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    Non loin de là, au Reflex, l'ambiance est tout autre.

    En effet, Kurt Cobain accompagné de sa bande d'amis de faculté, s'ennuit à mourir, lors de cette soirée étudiante où l'alcool coule pourtant à flot ; Kurt n'a pas eu la motivation de boire la moindre goutte. Comme s'il avait perdu son esprit festif, ce soir...

    - On rejoint les autres ? lui propose soudain le rouquin du groupe, Anton Basketon, vu qu'ils sont tous les deux encore assis à leur table, - faut qu'on se bouge, ou on va prendre racine !

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    - Je ne te retiens pas. Amuses toi bien, renvoie Kurt avec désintérêt.

    - Tu ne t'amuses pas? questionne Anton d'un air dépité, - Tu verrais dans un miroir que tu prendrais peur...Tu tires une de ces tronche.

    - Je me fais chier comme un rat, oui, lui avoue très honnêtement Kurt, - en plus j'ai presque déclenché un incident diplomatique a la maison quand j'ai annoncé que je sortais avec vous alors....

    - Tu sais ce que c'est ton problème Kurt ?

    - J'ai pas de problèmes, mais si tu continues de me les briser, toi, tu vas en avoir. Commence à s'échauffer le concerné.

    - Ta femme... C'est elle ton problème ! Enfin pas elle... Vous ! je veux dire vous ! Votre façon d'être !

    - Pardon ?

    - A long terme, c'est très mauvais les couples fusionnels, c'est ça que je veux dire !

    - Mon couple fusionnel il t'emmerdes ! s'agace désormais et clairement, Kurt, furieux de l'audace de ce type qu'il connait a peine, au fond.

    Non mais de quel droit se mèlait-t-il de sa vie privée, cet empaffé ? Ils n'avaient après tout pas élevé les cochons ensemble !

     - Un couple doit savoir faire des choses séparément Kurt, persiste tout de même Anton en haussant les épaules, - Et vous, j'ai l'impression que vous ne pouvez pas décrocher pour avoir des activités bien à vous. Les couples comme ça vont toujours droit dans le mur, tu sais. 

    - Ecoutes Anton, lorsque j'aurai besoin de tes conseils, je te ferai signe, d'accord ? Tente de déstresser Kurt en se laissant tomber lourdement sur le dossier du canapé, avant de reprendre, les yeux rivés sur la piste de danse, 

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    - c'est pas de ma faute si vous me faites tous chier, sauf elle... 

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    - Heeeeeeeeey Kurt ! l'appèle vivement Dirk en bondissant devant la table où sont encore assis ses deux amis. - tu ramènes tes fesses sur la piste où tu restes a pioncer là comme une petite mémé ?

    - J"arrive... abdique Kurt, l'air bougon et en ronchonnant.

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    Il n'a vraiment aucune envie de rejoindre ces danseurs transpirants, mais il fera un effort, ce soir, afin de prouver à tous ses amis ici présent que lui aussi, sait faire preuve d'indépendance, sans sa moitié, la femme de sa vie, son grand amour... 

    Il lui en veut cependant terriblement de ne pas être ici avec lui, ce soir, tout en commençant à se demander ce qu'elle pouvait bien faire, elle, de son côté.

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    Kurt a bien tort de croire que sa douce épouse est en train de s'amuser en son absence, puisque cela va bientôt faire une demi-heure que celle-ci est rentrée chez elle pour enfiler son pyjama et ses chaussons en forme de lapin, afin d'aller croupir devant des revues insipides en attendant son retour.

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    Elle s'ennuie comme un rat mort.

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    L'appartement, habituellement animé de discussions et rires, est désormais envahi d'un silence des plus morbides que seul un film ridicule essaie, en vain, de combler.

    Il est déjà une heure du matin et Tiphanie commence a s'inquiéter des faits et gestes de son époux. Non par manque de confiance, loin de là, mais plutôt par prudence : il ne doit pas abuser de l'alcool, vu qu'il se déplace en deux roues...

    Il est maintenant une heure et demi.

    Tiphanie commence a feuilleter ses revues d'une main nerveuse.

    Que fait-il ?! Où est-il ?!

    Si elle ne se retenait pas, elle irait courir toutes les boîtes de la ville pour le rejoindre.

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    Soudain, le téléphone fixe se met a sonner a pleine puissance.

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    C'est forcément lui ! Se rassure aussitôt Tiphanie en bondissant de sa chaise pour courir vers l'objet.

    Toujours nerveuse, et surtout impatiente de reconnaître cette voix qu'elle a tant besoin d'entendre, elle décroche d'une main fébrile.

    - Oui, allo ?

    - Allo, bonsoir, commence une voix diffèrente de celle de Kurt, - Tif ?

    Peter Foster. L'infirmier de la crèche où elle travaille.

    Un ami. Un très bon ami même...

    - Oh, bonsoir Peter ! Se dépêche t-elle de saluer, avant de reprendre d'une voix taquine, - dis donc, tu sais que ce n'est pas vraiment une heure pour appeler chez les gens ?

    - Pas faux, reconnaît immédiatement son interlocuteur, - Je te déranges?

    - Non, non. C'est pour quoi sinon ? Je te manques déjà, alors que tu me vois toute la semaine ?!

    - On peut dire ça ! Rit aussitôt le jeune homme, avant de reprendre, - sans rire, je me fais chier comme un rat là chez moi et je me demandais ce que tu faisais toi...

    - Hummm, là tout de suite ? Rien ! J'attend simplement le retour de Kurt.

    - Bah si tu fais rien, ça te dis de venir boire un verre avec moi ?

    - Hummm, non, je ne pense pas. Kurt ne va sûrement pas tarder et il serait surpris de pas me trouver a la maison, sachant que je lui ai dis que je n'allais qu'au cinéma !

    - Bah, appèles le pour lui dire que tu t'es rajouté un projet ! Non ?

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    - Non, en plus j'ai une flemme monstre. Je me suis déjà changée et démaquillée... Alors je suis désolée, mais ça sera pour une prochaine fois mon gros ! Tu penses que tu survivras ?

    - Arrêtes de te moquer de moi ou lundi tu vas souffrir, vilaine !

    - Eh eh eh ! J'en tremble ! Et malheureusement je vais devoir te laisser ! Je vais aller me faire les ongles tiens ! Ca va m'occuper !

    - Oué, oué, c'est ça, lâcheuse ! Allez... A lundi poulette ! Moi je vais aller noyer mon chagrin dans l'actimel périmé puisque c'est ça !

     

     

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    Etant accompagnés d'une adolescente qui ne doit pas veiller trop tard le soir, Kylian se voit obligé d'écourter sa merveilleuse soirée en ramenant sa dulcinée chez elle.

    Il n'est pas idiot : la déposer devant son palier lui assure qu'elle ira se coucher sagement, au lieu d'aller faire la fête sans lui.

    Il préfère prévenir que guérir... Il ne manquerait plus qu'elle tombe sous le charme d'un autre homme en son absence !

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    Les baisers s'enchaînant.

    Aucun des deux partenaires ne veut lâcher l'autre.

    Vanessa est aux anges, sur un petit nuage de bonheur qu'elle aimerait éternel.

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    Depuis « lui », elle n'avait plus ressenti cette merveilleuse sensation : celle de se sentir revivre dans des bras étrangers.

    Elle était certaine de ne plus jamais pouvoir apprécier et dévorer d'autres baisers que « les siens ».

    Elle se trompait donc.

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    - Je t'appèles vers qu'elle heure demain? Lui murmure soudain son doux compagnon, qui n'a pas oublié de lui demander son numéro de téléphone sur le chemin du retour.

    - Comme tu veux... se dépêche t-elle de lui sourire affectueusement, ravie d'avoir entendue cette douce question : il l'intention de la rappeler ! Leur petit aventure peut donc devenir plus qu'un simple échange de baisers nocturnes !

    - Grmblblblbl, j'ai pas envie de te laisser, lui marmonne t-il en plongeant son regard dans le sien, - mais il va falloir qu'Ophé se couche..! Raah la la, vie ingrate !

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    - Elle va dormir avec toi, a la cité U ? Ta chambre doit être grande alors !

    - Pas trop non, mais elle va squatter mon lit et moi je prendrai mon sac de couchage, pas de problèmes ! J'me la jouerai Koh-Lanta !

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    - Bon alors je te libères, parce-que la pauvre doit commencer a nous mépriser bien fort de la laisser toute seule comme ça !

    Les mépriser ? Non. Ophélia ne sait pas, et ne sauras jamais, mépriser.

    Même lorsqu'elle les regarde s'embrasser une dernière fois, avant de se séparer en se faisant des sourires affectueux.

    L'ange ne sait pas être jaloux, puisque tout ce qu'il désire, c'est le bonheur des siens et de leur entourage.

     

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    L'ami n'est pas celui qui fera tes choix a ta place, mais plutôt celui qui te  guideras lorsque tu feras les mauvais.

    L'ami n'est pas non plus celui qui t'empêcheras de tomber, mais plutôt celui qui seras là pour t'aider a te relever.

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