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    Deux jours plus tard, et en plein cours d'allemand, le téléphone de la salle où a cours Raphaël Bauer, se met soudain à retentir.

    Le professeur actuellement présent  se hâte donc pour décrocher. D'un air las cependant : se faire interrompre de la sorte en pleine interrogation orale est franchement insupportable pour cette femme d'une quarantaine d'années.

    - Oui, monsieur le directeur? Qu'elle répond donc à l'unique personne qui peut être au bout du fil : les classes n'étant en lien direct qu'avec le bureau du gérant de l'établissement.

    - Oui, il est là, qu'elle poursuit ensuite, - mais nous sommes en plein cours, monsieur, alors.... [...] Non? Ça ne peut pas attendre?... [...] Ah, bon... D'accord, je lui passe le combiné, alors... [...] Oui, au revoir, monsieur le directeur.

    - Raphaël, fait-elle juste après en tendant le combiné en direction du concerné, sagement assis à sa table, - le directeur va te passer passer ta mère, sur cette ligne. Il paraît que c'est urgent. Alors si tu veux bien...

    - De.. De.. ? S'étonne aussitôt le jeune homme avec une profonde gêne. Il en déglutit d'agacement.

    - Raphaël, dépêche-toi! le presse sa professeur en le fusillant du regard, - n'espère pas me faire perdre plus de 5 minutes de cours!

    - Désolé. J'arrive, grommelle Raphaêl en se hâtant vers le combiné dont il se saisit d'une main fébrile et l'air honteux.

    - Le caïd des bacs à sable, qui se fait appeler par maman, chuchote tout bas Paula, d'un air amusé, en direction de sa meilleure amie qui elle, lui soupire avec lassitude,

    - Je me fous de lui et de tout ce qui le concerne.

    - Oui? Allo? Commence alors Raphaël avec le plus de discrétion possible – qu'est-ce que tu..

    - Mon chériiiiiiiiii!! lui crie immédiatement son interlocutrice dans le combiné, - enfin! Je peux t'entendre!! Enfin!! Tu m'as fais tellement peur!! Pourquoi m'as tu fais ça, idiot, idiot, idioooot!!!!

    - Comment m'as-tu...

    - Retrouvé? Voyons, mon chéri, tu pensais vraiment que je n'aurai pas appelé tous les lycées de Berlin pour leur demander s'ils avaient un Raphaël Bauer?

    - Ok.. Euh, c'est pas que tu me dérange, mais là je suis en cours.

    - Ça sent la fugue, ça, analyse tout bas Paula à sa meilleure amie, - une phrase qui commence par, « comment m'as-tu.. », moi je te dis, que ça parle de fugue.

    - Et moi je te dis, que je m'en fous comme de l'an quarante, lui marmonne à nouveau et en retour celle-ci avec un désintérêt profond.

    - Raphaël? grogne le professeur de la classe avec un soupçon d'énervement, - je ne veux pas paraître désobligeante, mais si tu pouvais abréger!!!

    - Je te rappelles, maman. Bye, fais en conséquences Raphaël, plus désireux que jamais de trouver un trou de souris où se terrer à jamais.

    - Non!! Chéri!! Attends!!

    - Je te rappelles ce soir. Promis, soupire t-il en raccrochant au nez de sa mère.

    - Je suis désolé, madame, s'excuse t-il ensuite poliment à son professeur, avant de se remettre en chemin vers sa table.

    - J'espère qu'il ne s'agit pas là d'une fugue, mon garçon. réagit la femme d'âge mûr avec suspicion.

    - Absolument pas. Où allez vous chercher cela ? Nie Raphaël avec calme pour brouiller les pistes, l'air anxieux cependant.

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