeune fille, en se précipitant vers lui au pas de course pour...

... Pour lui asséner une violente gifle qui va brusquement lui faire réaliser la haine qu’elle éprouve désormais pour lui.

— I.. Isis... arrive-t-il à peine a balbutier, après avoir encaissé le coup, — je... je... je...

 « Je suis désolé. Laisse-moi du temps. Je tiens à toi, tu sais... », est les mots que ses lèvres refusent de laisser passer ce matin, alors que son cœur meurt pourtant d’envie de les exprimer...

— Tu as cinq minutes, tes habits sont derrière, par terre... l’informe froidement la jeune princesse en s’enroulant dans ses bras pour tenter de lui cacher, le plus possible, ses formes généreuses totalement nues.

 — Isis....

— TU AS CINQ MINUTES POUR DEGAGER ! lui crie-t-elle maintenant en lui donnant un vif coup de pied dans le tibia.

 Il n’en faut pas plus à Jun pour comprendre qu’il n’est plus le bienvenu ni dans cette pièce ni dans ce cœur ; la tête baissée, il part donc à la recherche de ses vêtements qui tapissent le sol, pour les enfiler avec hâte.

 — DEGAGEEEEE ! Reprends Isis avec autorité, pour lui rappeler qu’une fois habillé, il doit décamper de sa chambre...

— Je.. Je suis désolé...  lui souffle tristement Jun en disparaissant dans le couloir.
 

Toute autre tentative de discussion serait vaine, vu la rage dans laquelle elle semble être aujourd’hui...

Une fois seule, Isis peut enfin baisser le masque de la fière guerrière impitoyable et laisser ses yeux s’emplir de larmes...

 Il est son premier amour et sa première fois... Mais ça, il ne le saura jamais.

Non. Jamais il ne saura à quel point il lui a brisé le cœur aujourd’hui.

Jamais.

Elle a bien trop d’honneur pour accepter de se montrer faible devant lui !

Tant pis, ce n’est pas grave si aujourd’hui elle est au plus mal ; car demain, elle se relèvera.

Alors aujourd’hui elle va accepter de pleurer et hurler ; mais uniquement aujourd’hui... Parce que demain, elle se relèvera fièrement et elle tournera la page ! Foi d'Isis.